Chapitre 9
« Personne. La ville est déserte, à croire que les habitants se préparaient à je ne sais quelle invasion.
— Avec la guerre mondiale qui bat de son plein, maugréa Abe, ça ne m'étonne pas le moins du monde. »
Millard croisa les bras. J'étais soulagée de voir qu'il était toujours bien vivant, et qu'il était revenu de son repérage sans aucune blessure apparente.
« Il n'empêche, renchérit-il, que je trouve cela dérangeant. Tout est bien trop silencieux.
— Le calme avant la tempête, murmura Victor.
— Le calme avant la tempête.», acquiesçai-je.
Nous restâmes ainsi un long moment, les mains dans les poches, à fixer la petite île. Il ne se passait strictement rien.
« Excusez-moi, les enfants. Pourriez-vous m'indiquer le chemin du phare ? »
Nous nous retournâmes au même moment. Un homme d'environ trente ans se tenait devant nous. Il avait le crâne rasé, et il souriait. Mais ce qui nous interpella sérieusement, ce furent ses yeux. Ils étaient d'un blanc laiteux.
« Un salaud d'Estre... glissa Enoch un peu trop fort.
— Effectivement, un salaud d'Estre, et ses creux ! Alors, vous êtes des particuliers ! », s'exclama l'homme, hilare.
Aussitôt, trois créatures débarquèrent. Je les reconnaîtrai entre mille. Leurs têtes blanches, aux yeux noirs d'encre, pourvues d'immenses bouches de laquelle s'échappaient des tentacules. Leurs corps gris et décharné, tels ceux de cadavre déterré. Oui, cette apparence me hanterait toute ma vie.
« Maureen, à ta gauche ! », me cria Abe.
Par je ne sais quel miracle, je décochai un carreau d'arbalète en plein dans le cœur de la créature. Le creux hurla de douleur, avant que tout son corps soit secoué de spasmes. Enfin, il arrêta complètement de bouger. Une épaisse flaque de sang noir s'étala sur le sol. Il était mort.
De leur côté, Enoch et Victor, sous les ordres de Abe qui les guidait, se démenaient comme des diables avec un deuxième sépulcreux. Millard, quant à lui, se tenait derrière l'Estre. Il m'adressa un clin d'œil, et enserra le cou de l'homme avec ses bras. Ce dernier battit des jambes, étranglé. Une petite lame brilla dans le noir.
« Millard, atten... »
Je fus coupée dans ma phrase par un creux qui me saisit par les épaules. Je sentis ma chemise et ma peau se déchirer là où le creux venait de poser ses mains. Je me débattis longuement, avant d'enfin pouvoir me dégager de son emprise. Mais rien n'y fit. Sa main passa sur mon visage et laissa une grande balafre partant de ma joue jusqu'à mon œil gauche. Sa seconde main déchira la peau de mon torse.
Le carreau d'arbalète partit enfin, et le creux s'écroula, mort lui aussi.
Je tombais au sol, et, après avoir senti ma tête cogner le sol, je ne vis ni n'entendis plus rien.
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