Et là tu me regardera de tes yeux presque blanc, presque surpris, tout le temps, toujours. Et puis, tu rigole.
"Quel misanthrope. "

T'as raison en plus. Tu rigole un peu, je regarde tes cheveux. Tu savais qu'ils sont d'un noir sublime ? Avec des reflets, comme les plumes de certains corbeaux. Tu regarde une fille passer, je suis ton regard. Je ne suis pas une jolie blonde. Je ne suis pas habillé en Prada. Tu verras une différence ? J'aimerai mieux pas.
Tu me proposes d'aller avec le groupe, à la plage. Au fond, je ne veux pas. Mais tu insiste, et je te suis. Je ne vais pas, parce que je ne veux pas te regarder, je n'ai pas le droit. Je le ferai quand même.
Je me sens dans un des plus grands chaos quand tu retires ton tee-shirt.
Putain.
Alors Ok, peut-être que je ne suis pas normal. Que ce n'est pas normal. Que je devrai regarder les filles en deux pièces trop serrés.
Mais là, ta peau mate au soleil, ton torse plat et ton V, c'est dur de détourner le regard. Je ne t'aimerai pas. Je ne t'aimerai pas. Je ne t'aimerai pas.
Mais je ne décide rien.
"Tu viens ? "

Non. Je secoue la tête. Tu râles et tu t'en vas. Je ne veux pas, je ne peux pas bouger. Tu reviens cinq minutes plus tard, et comme pour m'achever, des perles d'eau salé roulent sur toi. Elles brillent. C'est marrant. Je me lève pour te passer ta serviette. Tu la prend d'un geste naturel, et tu regarde une bombe, que je juge vulgaire, passer. Je serre les dents, je me retourne.
Et puis tu rigoles.
Et puis je me retourne.
Et puis, c'est moi que tu regardes.
Ça me gène, alors je fais semblant de râler et je te jette du sable dessus.
Je ne sais pas pourquoi t'as réagi comme ça, mais tu m'attrape et tu me cloue au sol.

Ça pourra jamais paraître comme deux mecs qui se battent. Je ne sais pas à quoi ça ressemble, je rejette les regards des autres. Mais tu doute aussi, et mon coeur rate un battement. Tu me regarde dans les yeux, ta main lâche mon poignet, et tu mêles tes doigts aux miens. C'est étrangement doux. Ton visage hésite, mais se rapproche.
Et tout se brise. Tu me lâche, et tu te redresse, embarrassé. C'est pas juste. Je veux crier. Un groupe arrive en rigolant, tu les rejoint.
Je te regarde partir. Qu'est-ce que je pourrai faire ? Tu sais que je n'aurais pas bougé. Je regrette.
Tu sais.

Tu m'aurais embrassé, tu m'aurais prit dans tes bras, tu m'aurais voulu. Presque. Mais plus maintenant, parce que tu t'es retourné.
Tu sais.