Baïna est entrée chez moi. J'ignore l'heure et la date d'aujourd'hui. Je suis restée sur ma chaise dans la cuisine à laisser mes larmes couler jusqu'à qu'il n'y en ai plus. Et même après ça je suis restée sur ma chaise. Mes yeux m'irritent et je crois que je commence à être affamé mais ce n'est rien face à la douleur qui comprime encore mon ventre. De toute façon je n'ai pas la force de me lever prendre quelque chose dans le frigo. Je n'ai plus aucune force. Alors je reste assise. La pluie à cesser de couler. Baïna a sonné trois fois avant de rentrer par elle même. Elle a mit quelques minutes à me trouver et maintenant elle me fait la morale. Je crois qu'elle veut me dire quelque chose d'important mais je n'ai même pas la force de l'écouter. Je continue donc de sombrer en regardant par la fenêtre.

- MOË ! Elle crie maintenant, écoute moi bon sang, arrête de te morfondre il a disparu on a besoin de toi pour le retrouver, ils t'attendent !

Disparu ? Ils m'attendent ? De quoi elle parle encore putain. Je ne sais pas si c'est encore un tour de mon esprit ou si c'est elle qui disjoncte. Je parierais sur mon esprit. Faut avouer que je suis une loque depuis le mariage. Ou plutôt le non-mariage. ou encore le mariage qui n'a jamais eu lieu et qui n'arrivera jamais.

Je finis par accepter le verre d'eau que me tends Baïna depuis une dizaine de minutes. Quand je l'ai finis elle recommence son histoire comme si elle parlait à une demeuré.  Elle articule chaque mot et m'analyse à chaque fin de phrase pour voir si je comprends. Je ne comprends pas un traitre mot de ce qu'elle dit. En même temps je n'écoute pas vraiment.

- C'est la dernière fois que je te le répète, on ne le trouve nul part, personne ne l'a vu sortir de l'hôtel et il n'apparait pas sur les caméras de surveillance. (...) La police tu dois les aider. Tu es celle qui le connait le mieux.

Et elle est reparti dans son blabla. Je ne l'écoute plus. Il ne m'a pas abandonné, il ne mène pas de seconde vie avec une autre il a juste disparu. Attends quoi ? Comment ça disparu ? On ne disparait pas de la circulation comme ça ! Il est où ? Qu'est ce qu'elle entends par disparu ? Comment je pourrais aider la police ?
Pendant qu'un millier de questions sortent de ma tête, un milliards m'assaillent et me font tressaillir. La pire d'entre elle, celle dont je redoute la réponse n'arrête pas de tourner dans ma tête à me donner le tournis. Est ce que je le reverrais un jour ?

Après avoir parlé pendant des heures aux inspecteurs de police, Baïna m'a ramené chez moi. J'étais toujours secouée mais je savais qu'ils avaient placé des équipes de recherche partout dans la ville. Trop fatiguée j'ai préféré rentrer et attendre à la maison que l'on m'appelle comme me  l'avait conseillé l'inspecteur. Dans mon état je n'aurais fait que retarder les recherches. J'ai donc pris une douche et j'ai tenté de me reposer un peu. C'était un échec total, je n'arrivais pas à rester debout alors j'ai fait le tour de la maison vide qui m'abritait. Ensuite je suis allé voir le frigo mais là non plus je n'ai rien trouvé. Avec la lune de miel on s'était débarrasser de tout repas. Ça ne faisait pas une heure et je ne tenais déjà pas en place. Je brûlais d'impatience et de peur en même temps. J'ai donc décidé d'aller faire quelques courses car ruminer ne me servirait à rien. J'ai pris soin d'emporter mon téléphone si une bonne nouvelle arrivait.

Après avoir rangé les courses, lavé la maison de fond en comble, je me suis lancé dans les séries américaines avec un pot de crème glacé en réconfort. Je m'en suis vite lassé et suis retourné à mon poste auprès de la fenêtre, mon téléphone bien en main. J'en ai profité pour réconforter mes proches sur mon état et supprimer les messages et appels inutiles. Malheureusement aucun appel n'est parvenue du commissariat. Au bout de quatre heures à errer j'ai finalement décidé d'aller dormir.

Le lit était vide et froid. Je ne m'y sentais plus en sécurité sans les bras de Cal. J'ai fait le tour de la maison une nouvelle fois pour vérifier que tout était bien fermé à clé avant d'aller dans le canapé. Le lit était trop insupportable pour que je puisse y dormir. J'ai également mis de la musique pour me sentir moins seule. Enfin j'ai changé mon réveil de pièce. Demain j'irai travailler pour me changer les idées.