La première chose que je vois est Tobias dormant toujours, un bras autour de la tête et l'autre posé sur moi. Il semble paisible sans sa petite ride entre les sourcils.

Je déplace délicatement son bras et je m'habille. Je m'attache les cheveux et je sors de la chambre discrètement en jetant un dernier regard sur Tobias.

Je passe à la cafétéria pour prendre un muffin, puis je me dirige vers le train. Je regarde ma montre. Il devrait arriver d'une minute à l'autre.

Je me mets à courir lorsque j'entends le son du train sur les rails. Je m'accroche à la portière et je m'assois sur le bord, les jambes pendantes dans l'air. Le vent encore frais du matin me fouette le visage et tente de m'emporter hors du train. Les hautes tours de la ville s'élèvent dans le ciel et semblent vouloir attraper les nuages.

L'école approche et je me prépare pour le saut. Je tombe sur le sol lourdement. Les rues sont plutôt désertes dégageant la grande entrée de l'école.

Un grand érudit m'attends dans le hall de l'école. Il m'entraîne dans un ascenseur et appuie sur le bouton 6.
- Je m'appelle Patrick, me dit-il, je vais te montrer ta salle et le matériel.
Ses cheveux relevés par du gel laissent apparaître une cicatrice sur son front. L'ascenseur ouvre ses portes et nous laisse au milieu d'un long couloir. Patrick me guide jusqu'à la salle 604.
- Voilà la salle où tu feras passer le test.
Il entre dans la salle et ouvre une petite malette. Celle-ci est remplies d'une dizaine de seringues.
- Les seringues contiennent déjà toutes le sérum, ne t'inquiète pas.
Il attrape une feuille posée sur une petite table et me la tend.
- Ici sont tous les noms que tu devras appeler dans l'ordre. L'appel se fait dans la cantine qui se trouve au fond du couloir. Tu as encore 40 minutes devant toi alors tu peux aller te chercher quelque chose à manger.
- D'accord, merci.

Patrick quitte la pièce et ferme la porte derrière lui. Je me laisse tomber sur le siège où les initiés passent le test. Je me rappelle de ce test comme si c'était hier, le sentiment d'angoisse et de peur à l'entrée. Ce test qui a changé ma vie a jamais. Je ne suis plus Béatrice, la petite Altruiste innocente. Je suis Tris, une Audacieuse. Puis je me rappelle de Tori. C'est elle qui m'a averti de ma divergence, qui m'a protéger, alors que je l'ai laisser mourir comme beaucoup d'autres êtres chers à mon coeur : mes parents, Lynn, Will, Marlene, Uriah. J'aurais pu leur éviter cette mort mais je n'ai rien fait. J'aurais dû protéger mes parents des Audacieux sous simulation, protéger Lynn de la balle qu'elle a reçu, trouver une solution pour ne pas tirer sur Will. J'ai laissé Marlène sauter alors que j'étais capable de la retenir. Je n'ai pas réussi à convaincre Tobias des mauvais plans de Nita a coûté la vie à Uriah. Je les ai tous abandonnés. Les larmes me brûlent les joues. Ma respiration est haletante. Je ne mérite pas tous mes amis et surtout Tobias. Je l'ai blessé plusieurs fois et je sais que je vais continuer à le faire involontairement. Je n'aurais pas dû le retrouver. Tout notre relation est une erreur.

Tu ne mérites pas d'avoir survécu. La voix résonne dans ma tête.

Je décide après un moment alors d'aller manger quelque chose. La cafétéria est pleine. Toutes les factions sont réunis par petits ou grands groupes. J'attrape un sandwich sur un long comptoir.

Tu ne mérites pas d'avoir survécu.

Les érudits à côté de moi essayent de deviner ce qu'il y aura dans le test.
- Je pense qu'il faudra répondre à des questions personnelles.
- Ce sera sous la forme d'un QCM.
- On va devoir se présenter et dire ce que l'on aime faire.
- On devra faire des expériences.

Je regarde ma montre. L'heure du test est enfin arrivée.

Tu ne mérites pas d'avoir survécu.

Je me lève et appelle le premier nom. Un altruiste se lève et me suit. Il est petit avec de grand yeux marrons. Ses mains tripotent anxieusement le bout de son t-shirt.
- Je m'appelle Tris et je vais te faire passer ton test. Tu n'as pas à t'inquiéter, tout va bien se passer.

Tu ne mérites pas d'avoir survécu.

Je le fais s'allonger sur le siège et je lui injecte le sérum. Il cligne plusieurs fois des yeux avant de les fermer totalement. Je regarde attentivement mon écran connecté à son cerveau. Ses résultats sont nets : Altruiste.

Tu ne mérites pas d'avoir survécu, Tris.