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Chapitre 18


Cette satanée trêve, Soobin n'avait qu'une envie c'était de la briser et reprendre les hostilités avec Yeonjun. Presque une semaine s'était écoulée depuis leur discussion à cœur ouvert et les choses n'allaient pas réellement mieux. Oh si, les deux premiers jours, s'il exceptait l'ambiance étrange qui avait régné, ils ne s'étaient pas étripés. Yeonjun avait gardé la plupart du temps sa bouche close et Soobin avait passé la majorité de son temps à travailler sur sa chorégraphie pour les examens. Il arrivait donc à supporter son camarade le temps du repas du soir et l'entrapercevait le matin avant de partir en cours. Il y arrivait au début, mais là il allait craquer.

Soobin roula des yeux et remua le contenu de sa casserole en essayant d'ignorer au mieux le parasite assis sur la séparation entre la cuisine et le salon. Difficile quant l'autre le dévisageait des pieds à la tête en ronchonnant.

— Sérieusement, t'as rien d'autre à faire ? râla le noiraud.

— Maintenant que t'en parles... ah bah non, ironisa Yeonjun. Faut dire que quand t'as pas le droit de bouger c'est fou le nombre de choses que tu ne peux plus faire. Tu sais quoi par exemple ?

Soobin roula des yeux en se préparant à encaisser une nouvelle pique.

— Danser. Tu sais, le truc que j'aime plus que tout et que je ne peux plus faire. On se demande bien la faute à qui d'ailleurs.

— La tienne gros con, résonna une voix féminine.

Le propriétaire des lieux laissa un large sourire s'étendre sur son visage et il accueillit sa meilleure amie en ouvrant grand les bras, les renforts étaient enfin arrivés. 

Yeji posa, accidentellement, son sac sur les genoux de Yeonjun qui grimaça de douleur et le fit tomber sans délicatesse. Kai, qui suivait la rouquine, ramassa les affaires et entreprit de calmer les esprits avant que la troisième guerre mondiale ne se déclare dans l'appartement. Il s'interposa entre les deux jeunes adultes au sang chaud pendant que Soobin retournait mélanger sa préparation en profitant de cet instant où Yeonjun n'était pas focalisé sur lui pour reconstruire ses barrières. Quelques minutes de plus et il aurait assassiné cet insupportable arrogant.

— Je croyais que ça allait mieux entre vous deux, soupira Kai qui avait expédié Yeji dans le salon pour qu'elle se calme.

— Je croyais aussi, mais il semblerait que le caractère de cochon de monsieur soit à nouveau de sortie.

— Oh bah oui bien sûr, c'est toujours de ma faute.

Kai pinça le bras de son frère et lui fit les gros yeux pour lui intimer de se détendre. Yeonjun ronchonna et croisa les bras sur sa poitrine sans se départir de son regard mauvais. Kai soupira, las de jouer les intermédiaires.

— Soobin, je sais que la situation doit être compliquée et je sais que tu ne vas pas aimer ce que je vais te dire, mais essaye de te mettre un peu à sa place. Tu serais dans quel état d'esprit si tu te retrouvais interdit de bouger ?

Le noiraud fit la moue en baissant la tête, la culpabilité s'invitant une fois de plus dans son esprit. Evidemment qu'il ne serait pas de bonne humeur et qu'il en ferait certainement pâtir son entourage, même s'ils n'y étaient pour rien. Yeonjun avait toutes les raisons du monde de lui en vouloir et de le lui faire payer.

— Et nah, fit narquoisement Yeonjun.

Il regretta cependant sa provocation quand son frère se tourna vers lui, furieux, et lui planta son doigt dans les côtes.

— Et toi tu ferais mieux de ne pas la ramener, gronda Kai. T'es tout aussi responsable de ta blessure, t'es pas innocent dans cette histoire. Je veux bien qu'on se montre compréhensif mais si tu fais encore une remarque vicieuse pour que Soobin se sente mal je peux t'assurer que je te le ferai regretter et tu pourras toujours courir pour que je t'aide avec tu-sais-quoi

Yeji revint à ce moment-là, un petit sourire moqueur relevant les coins de sa bouche. Elle se pencha vers Yeonjun et fit attention à ce que lui seul l'entende.

— Tu disais quoi déjà ? Ah oui, je crois que c'était « et nah », toquard.

Soobin roula des yeux et elle lui répondit par une moue innocente, trop innocente pour être vraie. Il jeta un regard à Kai qui continuait de sermonner son frère à voix basse et se demanda ce qu'il voulait dire en parlant de ce « tu-sais-quoi », il était très intrigué. Seulement ça ne le regardait pas alors il se mordit la langue pour essayer de penser à autre chose. Les bras de Yeji vinrent s'enrouler autour de sa taille alors que la frimousse féminine se posait sur son épaule.

— T'as pas peur de nous intoxiquer ? rit la jeune femme.

— Tu veux le faire à ma place ?

— Dans ce cas autant aller à la morgue, la dernière fois que j'ai cuisiné j'ai rendu Hyunjin malade et il a dû louper le travail pendant trois jours complets. J'ai interdiction d'approcher un ingrédient depuis.

Il s'en souvenait comme si c'était la veille. Pourtant rien ne laissait présager d'un piège, le gâteau de Yeji était visuellement très plaisant, il n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle avait fichu à l'intérieur pour donner un tel résultat. Lui-même n'était pas un grand cuisinier, il faisait en sorte que ça soit mangeable, parfois il avait de la chance et c'était bon, mais jamais il n'avait manqué de tuer quelqu'un avec sa nourriture contrairement à ce qu'insinuait la danseuse de ballet. 

— C'est bien ce qu'il me semblait, donc si tu veux pas que je mette de l'arsenic dans ton assiette je te conseille de ne pas me chercher la roussette.

— Très bien monsieur le chef étoilé, dis voir, il y aurait assez de ton poison pour une cinquième personne ?

— Tu peux lui poser la question sans t'accrocher à lui comme une moule, grinça Yeonjun depuis son perchoir.

Kai lui frappa immédiatement son genou valide pour le faire taire mais trop tard, les hostilités étaient reparties. Yeji lui fit un grand sourire et plissa les yeux avant de serrer encore plus fort son meilleur ami dans ses bras et de nicher son nez dans son cou. Soobin la laissa faire, bien trop occupé à surveiller son plat pendant que Kai empêchait son frère d'aller étrangler la rousse.

— Quoi, un problème l'estropié ?

— Tu vas finir par l'étouffer à force.

— Ne t'en fais pas, Soo n'a aucun problème avec ça, sourit sournoisement la jeune femme.

— Soobin, est-ce que tu pourrais m'aider ? soupira Kai. Je veux bien gérer Yeonjun mais si de ton côté tu pouvais aussi faire quelque chose.

L'appelé roula des yeux et éteignit la source de chaleur sous sa casserole. Il se retourna et rendit son étreinte à sa meilleure amie avant de lui embrasser la joue.

— Mon adorable roussette, petit caramel des îles au tempérament de feu, veux-tu bien faire l'effort d'ignorer l'affreux cafard qui réside dans mon appartement pour encore deux longues semaines ?

Yeji s'esclaffa et hocha la tête, son regard fier défiant Yeonjun de faire quoique ce soir. Elle n'allait pas le provoquer, en revanche s'il tendait le bâton pour se faire battre... elle ne refuserait pas l'occasion. Surtout qu'elle avait un merveilleux moyen de pression en la personne de Soobin qui ignorait tout des attentes de Yeonjun le concernant, il était bien loin d'imaginer que l'autre garçon était fou amoureux de lui. En revanche, elle, elle le savait et n'avait que peu, voire aucun, scrupule à s'en servir contre Yeonjun.

— C'était quoi ta question déjà ?

— On a croisé Bahiyyih sur le chemin en venant et elle a demandé si elle pouvait venir, son frère lui manque.

Soobin plissa les yeux et Yeji lui offrit un large sourire en retour. Il avait l'impression de ne pas avoir tous les éléments, mais soit, il verrait bien.

— Si vous voulez, une personne de plus ou de moins ça ne change pas grand-chose.

— Super ! Je vais prendre une douche et me changer !

Très suspect. Elle claqua un baiser sonore au coin des lèvres de Soobin qui roula une fois de plus des yeux, il avait l'impression de ne faire que ça depuis l'arrivée de Yeonjun dans son appartement. Il tomba justement sur le regard noir de celui-ci en tournant la tête et il haussa les sourcils.

— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai encore fait pour déplaire à son altesse cette fois ?

— Rien, intervint Kai. Il est juste ronchon à cause de la douleur, pas vrai Jun ? Il va prendre un cachet et ça ira mieux après.

— Si l'autre moche pouvait aussi partir ça m'arrangerait, j'ai l'impression de la voir partout c'est atroce.

— C'est ma meilleure amie, t'es un parasite temporaire, rappela Soobin.

— Y a beaucoup de trucs à elle pour qu'elle ne soit que ta meilleure amie.

— Dans tous les cas ça ne te regarde pas.

— Ah ! Il y a bien un truc entre vous, je le savais ! 

Il allait finir avec un strabisme à force de rouler des yeux mais c'était plus fort que lui. Soobin soupira et sortit de la cuisine pour éviter de continuer à entendre Yeonjun geindre et raconter des inepties.

— Je te le laisse, moi j'abandonne, souffla-t-il en passant près de Kai.

— Je suis désolé, je sais pas ce qu'il a à être infect comme ça, grimaça le jeune homme.

Oh Soobin avait bien des suggestions, en commençant par celle qui validait que Yeonjun était un emmerdeur de première, mais il s'abstint d'en faire part à Kai. Ce n'était pas poli et le pauvre faisait ce qu'il pouvait pour canaliser son frère même si on ne pouvait pas dire qu'il s'agissait d'un franc succès.

— Je vous entends vous savez ?

— Et nous aussi on t'entend, ce qui est actuellement un problème, le sermonna Kai. Je t'ai déjà dit je ne sais combien de fois de réfléchir avant d'ouvrir la bouche. C'est quoi ton objectif ? Que tout le monde te déteste ?

Le regard noir de Yeonjun s'écarquilla de stupeur alors que son frère lui criait presque dessus, chose qui n'avait dû arriver qu'une fois ou deux depuis leur naissance. Soobin eut de la peine pour le jeune homme dont le visage se décomposa et qui se retrouva à balbutier comme un poisson hors de l'eau. Embarrassé, il n'était pas certain de devoir assister à cette scène, Soobin accéléra le pas pour quitter la pièce et faire comme s'il n'avait rien vu ni entendu. Il mit la télévision dans le salon pour couvrir les voix des frères et soupira de bonheur quand Yeji revint de la salle de bain pour s'installer à côté de lui.

Soobin haussa un sourcil et elle reproduisit son geste tout en gardant le silence. Le noiraud la détailla des pieds à la tête, passant par sa longue crinière de feu lissée, sa petite robe noire cintrée et les quelques bijoux en or fin qui ceignaient son cou et ses poignets.

— On a oublié de me prévenir qu'on attendait le président de la maison bleue ?

— Je suis comme d'habitude, j'ai la classe.

— Je ne dis pas le contraire mais pourquoi j'ai l'étrange impression que tu as fait encore plus d'efforts que d'habitude ? Attendez mademoiselle, serait-ce ?

Il se pencha pour sentir son cou et elle se décala en lui infligeant une tape sur le bout du nez.

— T'as mis du parfum ?

— Et alors ?

Soobin roula des yeux.

— Quoi ? J'ai plus le droit de sentir bon ?

— Tu ne mets quasi jamais de parfum, ça te chatouille le nez parce que ça sent fort. Tu t'en plains depuis je ne sais combien d'année et tu as piqué une crise quand Hyunjin t'en a offert un flacon il y a cinq ans. Le pauvre doit encore en avoir les oreilles qui saignent.

— Oui bah ce soir j'en avais envie. 

Elle croisa les bras sur sa poitrine en relevant le menton et Soobin sut qu'il ne pourrait plus rien en tirer, il allait devoir attendre qu'elle se décide à en parler d'elle-même. Ils regardèrent un petit moment une émission qui passait jusqu'à ce que les deux autres ne les rejoignent et que la benjamine de la fratrie ne vienne sonner à la porte, annonçant le début du repas. 










Nda :

Petit chapitre du mardi, j'espère que vous avez passé une bonne lecture et je vous souhaite une agréable journée :)
Dalion~ Kiss :3

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