Point de vue de Sophia – Son père encore en vie.

Je suis à ma petite fenêtre avec un stylo à bille et mon carnet du moment. Je regarde dehors et je vois Arthur qui joue à son console dans sa chambre. Je souris et il tourne la tête vers moi. Nous nous faisons un petit signe de la main mais bien rapidement il retourne à son jeu et je retourne à mon cahier. Je note quelques mots, par-ci par-là. J'entends quelqu'un qui toqua à la porte et je me crispe de peur que ce soit l'un de mes frères ou encore ma mère mais je reconnais les pas lourds qui pénètrent dans la pièce ; mon père. Je souris alors qu'il vient jusqu'à moi et dépose un chaste baiser sur ma joue gauche. Il prend place juste à côté de moi et j'entends sa respiration saccadée.

Ça me fend le cœur de voir mon père ainsi. Il ne méritait aucunement d'avoir un cancer. Il aurait pu vivre l'éternité que cela n'aurait pas été suffisant. Il respire tout doucement pour essayer de reprendre un rythme cardiaque normal. Une seule activité, peu importe laquelle et ça le fatigue. Quand je pense qu'auparavant, c'était un très grand sportif et qu'il en faisait même en compétition. Tout ceci me fend le cœur et il doit être tellement mal. Le cancer n'est pas une maladie que l'on peut guérir avec un sirop, une petite gélule et un antibiotique. Un cancer c'est avec plusieurs séances de chimiothérapies et d'autres choses encore.

Le cancer c'est quand les cellules du corps humains ne vont plus bien. Un cancer c'est le corps lui-même qui est le problème et non des bactéries et des virus venues de l'extérieur. Je déteste les cancers, ce sont des véritables sources de problèmes et de douleurs. J'essaye de me montrer forte pour mon père mais il m'arrive souvent de pleurer le soir, seule dans mon lit parce qu'il est la seule personne qui compte vraiment pour moi. Je sens qu'Arthur me file un peu entre les doigts depuis qu'il a une nouvelle console. Puis, il me file sûrement entre les doigts depuis plus longtemps que cela mais je refuse de l'accepter parce que je ne veux pas me retrouver seule. Je n'ai que 12 ans mais je ne me vois pas toute seule, j'ai besoin de mon père parce que c'est le seul qui me comprend vraiment.

Je continue d'écrire sous le regard doux et compréhensif de mon père. Nous pensons la même chose de sa maladie et je vois qu'il se retient de pleurer face à ma peur de me retrouver sans lui. J'aimerais vraiment qu'il n'ait point de souci à se faire pour moi, qu'il puisse partir en paix mais il ne pourra jamais parce qu'il lit presque tout ce que j'écris. J'aime bien l'attention qu'il m'accorde mais je ne suis pas sûre que ce soit bien. Je le détruis sûrement en le laissant lire le fait que j'ai peur, la façon avec laquelle je vois sa maladie depuis ces deux années. Il lutte beaucoup trop que pour continuer ainsi très longtemps et j'ai vraiment peur qu'on approche la fin. Je ne veux pas le perdre, je ne le supporterais pas. Je n'y arriverais pas sans lui, je me sentirais tellement seule.

Mon père me retire mon stylo à bille des mains et prends mon carnet et les jette tous les deux sur mon lit. Je ne comprends pas trop mais je ne bouge pas. Il arrive à mon père d'avoir des idées et de ne pas les partager, agissant comme ça. Je le regarde simplement, confuse et stupéfaite. Il ne m'avait jamais coupé dans l'écriture, jamais. Il me laissait toujours écrire en m'interrompant une fois de temps à autre pour me dire que j'avais fais une faute d'orthographe, d'accord ou encore de conjugaison mais jamais il ne m'avait interrompu comme ça, en plein milieu d'une phrase. Mais c'est en voyant son regard vide que j'ai compris. Il me prit dans ses bras, me serrant fortement contre lui, comme si c'était la dernière fois.

Mon père venait de m'interrompre parce qu'il sentait la fin venir, lui aussi, elle était de plus en plus proche et elle nous narguait ouvertement. Il avait peur de me laisser ici toute seule et j'avais peur qu'il ne m'abandonne pour le ciel alors que sa place est ici auprès de moi. C'est stupide mais on a beau se dire que cette personne, que l'on aime plus que tout et où on ne verrait pas sa vie avec, partira un jour ou l'autre dans peu de temps comme dans très longtemps, qu'elle ait ou non un cancer ou qu'elle soit ou non en bonne santé. Parce que le futur est imprévisible et que le hasard ne déroge par à la règle, rien n'est vraiment prévisible parce qu'il reste toujours une part d'ombre de chaque chose. Tout pourrait nous paraître clair, net et précis mais il suffirait de rajouter un simple facteur pour que tout se complique et que l'on ne comprenne plus rien.

Les aléas de la vie font souvent mal les choses mais de temps à autre, elles se décident à bien faire les choses. Mon père me sert encore plus fort dans ses bras, comme si c'était encore possible. Je ne comprends pas pourquoi il me sert aussi fortement contre lui, ce n'était pas comme si j'allais me volatiliser dans la seconde même si la fin est vraiment proche. J'espère que nous avons encore des jours entiers devant nous, pour parler, nous serrer dans nos bras, nous voir, sourire et rire. Mon père est un peu toute ma vie. Il la constitue rien qu'à lui tout seul.

Sans lui, je ne serais sûrement plus de ce monde. Je me serais sûrement suicidée depuis très longtemps que je commence que maintenant véritablement mon adolescence. Sans lui, je ne serais rien et encore moins la personne forte et endurante que je suis. J'encaisse les chocs grâce à lui. Je contiens mes larmes et je dois de savoir tout cela qu'à lui. Je ne serais jamais capable de faire tout cela sans lui parce que personne d'autre ne m'aurait aidé à apprendre cela. Personne d'autre n'aurait réussit à me rendre heureuse comme il l'a fait, comme il le fait et comme il le ferait. Il laissera un gros vide en moi. Je le sais d'avance. Il a toute la place dans mon cœur et je ne supporterais pas on absence, je serais plus mal que je ne le serais jamais.

-Je t'aime, dit-il en retenant un sanglot.

-Je t'aime aussi, renchéris-je en laissant une lacrymale coulée sur ma joue gauche.

« L'amour est une belle chose, si on l'utilise à bon escient. »