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"- tu vas faire quoi toi une fois majeure et tranquille ? Demanda la jolie brune."

Son amie assise à ses côtés sur la même grosse pierre, mis un moment à répondre, réfléchissant un instant. Elle laissa son regard vagabonder autour d'elle, un paysage sombre et sale qu'elle ne connaissait que trop bien, morose, synonyme d'un quotidien épuisant qu'elle côtoyait depuis enfants et qu'elle côtoiera le reste de sa vie . Ses doigts déjà usés et abimés par quelques égratignures tapotaient sans bruit la surface froide du gros cailloux en dessous d'elle. 

"- je ne sais pas. J'irai sûrement aidé sans attendre à l'usine ou dans les champs de pierre. Répondit la rousse tout en commençant frénétiquement à balancer ses jambes vers l'avant, puis l'arrière, sans qu'elle ne touche le sol." 

               Le silence retomba entre les deux amies. Mais pas un silence gênant, c'était un silence apaisant, appréciable et presque rare dans ce district où le bruit des machines d'usine résonnait du levé au couché du soleil, où le pas de course des jeunes pacificateurs s'élevait sans arrêt en même temps que la poussière. Même si les deux filles ne se voyaient parfois pas pendant de très longue durée, ne vivant pas dans le même village et quelles avaient beaucoup de chose à se raconter à chaque fois. Elles aimait aussi le silence qui avait une bien meilleure saveur lorsqu'elle était deux. Les deux amies profitaient toujours de leurs rares journées libres pour  s'écarter un peu des centres d'activités et venir chercher le rare calme qu'offrait les coins herbeux derrières les maisons.

La brune sombre se nommait Héra et la rousse Malicia. C'était toutes les deux de charmantes jeunes filles, bien que le manque de sommeil avait étiré certains de leurs traits. Toutes deux se connaissaient depuis l'enfance, leurs familles habitaient deux maisons voisines. Une fois la timidité de la première rencontre passée, les deux gamines étaient devenues inséparables, toujours collées l'une à l'autre, à l'école comme à la maison. Elles avaient passé dix années comme ça, à tout se raconter, à tout partager. Puis un jour la mère de Héra fut affectée dans le coin Ouest de leur district, brisant alors le duo inséparable avec douleur. Malgré la nouvelle distance qui les séparaient, elles avaient évidemment gardé contact et se voyaient dès qu'il leur en était possible.

Les deux filles avaient toutes les deux grandi dans un cocon familiale et aimant, ne manquant jamais de rien. Après tout, elles venaient du district 2, facilement le plus riche des douze. Étant "publiquement" connu pour travailler la pierre et la charpenterie, leur district s'occupait aussi de la formation des pacificateurs, les soldats de l'état, ainsi que secrètement de la production de leurs armes. Ils étaient facilement le petit chouchou du Capitole, la capitale de ce "pays". 
Centre de tout contrôle, le capitole avant une totale emprise sur chacun des districts. Douze districts qui produisaient à la chaine tout le nécessaire pour la groupe ville : énergie, nourriture, tissu, bois et bien d'autre encore... Tout ce que les habitants de celle ci souhaitaient avoir pour vivre une vie de paresse et de fête. 

Les parents de Mal, surnom de Malicia car "ça a plus de flow" comme elle aime le dire, travaillaient tous les deux dans un centre de formation de pacificateurs. Son père était un ancien pacificateur qui avait fait preuve d'un talent au combat et en pédagogie qui lui a permis de finalement devenir professeur au centre. Sa mère elle, tenait le réfectoire d'une main de fer. Sa fierté et son ton franc qu'on n'osait jamais réfuter avait plu au général qui lui avait alors demandé de ne jamais donner de rabe aux soldats, même si ils s'énervaient. C'était d'ailleurs au centre de formation que ses deux parents c'étaient connus et avaient fini par fondé une famille. Famille où est alors apparu une petite Mal, portrait craché de sa mère. La mère Héra, elle, travaillait simplement dans une des plus grande charpenterie du district. La jeune brune avait perdu son père il y a quelques années d'une maladie. Sûrement causé par son travail dans les mines de pierre. 

                  Jetant sa tête en arrière, Mal regarda le ciel brumeux. Il était toujours aussi nuageux, aussi gris à cause de la fumée relâchée par les grands centres de production, à ce demander si cette fumée n'avait pas empiré la maladie du père de Héra et si, à la respirer tous les jours elles n'aillaient pas elles aussi à leur tour tomber malade. Ce paysage grisâtre ne semblait jamais disparaitre, la jeune femme se demandait même si elle avait déjà vu le soleil, si lumineux et chaud accroché dans un coin bleu. 
A cause de ce tapis sal, il était difficile alors de savoir quelle heure il pouvait être. Elle avait l'impression qu'elles étaient là depuis des heures, peut être que le couvre feu avait déjà sonné ? 

"- on devrait rentrer. Proposa la rousse tout en se levant, frottant rapidement son short pour retirer le monticule de poussière. Vous restez ici combien de temps ?

- je pense que l'on rentrera après le jour de la moisson. Répondit Héra en se levant à son tour en soupirant."

La moisson. Comme le lui avait rappelé son acolyte, le jour de la moisson était proche, très proche, à seulement une nuit d'ailleurs. À cette pensée, elle pria silencieusement que le sort ne soit pas en sa faveur. 

Mal n'avait aucune envie de devenir tribut, ce qui est sûrement le comble pour une jeune du district deux. Après tout, ils étaient bien les premiers connus pour n'envoyer que des enfants entrainés pour se battre, prêt à tout pour arracher la victoire, fiers de se retrouver dans l'arène et déchiqueter des vies sans remords. Tous les jeunes du district avaient déjà touché au moins une arme, savaient sans surprise s'en service, Mal et Héra dans le lot. S'en était presque dans le programme scolaire ici.  Mais même si elle avait baigné dedans très tôt par son district comme par sa famille, ça ne s'était pas présenté comme une passion pour elle. Comment une fille qui  s'évanouit à la simple vu de sang pourrait devenir tribut. À peine le premier mort dans l'arène qu'elle serait déjà évanoui et planté par un talentueux carrière du district un. 

Pour se rassurer, elle se disait que venant du district deux, même si elle se faisait piger, il y aura sûrement des volontaires pour prendre sa place, ceux qui souhaitent à tout prix montrer leur talent sur grand écran. C'est ce qu'elle aimerait croire. Sauf qu'elle avait déjà l'image d'une carrière aux yeux de tous. La fille d'un formateur de pacificateurs, d'un talentueux combattant, comment ne pourrait elle pas être elle aussi une génie du combat ? Si elle se faisait choisir, personne ne se portera volontaire, simplement par ce qu'elle sera déjà une favorie pour représenter le district.

"- Ne t'inquiète pas ! S'exclama soudainement Héra en passant un bras sur les épaules de son amie, remarquant bien son expression inquiète.
Plus qu'une année après celle ci et on sera tranquille. Puis c'est pas comme si on avait demandé des terraria."

Héra avait raison, leurs noms ne devaient être marqué qu'à peine six fois. Puis leur district était l'un des plus habités, six ce n'était rien au milieu de ces milliers de papier. Les chances, ou plutôt les malheurs, d'être choisi étaient très minces.

Un sourire cette fois apaisé sur le visage, la jeune rousse passa à son tour son bras autour des épaules de son amie et les deux filles partirent joyeusement en direction des maisons. Il devait être vingt heures passé facilement et elles mourraient toutes les deux de faim, un bon petit repas familiale devait sûrement les attendre avec impatience chez elles.

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22.0620//02.1223

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Signé,

La méchante reine.