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Il est 10h du matin, et tout semblait enfin sous contrôle. Théo avait réussi à amener les enfants à l'école sans trop de chaos. Arthur avait, contre toute attente, abandonné ses fils électriques pour réviser ses maths. Lola avait fait une petite pause dans ses revendications pour s'installer tranquillement à la table, et même Zoé semblait enfin avoir oublié son "monstre sous le lit" – ou du moins, elle n'en parlait plus.
Mais tout ce calme allait être brutalement interrompu par Zoé, qui, dans sa quête incessante de nouvelles aventures, décida de "préparer une surprise" pour Théo. Elle s'était glissée discrètement dans la maison du voisin, le vieil homme M. Dubois, et avait "emprunté" son perroquet, sans se rendre compte de la gravité de son acte. En sortant de chez elle, le perroquet, effrayé, s'était mis à crier à tue-tête, un bruit insupportable qui avait bien évidemment attiré l'attention de M. Dubois.
Le vieil homme, qui n'avait jamais eu une grande patience pour les enfants (ou pour quiconque, d'ailleurs), se précipita dans la rue, furieux, brandissant sa canne comme un sceptre royal. Il pointa un doigt accusateur vers Zoé et hurla :
— "Qu'est-ce que tu fais, toi, avec mon perroquet ?!"
Zoé, toute fière de sa prise, n'avait pas la moindre idée de la gravité de la situation. Elle haussait les épaules comme si elle venait juste de récupérer une simple peluche.
— "Je l'emprunte pour le montrer à Théo. Il adore les perroquets !"
M. Dubois ne prit même pas la peine de répondre. Il s'éteignit dans un nuage de colère et, pour ajouter au drame, se tourna vers sa maison, menaçant :
— "Je vais appeler la police ! Vous êtes tous des voyous ici, ça suffit !"
À ce moment, Arthur, qui observait la scène depuis la fenêtre du salon, eut une idée qu'il jugea brillante.
— "Ne vous inquiétez pas, Théo ! J'ai une solution !"
Il se précipita vers la cuisine, pris un moule, des œufs, de la farine, et se mit à concocter un gâteau qu'il espérait apaisant. Un gâteau de la paix, selon ses termes. Il avait vu un documentaire sur les traditions de la paix dans le monde, et, comme toujours, il croyait que la nourriture résolvait tout. Le problème, c'est qu'il n'avait jamais vraiment maîtrisé l'art de la pâtisserie, et ce qui devait être un simple gâteau devint une arme fatale dans sa cuisine.
Pendant que Théo tentait de discuter calmement avec M. Dubois, qui continuait à vociférer et gesticuler, Arthur, tout souriant, arriva avec son gâteau dans les mains.
— "Tenez, M. Dubois ! Un gâteau fait maison, pour rétablir la paix !"
Théo, horrifié, comprit tout de suite que la situation allait empirer. Arthur, tout heureux, tendit le gâteau à M. Dubois, mais ce dernier, dans son emportement, ouvrit la boîte sans prêter attention à la petite étiquette de "fragile" qu'Arthur avait oubliée de noter.
Ce qui suivit n'était rien de moins qu'une explosion. Le gâteau, à l'intérieur d'un fragile emballage, avait pris une forme inattendue. Un souffle puissant d'une pâte trop battue, trop sucrée et... beaucoup trop de levure, fit voler des morceaux de gâteau dans toutes les directions, projetant même quelques particules sur le pauvre perroquet, qui, dans un cri de désespoir, se mit à voler autour de la rue.
Le visage de M. Dubois se tordit en une grimace de dégoût et de rage.
— "C'est une attaque ! Vous êtes des fous !" hurla-t-il, la canne levée, prêt à faire une scène digne d'un drame hollywoodien.
Théo, tout en essayant de ramasser des morceaux de gâteau collants sur son visage, se tourna vers M. Dubois, les bras levés en signe de paix. Il savait que c'était son dernier recours.
— "Monsieur, je suis vraiment désolé pour ce malentendu. Zoé n'avait aucune intention de causer des ennuis. Et Arthur... eh bien, il est un peu... euh, créatif avec la pâtisserie."
M. Dubois, toujours furieux, se redressa et pointa son doigt tremblant vers Théo.
— "Je vous avertis, cette histoire n'est pas finie ! Et vous, le gamin, vous me refaites un gâteau digne de ce nom ou..."
Théo, malgré la situation catastrophique, eut une lueur d'inspiration. Il se tourna vers la porte d'entrée et, sans perdre une seconde, se précipita dans la cuisine. Il n'avait pas le temps de chercher des ingrédients frais, mais il savait qu'il avait une vieille tarte industrielle au fond du congélateur. Elle était peut-être dégelée et sans saveur, mais c'était tout ce qu'il avait.
Il ressortit avec la tarte, tout sourire. M. Dubois, après un regard sceptique, sembla se calmer un peu en voyant la tarte.
— "Tiens, une tarte. C'est un début."
Théo, toujours un peu gêné, coupa une part et la tendit à M. Dubois.
— "C'est tout ce que j'ai... mais je vous assure que c'est fait avec tout le respect que j'ai pour vous."
M. Dubois prit la part, la regarda, et, contre toute attente, prit une bouchée. Un silence s'installa. Puis, après quelques secondes, il se tourna vers Théo.
— "Bon, d'accord. Cette tarte est... pas terrible. Mais elle est mangeable. Vous n'êtes pas si mauvais."
Théo ne put s'empêcher de sourire, une goutte de sueur perlant sur son front.
— "Merci, monsieur Dubois. Et encore une fois, toutes mes excuses pour le perroquet."
— "Le perroquet... Bon, c'est pas grave. Mais plus jamais de gâteaux, d'accord ?"
Zoé, qui observait la scène depuis la fenêtre, se tourna vers Théo, un grand sourire aux lèvres.
— "Regarde, Théo ! J'ai réussi à réparer la situation ! Je suis une experte en diplomatie !"
Théo, exténué, soupira. Il se tourna vers les enfants et se dit que, peut-être, il aurait dû choisir une autre profession. Mais en attendant, il savait qu'il avait désamorcé une situation explosive avec... une tarte industrielle.
Prêt(e) pour le Chapitre 9 ?
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