Le soleil n'était même pas encore levé quand Théo fut tiré de son sommeil par un son strident :

— « TONTON THÉO ! RÉVEILLE-TOI, ON VA ÊTRE EN RETARD POUR L'ÉCOLE ! »

C'était Lola, debout sur le lit, une poêle à frire dans une main et une cuillère en bois dans l'autre, en pleine parade militaire. Arthur était déjà en train de bricoler quelque chose avec une vieille calculatrice et un tube de dentifrice. Zoé rôdait silencieusement autour du lit avec ses jumelles en plastique fixées sur le front, et Tom... Tom était assis au pied du lit, l'air perdu.

— « Tonton... j'ai rêvé que j'étais une tartine et que quelqu'un me beurrait. »

Théo ferma les yeux et murmura :

— « Seigneur, donne-moi la force. »

*Le Départ : Mission Impossible*

Préparer les enfants pour l'école s'avéra être une épreuve digne d'une finale olympique.

— « Arthur, qu'est-ce que tu mets dans ton sac ? » demanda Théo en remarquant que le cartable du garçon ressemblait à une valise nucléaire.

— « Un mini-laboratoire chimique. J'ai une théorie à tester sur l'expansion des bulles de savon dans un environnement clos. »

— « Non, non, non. Pas de bulles de savon. Pas de mini-explosions. Pas de laboratoire chimique à l'école. »

— « Alors pourquoi appelle-t-on ça une école si on ne peut pas y faire de la science ? »

Théo ignora la question existentielle et fouilla le sac, en ressortant une seringue remplie de liquide vert fluo.

Pendant ce temps, Lola se tenait devant le miroir, ajustant une fausse écharpe de maire autour de son cou.

— « Je ne descendrai pas de cette voiture tant que tu ne m'auras pas donné un discours de motivation digne d'une gagnante d'Oscar. »

— « Lola, tu es intelligente, brillante, et tout le monde va t'adorer aujourd'hui. Allez, en voiture. »

— « C'est tout ? Même un biscuit a plus d'effort marketing que ça, Théo ! »

Zoé, quant à elle, griffonnait un plan complexe sur un carnet.

— « Zoé... pourquoi dessines-tu une carte du bureau du directeur ? »

— « Motus et bouche cousue, chef. Je ne peux pas divulguer mes opérations secrètes. »

Et puis, il y avait Tom. Le petit dernier, qui fixait un biscuit invisible au creux de sa main.

— « Mon biscuit... où est mon biscuit ?! »

— « Tom, tu l'as mangé. »

— « NON ! IL ÉTAIT LÀ ! »

S'ensuivirent vingt minutes de hurlements hystériques, de tentatives de négociations, et de biscuits de substitution.

Enfin, tout le monde était dans la voiture. Théo démarra, les yeux cernés, la chemise froissée, et la patience réduite à un grain de riz.

Le parking de l'école était une scène d'apocalypse. Des enfants couraient partout, des parents honoraient leurs dernières prières avant de pousser leurs petits anges hors des voitures, et Théo, au milieu de ce chaos, essayait de garder son calme.

— « Arthur, ne touche pas aux objets qui clignotent dans ton sac. Lola, sors du véhicule. Zoé, arrête de fixer le directeur avec tes jumelles. Tom, ARRÊTE DE MANGER TA CEINTURE DE SÉCURITÉ ! »

Mais Lola croisa les bras.

— « Pas avant un vrai discours. Allez, inspire-moi. »

Théo soupira et s'agenouilla devant elle :

— « Lola, tu es une reine du charisme, une étoile brillante dans le ciel de cette école. Vas-y, conquiers la cour de récréation. »

Lola hocha la tête avec satisfaction et descendit de la voiture, cape imaginaire flottant au vent.

Arthur disparut dans une marée d'élèves, son sac émettant un étrange bruit de bulles. Zoé roulait sous les bancs comme un ninja miniature, et Tom... Tom avait enfin trouvé un autre biscuit.

Il était 10h42 quand Théo reçut un appel du directeur.

— « Monsieur Théo... auriez-vous un moment pour discuter ? »

— « Ça dépend, y a-t-il du café ? »

En entrant dans le bureau, Théo trouva Arthur couvert de mousse verte, Zoé suspendue à une étagère, Lola en pleine négociation avec la secrétaire pour obtenir un meilleur accès à la salle de lecture, et Tom... Tom dormait paisiblement sous le bureau du directeur, une boîte de biscuits vide serrée contre lui.

— « Je ne sais pas par où commencer... » souffla le directeur.

Arthur leva la main.

— « Je propose qu'on commence par mon expérience scientifique révolutionnaire. »

— « Arthur, non. » dit Théo en le tirant doucement en arrière.

Zoé atterrit souplement au sol, carnet à la main.

— « Mission accomplie, chef. J'ai découvert que le directeur cache des bonbons dans le troisième tiroir à gauche. »

Le directeur rougit et referma précipitamment le tiroir.

Lola s'avança et planta ses mains sur les hanches.

— « Tout cela pourrait être évité si cette école était mieux organisée. Je propose une refonte complète du programme. »

— « Très bien... je vais rédiger un mot d'excuse pour les incidents d'aujourd'hui. » dit Théo, abattu.

*La Rédaction du Mot d'Excuse*

De retour à la maison, Théo s'assit à la table avec une feuille blanche.

— « Cher Directeur, je tiens à présenter mes plus sincères excuses pour le comportement quelque peu... explosif de mes chers neveux et nièces. Je promets qu'à l'avenir, Arthur ne testera plus de potions magiques, Zoé ne mènera plus d'opérations secrètes, Lola cessera ses négociations commerciales, et Tom... Tom restera Tom. Cordialement, Théo, survivant de cette journée. »

Il posa son stylo, se frotta les yeux et regarda le plafond.

— « Pourquoi les écoles ne vendent-elles pas des bons pour congé parental anticipé ? »

Dans la pièce voisine, un bruit sourd retentit.

— « TONTON ! J'AI INVENTÉ UNE MACHINE À POP-CORN AUTOMATIQUE ! » cria Arthur.

Un nuage de maïs soufflé jaillit dans le salon.

Théo enfouit son visage dans ses mains.

— « Seigneur, demain... c'est samedi. »

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