
Partie 12 | Marabout ? Pas marabout ?
[ CHARLY ]
Cette discussion sur Whatsapp avec Kharidja m'a fait le plus grand bien, même si je m'en veux d'avoir fait étalage de ma vie privée. J'ai même failli chialer devant elle. Tout ça est franchement gênant, j'ai manqué de charisme et je dois absolument me rattraper.
Je suis Malik Charles Sylla, tout de même !
J'ai pris quelques jours de congé histoire de me remettre de tout ce qui est arrivé récemment. Et comme j'ai du temps libre, j'ai proposé à Kharidja qu'on déjeune ensemble. Je suis content qu'elle ait accepté, mais je me méfie, car avec elle tout peut changer en deux secondes. Je vais la chercher au bureau, je salue Soda qui manque de me faire la morale pour des choses que j'avais promis de faire avant de me mettre en congé. Elle me menace, je la taquine jusqu'à ce que Kharidja entre dans la pièce.
— Salut, Kharidja !
— En voilà une qui a plus de succès que moi, n'est-ce pas ?
— Oh Soda, tu es trop vieille pour moi mais je t'apprécie tu sais ?
— Il est trop impoli, Ma' Soda. Il faut qu'on l'éduque un petit peu, celui-là !
—Allez, filez jeunes gens ! Et toi Kharidja, reviens à l'heure s'il te plaît. Nous avons un tas de choses à terminer.
— Entendu.
Cette fille est canonissime. J'en reviens pas qu'elle veuille de moi.
— Je te propose de venir manger à la maison. On sera tranquilles pour bavarder et comme ça, tu ne te mettras pas en retard.
— Tu veux que je vienne chez toi ?
— En tout bien, tout honneur ! Il n'y a pas de piège, je te le promets, dis-je en levant les mains. J'ai cuisiné un repas rien que pour toi.
— Oh juste pour moi ? Voyez-vous ça.
— C'est pour te remercier d'avoir pris le temps de m'écouter hier.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée, Charly....
— Si ça t'embête, je peux comprendre. On peut très bien aller à la cafétéria, ça ne me dérange pas.
— Je... Bon... D'accord. Mais en tout bien, tout honneur, alors ?
— Pour sûr ! Je ne veux absolument pas profiter de toi, c'est pas mon genre.
Enfin, je veux dire qu'elle n'est pas le genre de fille avec qui je fais ça ! Mais bon, elle n'a pas besoin de le savoir.
— OK. Je te fais confiance, c'est juste que...
— C'est comme tu veux, vraiment...
— Allons-y !
*
[ KHARIDJA ]
Charles a l'air en meilleur forme aujourd'hui. Je suis touchée par le fait qu'il ait essayé de cuisiner pour moi. Je dis bien « essayer » parce que je doute réellement de ses talents de cuisinier. Il a promis qu'il ne me sauterait pas dessus et je lui fais confiance, il m'a beaucoup aidée quand j'en ai eu besoin et je sais qu'il a du respect pour moi.
Enfin j'espère... On croit toujours connaître les gens et puis un jour : patatras !
Dans l'appartement de Charles, tout est bien rangé. Son intérieur lui ressemble assez, c'est très moderne et coquet.
— Installe-toi dans le canapé si tu veux !
— Tu ne veux pas un peu d'aide ?
— Non merci, tu es mon invitée. Qu'est-ce que je te sers à boire ?
— Si tu as de l'eau fraîche, je veux bien Charles. Il fait une de ces chaleurs, en ce moment !
— C'est vrai qu'il fait chaud. Attends, j'allume la climatisation... Tiens, voici ton verre d'eau fraîche !
— Merci. J'ignorais que tu savais recevoir.
— Non Kharidja. Ne fais pas ça s'il te plaît !
— Quoi ?
— Te moques pas de moi.
Mon attitude le perturbe, mais je ris de plus belle.
— Donc elle se fout de moi...
— Hey ! « Elle », elle s'appelle Kharidjatou !
— Wouai, wouai ! Bon voilà, tout est installé. Tu peux venir à table. Il faudra juste que je réchauffe la sauce, le riz est déjà prêt .
— Ok. Où est-ce que je m'assois ?
— Où tu veux.
— Et on mange quoi, Monsieur Sylla ?
— Bon ben, en entrée une salade. J'y ai mis des œufs durs, de la laitue, du maïs, du concombre, et un peu de carottes râpées. La vinaigrette, elle est toute faite. Je l'ai achetée comme ça. J'espère que ça ira pour toi, bon appétit !
— Merci, à toi aussi Charles...
J'avale une première bouchée et je le félicite.
En même temps ce ne sont que des crudités, c'est pas avec cette salade qu'il a pris des risques !
— Arrête de sourire comme ça, Kharidja !
— Mais je n'ai rien fait ?
— Je trouve ton sourire suspect. Tu ris de moi et ça ne me plaît pas.
— Je t'ai connu plus sûr de toi, Charles.
— Ça y est, tu as fini ? On peut passer à la suite, ou tu continues à rire toute seule ?
— Te vexe pas, Charles. Alors, c'est quoi la suite ?
— J'ai cuisiné un poulet Yassa !
— Eh bien ! dis-je en m'esclaffant.
— Mais qu'est-ce qui te fais autant rire à la fin ?
— Oh ! Je suis désolée, Charles...
Cette fois-ci, j'ai un véritable fou rire. Charles me regarde, excédé.
— Attends ! Ouf ! Je respire...
Je me calme et lui avoue que je ne l'imaginais pas du tout en train de cuisiner. Il est si maladroit... Le pauvre se concentre pour bien faire.
— Mais goûte au lieu de rire comme une baleine ? Si j'avais su, je t'aurais emmenée à la cafétéria. Tchip !
— Te vexe pas Sylla, c'est pas de ta faute si tu es drôle. Bon... Je goûte... Mmh ! Ce n'est pas mal du tout, c'est même très bon.
— Merci, lâche-t-il un brin agacé.
— C'est très bon Charles, mais ce n'est pas un yassa ça. C'est plutôt un poulet aux oignons. La prochaine fois, on cuisinera ensemble et je te montrerai la « vraie » recette du Yassa.
— Tu as raison. C'est bon, mais ça ne vaut pas le bon Yassa de ma mère.
— Elle ne te manque pas ?
— Si, mais je suis tellement en colère...
— Tu sais ce qu'on dit sur la colère, elle est mauvaise conseillère. Appelle ta maman, et même si tu ne la revois pas tout de suite, dis-lui au moins que tu vas mieux. Elle doit se faire un sang d'encre !
— Je vais y penser... En tout cas, merci d'avoir été là pour moi hier soir.
— C'est normal.
— Et toi, des nouvelles de ta folle de cousine ?
— Oh elle ! Moins je la vois, mieux je me porte. Je la savais caractérielle, mais là ça dépasse tout ce que je pouvais imaginer. Je découvre une autre Awa.
— Elle est terriblement jalouse et elle va nous le faire payer. Crois-moi !
— Le problème avec Awa, c'est qu'on sait quand ça commence, mais on ne sait jamais quand ça s'arrête.
— Je suis certain qu'elle va encore essayer de s'attaquer à toi.
— Non, je ne pense pas. Elle a eu ce qu'elle voulait. Mes parents se sont fâchés... Elle n'a plus rien d'autre à raconter maintenant.
— Tu as déjà terminé ?
— Oui. Merci, Charles. C'était vraiment bon.
— Un dessert ?
— Non merci. Laisse-moi t'aider à débarrasser.
*
[ CHARLY ]
Puréeeeee ! Elle est sublime, j'ai du mal à ne pas la regarder. Elle me plaît vraiment, mais si j'essaye de l'embrasser, elle va croire que je l'ai piégée. Je n'ose pas l'approcher, pourtant ça me démange. J'espère juste que je ne lui montre pas trop à quel point elle me rend fou. Je suis embrouillé là !
C'est vraiment très grave ce qui m'arrive, en temps normal, je l'aurais déjà croquée.
— Charles, où est-ce que je range ça ? Eh oh ! Tu m'écoutes ?
— Excuse-moi, j'étais perdu dans mes pensées. Tu peux le mettre ici s'il te plaît ? Au fait... Kharidja ?
— Oui, dis-moi ?
— Viens par là.
— Mwouai ?
— Écoute... Je... Waou ! C'est difficile... Je... Je veux que tu saches que je suis bien avec toi, et que pour la première fois de ma vie, je... En fait, je veux vraiment me mettre avec toi. Mais je ne sais pas si toi...
Je ne trouve pas mes mots, j'aimerais pouvoir lui expliquer ce que je ressens. Elle est toute intimidée, et moi, n'en parlons pas. Je m'avance tout doucement vers elle, et comme pour notre premier baiser, je l'attrape par la taille, je la soulève et je l'embrasse.
Popopopopo ! C'est trop intense, j'ai le cœur qui bat la chamade. Je ressens tellement de choses !
— Eh bien, Monsieur Sylla !
— Tu as aimé ton dessert, bébé ?
— Oh non, c'était tellement romantique. Tu as tout gâché avec tes fausses blagues...
— Tout ce que je fais est parfait, tu vas vite le savoir.
— Tu es si arrogant, Charles ! Il va falloir changer ça mon coco.
— Alors, j'espère que je serai à ta hauteur et que je ne te décevrai pas.
— J'aime être avec toi aussi, et j'espère aussi que tu ne me décevras pas. Après tout ce que j'ai entendu sur toi...
— T'es dure en affaires, mais j'aime ça.
— Avec quelqu'un comme toi, il vaut mieux, je crois !
Après avoir tout rangé, je la raccompagne au bureau tranquillement. J'ai adoré ce moment en sa compagnie et je sais qu'elle aussi. Avec Kharidja à mes côtés, j'aborde désormais une nouvelle étape de ma vie.
*
[ AWA ]
— Awa, dépêche-toi ! Nous avons rendez-vous à quinze heures, nous ne serons jamais à l'heure si tu traînes autant.
— J'suis prête Ma' ! Je descends.
Avant de nous rendre chez le Vieux Diabi, Ma' me donne les dernières consignes. Je m'en fiche complètement de ses conseils inutiles, moi, ce que je veux, c'est récupérer mon filtre d'amour et l'essayer. Elle me fatigue avec son blabla.
— Tu me laisseras lui parler, et tu ne lui parleras que s'il t'interroge, insiste-t-elle. Par contre je te mets en garde, personne ne doit savoir, tu entends Awa ? Personne ! Pas même ta sœur, ton frère ou ton père. Personne !
— Mais oui, j'ai compris et je t'ai déjà dit oui ! On y va ou pas ?
Si elle savait que j'ai déjà parlé de ce rendez-vous au monde entier, elle me tuerait.
Nous entrons dans un quartier de Dakar dont je ne connaissais même pas l'existence. Nous arrivons devant une maisonnette mal entretenue. En réalité, la bâtisse est plus proche d'une cabane que d'une maison. Je me dis qu'avec tout l'argent que le marabout se fait, il pourrait au moins se faire construire une maison digne de ce nom. Comment peut-il vivre dans ce boui-boui en terre de rien du tout ?
— C'est bizarre ici Ma', ça fait peur deh !
— Ne commence pas, Awa !
— Et puis ça sent mauvais, Tchrrrrrr ! Je crois que j'ai plus envie d'être là. Beurk !
Sérieusement, je suis à deux doigts de vomir, l'odeur est nauséabonde !
— Awa, est-ce que tu peux te comporter en adulte s'il te plaît ? Je te rappelle que si on est ici, c'est pour toi, donc ne commence pas m'énerver, toi !
— Mais Ma', c'est pas d'ma faute... Faisons vite, je ne supporte pas cet endroit, Ma'.
Nous rentrons dans le boui-boui. Le Marabout Diabi est assis au sol et il regarde droit devant lui, sans bouger le moindre cil.
— Que me vaut votre visite ? questionne-t-il d'une voix éraillée.
— Nous venons pour ma fille, Grand Maître.
— Hum !
— Elle avait un homme dans sa vie, mais celui-ci a été détourné par sa cousine germaine. On voudrait qu'il revienne à elle. C'est pourquoi nous sommes venues jusqu'à toi.
— Hum ! Ôtez vos chaussures ! exige-t-il avec autorité.
Je vais mourir ! Cette pièce est tellement crade que même les microbes doivent être morts !
Mais comment faire pour poser mes pieds sur ce sol jonchés d'immondices, de bougies, de tâches de sang séchées et de bibelots en tout genre ? C'est dégoûtant ! Je jure que je vais m'évanouir à l'instant !
Ma' me jette un regard noir en même temps qu'elle me bouscule avec son coude. Je crois que j'ai parlé un peu trop fort. J'observe le vieux Diabi faire ses incantations, il est plutôt bel homme pour son âge. Assis torse nu sur sa natte colorée, il est juste recouvert d'un pagne blanc. Sa voix rauque et profonde est impressionnante, on dirait qu'il n'est pas réel.
Layilaaaaaa ! Pourquoi me suis-je embarquée là-dedans ?
Il ferme et ouvre les yeux comme les fétiches dans Kirikou. Je n'arrête pas de gigoter. Ma' me tape sur la main pour que je me tranquillise.
— Jeune femme ! Prend la coupelle devant toi et jettes-y tes trois cents mille francs cfa.
Je n'y crois pas ! Ma me tend une liasse de billets, je suis absolument choquée que ça ne lui fasse rien de donner tout cet argent :
— Trois cents mille ? Non, mais c'est trop ch...
— Dépêche-toi de faire ce que le Grand Maître dit, Awa !
— Trois cents mille ? Ma' ? Sérieusement ?
— Exécute-toi ? me presse ma mère, qui est visiblement sous tension.
À contrecœur, je balance les billets dans la coupelle. Si je savais que ça coûterait autant, je me serais débrouillée autrement.
— Maintenant, écris ton nom, ta date de naissance et le nom de celui que tu veux « cadenasser ».
Je m'exécute et je lui rends du bout des doigts le bout de papier qu'il vient de me donner. Il crie dans un dialecte que je ne connais pas, puis il jette le papier dans la coupelle. Ensuite, il ajoute une poudre blanche et y verse une petite fiole remplie d'un liquide jaunâtre, tout ça en baragouinant toujours dans son langage inconnu. Ce type a l'air d'un sorcier. Il me fait flipper !
Je commence à avoir chaud et ma tête tourne. Il me demande de prendre la coupelle et de la lever au-dessus de ma tête. J'hésite, mais Ma' me tape dans le dos et me pousse en avant. Je m'exécute et je me mets à tousser bruyamment.
Je suis à deux doigts de répandre le contenu de mon estomac.
Ensuite, le vieux Diaby brûle le contenu de la coupelle. Il termine en prenant les cendres du papier sur lequel j'avais noté mon nom et celui de Charly. Il m'en met un peu dans le creux des mains, puis me demande de me les frotter. Une fois fait, il crache dans mes mains et dit une incantation. Là, c'est trop pour moi ! Je suis écœurée et je ne parviens plus à me retenir : « Beurk ! Oh non, je vais vraiment vomir Ma' ». Mais elle me menace d'un brutal « Tais-toi, idiote ! ».
Le marabout Diabi, prend ensuite mes mains et essuie son visage avec. Je meurs sur place ! Je m'attendais à tout, sauf à ce genre de cérémonial. Je pleure de dégoût et j'ai envie de partir en courant. C'est là qu'il poursuit :
— Pendant trois jours, à minuit, tu te laveras avec le contenu de cette fiole que je te remets. Du haut vers le bas. Surtout ne change pas de sens, insiste-t-il. Tu ne t'essuieras pas, tu sécheras à l'air libre. Tu ne manges rien de sucré pendant trois journées. Pas de viande et pas de riz non plus, seulement du poisson et des légumes. Au bout de ces trois jours, tu reviendras vers moi, et je te donnerai ce qu'il faut pour que cet homme soit définitivement à toi. Mais attention ne parle jamais de ça à qui que ce soit, sinon...
— Sinon quoi ? j'ose l'interrompre.
— Sinon tu vas au-delà de grands problèmes. Respecte toutes mes indications, c'est tout.
— Merc,i Grand Maître. Je connais ta puissance et je sais que c'est déjà bon pour elle. Awa, dis merci au Grand Maître Diabi...
Je le remercie du bout des lèvres et je me précipite vers l'extérieur. Une fois sortie de la cabane de ce bonhomme étrange, je vomis tout ce que je peux vomir. Heureusement, j'ai toujours une petite bouteille d'eau dans mon sac. Je rince immédiatement mes mains et mes pieds.
C'est sûr, j'ai dû attraper une maladie !
Quelle horreur ! Pourquoi Ma' vient ici ? Ce n'est pas un endroit pour nous ? En tout cas, si après tout ça Charly ne revient pas à moi, je viendrai moi-même étrangler ce vieux fou.
— Ça y est, tu as fini ton cinéma ? s'énerve Ma'.
— Il est malade ton type ! Il a craché sur moi deh !
— Tu as intérêt à tout faire comme il faut. Ça m'a coûté trois cents mille, ce n'est pas rien !
— Je ne veux pas revenir et je ne reviendrai jamais ! Je te laisse récupérer ce qu'il me doit.
— Pauvre Awa, si seulement ça marchait comme ça... Ce n'est pas à toi de décider, donc si tu veux que ça fonctionne, tu reviendras.
— Ah non ! Jamais de la vie !
— Tu as les deux pieds dedans. Tu vas finir ce que tu as commencé ou tu peux dire au revoir à ton fiancé.
*
[ CHARLY ]
J' arrive chez mes parents, je pensais trouver Mariama, mais visiblement elle est déjà partie. J'avance dans le couloir qui mène dans le séjour et je trouve ma mère allongée dans le canapé :
— Bonsoir Ma'.
— Mon Charly ! Si tu savais comment je suis heureuse de te voir ! s'exclame-t-elle en se redressant.
— Te lève pas, Ma'.
Ma se pousse pour me faire une place près d'elle.
— Qu'est-ce que tu regardes ?
— Ma série préférée...
— Mais non Ma', tu ne peux pas continuer à regarder ce soap opéra ? C'est nul ! Attends, je vais te montrer autre chose.
— Charles, n'ose même pas changer de chaîne, je veux connaître la suite. J'ai attendu toute la semaine pour voir mon épisode. Repose-moi cette télécommande, s'il te plaît.
— Mais c'est pour les bonnes femmes frustrées ta série, là !
— Surveille ton langage Charly !
— Mais Ma'...
– Chut ! Je n'arrive plus à suivre.
Ma' suit les épisodes des séries américaines comme si sa vie en dépendait. C'est complètement inintéressant, ça ne parle que de niaiseries et d'histoires d'amour ridicules. Pff ! En tout cas, je suis content d'être ici. Elle m'a beaucoup manqué. Je pose ma tête sur ses genoux et la laisse me caresser le lobe des oreilles.
J'adore quand elle me fait des papouilles, comme ça.
Je me rends compte que le plus important, c'est que Ma' m'aime et qu'elle soit contente de m'avoir pour fils. Le reste n'a aucune importance.
— Oh c'est déjà fini ? Je n'ai pas bien suivi mon émission à cause de toi !
— Ma' ?
— Oui, Mon chéri ?
— Je ne veux pas savoir...
— Qu'est-ce que tu ne veux pas savoir ?
— Je ne veux rien savoir. Je sais que je suis votre fils et ça me suffit. Le reste ne m'intéresse pas !
— Comme tu voudras mon fils. Et si un jour tu veux savoir, je serai là pour toi. Je te demande pardon, parce que je sais que tout ça t'a fait souffrir.
— C'est vrai que j'ai eu mal, mais ça va maintenant.
— Tant mieux. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
— La question est plutôt qui m'a fait changer d'avis ?
— Ne me dis pas que c'est cette jeune écervelée...
— Non ce n'est pas elle. Tu ne l'aimais pas hein ?
— C'est surtout le fait que vous soyez tous les deux enfermés dans ta chambre qui ne me plaisait pas.
— Oh ça va, tu es trop vieux-jeu, Ma' ! Plus personne ne fait attention à ce genre de détail aujourd'hui.
— Peut-être que votre génération s'en fiche, mais moi, de mon temps, les filles ne soulevaient pas leur pagne n'importe comment devant les hommes.
— Oh ! C'est vulgaire ce que tu dis, ça ne te ressemble pas.
— Bref... Je suis contente que tu sois venu mon fils. C'est le plus important.
Nous discutons longuement. Ma petite Maman insiste pour que je pardonne à Fatim. Honnêtement, c'est au-dessus de mes forces ! Ma' m'encourage, elle me dit de laisser la porte ouverte et que le temps fera le reste. J'aimerais la satisfaire et lui dire que j'ai tout effacé, mais pour moi, Fatim n'est plus ma sœur. Cette idiote a failli me tuer de chagrin.
Fatim n'a jamais été une priorité pour moi et elle ne le sera jamais. Pour moi, le plus important est d'avoir renoué avec mes parents et Kharidja. Peu à peu, je redeviens moi.
Je suis Malik Charles Sylla et il n'y a aucun autre comme moi !
*
Lorsque j'étais chez mes parents, j'ai cherché mon téléphone partout. Je pensais même l'avoir oublié dans la voiture, mais je viens de le retrouver sur la table de ma salle à manger. Lorsque je l'allume, je vois qu'Hassan a encore cherché à me joindre. Je ne comprends pas pourquoi il insiste autant. J'écoute son dernier message en sachant déjà quel en sera le contenu.
« Charles, c'est encore moi.
J'ai besoin de te parler mec ! On ne peut pas en arriver là.
Encore une fois je te demande pardon. Rappelle-moi stp ! »
Je ne le comprends pas. Il me vire comme un moins que rien un soir, puis il veut me reprendre comme ami le lendemain. Perso, je ne l'ai jamais trahi et là, je lui en veux à mort. Il est peut-être temps qu'on se rencontre, ce sera l'occasion de lui dire mes quatre vérités.
***
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