– Ça fait bizarre d'échanger les places

Minho regardait le ciel malgré que les étoiles ne se montraient pas, assis en dessous de son arbre. Le silence était assourdissant pour lui. Il voulait l'entendre une dernière fois, juste un dernier miaulement, juste un seul.

   – Ça fait mal tu sais.. t'as dû le voir

Il renifla, un vent léger l'empêchant de ne pas avoir froid.

   – Je m'attendais à ce que ça arrive un jour. Je m'y étais préparé, mais pas assez je crois

Le jeune homme prit sa petite boîte réchauffée, la fumée sortant lorsqu'il l'ouvrit. Il nettoya le verre de ses lunettes avant de les remettre et de commencer à manger silencieusement.

Du poulet, un des plats préférés de Haiiru. Minho aurait voulu partager avec lui mais la vie n'est pas aussi gentille, elle n'est pas aussi simple que ce qu'on fait penser aux enfants.

Il soupira une fois de plus, finissant rapidement son petit morceau de viande pour ensuite aller ranger sa boîte. Le garçon rejoigna l'arbre et fixa sa branche quelques secondes.

   – Ça fait vraiment bizarre.. j'aimerais que tu me regardes monter, comme avant

Il respira un grand coup avant de grimper jusqu'à son morceau de bois préféré, s'installant facilement dessus grâce à l'habitude qui n'était pas partie. Minho soupira.

   – Deux mois.. ça sert à rien d'espérer hein ? Un chat, ça se retrouve vite.. normalement

Ses yeux commencèrent à s'embuer, Haiiru lui manquait, il lui manquait plus que tout. Minho avait tout fait pour le retrouver mais aucun signe de vie. Tout ça à cause d'un chien errant.

   – J'aurais tellement voulu te protéger.. putain de chien, t'aurais pas dû avoir peur, il avait rien à foutre dans notre jardin

Les larmes coulaient. De colère ou de tristesse, il ne savait pas vraiment. Mais elles glissaient lentement le long de sa joue, faisaient mal à chaque fragment de son cœur brisé.

   – Je veux juste me sentir en sécurité une dernière fois avec toi près de moi, ou alors pleurer dans les bras de quelqu'un sans avoir peur qu'on me pose de question ou qu'on me juge..

Les journées étaient longues, les nuits encore plus. Vivre comme si de rien n'était alors qu'une habitude avait disparu, c'est comme essayer de vivre sans cœur. C'est juste impossible. Enfin, ça paraît impossible.

Celui de Minho ne battait plus. À vrai dire, ça ne changeait pas grand-chose comparé à avant, mais les émotions suivaient cette fois. Il était juste capable de pleurer par moment et de ne rien ressentir le reste du temps, c'était tout. Aucun sourire réel n'apparaissait sur son visage, même quand ses amis venaient prendre de ses nouvelles.

Après un long moment de déprime, il descendit de son arbre, prenant rapidement ses affaires afin d'aller marcher. Les rues étaient désertes en cette nuit d'octobre, un plaisir pour Minho qui se baladait lentement, prenant sans réfléchir des rues plus ou moins étroites.

Les étoiles brillaient, Minho souriait. Réellement, cette fois. Et lorsqu'une étoile filante passa devant ses yeux, son sourire partit et son cœur battait. Ça faisait longtemps, ça faisait mal.

Alors une larme roula sur sa joue rougie par le froid. Peut-être un signe qu'il le regardait d'en haut, peut-être.

Un miaulement résonna tandis que le cœur de Minho rata un battement.

   – Haiiru ?

Le silence.

Il baissa la tête, se sentant naïf. Mais le son reprit, toujours dans la rue qui croisait son chemin. Alors il commença à courir, pris d'un élan d'espoir.

Élan qui s'arrêta lorsqu'une voiture se dirigea vers lui en sortant de la ruelle.