CHAPITRE 3 ☾
hogwarts express
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Angleterre, 1971
— Emeraude Diane Thora Stormwood ! Réveillez vous immédiatement jeune fille.
L'enfant ouvrit difficilement les yeux, la lumière était trop vive, et son esprit trop embrumé.
La silhouette frêle de sa mère se tenait juste au-dessus d'elle, surplombant son corps avachi, les poings sur les hanches. Son expression sévère ne présageait rien de bon. Un sort funeste allait s'abattre sur elle.
De toute manière, elle l'avait cherché, elle ne pouvait en vouloir qu'à elle-même. Micky était venue une bonne dizaine de fois dans la matinée, tentant, en vain, de faire sortir la jeune sorcière de ses draps. Il était donc légitime, et très peu étonnant, que sa mère soit en rogne.
— Bonjour à toi aussi maman, répondit-elle en baillant. Que me vaut ce réveil brutal ?
Sygrid la scruta longuement, l'air profondément dépitée, pendant qu'elle essayait, avec la plus grande difficulté —elle avait déjà du mal à savoir où elle se trouvait— de se remémorer quel jour ils étaient.
Sa mère pivota sur ses talons, et poussa d'un geste agacé les épais rideaux de sa chambre. L'enfant râla, replongeant le nez dans son coussin, les yeux momentanément brûlés.
— On est le premier Septembre, Emeraude, soupira-t-telle.
Tandis que la fillette s'évertuait à s'accoutumer à la lumière agressive de l'extérieur, une autre lumière s'alluma dans son esprit. Le premier Septembre ? Bon sang.
Les yeux d'Emeraude s'écarquillèrent, et elle repoussa rapidement les couvertures, prise d'une panique sans nom.
— Par Merlin, s'exclama-t-elle en galopant dans la pièce. C'est la rentrée, et je suis en retard. Père va me tuer.
L'idée que son paternel la jette sous les rames du Poudlard Express n'était pas si grossière, il ne supportait pas le retard, lui qui était extrêmement ponctuel. Si elle ne se dépêchait pas, elle allait finir transformer en crapaud, ou pire encore, en gobelin.
— Fais-vite, l'encouragea sa mère en se dirigeant vers ma porte. Ton frère est déjà prêt.
Évidemment qu'il l'était, ce petit saligaud.
Emery attendait ce jour avec plus d'impatience que n'importe qui. Depuis que la famille avait quitté les Black pour emménager dans leur nouveau manoir, il ne cessait de répéter quel honneur cela allait être de devenir un serpentard. Bien sûr, son père ne pouvait que le pousser dans cette voie, lui qui était si fier de son ancienne maison.
Em se dépêcha de rassembler ses affaires sous le regard agacé d'Abalone, son chat. Il l'examinait, alors qu'elle s'activait, le diable aux trousses, en marmonnant;
— Tu aurais dû te réveiller plus tôt, commenta-t-il en se léchant la patte.
Elle lui jeta un regard noir, avant de boucler sa première malle. Celle-ci débordait de vêtements et de livres en tout genre. Emeraude allait attraper le vilain matou pour l'enfermer dans sa cage, quand on toqua à sa porte.
- Entrée, grogna-t-elle.
Les visages de mes deux cadets apparurent dans l'embrasement de sa porte. Ils n'avaient pas l'air certain de vouloir pénétrer dans la fosse aux lions , sûrement à cause du ton rustre que leur aînée avait employée..
— Tu veux de l'aide ? Lança Jasper, hésitant.
L'irritation de Em, s'apaisa sur le coup.
Elle finit par accepter leur aide qui, bien qu'inattendue, n'en était pas moins appréciée. Gemma attrapa le reste de ses affaires, ainsi que sa robe de sorcière, avant de les fourrer dans une malle aidée par Jasper. Em entreprit, de son côté, de faire entrer son womatou dans sa cage, chose qui était particulièrement difficile puisque Abalone détestait être enfermé ce qui se comprenait au vu de son statut de créature sauvage —ça, et le fait que peu importe l'espèce, il était un vieu monsieur aigri.
Em finit par engouffré de force la boule de poil noir dans sa cage, non sans ses protestations mentale. Elle attrapait sa baguette, sur la table de chevet, acheté l'été même chez Ollivander, et ses malles, avant de dévaler les escaliers suivit par sa fratrie.
Aurel se tenait droit comme un piquet, il les attendait dans le hall, leur mère à ses côtés, leur frère était, comme Emeraude l'avait prévu, déjà en bas.
Le garçon s'amusait avec son serpent, Obsis, cette espèce de vermine reptilienne qu'elle haïssait plus que tout depuis qu'il s'était permis de lui mordre la cheville. Heureusement pour elle, Em avait de bons réflexes, elle avait donc pu éviter les crocs venimeux de l'animal, de justesse.
— Range moi ce monstre Emery, grimaça-t-elle. Il devrait être enfermé.
Son frère voulut protester mais —pour une fois— son père lui donna raison, et le brun ne put que abdiquer.
Aurel leur tendit les mains, à son jumeau et à elle, prêt à les faire transplaner. Sa mère, elle, s'occupait du transplanage des plus jeunes.
Oh par la barbe de Merlin ce que Em détestait le plus au monde, c'était bien transplaner. Chaque fois, elle se retrouvait étourdie pendant plusieurs minutes, avant d'avoir une furieuse envie de vomir. En vérité, elle ne devait pas se plaindre, au moins elle n'avait que l'envie, la dernière fois que la tribu avait pris ce "transport", Emery avait régurgité son dîner en pleine rue.
Emeraude, le ventre noué, échangea un regard empli d'appréhension avec son frère, il ouvrit la bouche mais n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot puisqu'ils avaient été emportés dans une vague horrible, tourbillonnante, et psychédélique qui les conduisit dans une ruelle déserte.
Ses oreilles bourdonnaient, et elle sentis la bille remonté dans sa gorge avant de redescendre très vite, à son plus grand soulagement. Emery n'avait pas vomit, mais il était devenu plus blanc que sa chemise, ce qui était assez inquiétant. Em jeta un coup d'œil au reste de sa famille, ses parent se portaient comme des charmes tandis que son cadet se retenait tant bien que mal pour ne pas recracher son dernier repas.
Ils se tenaient juste derrière la gare King's Cross dans laquelle se trouvait la fameuse voie 9¾. Pressé par le temps, ils rejoignirent cette dernière plutôt rapidement, bien qu'à un moment, Em cru que son jumeau allait faire une attaque, quand il avait compris qu'il allait devoir passer dans un mur pour rejoindre le Poudlard Express. Finalement, il s'était crispé de tous ses membres et s'était jeté sur la brique, passant à travers sans problème.
Avant de courir vers le mur à son tour, Em remarqua une jolie rouquine, de son âge, à sa droite, en pleine dispute avec une autre petite fille, elles avaient l'air de vouloir s'étriper et c'est ce qui convainquit la sorcière de foncer vers ce mur. Pas question de risquer d'être mêlée à cette chicanade.
L'endroit était exactement comme elle se l'était imaginé, des milliers de fois dans la noirceur de sa chambre. Agité, chaleureux, et l'ambiance qui y régnait lui fit immédiatement se sentir à sa place.
Jasper et Gemma contemplaient l'endroit, les yeux pétillants d'excitation. Em était presque sûre qu'ils rêvaient déjà du moment où se seraient à leurs tour, de grimper dans le célèbre train de Poudlard. Ce qui arriverait bien plus tôt qu'ils ne le pensaient. Pour Jasper, il ne lui faudrait attendre qu'un an. Quant à sa cadette, elle devra prendre son mal en patience pendant encore deux ans.
— Vous êtes prêts ? Demanda Sygrid, plus qu'inquiète.
Ses mains tremblaient nerveusement, c'était la première fois qu'elle allait être séparée de ses enfants aussi longtemps, et visiblement cela la stressait bien plus que ce qu'elle ne laissait paraître.
Em, percevant son trouble, s'approcha précautionneusement d'elle, et l'encercla rapidement de ses bras. C'est uniquement quand sa mère lui rendit son étreinte qu'elle se rendit compte d'à quel point, elle aussi, avait besoin d'être rassurée.
Après plusieurs minutes, où elle sentit ses muscles se détendre, l'un, après l'autre, Em lâcha sa mère pour qu'elle prenne son frère dans ses bras.
Malgré ce que l'on pouvait penser, tout ce qu'il renvoyait, Emery avait toujours été un fils à maman. Cela se confirma quand il se mit à chouiner, en promettant qu'il lui enverrait une lettre toutes les semaines, sous les railleries de Em et Jasper.
Leur père, ne s'accommodant pas de telles démonstrations d'affection, leur demanda —ou, avec le ton dur qu'il employait, leur ordonna— simplement de bien se tenir, et de faire honneur au nom des Stormwood.
Quant aux cadets, Gemma s'était accrochée à la jambe de sa grande sœur, telle un koala, du moins jusqu'à ce que sa mère ne la décroche, sous ses jérémiades.
— Tu rentre bientôt ? S'enquit-elle, les larmes aux yeux.
— Au prochaine vacances petite mandragore. En attendant, sois sage.
Emeraude déposa un rapide baiser sur sa joue humide, le cœur lourd, puis serra son petit frère dans mes bras quelques secondes. Emery ne prit pas la peine de faire de même, ébouriffant juste les cheveux de sa cadette, qui rougit de plaisir.
Il grimpa dans le train, reprenant un air narquois, il fallait faire bonne figure. Emeraude le suivit, non sans un dernier regard vers sa famille.
Son jumeau s'était déniché un compartiment où se trouvaient tous ses amis d'enfance qu'elle ne supportait pas. Il était hors de question qu'elle reste avec ce sagouin de Rosier pendant le trajet —et il en allait de sa survie, et de la sienne— elle préférait encore épouser un troll.
Evan Rosier était un bon ami de son frère, ils se connaissaient depuis toujours, mais, contrairement à son jumeau, elle n'appréciait pas le moins du monde la compagnie de ce lourdaud, puriste, et qui en prime était mal élevé.
Emery se tourna vers elle, la main sur la porte coulissante.
— Tu es sûre de ne pas vouloir venir avec nous ? Interrogea-t-il, l'air penaud.
Son frère n'était pas rassuré à l'idée de se séparer d'elle, mais il allait devoir s'y faire, ils n'étaient plus des enfants —plus tout à fait— et Emeraude savait d'ors et déjà, qu'ils n'avaient aucune chance, pas la moindre, d'être répartie dans la même maison.
Il valait donc mieux pour lui qu'il s'habitue à son absence, dès le début.
— Certaine, répondit-elle en lorgnant un regard hautain sur Evan. Ce wagon est mal fréquenté.
Abalone fêla dans sa cage, comme pour approuvait ses propos, et lança un regard meurtrier à Evan, qui recula sur son siège apeuré. Emeraude se détourna rapidement de son jumeau —elle supportant plus de faire face à sa mine triste— et de ses amis, cherchant un compartiment vide, ou, au moins, peu occupé.
La petite brune commençait à désespérer quand elle tomba, au fin fond du train, miraculeusement, sur une cabine libre. Enfin presque libre. Il y avait un garçon assis dedans, seul, il fixait l'extérieur du train, l'air absent. Il semblait si absorbée par ses pensées, qu'elle se sentit coupable de le déranger;
— Excuse-moi, l'interpella-t-elle à mi-voix. Je peux m'asseoir ?
Le petit garçon tourna la tête vers elle, et Emeraude remarqua —difficile de faire autrement— qu'il avait trois grandes cicatrices qui tranchaient son visage, parsemés de tâches de rousseurs.
Waouh, songea-t-elle, ça, c'était franchement cool.
— Euh oui, balbutia-t-il, nerveux. Je t'en prie.
Elle s'exécuta donc, prenant place en face de lui, fascinée par ses balafres. L'histoire derrière elles devait être épique, ou terrifiante, dans les deux cas sa curiosité était grande, et son admiration aussi.
Le garçon se tortillait sur le cuir de la banquette, un poil gêné par son examen détaillé.
Il devait faire à peu près sa taille, il avait de grands yeux d'un doux brun, sans une once de perfidie dans les prunelles, et des cheveux châtain, tout ébouriffé, comme s'il venait de se réveiller, ce qui, au vu de la marque rouge sur sa joue, était probablement le cas. Emeraude constata qu'il n'avait pas d'insigne sur sa robe, signifiant que comme elle, c'était sa première année.
Son éducation reprit bien vite le dessus sur sa contemplation, et elle lui tendit la main, la paume ouverte, les doigts largement écartés vers lui, un immense sourire, toute dents dehors, placardé au visage.
— Emeraude Stormwood, s'annonça t-elle. Et toi, tu es ?
D'abord surpris, il cligna des yeux un petit moment —si bien que Em hésita à rabattre son membre contre elle — et finit, après avoir brièvement scruté l'expression amicale de la petite fille, par lui rendre sa poignée de main. Il serra fermement, un peu gauche, en lui rendant son sourire.
— Remus, dit-il en pinçant les lèvres. Remus Lupin.
— Enchantée Remus.
- Gigi
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BANDE DE MOLDUS
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