April in december {incomplet}
J'écris au cœur d'un labyrinthe de pierre, parfumée par ton tabac. Trois bonbons au menthol et j'essaie de t'oublier, mais ton reflet dans la fin de mon verre me rappelle que tu ne partiras pas, tu restes. Mon ange, ce soir je touche le fond. J'ai perdu sens et plaisir, douleur et amour. J'ai tout perdu, même toi. On est jeudi soir, et je me suis perdu, encore, dans toutes ces photos de toi et de nous. Ton paquet de clopes et encore là, et j'ai trouvé un pull derrière le canapé. Tu es parti si brusquement, et je n'arrive pas à y croire. Déserteur. Tu sais comment ils finissent, à l'armée ?
Enfin, je ne t'en veux pas. Si. Je me mens. Mais je ne veux pas t'en vouloir, je t'en supplie crois-moi, je veux juste que tu reviennes, te revoir. Ma main dans ton cou, tes lèvres sur les miennes, et ton corps qui danse sur les mêmes musiques nazes et vulgaires de la radio que tu as quand même su embellir. Tu m'as promis que tu m'aimais, on s'était dit qu'on ne devait pas se laisser tomber comme ça, et tu as tout brisé ! Comme quand tu avais cassé cette table en verre que ta mère t'avait offert, tu t'en souviens ?
Une larme au singulier roule sur ma joue, et bientôt je conjugue cette phrase au pluriel car deux ou trois autres la rejoignent sur le parquet ciré. Où es-tu ? Je m'inquiète tu sais ? On s'était promis, oui. On se disait qu'on ne finirait jamais comme eux, qu'on était trop vrais, trop fort, et pourtant en une soirée tu as su me laisser là. A terre. Je brûle. On me manque. Le froid de la pièce sans toi me colle, c'est infame. J'ai l'impression d'étouffer. Alors je t'écris tout ça pour espérer te revoir, j'écris tout ça sans savoir où l'envoyer. Est-ce que tu es chez ta mère ? Je ne serais pas vraiment étonné. C'est là-bas que tu allais.
Ecoute, je sais bien que je ne suis pas un héros mais je te promets que j'ai fait de mon mieux pour t'aimer. Il ne faut pas que tu m'en veuilles, je t'aime, tu le sais, et j'ai juste peur que tu t'en aille définitivement. Je sais que tu reviendras, tu reviens toujours. Tu as besoin de respirer, c'est tout, c'est ça ? Ce n'est pas grave. Je ne t'en veux. Tu reviendras en larmes. Qu'est-ce que j'aimerai pouvoir les cristalliser. Les changer en perles, les voir briller sous les led de ta chambre pour qu'enfin elles soient synonymes de paix.
Je me ressers un verre, il se mélangera bien avec mon goût âcre collé au palais. Je sens que « nous » tiens en trop peu de syllabes, je ne sais plus si c'est des « je t'aime » ou « je te hais ». Oh mais je suis sûr qu'il y a des deux ! Mon ange, tu ne résonnes plus que dans les tréfonds de l'Enfer, tu n'es plus assez saint pour rester dans les cieux. Déchu, traître. Ton nom se grave dans mon cœur en tant que Lucifer. Mon cœur, parlons-en ! Il bat encore dans tes mains, brûlant alors que tu le regard fondre. Oui, tu es le Diable, et tu mérites mes actes. Ta beauté qui m'ensorcèle, qui me hante tant que j'ai besoin de noyer ton fantôme dans ma bouteille. Va-t-en ! Tu me mutile avec tes éclats de rires, tu m'écrase avec tes cils, tes yeux de biche. Ton teint pâle, tes lèvres rouges. Vampire, tu dévores mon âme, mon sang. Je te hais, sûrement autant que je t'aime.
Mais elle sonne vide cette phrase, elle sonne si vide ! Et je suis si vide ! Regarde-moi, merde, encore au moins une fois ! Et puis qu'est-ce que j'en ai à faire de l'alcoolémie à respecter, je viens. J'irai jusqu'au crépuscule de la nuit, jusqu'à la fin de la lune, jusqu'à la naissance du soleil et encore au-delà. J'irai te chercher à la simple force de mes idées. Mes pensées. L'envie de sentir tes doigts enlacés au miens. Tu me diras que tu ne veux plus de cette vie et tu me confronteras en justice.
Moi, violent ! Parle donc de mes problèmes d'alcool, mais si je bois c'est pour combler ton absence ! Remplir un vide, ce n'est pas toujours une question de sexe. Car oui, tu ne semble pas me croire, mais je t'aime. Et oui, je t'ai ouvert l'arcade, mais tu perdais la raison et je n'ai jamais voulu te frapper ! Ce n'était qu'une erreur, qu'un dérapage. Je t'ai promis de changer.
Arrête de dire que je me répète, c'est faux. Tu es dans mon labyrinthe, tu es la petite lumière qui me montre la sortie et tu sais aussi bien que moi que c'est réciproque. Ou tu iras quand je ne serais plus là ? Quand tu seras seul ? Je te préfère à mes vapeurs d'alcool, mais je ne suis qu'un homme, il faut que tu m'écoutes et que tu restes.
Je ne finirai pas, j'ai la flemme.
Cordialement, La direction.
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