14 - Blondasse
L É O N I E
Je sors du sommeil, réveillée par la lumière qui s'est introduite dans ma chambre. Tout en me retournant, je commence déjà à sourire, mais ne trouve personne. Je suis surprise et fronce les sourcils. Mon natel indique midi. Je tends l'oreille pour écouter s'il est sous la douche ou à la cuisine. Rien, pas un bruit.
Sérieux ? fulminé-je.
En me levant, l'inquiétude commence à apparaître. J'enfile un t-shirt, une culotte et vais au salon. Il n'est pas là.
— Caleb ?
Personne ne me répond à part une foutue mouche. Il est parti ! Je n'y crois pas ! Soudain, je vois un post-it sur ma table basse. Je me précipite dessus pour le lire.
« Bonjour, ma douce.
J'ai eu une urgence au travail et j'ai dû partir vers huit heures. Tu étais tellement belle endormie que je ne voulais pas te réveiller. Je t'écris dès que je suis de retour. J'espère te revoir rapidement. Merci pour cette nuit incroyable.
Tendrement.
Caleb. »
Je souffle de soulagement. Je réagis vraiment toujours trop vite. Son mot me fait chaud au cœur et je n'arrive pas à arrêter de sourire. Après être allée à la salle de bain, je me prépare un déjeuner, toute guillerette, puis m'installe sur le canapé pour manger devant un film.
*
En arrivant dans la cuisine de l'hôtel pour commencer mon service, je bouscule quelqu'un assez violemment. Je m'excuse et découvre que c'est Soraya.
— Ce n'est pas grave ! Je ne suis pas tombée, me rassure-t-elle.
Nous nous sourions et commençons à travailler. Je suis surprise de voir à quel point nous nous complétons. Elle exécute dans la seconde mes demandes en anticipe même certaines. Tout est fluide et naturel, comme si nous travaillions ensemble depuis des années.
À la fin du service, nous partons en même temps et décidons d'aller prendre un café et manger une pâtisserie dans un thé room. Plus j'apprends à la connaître et plus j'apprécie sa compagnie. Il y a des personnes qu'on fréquente depuis peu de temps et qui deviennent rapidement des amis importants.
Jeanne me rejoint chez moi comme prévu et nous profitons de la fin de la journée et de la soirée pour prendre soin de nous. Nous adorons ces moments entre amies. La prochaine fois, je proposerai à Soraya de se joindre à nous. Malheureusement, nous ne pouvons pas le faire aussi souvent que nous le voulons. Je lui parle un peu de ma nouvelle collègue, mais surtout, de la nuit que j'ai passée avec Caleb.
— Oh que c'est intéressant tout ça ! dit-elle, excitée.
— Calmos. On verra où ça mène. Pour l'instant, je laisse venir ce qui doit arriver.
— Qui est-ce qui est pleine de sagesse, là ? me taquine-t-elle.
— Oh, ça va, ris-je.
Masque sur le visage et sur les cheveux, nous regardons une bonne série et mangeons un paquet de chips chacune. Dès le départ de mon amie, j'enchaîne avec un bon et long bain bien chaud pour terminer ce moment cocooning.
*
Voilà une bonne heure que le service a commencé. Je me retourne avec le plateau chargé de vaisselle sale lorsque je découvre, avec surprise, Caleb assis à une table. Un sourire complètement niais apparaît sur mon visage, mais s'efface quand je vois une grande blondasse s'asseoir en face de lui. Une vraie mannequin. Le genre de fille qui défilerait pour les plus grandes marques de mode. Je suis le vilain petit canard, à côté d'elle. Cette femme est très grande, avec des jambes interminables et des talons de dix centimètres, alors que je peine à tenir debout sur ceux de cinq. Des cheveux blonds, longs et lisses, lui arrivent aux fesses, qui sont bien rondes. Un sourire magnifique. Des dents parfaites, un visage parfait...
Trop de parfaits.
Ils se parlent comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Il rigole et elle aussi. Ce même sourire franc et pur que j'ai eu de la peine à obtenir. Elle pose sa main sur la sienne.
Garce !
Mon plateau glisse de mes mains et tout se fracasse au sol. Un juron m'échappe. Je me dépêche de tout ramasser et me coupe la main.
— Aïe, pesté-je.
— Laisse, je m'en occupe ! me dit Soraya en posant sa main sur mon épaule.
— Merci.
— Il ne faut pas te mettre dans cet état pour un mec.
Surprise, je lève mes yeux interrogateurs vers elle.
— J'ai vu comme tu le regardais, ça se voit qu'il y a quelque chose entre vous. En plus, je l'ai entendu demander ton numéro à monsieur Bowers en expliquant qu'il devait te faire un retour sur une randonnée pédestre que tu lui as conseillée, explique-t-elle en souriant.
Voilà comment il a eu mon numéro. C'est malin.
En arrivant au lavabo pour rincer les deux plaies, je vois qu'elles continuent de saigner malgré l'eau froide, juste ce qu'il faut pour embêter.
— Clément, vous avez des pansements ? demandé-je à l'apprenti.
Quelle question, bien sûr qu'ils en ont en cuisine.
— Oui, dans le tiroir sous le tableau, me répond-il, tout en restant concentré sur sa tâche.
Je le remercie et vais en prendre deux. Une fois soignée, je me dépêche de retourner en salle. Je regarde leur table et découvre qu'ils ont disparu. Est-ce que Caleb m'a vue ? Les clients m'interpellent et je me concentre sur mon travail jusqu'à la fin du service.
De retour chez moi, je me pose dans mon canapé, épuisée. Je me réjouis déjà de la belle journée qui m'attend demain, je vais enfin voir les Sound of Harmony en concert ! Ça fait bien quatre ans que je rêve de les voir en live, et les voilà enfin en Suisse. Bon, à Genève, ce qui fait que nous avons plus de cinq heures de route pour y aller, mais nous dormons sur place après la représentation. Je pense déjà à tout ce que je ne dois pas oublier demain lorsque mon natel vibre. Le prénom de Caleb s'affiche, me laissant échapper un grognement pas très élégant. J'ouvre quand même son message.
« Salut ! Tu es libre demain ? »
« Non. »
« Et après-demain ? »
« Non. Je pars avec Jeanne. »
« OK. Il se passe quelque chose ? Tes réponses sont très froides. »
« Va demander à ta blondasse. »
Comme par hasard, monsieur ne répond rien. Un soupir m'échappe et je vais me faire un thé à la menthe avant de commencer à préparer ma valise. Je commence à le boire lorsque je suis interrompue par des coups à ma porte. Bon sang ! Il est vingt-trois heures trente, qui ça peut bien être ? Il faut vraiment que je regarde avec le propriétaire pour installer un judas. J'ouvre, méfiante, et reste figée.
— Salut, je peux entrer ? demande Caleb avec un superbe sourire.
Je ferme la bouche et ne réponds rien, tout en plissant les yeux. Je m'écarte pour qu'il puisse entrer. Nous nous retrouvons face à face, yeux dans les yeux. Je le mitraille et lui ... Lui, il continue de sourire. Ce con est en train de sourire !
— T'es sérieux ? Tu rigoles ? m'offusqué-je.
— Oui, car la situation est très drôle. On ne t'a jamais dit de ne pas faire de conclusions hâtives ?
— Bien sûr et je n'en fais jamais !
— T'en es sûre ? demande-t-il, narquois.
Il se rapproche de moi, alors que je campe sur mes positions. Nos visages ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Mon rythme cardiaque commence à s'accélérer face à cette proximité, sans parler de son parfum enivrant.
— Oui, confirmé-je avec assurance.
— Menteuse, dit-il avec hargne.
— Quoi ?
— Menteuse, répète-t-il en séparant les syllabes.
— N...
Ses lèvres s'écrasent sur les miennes pour me faire taire et je ne peux résister à le lui rendre, même si je suis énervée. Il encadre mon visage de ses mains et s'écarte de moi pour me regarder dans les yeux.
— C'est mon assistante, April.
— Tu me prends pour une conne ? T'as vu le mannequin que c'est ou t'es aveugle ?
Je le fixe et je vois bien dans son regard que c'est la vérité et qu'il est un peu blessé par ma réaction. Honteuse, je baisse les yeux.
— Une fois par année, elle me rejoint le temps d'un week-end ou de trois jours, quand je suis perspicace, quelque part dans le monde selon mes déplacements pour visiter et manger avec moi. C'est notre tradition depuis six ans, et les rares vacances qu'elle s'accorde, car elle sait que, sinon, je lui fais la gueule et lui fais payer de ne pas être venue, m'explique-t-il.
Je souris. C'est adorable. Mon dieu, que j'ai l'air conne.
— Je suis désolée, dis-je dans un murmure en posant ma tête contre son torse.
Il me serre contre lui, en rigolant. Que j'aime ce rire !
— Ne t'en fais pas, je me vengerai.
Je lève des yeux écarquillés de surprise vers lui. Discrètement, il m'entraîne vers la chambre et je commence à sourire malicieusement. Nous avons toute la nuit pour que je me fasse pardonner.
*
*Groupe de musique fictif venant de la saga My Happily Ever After, écrite par LinaMaddox
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