3 - Arrêt forcé
L É O N I E
Après dix minutes d'attente, les ambulanciers arrivent et s'occupent de moi, bien qu'on aurait pu aller à l'hôpital directement. Les différentes coupures me brûlent et je me retiens pour ne pas les frotter. Un morceau important s'est planté dans ma peau et ils le retirent sur place. Une compresse y est appliquée pour contenir le saignement. Je me lève et les suis jusqu'à l'ambulance où je dois m'allonger sur le brancard. Je suis mal à l'aise, car je ne suis pas blessée au point de devoir m'allonger, mais écoute leur directive.
Pendant le trajet, je repense à cet homme qui m'a aidée à me relever. Il était vraiment séduisant dans ce costard de marque. Ses yeux bleu clair me scrutaient, avant que monsieur Bowers n'arrive, puis un sourire arrogant est venu étirer ses lèvres. J'espère le revoir à mon retour pour le remercier.
En fin de journée, j'obtiens l'autorisation de quitter les lieux. Je ressemble légèrement à une momie. Le médecin m'a demandé de revenir dans deux jours pour vérifier qu'il n'y ait pas d'infection et que tout cicatrise bien. Trois coupures ont été suturées et une crème m'a été donnée pour atténuer les hématomes sur ma mâchoire.
Une fois chez moi, j'envoie un message à mon supérieur afin de le prévenir que je suis bien rentrée et que je suis en arrêt jusqu'au contrôle. Je soupire, dépose l'appareil sur la table basse, puis vais dans ma chambre enfiler une tenue large et confortable. Mes cheveux sont attachés en une queue de cheval basse.
De retour dans le salon, je me laisse tomber dans mon canapé sans douceur et plie mes jambes de côté. Ce n'est pas vraiment la fin de journée que j'avais prévue, mais ça aurait pu être pire. J'en profite pour naviguer sur internet et regarder quelques vidéos de mon groupe préféré, fredonnant les paroles.
Je finis par être agacée. Ne rien faire de cette journée d'arrêt n'est pas fait pour moi et je m'ennuie. Après un petit coup de téléphone et quelques explications à Jeanne, ma meilleure amie, celle-ci vient me voir pour que nous passions la soirée ensemble comme nous le faisons régulièrement.
— Ta proposition tombait à pic ! J'ai passé une journée affreuse, se plaint-elle en entrant.
Ses lèvres s'étirent en grimace quand ses yeux se posent sur mes bandages et pansements.
— Tu m'étonnes que t'as eu mal, quel idiot, remarque-t-elle en fronçant les sourcils.
Elle dépose un baiser sur mon front et s'assied.
— Oui, surtout sur le moment, mais maintenant ça va, ce n'est rien de grave, réponds-je en souriant.
Elle me tend un sac et j'y découvre de délicieux plats chinois.
— T'es la meilleure ! la complimenté-je.
— Je sais, frime-t-elle, taquine.
Mon moral vient de remonter en flèche. Nous nous racontons nos journées respectives et passons la soirée à rire. Notre complicité m'est tellement précieuse.
À mon réveil, mon corps est moins douloureux, bien qu'un peu courbaturé. J'entre dans ma salle de bain et me dévêts pour observer les cicatrices. Je vois tout de suite qu'elles ne sont plus aussi rouges. Les coupures ne me brûlent plus. Après une douche rapide, je me prépare pour aller au rendez-vous, espérant pouvoir reprendre le travail.
À mon plus grand soulagement, le feu vert m'est donné. Lorsque j'arrive au restaurant, monsieur Bowers me surprend en arrivant derrière moi et je fais une décollée de trois mètres, une main sur le cœur. Ce n'est pas un mythe qu'il sache vraiment tout. Il me réprimande et m'ordonne de rentrer chez moi. Penaude, je m'exécute.
En pénétrant dans mon appartement, je ne peux retenir un soupir de frustration. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Je suis censée me reposer. La seule idée qui me vienne est de me poser dans un bain avec un livre. Mon sac tombe sur le sol et mon manteau finit sur la chaise de la cuisine. Tout en me dirigeant vers la salle de bain, mes chaussures valsent quelque part et je chope mon livre au passage, laissé sur ma table de chevet. Je mets en route le robinet de la baignoire et allume deux bougies qui dégagent une délicieuse odeur de vanille. Je stoppe l'eau quand elle arrive, à vue d'œil, en dessous de mes blessures et m'y glisse avec un immense bonheur. La chaleur enveloppe mon corps. Tout compte fait, être en arrêt pour la soirée n'est pas déplaisant. Les petits bonheurs de la vie sont tellement simples.
Je saisis mon bouquin et l'ouvre, mais me rends compte que j'ai oublié une chose importante : le verre de vin blanc. Sacrilège. Ben oui, c'est quand même moins onéreux que la coupe de champagne.
— Et zut ! râlé-je.
Mon livre est délicatement posé sur le lavabo, j'enfile mon peignoir et vais me servir à la cuisine. Dès que je suis de retour dans l'eau chaude, j'en bois une gorgée et le pose sur le bord, puis reprends ma lecture.
Mon natel vibre, m'obligeant à détourner les yeux pour lire la notification. Le livre m'échappe et tombe dans le bain. Mes mains restent figées, alors que je fixe les feuilles immergées. Je ne sais pas si je dois pleurer ou éclater de rire.
Le lendemain, me voilà prête et en place pour commencer le service de midi. Les premiers clients arrivent au restaurant. Je les amène à leur table et prends leurs vestes, puis leur commande.
Une heure après le début de mon travail, un homme seul se présente. Son visage a quelque chose de familier, comme un sentiment de déjà-vu. Je l'accueille poliment et lui propose une table. Il s'assied et me regarde avec insistance, ce que je commence à trouver dérangeant.
— Ce n'était pas trop grave, vos blessures ? me demande-t-il promptement, avec un accent américain.
L'étonnement doit se lire sur mon visage. Je le regarde à nouveau avec plus d'appui. Bon sang ! C'est l'homme qui m'a aidée à me relever. Je peux bien le détailler et je dois avouer que je ne suis pas insensible à son charme et ses magnifiques yeux bleus dans lesquels j'irais bien me noyer.
— En effet, confirmé-je, revenant sur terre. J'ai eu quelques points de suture, c'est tout. Merci pour votre aide et votre rapidité. Monsieur ?
— Caleb Carter, enchanté. Et vous ?
— De même. Léonie Max, réponds-je avec un sourire, en lui serrant la main.
À la fin de sonrepas, je lui apporte son addition et quand je reviens avec la monnaie, ils'est envolé. Quinze francs suisses de monnaie ont été déposés dans leporte-addition. C'est vraiment très généreux, et un peu fou. Je vais mettre cepourboire dans la tirelire des employés et continue mon travail.
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