0.4
Je cours dans l'allée gravillonnée de la demeure, en respirant difficilement et fortement. Je tourne légèrement ma tête vers la droite, et je vois le jeune blond qui effectue un drôle de saut à la limite de l'allée avant de s'enfoncer entre les arbres. "On se rejoint au lac", m'avait-il dit. Ok, mais un lac, c'est forcément dans une vallée. Et la vallée, elle ne peut se trouver que dans les bois. Je n'entends plus les trois hommes derrière moi, mais je longe toujours l'allée, qui se transforme peu à peu en une route déserte. Le temps est lourd et le ciel est d'un gris menaçant. Petit à petit, tout en gardant mon allure de course, je cours de plus en plus près de la lisière de la forêt, mais quand je veux rentrer dans les bois, une douleur vive se fait ressentir dans mes chevilles, je cris et tombe à plat ventre. Je tourne ma tête vers le bas de mon corps, en respirant difficilement, les larmes au bord des yeux, et constate que mes pieds sont pris dans du fil barbelé dissimulé dans l'herbe séchée par le froid, longeant la route d'infortune. Je comprends mieux pourquoi le blond a fait ce saut. Mais comment se fait-il qu'il sache qu'il y avait ce barbelé à cet endroit? Pas le temps d'y réfléchir. Dans un gémissement, je m'assoie sur les fesses et tends mes mains tremblantes vers le piège, en essayant de m'en sortir. Après quelques secondes mes mains sont écorchées, tout comme mes chevilles, mais je reprends ma course à travers les bois.
Chaque pas est une torture. Les battements de mon cœur font écho dans mon crâne, ne soulageant pas mon mal de tête déjà présent auparavant. Ma respiration se fait de plus en plus difficile qu'elle ne l'était déjà, et ma vue est brouillée par de multiples larmes. Il y a des ronces, des troncs d'arbres au sol, de drôles de champignons. Mais pas d'oiseaux, pas d'écureuils, pas de lapin ni d'animaux enchantés. Il n'y a pas de bruit, à part moi qui respire comme une bête assoiffée et qui ne cherche pas à être discrète. Soudain je glisse, je m'écroule sur tout mon long, avant de rouler sans pouvoir m'arrêter.
Je sens que je descends, je prends de la vitesse. Je tente de protéger mon visage comme je peux, en vain. Je ne suis qu'une poupée de chiffon, en chute libre, non épargnée par les ronces, buissons, et autres spécimens. Enfin, ma chute rapide se termine par un soudain mur froid. Dès lors, j'ouvre la bouche, mais elle se remplie d'eau. Ma combinaison se colle à ma peau, je sens mes cheveux sur mon visage, je n'ai qu'une envie, c'est de mourir. En me débattant, je remonte à la surface où je prend une bruyante respiration. Mes poumons se remplissent, j'ai l'impression que je revis. Non ans mal, je maintiens ma tête hors de l'eau et fixe l'autre rive. A la brasse, je la rejoins, et me laisse tomber à plat ventre dessus, inerte.
¤¤¤¤
Joyeux Noël!
Suite à 20 lectures.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro