❁ 19. Rétablissement : Lueur d'Espoir.
____CHAPITRE 19____
( ∆ Sujet sur l'Automutilation ∆ )
-Aaron n'a jamais été l'homme que je pensais connaître, loin de là. C'est comme un ange venu pour m'aider et déserter les mauvaises ondes-
❁___Adriana___❁
26 décembre - 00h00
PARIS - FRANCE - CHAMBRE D'HÔTEL.
Je me frotte les mains avec du savon. Ses mains qui gardent le sang de quelqu'un d'autre. Je suis sur le point de pleurer mais je me retiens. Jamais une aussi quantité de sang n'avait habité mes pauvres mains, j'en ai la nausée.
Ensuite, je me rince le visage dans la salle de bains de notre chambre d'hôtel sous les cris déchirants d'Aaron situé dans l'autre pièce. La lumière de la salle de bains m'est sombre, si bien que je deviens aveuglé.
Je pose mes mains sur le rebord du robinet double vasque et baisse la tête, voulant retenir mes larmes qui salissent mes joues rougies par la peur et le stress.
S'il ne s'était pas interposé, il serait en un seul morceau...
Je m'en veux tellement à cet instant.
Je souffle et pousse la porte pour atterrir dans le couloir qui nous mène à la chambre. J'entends Allian à côté, demander à Aaron de ne pas bouger et de rester calme.
Ce dernier est allongé sur le ventre, son corps est tendu par la douleur. Des gouttes de sueur perlent sur son front. Ses cheveux emmêlés le sont aussi.
Je reste discrètement dans l'ombre du couloir et regarde la scène – avec un mélange de peur et d'admiration – pour voir l'étendu des dégâts sous les gémissements d'Aaron.
Celui-ci se débat, son dos en feu se trouve sous les mains expertes du médecin. Ses cris déchirants emplissent les murs de la chambre et brisent le silence.
Alors que le médecin soulève et retire délicatement la veste et la chemise ensanglantée d'Aaron pour mieux accéder à la plaie, c'est là que je vois, pour la première fois depuis notre rencontre, le dos nu et les tatouages de l'homme qui partage ma vie. Son dos est recouvert d'un tatouage gigantesque. Ce n'est pas seulement son dos, mais aussi son bras fléchi contre son corps qui l'aide à réduire la douleur abominable.
De grands traits, détails somptueux marque son dos et révèlent d'après l'endroit où je me trouve, un dragon qui s'étend le long de son dos. Son bras, quant à lui, est recouvert de fleurs à long pétales.
Pourquoi j'ai l'impression de rentrer dans son intimité ? Je ne devrais pas être ici. Je le regarde à son insu. Il m'en voudra énormément... Mais c'est si envoûtant, chaque ondulations ancrées sous sa peau me demande de rester, à le regarder.
Les mains du médecin se mouvent avec précision, épongent le sang, sous les gémissements douloureux d'Aaron qui se tord sous la pression des instruments médicaux. Ses muscles se crispent puis se détendent, accompagnant avec lui ses tatouages. Je suis fascinée par cette divinité humaine...
Aaron serre les dents et ouvre brièvement les yeux en ma direction. Ses pupilles se dilatent légèrement en m'apercevant. Mais il n'a pas honte à ce que je vois l'étendue de sa blessure ni de son corps, il y a simplement une fatigue immense en lui.
Le médecin est concentré sur sa tâche. Il appuie sur la plaie ouverte dans le dos d'Aaron et cherche à extraire la balle logée dans sa colonne vertébrale. Mon sauveur hurle, pousse un cri rauque et déchirant qui résonne dans les quatre murs de la pièce. Ses doigts agrippent plus fermement les draps et ses ongles s'enfoncent dans le coussin situé sous sa tête. Il se retient de pousser des cris qui pourraient nuire aux résidents de l'hôtel.
Je m'en veux...
— Tiens bon, Aaron, tiens bon... murmure Allian qui s'approche et se place devant mon champ de vision.
Je grogne dans ma gorge et tourne la tête, s'affaissant contre le mur. Je ferme les yeux. Après tout, Allian est l'ex d'Aaron, ce qui me surprend davantage. Je n'aurai jamais pensé une seule seconde qu'Aaron pourrait avoir eu par le passé une relation avec un homme. Mais après c'est sa vie, son cœur et son cœur a choisi d'aimer Allian. Tandis que moi... qui je suis moi au juste ? Une fille minable qui doit rembourser des dettes. Je ne suis personne dans la vie d'Aaron... Personne.
La pièce sent l'odeur du désinfectant. Je place mon regard vers les trois hommes et voit Allian serrer la main d'Aaron. Une étrange sensation traverse mon corps à cette vue.
Ils se sont connus avant. Pourquoi j'agis comme si Aaron partageait ma vie ?
Le médecin finit par retirer la balle. Aaron grogne une dernière fois, son cri étant presque animal, avant qu'il ne retombe sur le lit, épuisé. Le médecin nettoie rapidement la plaie, la suture et pose une compresse pour cacher les dégâts soigneusement refermé.
— C'est fini. Repose-toi maintenant, dit-il en posant une main sur l'épaule d'Aaron.
Puis il sort de la pièce, et referme doucement la porte derrière lui. Dans l'encadrement de la porte, je reste là, à attendre et regarder les deux hommes se serrer la main. Mais les yeux d'Aaron, cet homme qui m'a sauvé quelques heures plus tôt et qui a pris une balle pour moi, trouvent les miens.
Mes doigts frôlent le cadre de la porte comme pour donner du courage mais je n'ose pas entrer. Je l'observe et il me regarde simplement. On reste ainsi, en silence, sans dire un mot.
— Pars... murmure-t-il entre ses lèvres.
Je pense d'abord qu'il parle à moi, mais Allian se lève du rebord du lit et lui lâche la main.
— Je peux rester, tu sais. Juste au cas où... si tu as besoin de quelque chose. Je peux...
Mais Aaron secoue la tête lentement, chaque mouvement lui arrache une grimace.
— Non, Allian... Pas cette fois. C'est pas ta place, plus maintenant.
Il ne veut pas de sa pitié, c'est pourquoi son ton est plus froid. Allian a l'air d'encore aimer Aaron mais lui, n'a pas l'air de l'être.
Le garde du corps hésite, sa main glisse dans les cheveux de son ex qu'il prend soin d'abattre en arrière. Puis il se détourne, jette un dernier regard avant de disparaître dans le couloir pour rejoindre sûrement sa chambre.
Une fois seul, le silence s'installe. Je fais un pas en avant, hésitante. Aaron m'observe sans parler mais il y a dans son regard ce côté doux qu'il m'offre à moi et seulement à moi.
Je m'approche du lit, mes doigts tremblent encore légèrement. Je veux le remercier, dire quelque chose qui pourrait le faire moins souffrir que maintenant mais les mots ne sortent pas. Je me contente de m'asseoir sur le rebord du lit, à ses côtés.
Sa présence me suffît. Son regard me suffit. Ma main se pose finalement sur la sienne, celle où Allian avait pris le temps de le prendre dans sa main. La chaleur de sa peau m'atteint. Ses muscles tremblent légèrement à chaque petit geste. Aaron glisse son petit doigt sur la paume de ma main et la caresse doucement.
— Merci... pour ce que tu as fait..., je chuchote de ma voix tremblante.
Il me regarde simplement et continue ses légères caresses.
— Je n'y ai pas réfléchi... C'était instinctif. Tu ne méritais pas ce qu'il allait t'arriver... Alors je l'ai fait...
Je hoche la tête. Ma seconde main disparaît dans ses cheveux trempés. Le regard d'Aaron reste focalisé sur nos mains, quant au mien il passe sur son dos. La compresse y est présente mais son magnifique tatouage aussi.
— Je n'aurai jamais voulu que tu vois mon corps... dans cet état là...
— Je te trouve magnifique avec ce corps. Tes tatouages sont magnifiques.
Aaron se crispe légèrement, surpris.
Il lève les yeux vers les miens, sa main serre un peu plus fort la mienne. Je voudrais que ce moment dure toute ma vie. Je voudrais entendre les battements de son cœur, sentir son parfum, voir son sourire, ses yeux. En fait, je veux qu'il aille bien...
— Quand je t'ai vue là, en danger... j'ai juste... j'ai juste su que je devais faire quelque chose. Peu importe ce que ça me coûterait. Des fois... c'est plus facile de se battre pour quelqu'un d'autre que pour soi-même.
Je sens mon cœur se serrer et reconnaît maintenant l'homme devant mes yeux, derrière cette douleur silencieuse.
— Merci, Aaron.
— J'ai rien à cacher, plus à toi Adriana.
Je ne réponds pas, contente de le regarder. Puis, peu à peu, je vois ses paupières devenir de plus en plus lourdes. Chaque battement de ses yeux semble durer une éternité. Je suis toujours là, assise, près de lui, en train de lui serrer la main et de lui passer l'autre dans les cheveux.
Aaron laisse ses paupières se fermer complètement. Sa respiration ralentit et devient plus profonde, plus régulière. Puis il sombre dans les bras de Morphée.
C'est la première fois que je le vois comme ça, apaisé, enfin relâché. Chaque nuit, j'ai l'habitude de l'entendre marcher, fumer. Il reste silencieux, éveillé sur le lit et récite des mots dans la pièce où l'on dort.
Mais ce soir c'est différent.
Ce soir, il s'endort avant moi.
Je détaille ses traits de visage. Il a l'air presque serein, vulnérable, libéré du poids qui le suit pour quelques heures.
C'est à mon tour de le protéger maintenant. Je me promets de prendre soin de lui jusqu'à son rétablissement même si ça doit durer une éternité.
***
28 décembre - 08h40
PARIS - FRANCE - CHAMBRE D'HÔTEL.
Les rayons du soleil matinale claquent sur mon visage ce qui m'incite à ouvrir les yeux et à tomber nez à nez avec un lit vide. Je cligne des yeux. Je me suis assoupi sur le fauteuil. Merde. Je panique et me lève en sursaut.
Nous sommes le 28 décembre. Hier Aaron n'a fait que dormir. C'est presque moi qui est resté à son chevet, à le nourrir quand il devait manger. Mais maintenant le lit est vide, les draps sont froissés.
Peut-être qu'il s'est caché en dessous, me dit ma conscience débile.
— Aaron ? je l'appelle paniquée en retirant les draps.
Il n'est pas là.
Mon esprit passe en revue toutes les possibilités. S'est-il effondré quelque part ? A-il besoin de soins ? L'idée de le perdre de vue après des heures m'est insupportable.
Je me précipite vers la porte de la salle de bains d'où en sort un léger bruit d'eau. Je pousse la porte, le souffle court et me fige instantanément en voyant Aaron devant le lavabo. À moitié nu, presque entièrement, une serviette blanche se situe autour de sa taille. Je vois son dos orné du gigantesque tatouage en forme de dragon et la cicatrice récente de la balle sur son omoplate droit.
Aaron tourne légèrement la tête et me surprend en train de le regarder. Avant qu'il n'ait le temps de dire un mot, je me couvre les yeux d'un geste rapide. Une chaleur monte sur mes joues.
— Désolée ! Je... je ne voulais pas... je balbutie.
Je me retourne contre le mur, les yeux fermés comme pour effacer l'image de mon esprit.
Aaron pousse un léger rire par ma réaction. D'après ce que j'ai pu voir tout à l'heure, il est en train de raser sa barbe naissante.
— Tout va bien, Adriana. Tu peux ouvrir les yeux.
Je baisse lentement les mains et j'ose le regarder. Il finit par se rincer le visage avant de poser une mini serviette dessus. Il ne semble pas être gêné de montrer son dos. Mon cœur gonfle face à cette pensée.
— Désolée, murmuré-je à nouveau. J'ai eu peur en ne te voyant plus... Je pensais que...
— Désolé de t'avoir fait peur. J'aurai dû te prévenir avant de sortir du lit.
Je me rends enfin compte de la proximité dans laquelle nous nous trouvons et à quel point l'idée de le perdre de vue, même momentanément, m'a déboussolé.
Il range ses affaires dans sa grande trousse noire. Son dos se contracte à chacun de ses gestes. Cette monstruosité abritant chaque parcelle de sa peau dénudée. Cet énorme tatouage en forme de dragon m'attire. Je ne peux m'empêcher de me rapprocher. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais ça le rend encore plus virile que ce qu'il pense être.
Prise de pulsions, je lève ma main et ramène mes doigts vers sa peau, posant ses derniers dessus. Sa peau frissonne à mon contact.
— C'est magnifique... Il te va tellement bien... chuchoté-je en remontant mes doigts vers le contour de la cicatrice de la balle qui lui avait transpercé la peau il y a quelques jours.
Il reste là, sans bouger, sans parler, mais je sens d'une manière ou d'une autre que mes touchées le détendent.
— Tu as préservé ton dos comme je préserve mes secrets Aaron... Pourquoi ne t'es-tu jamais baladé torse nu ?
— Je suis pudique.
— Tu ne l'es pas. Sinon tu n'aurais pas accepté cette journée au spa.
L'espace d'un instant, l'appel entre Jake et Aaron que je n'étais pas censé entendre remonte dans mon esprit. Il ne s'échappe pas, il reste dos à moi comme si sa confiance en moi avait gonflé du jour au lendemain.
Je baisse le regard vers des parties de son dos que je n'ai pas regardées.
Sur quelques écailles se trouvent des cicatrices ainsi que des rougeurs. Plus j'avance dans mon exploration, plus je rencontre des cicatrices et des blessures cachés entre l'encre noir et coloré.
— Ton tatouage recouvre des cicatrices. Mais ils datent de quand ?
— Avant mon entrée dans le clan, je n'avais aucun tatouage. Mon corps n'était qu'un simple brouillon.
— Qui t'as fait ça ? je demande véritablement intriguée, tout en passant mon index sur l'un d'eux.
— Ma famille. Ma famille est mon ennemi, révèle-t-il sa voix submergée de haine et de dégoût.
Alors... C'est sa famille qui lui a fait ça ? Je n'arrive pas à y croire...
Je retire ma main et la glisse sur sa côte puis vers son ventre mais avant que je n'y aille plus loin, il attrape brusquement ma main et l'arrête.
C'était prévisible...
— Si tu as fini, je vais me rhabiller.
Pourquoi ne montres-tu pas ta véritable beauté, Aaron ? ai-je envie de dire, mais il se doutera certainement que j'ai écouté leur conversation.
— Fais-moi voir ton ventre, Aaron. Ne le cache pas.
— Il n'y a rien à voir sur mon ventre.
Je retire ma main, la pose sur son épaule et balance son corps sur le côté. Son fessier se cogne brusquement contre le lavabo à double vasque.
— Adriana, arrête, ça va mal se finir.
Il me regarde mais cache son ventre de ses bras découverts et un frisson de surprise me parcourt quand mes yeux se posent sur son torse nu.
Il me laisse le regarder. Chaque détail est une découverte précieuse à mes yeux. Mes prunelles glissent sur le collier en argent autour de son cou – d'où une petite clé la décore – à ses clavicules, à ses tétons puis sur le tatouage qui orne son pectoral.
D'une certaine manière, je sens une réaction de sa part. Je m'approche de lui, à quelques centimètres de son corps et pose délicatement ma main sur son bras plié et entièrement tatoué de somptueuse fleurs de lys, partant de son épaule, jusqu'à son poignet.
Aaron est un homme qui cache bien son jeu car derrière les quelques bout de tissus, trois grands tatouages ornent sa peau, et un magnifique corps viril m'attire irrésistiblement.
— Adriana... S'il-te-plaît. Je ne veux pas te faire de mal alors lâche-moi.
Je le regarde, il me regarde, nous nous fixons. Son visage est si bien sculpté. Sa peau à l'air si douce et ses cheveux sont encore légèrement trempés par la douche qu'il a prise.
— Laisse-moi voir ce que tu caches derrière ses jolis tatouages...
Il secoue simplement la tête.
— Il fallait que je montre mon corps pour que tu me dises de telles choses, Adriana ?
— Non car le temps fait le tout, je déclare en posant ma main sur le bras qui cache son ventre.
— En voyant tous ses tatouages, tu me vois comme quelqu'un de dangereux ?
Les mots sortent de ma bouche comme si c'était une évidence.
— Non, là, t'es quelqu'un de sexy.
Il semble ne rien rajouter et baisse juste sa garde pour que je ne puisse pas faire de commentaire sur les joues rougies qui décorent sa peau après que j'ai dit le mot "sexy". Peut-être qu'il essaie juste d'éviter le sujet...
Il retire délicatement ses bras. Je baisse la tête. Il attend de voir ma réaction et cette dernière s'amplifie subitement quand je remarque l'état de son ventre. Il n'est pas tatoué mais cicatrisé par de nombreuses coupures plus ou moins profondes.
— T'es contente de la vue ? Tu t'attendais à voir un nouveau tatouage ?
Ce ne sont pas les mêmes cicatrices que le dos. Celles-ci sont beaucoup plus fines et précises. Certaines ne guérissent que maintenant d'autres sont là depuis longtemps.
D'un coup de main, je prends ses bras et les retourne faisant face à leur intérieur.
— Aaron...
— Adriana.
Il... Il s'est vraiment fait ça.
Ses avant bras regorgent de coupures. Malgré le tatouage au bras, je peux encore apercevoir les cicatrices visibles en dessous. Je sens mes larmes brouiller ma vision.
— Pourquoi... ?
— Parce que c'est comme ça, Adriana.
— C'est... C'est pour ça que tu ne mets pas de tee-shirt, que tu ne te balades pas torse nu... ? demandé-je d'une voix à peine audible.
Il ne me répond pas tout de suite mais hoche simplement la tête. La mienne quant à elle parcourt les autres cicatrices, l'une sur sa clavicule l'autre sur son ventre. Elles sont beaucoup plus imposantes que les autres. Je passe délicatement mon index dessus et le fait glisser jusqu'à arriver à l'extrémité de la cicatrice.
— Et celles-ci viennent d'où ? j'ose demander faiblement redoutant sa réponse.
— C'était il y a un peu plus d'un an. Ryle nous avait pris par surprise dans les bâtiments de notre réseau. Un enfoiré m'a poignardé quand j'ai tenté de me défendre. Je pensais que la mort pointait le bout de son nez. J'avais même fait mes adieux à mon ami mais par chance j'ai été pris en charge à temps. Je m'en suis sorti qu'avec de légères séquelles.
Je ne sais pas pourquoi mais la haine que j'éprouve en ce moment pour Ryle Carter s'intensifie. Il a osé les prendre par surprise et Aaron a failli y laisser la vie.
Et hier, il allait la perdre une fois de plus à cause de moi et de mon incapacité à réagir à temps.
T'es débile, t'es conne, tu as failli laisser quelqu'un mourir sur un parking ! me hurle la voix intérieure posée sur mon épaule gauche.
Aaron prend mes joues dans ses mains, relevant ainsi ma tête vers la sienne.
— Butterfly, ne pleure pas. Tout cela est fini, je ne fais plus ça. Ne pleure pas pour moi.
— Je ne m'étais rendu compte de rien, j'ai agi comme une égoïste... Je... Je suis désolée Aaron...
Il grogne, serre les dents et me ramène contre son torse. J'enroule instinctivement mes bras et les passent sur son dos. Je veux le sentir près de moi. Juste maintenant, je le veux sans chercher à comprendre pourquoi c'est lui et pas quelqu'un d'autre.
Mes larmes se collent contre sa peau hâlée.
— Tu n'es pas égoïste. Tu ne savais rien de cela. Je ne voulais pas te faire peur avec mes blessures et mes tatouages. Tu devais être accompagné par un faux mari, un mari galant et protecteur, c'est tout.
— Je n'aurai pas eu peur, j'aurai juste fondue en larme. Je déteste voir des gens se faire du mal et savoir que... de mon côté...
— Tu n'étais pas encore entrée dans ma vie, Adriana... Tu ne pouvais pas le savoir.
D'un geste délicat, il essuie mes larmes du bout des doigts, son regard vulnérable plongé dans le mien. Sans un mot de plus, Aaron se penche, son visage frôle le mien, je ne bouge pas. Ses mains passent mes mèches rebelles derrière mes oreilles.
— Pourquoi as-tu commencé à faire ça ?
— Parce que je n'avais plus d'échappatoire. Ma famille m'a tué petit à petit. Je ne pouvais pas m'interposer alors j'ai pris le moyen le plus facile pour me soulager. Mais maintenant c'est fini. Alors ne pleure pas, ne pleure pas pour un homme comme moi.
— Tu as vécu tellement de choses horribles... Et t'as moi qui se plaignait de devoir passer du temps avec toi... Tu as joyeusement accepté de m'aider... Je suis si égoïste Aaron...
Il glisse sa main dans mes cheveux. Et au moment où je m'attends à un baiser, il effleure le bout de mon nez. Ses pouces caressent mes pommettes et le coin de mes yeux brûlants.
— Eh bien, j'ai été tout aussi égoïste en m'approchant de toi alors que tu ne le désirais pas.
— Tu voulais seulement me protéger...
— Oui, seulement te protéger...
Il colle son front au mien et je ressens son souffle, son odeur si proche de moi. Mes larmes s'assèchent en se présence et je me sens apaisé par ses touchés. Mes mains passent sur son ventre contracté puis rejoignent son torse et enfin ses joues. La proximité qui nous sépare est si minime que j'ai chaud. Je brûle de l'intérieur.
— Tu as pris une balle pour moi, Aaron. Tu m'as protégé de beaucoup de menaces et d'hommes et tout ça, sans chercher à avoir une récompense par la suite.
Ma main passe dans ses cheveux et rejoint l'arrière de sa tête. Quant à lui, elles se resserrent sur mes joues.
Aaron s'approche lentement et réduit la distance entre nous jusqu'à ce que nos souffles se mélangent. La proximité me fait rougir. Ses doigts glissent avec délicatesse jusqu'à ma mâchoire, et l'effleurement d'une douce caresse me fait frissonner.
Aaron incline légèrement la tête, ses yeux cherchent une permission silencieuse dans les miens. Je ressens mon cœur battre plus fort.
La proximité se réduit alors que mes lèvres s'approchent lentement et dangereusement des siennes. Mon cœur bat la chamade, le stress monte, mais le temps est compté. Je ne sais pas quand je pourrai le faire. C'est pourquoi, avec délicatesse et pour la première fois, je dépose mes lèvres sur sa bouche brûlante dans un baiser à la fois doux et profond, comme s'il savourait chaque instant de cette première étreinte.
Il réagit instantanément, fermant les yeux, il fronce les sourcils. Sa main glisse sur ma nuque, m'attire vers lui. Je goûte enfin à ses lèvres.
Elles sont agréables. J'embrasse mon faux mari avec passion et joie avant qu'une sonnerie de téléphone ne nous interrompe.
Je soupire de frustration alors qu'Aaron se sépare de moi. Il attrape son téléphone qui vibre à plusieurs reprises sur le meuble de la salle de bains.
— Fais chier, lâche-t-il, les yeux rivés sur l'écran.
D'une manière ou d'une autre, je me sens victorieuse en remarquant ses lèvres légèrement gonflées et rougies.
— C'est qui ?
— Ça ne doit pas être si important. Y'a plus important pour l'instant, déclare-t-il en appuyant sur un bouton avant de jeter son téléphone sur un meuble.
— Tu devrais peut-être répondre, non ?
— Je ne vais pas répondre maintenant alors je vis le moment que j'attendais le plus depuis des jours.
Des jours ? On vient à peine de le faire avant-hier...
Il glisse sa main sur le bas de mon dos et me rapproche de lui, plaquant ses lèvres sur les miennes. Elles se fondent. Mes mains retrouvent leur place, et Aaron me guide en arrière. Je ne sais pas où, mais je sais que je peux compter sur lui.
Il prend le contrôle total du baiser, insérant sa langue doucement entre mes lèvres pour entrer lentement dans ma bouche. Ses gémissements résonnent légèrement contre les miens pendant que sa langue m'explore doucement. Ses mains maintiennent fermement mon visage. C'est une sensation étrange mais incroyablement plaisante. Je ne me sens pas dégoûtée, au contraire, je me sens incroyablement libérée.
Les sonneries du téléphone d'Aaron percent les oreilles pour la deuxième fois, ce qui le force à s'arrêter. Sa bouche se détache de la mienne, me laissant essoufflée et haletante.
— Je dois répondre maintenant.
— Et moi, je vais prendre une douche.
Il m'offre un sourire, un sourire qui en dit long mais un sourire chaleureux. Mon cœur bat plus fort alors qu'Aaron caresse doucement ma mâchoire avant d'embrasser ma joue.
Il se dirige vers son téléphone pour répondre. En sortant de la salle de bains, sa serviette glisse presque de son fessier qu'il rattrape d'une poigne ferme. Il pousse un juron, je ris et verrouille la porte.
Mon reflet dans le miroir attire mon attention.
Mes cheveux sont légèrement en désordre et mes lèvres sont rouges. Je les effleure du bout des doigts en repensant à l'instant qui vient de se passer. Mon cœur s'emballe en me remémorant ses douces lèvres sur les miennes.
Si j'avais su que l'embrasser serait aussi incroyable, j'aurais arrêté de repousser ses propos depuis bien longtemps.
-À suivre-
4168 mots.
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