"Sans toi, aujourd'hui est hier, hier est comme demain, la semaine passée sera comme celle du mois prochain et dans l'immensité du temps je confonds passé et futur, le présent disparu. Le temps, cruel ennemi, ne m'aide pas, jamais, comme si je le repoussais, comme si on se détestait. C'est peut-être le cas. A compter mes années comme avide de mes heures perdues, il les dévore sans faim, monstre creux, au ventre plein pourtant jamais rassasié. Il ne me laisse par-là que quelques questions sans réponse, à savoir « qui suis-je et où, pourquoi et pour quand, pour qui ? », mais ne m'adressera pas un regard pour m'aider à comprendre. Le temps ne cherche pas à comprendre, jamais, il regarde sa destruction et laisse de grands cœurs dire qu'il aide à cicatriser. Mais dans quelle boucle de l'Enfer suis-je tombée ? Je ne sais, mais me voilà bien bas : Le temps, en partant me blesse, et pourtant, j'ai besoin qu'il s'en aille pour me voir cicatriser. Comme si courir avec le genou ouvert aller m'aider. Cicatrisons-nous vraiment, ou pensons-nous juste que d'être parti loin vaut la souffrance ? Pensons-nous que si nous avançons dans le temps, alors tant pis pour les plaies, regardez ce que l'on a accompli avec, regardez ! Mais je ne vois rien, et je n'ai rien fait, j'attends juste qu'il passe et je le maudit ! Oui, je le maudis de passer aussi vite alors que je ne grimpe jamais dessus, jamais, car il me fait peur, il me terrifie.

Et alors autour, tout le monde s'en va, avec lui."

"La vie fait mal, et ils répètent qu'ils comprennent eux. Serpents. Faux parleurs, qu'est-ce que je les hais, et c'est d'autre pourriture qui essaye de réparer les trous dans mon crâne. Dans ma tête ça bouge, ça prend l'eau, le bateau tangue et il coule. Il y a une main, une, et quand nos doigts se touchent je réalise que c'est un mirage, c'est que du barbelé, tout est faux, tout coule, tout fond, je ne suis plus. Plus maintenant et c'est pathétique, qui es-tu toi aux grands mots, grandes lettres, qui la ramènent comme si tu le méritais ?

Et de quoi je parle, qui je suis, qu'est-ce que je fais là, pourquoi je suis là, encore, à quoi je m'accroche, qui m'attend, qui me vois, qui me regarde, qui me retrouve ?"

"

"Les flaques font remuer certains morceaux de paysages dans leur reflet, et tremble alors que le temps s'apprête à se déchirer pour se renverser tout autour de moi, déversant sa peinture grise partout. Et j'en meurs.

Bercé au milieu des cris du tonnerre, comme si mes hurlements à moi ne comptait pas, je le laisse crier lui, le ciel. Et puis ça colmate les trous dans mon dos, et puis ça bouche mes tympans, ça empêche les insultes de passer."