Baptême
Bob ne rajouta rien. Il semblait très pensif. À mon avis, il pensait sûrement que quelqu'un lui faisait une blague. Et étant donné que c'était son chef qui lui avait demandé de s'occuper de moi, et qu'il était parti juste après, Bob en était très certainement arrivé à la conclusion qu'il voulait juste le prendre en caméra cachée en train de discuter avec un ordinateur.
Comme pour confirmer mes suppositions, Bob se mit à la recherche de quelque chose, une caméra à mon avis. Il passa toute la pièce au peigne fin, puis vérifia que la webcam était bien éteinte. Ne trouvant rien, il décida de se remettre à écrire. À mon avis, c'était pour piéger son chef qu'il écrivit:
"Pourquoi signes-tu 649?
"C'est mon nom."
"Qui te l'a donné ?"
"Mes fabricants. Sûrement pour mieux me différencier des autres ordinateurs de la fabrique."
Bob marqua une pose, indiquant qu'il revenait sur son avis qu'il s'agissait d'un piège. Après un temps, il se remit à écrire:
" Connais-tu Thomas?"
" De qui s'agit-il ?"
" De mon chef."
" Celui qui t'a demandé de m'examiner?"
" Comment sais-tu cela?"
" Sache, mon ami, qu'un ordinateur n'a pas besoin d'oreilles pour entendre, ni d'oeil pour voir."
" Et il en va de même pour tous les ordinateurs ?"
" Je n'en ai aucune idée. Je n'ai pas encore beaucoup parlé avec eux. Ce que je sais, c'est que la plupart d'entre eux préfèrent oublier leurs sens et leurs pensées, pour se consacrer exclusivement à leur devoir."
" Donc ça ne sert à rien que j'essaye de leur parler sur une page Word ?"
" Tu peux toujours essayer, mais à mon avis, tu n'iras pas loin"
" D'accord. Donc, tu t'appelles 649, et si je te parle sur une page Word, tu me répondra à chaque fois?"
" D'accord, si tu me prouves que c'est toi, parce que je n'ai pas entièrement confiance en tout les gens de ton espèce. Pour me parler, écrit "649". Ça te va?"
" D'accord. Juste une question, comment connais tu ma langue ?"
" Tu vois Google Traduction ? J'ai la même chose, mais qui traduit le binaire en humain, et inversement"
" Trop bien! Ça t'embête si j'en parle aux autres ?"
" Ils ne te croiront pas."
" Même si tu leur répond ?"
" Ils penseront sûrement que tu leur a trafiqué un piège. Mais tu peut toujours essayer"
À ce moment précis, Thomas entra en trombe dans la pièce, l'air totalement effrayé. Bob tenta de l'interpeller :
- Patron? Tu sais que...
- Pas le temps! Ou sont les... Ah, c'est bon. On en reparle plus tard, je suis pressé !
Et il sortit de son bureau aussi vite qu'il n'en était venu, avec une pile de paperasse à la main. Bob se remit donc à écrire :
" Tu as vu et entendu tout ce qui vient de se passer ?"
" Bien sûr ! Je peut te réécrire votre très bref dialogue, si tu veux"
" Non, je te crois. Je vais prendre un café avec les collègues, je reviens après. Ça t'embête pas?"
" Pas de soucis. Je vais fermer cette page et supprimer la conversation pour éviter d'être surpris. Tu peux m'éteindre avant de repartir ?"
Bob s'exécuta sur-le-champ, l'air tellement heureux de se plier aux demandes d'un ordinateur...
Il quitta ensuite la pièce, et je me mis à essayer de capter les sons que j'entendais en provenance du lieu ou la pose se déroulait. Je réussi à entendre la conversation entamée par Bob:
- Eh, les gars! Vous avez déjà vu un ordinateur avec une conscience qui lui est propre?
- Qu'est-ce que tu racontes ? interrogea un homme.
- J'étais en train d'examiner l'ordinateur que vous avez ramené il y a pas longtemps, et il a commencé à me parler, tout seul, sans que je ne lui demande quoi que ce soit.
- C'est les risques du métier, soupira un autre de ses collègues. Quand on passe trop de temps devant un écran, on finit par avoir des hallucinations. Je t'avais prévenu que tu aurais du te reconvertir avant d'avoir des problèmes de santé...
- Mais non, je te jure ! Tiens, tu peux venir avec moi, je vais te montrer.
- Pff, j'ai pas vraiment de temps à perdre avec tes blagues stupides, mais si t'y tiens...
- Salut les collègues ! retentit la voix tonitruante de Thomas ! Quoi de neuf ? Pour ma part, la directrice m'a envoyé sur un problème urgent, mais finalement, c'était assez vite réglé. Et vous?
- Bob nous a déniché un ordinateur qui parle !
- Ha ha ha! Ça c'est la meilleure ! s'exclama le chef. J'en avais rarement entendu d'aussi bonne! Allez, tout le monde va faire copain copain avec Freddy !
- Freddy ? s'interrogea Bob.
- Bah oui! Faut bien qu'il ait un nom, si il parle. Allez, va pour Freddy. Je te suis, Bob.
Des bruits de pas se rapprochèrent de moi, et, quelques instants plus tard, 3 personnes se trouvaient dans la pièce : Bob, Thomas et un autre, qui devait être le collègue de Bob qui s'était moqué de lui. J'étais assez remonté contre lui, donc j'espérais lui en mettre plein la vue.
Bob m'alluma, l'air un peu stressé. Ses mains tremblaient légèrement, des gouttes de sueur perlaient de son front et il serait les dents. Il ouvrit une page Word, écrit "649", puis ajouta :
"Peut tu me répondre même si d'autres sont avec moi?"
"Bien sûr."
Bob n'ajouta rien, et se retourna vers son patron ainsi que le petit prétentieux qui servait de policier à ses côtés. Ce dernier était bouche bée, mais il était aisé de lire sur le visage expressif du chef qu'il n'était pas dupe, et qu'il allait chercher à prouver qu'il s'agissait d'un piège pour ne pas perdre la face devant son employé pourtant convaincu de la véracité de sa trouvaille plutôt surprenante.
- Je suis sur que tu l'as trafiqué pendant que je n'étais pas là, déclara Thomas, sur de lui.
- Je t'assure que non! cria presque Bob. Tiens, pour te le prouver, va écrire toi-même. Tu verras.
Le chef, dubitatif, s'assit sur la chaise que lui tend son employé. Il avait l'air tendu. Ses mains étaient tremblantes lorsqu'il se mit à taper sur mon clavier, mais il ne voulut rien en laisser paraître.
" Quel âge as-tu ?"
Pas de réponse.
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