La nuit est censée être un moment de calme et de repos, un moment où les enfants sont censés être dans leurs lits, endormis paisiblement. Mais pas chez Théo. Non, chez Théo, la nuit est une véritable épreuve, un test de patience et de résistance.

À 22h30, alors que Théo pensait enfin pouvoir profiter d'un peu de silence, il entendit un bruit étrange venant du salon. Il se leva, se frotta les yeux, et se dirigea vers la source du son. Là, il trouva Arthur, assis sur le canapé, entouré d'un enchevêtrement de fils et de câbles, les yeux brillants de détermination.

— "Arthur ?" dit Théo d'une voix déjà fatiguée.
— "Oh, salut Théo ! Je suis en train de tester ma machine à rêves !" répondit Arthur, sans lever les yeux.

Théo regarda la "machine". C'était un assemblage de boîtes en carton, de fils électriques et d'ampoules clignotantes qui semblaient prêtes à prendre feu à tout moment. Des piles étaient éparpillées autour, certaines même ouvertes, avec des fils dénudés qui serpentaient dangereusement.

— "C'est... c'est quoi exactement ?" demanda Théo, d'un ton qui se voulait calme, mais qui laissait transparaître une légère inquiétude.
— "C'est une machine qui capte les rêves pendant la nuit ! Et je veux voir si je peux les projeter sur le mur. Tu sais, comme une sorte de cinéma mental." Arthur s'agita. "Je vais t'envoyer un rêve super cool, t'inquiète pas !"

Théo prit une grande inspiration, fermant les yeux pour éviter une migraine imminente. Il voulait demander à Arthur s'il pensait vraiment que mélanger des fils électriques avec des rêves était une bonne idée, mais avant qu'il ne puisse dire un mot, Lola fit son apparition.

— "Théo !" cria Lola, en frappant à la porte du salon. "J'organise un conseil de famille ! Il est temps de discuter des droits des enfants !"

Théo regarda son réveil. Il était 23h.

— "Lola, il est tard... ne veux-tu pas attendre demain pour... un conseil de famille ?" demanda Théo, en essayant de paraître raisonnable, bien que sa patience ait déjà atteint ses limites.
— "Non, Théo, on a des droits et il faut les défendre ! Est-ce que tu sais que la loi internationale des enfants nous donne le droit de ne pas faire nos devoirs après 20h ?"
— "Lola, je suis sûr qu'il n'existe pas de loi internationale qui dit ça."
— "Ah mais si ! Je t'assure, je vais rédiger un rapport et tout, mais d'abord, il faut un vote pour approuver les horaires de coucher."

Théo se frotta les tempes. Il se sentait comme un personnage de film d'horreur, prêt à crier "NON !" et à fuir la scène. Mais avant qu'il ne puisse réagir, Zoé entra à son tour dans la pièce, toute pâle.

— "Théo... il y a un monstre sous mon lit !"

Théo ferma les yeux et compta jusqu'à dix dans sa tête. Il ouvrit les yeux et se pencha vers Zoé.

— "Zoé, il n'y a pas de monstre sous ton lit. C'est juste ton imagination."
— "Non, Théo, je suis sûre qu'il est là. J'ai entendu des bruits bizarres." Zoé se serra contre lui.
— "Zoé, je suis vraiment fatigué, tu vois. Il faut que tout le monde aille dormir."

Mais au même moment, Tom entra en hurlant dans le salon. Théo savait déjà ce qui allait suivre.

— "Théo ! Théo ! J'ai perdu mon doudou ! Je ne peux pas dormir sans lui !" Tom se roula par terre, les bras écartés comme s'il cherchait un trésor invisible.
— "Tom, regarde dans tes bras."

Tom s'arrêta net et regarda ses bras, où il tenait en fait son doudou. Il le leva triomphalement.

— "Ah, voilà ! Il était là !" dit-il, tout joyeux, comme si la découverte était une grande victoire.

Zoé, toujours paniquée par son "monstre", se tourna vers Théo avec une lueur de désespoir dans les yeux.

— "Tu es sûr qu'il n'est pas là, sous le lit ? Parce que... je viens d'entendre un bruit."

Théo ferma les yeux et se massa les tempes. Tout était devenu flou. Il n'avait pas dormi plus de 45 minutes la nuit précédente et déjà, cette nuit s'annonçait tout aussi catastrophique. Il essaya de rassembler ses forces.

— "D'accord, Zoé, on va vérifier sous ton lit. Mais ensuite, tout le monde va dans sa chambre, c'est compris ?"

Il se leva, un peu tremblant, et se dirigea vers la chambre de Zoé, suivi de près par la petite troupe. En arrivant sous le lit, il n'y avait rien. Zéro monstre. Juste des jouets éparpillés et un petit tas de chaussettes. Zoé sembla déçue, mais se calma.

— "Bon, d'accord. Je vais aller me coucher."

Théo retourna dans le salon. Arthur était toujours là, manipulant ses fils électriques avec un enthousiasme inquiétant. Lola avait commencé à distribuer des formulaires de "droit de sommeil" à chacun des membres de la famille, et Tom, avec son doudou retrouvé, était déjà en train de faire des cercles autour de la pièce, tout joyeux.

— "D'accord. Vous avez tous raison. Mais... on va tous dormir maintenant. Je vais vous raconter une histoire et ensuite, on va dormir. C'est un ordre !"

Il se laissa tomber dans le canapé. Il n'avait plus la force de négocier. Ce fut une longue soirée, mais il finit par raconter une histoire tellement ennuyeuse qu'aucun des enfants n'eut le courage de protester. Ils s'endormirent tous finalement, sauf Arthur, qui continua à manipuler ses fils électriques.

Le matin arriva trop vite. Théo, avec une tête de zombie, se leva après seulement 45 minutes de sommeil. Il regarda l'horloge. La journée commençait déjà et il n'avait même pas pris son café.

— "Pourquoi je fais ça ?" murmura-t-il en regardant le chaos autour de lui.

Les enfants étaient déjà en train de sauter partout, pleins d'énergie et d'enthousiasme, comme s'ils avaient dormi toute la nuit. Théo, épuisé, se dirigea vers la cuisine avec une seule pensée en tête : j'aurais dû dormir dans la voiture.