Chapitre 80 / Bonus
Point de vue du père de Sophia – Lettre écrite avant sa mort.
J'aime ma fille plus que tout. Elle me ramène toujours à moi-même. Je me retrouve en elle et c'est un sentiment que tout le monde devrait pouvoir ressentir. Tout le monde devrait pouvoir ressentir ce sentiment, mais sans avoir la peur de mourir et de laisser cette personne. Je suis malade, atteint d'un cancer où je viens de passer au dernier stade ; le final. Sauf que je n'ai pas envie de lui dire, à ma fille, à ma chère Sophia, que je ne serais bientôt plus de ce monde.
Je ne veux pas lui dire de vive voix, alors j'utilise un moyen de communication qu'on a presque toujours eu ensemble. Même si elle ne le sait et que je pourrais lui dire autant de fois que je le désire, mais, Sophia ne me croira jamais lorsque je lui dirais qu'elle a un talent fou pour l'écriture. C'est carrément un don des Dieux.
Je ne vois pas comment je pourrais commencer cette lettre. Elle est tellement personnelle et dure à écrire. Rien que de penser à ce que je pourrais mettre, mon cœur se comprime et ce n'est vraiment pas bon pour ma maladie. Mon médecin m'a très bien dit qu'il fallait que j'évite le plus des émotions contradictoires et fortes mais, savoir que l'on va abandonner sa fille qu'on aime de tout son cœur n'est pas un sentiment et une pensée trop forte pour quelqu'un qui n'est pas malade ? Alors pour quelqu'un de malade, n'est-ce point pire ?
Mes pensées n'arrêtent pas de tourner ver elle. N'est-ce pas cruel qu'un père délaisse sa fille, sa famille toute entière et se barre comme ça ? Si, c'est cruel, je le sais et pourtant je n'ai pas vraiment le choix. Je suis gravement malade, atteint d'une maladie mortelle traitée et remarquée trop tard. J'étais destiné à mourir et j'aurais pu l'être sans même que personne ne sache que je suis cancéreux.
Mais Sophia est malheureusement tombée sur un papier que j'avais mal caché et comme j'étais de plus en plus absent, elle s'était même posée des questions et les a eus sur ce papier. J'ai du le dire à tout le reste de la famille, m'attisant toute leur pitié mais malgré cela je m'en foutais parce qu'il n'y avait que ma petite fille me ressemblant qui comptait et qui ne ressentait aucune pitié ni compassion avec et pour moi. Je ne sais même pas ce qu'elle ressent en réalité.
Sophia est une adolescente et même si je lis presque tout ce qu'elle écrit, je ne sais point tout ce qu'elle pense, tout à ce à quoi elle peut très bien penser. Je n'arrive pas à croire que je me retrouve comme un con à essayer de décrypter les pensées, les états d'âmes de ma fille qui me ressemble presque comme deux gouttes d'eau. Je suis si fier d'elle, vraiment et je ne veux pas la laisser toute seule. C'est pour cela que je me bats le plus que je le peux, depuis deux ans à présent.
Je lutte contre la maladie parce que je ne veux pas la laisser et je resterais auprès d'elle et pour elle jusqu'à la dernière seconde de ma vie. Tout ce que j'ai raté avec mes deux fils, je l'ai réussi avec ma fille et elle est sûrement ma plus grande fierté. Elle est mon petit bijou et j'espère qu'elle vivra jusqu'à l'éternité. Elle est si douée avec les mots. J'ai réussis ce que je voulais dans la vie mais malgré cela, je ne veux pas partir, pas encore, pas tant que je n'ai pas vu pleinement grandir et qu'elle soit encore une adolescente. De plus, elle a besoin de moi. Nous sommes des repères l'un pour l'autre.
« Chère Sophia,
Je t'écris cette lettre, avant que ce ne soit la fin. Je tenais à te dire que je t'aimais plus que tout. Je ne veux pas vivre sans toi et je suppose que c'est réciproque, mais nous n'y pouvons rien, la maladie continue encore d'avancé en moi et rapidement, elle prendra possession de tout mon corps. Je ne voulais pas te le dire pour ne pas t'affoler, mais je suis au dernier stade. Bientôt, toutes mes cellules seront touchés par le cancer, ou presque. »
Je retiens un sanglot de venir. Je ne veux pas pleurer alors que j'écris sûrement pour la toute dernière fois à ma fille, à ma chérie, à ma réussite, à mon petit bijou. Je la protégerais depuis le ciel, si je puis le faire. J'espère au moins que l'on m'accordera ce privilège de la protéger depuis le ciel, continuer mon travail que j'avais commencé ici lorsque je ne serais plus là parce que je crois, le comble du comble, j'en mourrais.
Si je ne peux plus être là pour mon enfant, je serais capable d'en mourir tellement qu'elle est importante à mes yeux et qu'elle a déjà assez à vivre qu'à avoir mon deuil à faire en prime. Je ne devrais pas lui donner tout cela, toute cette douleur mais c'est ainsi que la vie va et qu'elle l'a décidé. On ne peut plus changer le cours des choses à présent, malheureusement.
« Je tiens beaucoup à toi ma chérie. Tu es la prunelle de mes yeux. Si seulement tu pouvais savoir à quel point je tiens à toi et à quel point je suis fier de toi, tu n'en reviendrais sûrement pas. C'est vrai que c'est complètement fou et exorbitant mais, pourtant, c'est la vérité. Je t'aime aussi fortement que cela et peut-être même plus encore.
Je n'en ai aucune idée, je ne peux pas t'en faire une image tellement que c'est grand, que c'est fort, que c'est puissant. Je tiens beaucoup à moi ma chérie et j'aimerais vraiment pouvoir te voir grandir encore et encore mais je crois que cela relève du miracle si je suis encore en vie pour t'écrire cette lettre. »
Je passe ma main dans mes cheveux presque inexistants. Ils sont de moins en moins nombreux et de moins en moins épais. Ils perdent même de leur éclat roux mais ce sont les chimiothérapies et la maladie qui font ce genre d'effet et ce n'est pas réversible tant que la maladie n'est point vaincue sauf que je suis un cas perdu et isolé ; on ne peut plus rien pour moi. Les symptômes ont été découverts bien trop tard et à présent, je suis condamné à mourir en errant comme un fantôme. Je lève le petit doigt que ce n'est pas si je suis déjà essoufflée.
Sophia avec sa belle et soyeuse chevelure rousse, elle me nargue sans le savoir mais je suis aussi tellement fier qu'elle me ressemble. Je laisse une part de moi sur Terre et c'est l'une des plus belles choses qui puissent exister, même si je ne suis pas sûr de pouvoir la protéger et de pouvoir continuer à prendre soin d'elle depuis le ciel. C'est con, mais c'est la vie, on ne sait pas ce qui se passe après la mort alors on promet des choses dont nous ne sommes même pas sûrs de tenir simplement pour rassurer les personnes qu'on aime. On le fait plus pour eux, que pour nous-mêmes.
« Tu n'as que 13 ans et je suis vraiment navré de t'abandonner maintenant mais je ne pourrais plus combattre la maladie aussi longtemps ainsi. Je sais que je pars trop tôt mais j'aurais très bien pu partir bien avant cela et je peux te le dire, et rien qu'à toi, que je suis fier de là où je suis arrivé, que je suis fier de pouvoir être encore capable de voir jusqu'où tu vas, que je suis fier de voir ce que tu es en train de devenir, que je suis fier de toi, que je suis tellement fier de tes mots. Je combats la maladie, pour toi, ma chérie. Pour toi et personne d'autre.
Parce que même si j'aime Lionel, Jeremy et ta mère d'un amour indissociable et indescriptible aussi, je fais tout cela que pour toi. Je me suis bien plus attaché à toi qu'à tes frères. Je sais que ce n'est pas bien, que ce n'est pas un bon exemple mais je te préfère aux garçons. Avec toi, j'ai réussis à faire des choses que je n'ai jamais pu faire avec les garçons. Je suis tellement fier de ce que tu es devenue, ma chérie ».
Ma main reste en suspension au-dessus de la feuille alors que je ressers mon stylo à bille dans mes doigts. Je n'arrive pas à écrire un seul mot de plus. Je tremble tellement que c'est dur. Je n'arrive pas vraiment à croire que je vais noter de telle chose. Je suis presque en train d'écrire mes éloges alors que je ne suis même pas encore mort, même si cela ne va pas tarder. Je ne vais pas tarder à mourir et c'est complètement stupide.
Je ne n'en peux plus de toute cette vie. J'aurais aimé partir avant qu'elle n'ait mal, avant que l'on soit autant attaché l'un à l'autre. Je ne peux pas lui faire une chose pareille mais je n'ai pas vraiment le choix. Une maladie et la mort font parti des choses que l'on ne peut pas contrôler dans la vie, même le hasard et le destin n'y peuvent pas grand-chose.
« Je t'aime beaucoup Sophia, bien plus que jamais tu ne pourras l'imaginer. Je suis père et je m'en veux de partir mais je n'y peux rien. Je n'ai pas vraiment le choix et je serais capable de retourner en arrière pour ne plus avoir cette maladie en moi. C'est mon corps mon problème, pas mon cœur ou ma tête. Je ne changerais rien dans ma vie, si tu en ferais toujours partie. Si j'aurais pu avoir une vie beaucoup plus belle, avec toi dedans, je la prendrais directement mais on ne peut pas avoir d'autre vie.
On n'en a qu'une seule alors, je t'en supplie ma chérie, profites-en même si c'est difficile parce que tu mérites la plus belle vie du monde. Si tu finis par te suicider parce que c'est trop dur pour toi, je ne t'en voudrais pas le moins du monde. Tu auras tes raisons, j'en suis sûr. En attendant, vis ta vie comme tu l'entends et ne t'arrête surtout pas d'écrire parce que tu as un don pour cela.
Adieu, ton cher père. »
Les larmes coulent doucement sur mes joues alors que je réalise que je suis vraiment en train d'abandonner ma fille dans ce monde cruel et sanguinaire sans la protéger ou lui créer la plus grande armure qui soit pour la protéger de tout cela. Mais je suis sûr d'une chose, c'est qu'elle construira la plus belle des armures, rien que pour elle, rien qu'avec ces propres mots.
Sophia est bien plus forte qu'elle ne le pense et elle saura trouver des repères par elle-même, mais aussi, elle saura se défendre et apprendre à connaître véritablement le bonheur. Maintenant, il ne me reste plus qu'à espérer vivre le plus longtemps possible pour la voir encore grandir et aussi, qu'elle vive le plus longtemps possible. Il ne me reste plus que l'espoir, les mots et elle.
« Les nuages sont les morts de la nuit et les étoiles les morts de la journée. »
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