32 _ Je veux défendre ma fille seul
Bonsoir! Me voici de retour avec de nouvelles idées!
Prêt(e)s à retrouver Eliott et Auxanne?
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Je partage un dîner avec ma famille : mes parents comme mon frère et ma sœur sont présents. Cette dernière n'a pas sa pareille pour discerner mes changements de comportement lorsque quelque chose de nouveau survient dans ma vie. Ainsi, elle a rapidement mis le doigt sur ma nouvelle vie sentimentale. Si bien qu'elle attendait le moment opportun pour m'assaillir de questions. La première reste celle-ci :
— Ce coup-là, il va te faire quoi?
Je ne peux pas m'empêcher de me sentir blessée. Elle ne cherche à connaître ni son prénom ni ce qu'il fait dans sa vie. Elle préfère m'attaquer directement sur ma poisse amoureuse. Eliott ne mérite pas ce jugement hâtif. Moi non plus...
— Me rendre heureuse, rétorqué-je en la défiant du regard.
Mon frère, qui tend une oreille pour entendre notre discussion, s'exclame :
— Tu as quelqu'un dans ta vie!
Instantanément, mes parents se taisent pour me dévisager, l'air surpris. Quant à moi, mes yeux s'écarquillent en sentant que la situation va m'échapper. Je savais d'avance qu'au moment d'annoncer cela, les interrogations allaient être nombreuses. C'est pour cela que je souhaitais me préparer et attendre un peu. C'était sans compter sur la franchise de ma sœur...
— Oui mais, vous ne saurez rien de plus pour l'instant, marmonné-je en tournant la cuillère dans mon café.
Le moment n'apparaît pas comme le plus opportun pour Eliott de rencontrer ma famille. Dans l'immédiat, il fait tout pour sauver la sienne. Mon père n'a pas l'air de cet avis. Renfrogné, il tente de me cacher sa nervosité. Je peux le concevoir : les trois précédents m'ont poussée au fond du gouffre. Même si je suis parvenue à remonter la pente, l'appréhension n'en reste pas moins présente.
— Tu ne nous le présentes pas?
— Pas de suite, murmuré-je, mal à l'aise face à cet engouement soudain pour ma personne.
Ils semblent tous inquiets voire pas forcément contents de cette nouvelle. Ce coup-ci, je me sens agacée. Ils devraient comprendre que je ne prendrais pas le risque de faire entrer quelqu'un dans ma vie sans y avoir réfléchi avant. Pas après tous ces déboires.
— Je n'ai pas le droit de refaire ma vie? questionné-je durement.
— Ce n'est pas ça, soupire Alice, ma sœur.
— Alors quoi? Je devrais rester seule jusqu'à la fin de mes jours sous prétexte que mes précédentes relations étaient vouées à l'échec? m'énervé-je en lâchant brusquement ma cuillère, renversant quelques gouttes marrons sur la table.
Ma mère soupire bruyamment. Même si je comprends leurs angoisses, ils doivent laisser sa chance à Eliott. Il est différent de tous les autres...
— Ne crois pas ça, je vais garder un œil sur lui, murmure mon frère. Pour autant, je suis content que tu ne te laisses pas abattre.
Surprise par cet élan positif, je le remercie d'un grand sourire. Il y répond, encourageant, bien qu'anxieux.
— Il... Il élève sa nièce de cinq ans, révélé-je.
J'espère qu'ils comprendront que mon compagnon n'a strictement rien de nocif. A croire qu'à la naissance, c'est Esteban qui a hérité de la méchanceté de deux personnes. Les personnes siégeant autour de la table restent muets jusqu'à ce que ma mère cherche à s'informer, d'une voix calme :
— Son papa est décédé?
— Non mais c'est mieux pour la petite. Il s'agit d'une famille compliquée. Pourtant, elle a trouvé son équilibre comme ça.
Mon frère recule sa chaise afin d'appuyer ses coudes sur la table et d'y poser son menton. Axel a toujours été quelqu'un de très réfléchi, contrairement à moi qui fonce toujours tête baissée. Il m'observe, l'air concerné avant de demander si j'y trouve ma place.
— Bien sûr, sinon je n'y retournerai pas tous les week-ends, affirmé-je.
— Amène-le samedi prochain, propose ma sœur.
— Non, murmuré-je, la faisant froncer les sourcils. Pas tant que tout ne sera pas réglé, c'est trop tôt.
En réalité, j'ai peur que le confronter à quatre personnes qui le jugent en même temps ne représente trop pour lui. Si je peux éviter de lui infliger cela, je le fais volontiers.
Mes proches ne parviennent visiblement pas à savoir s'il faut se sentir heureux pour moi ou non. Malgré tout, je reste persuadée qu'à partir du moment où ils l'auront rencontré, ils seront convaincus qu'Eliott est celui qu'il me faut. Il ne peut pas en être autrement. Les amener à comprendre de lui laisser une chance ne sera pas aisé. J'avais eu beaucoup de mal pour les précédents. Pour autant, je me battrai pour qu'une place soit faite à Eliott.
* * *
— Tu me promets que tu ne me crieras pas dessus? s'inquiète mon petit ami à l'autre bout du fil.
— Tu as échangé nos places dans le lit?
— Euh, non, bredouille-t-il.
— Bon. Le côté fenêtre avec vue sur le lac, c'est le mien. Donc, qu'as-tu fait? m'enquiers-je calmement.
— Esteban a appris la nouvelle, murmure-t-il du bout des lèvres.
Et merde.
Étant installée sur mon canapé, je me redresse vivement, le cœur tambourinant dans ma poitrine.
— Et? m'empressé-je de demander.
— Il n'était pas très content, tente-t-il de tempérer.
Ne tourne pas autour du pot, par pitié.
— Qu'a-t-il fait, bon sang? questionné-je en perdant patience.
— Il est venu à la maison en voulant récupérer Lexie sauf, qu'évidemment, je n'ai pas voulu, explique-t-il. Alors, il m'a insulté de tous les noms, devant elle. Affirmant que je n'agissais pas comme un frère.
— Il a tort, Eliott. Rien que de jurer devant sa fille prouve qu'il ne la mérite pas, assuré-je.
Mes pieds tournent en rond dans la pièce tandis que mon rythme cardiaque refuse catégoriquement de se calmer. Je ne peux pas cautionner qu'Esteban fasse du mal à Eliott. Encore. C'est hors de question.
— Il s'est montré violent, déclare-t-il, l'air tendu.
— Il t'a frappé? m'insurgé-je en sursautant.
J'aurais dû rester là-bas...
— Non. Chester l'en a empêché, s'empresse-t-il d'expliquer en butant sur les mots.
— Merde, marmonné-je en maltraitant mes cheveux.
Faisant les cent pas dans mon petit salon, je me mets à paniquer. Esteban ne lâchera pas le morceau, c'est certain. Le problème reste qu'Eliott a du mal à confronter son frère. J'espère que Lexie n'en pâtira pas.
— Auxanne, il reviendra, affirme-t-il, des soubresauts dans la voix.
— Je sais. Peut être pourrais-tu demander à Amaury de passer un peu plus souvent? proposé-je.
— Non, je veux défendre ma fille seul, s'offusque-t-il.
Je soupire longuement en me laissant retomber lourdement dans mon fauteuil. Cela ne me plaît pas, mais alors pas du tout. L'influence que possède Esteban sur Eliott risque de s'avérer plus que nocive. J'ai peur qu'il ne change d'avis alors qu'il a pris la meilleure décision de sa vie, j'en suis sûre.
— D'accord, murmuré-je.
Puisqu'en fin de compte, je conçois sa demande. Il tient à prouver, autant à lui qu'aux autres, qu'il est capable de certaines choses. Pour ma part, je n'en doute pas une seule seconde. Cela n'a pas l'air d'être son cas.
Depuis qu'il est rentré à Livingston après l'entretien avec Liv, je travaille d'arrache-pied sur son dossier afin que le jugement soit fait le plus rapidement possible. Me plonger dans l'histoire d'Eliott a été difficile alors, je tente de me dire qu'il s'agit d'une affaire quelconque même si cela fonctionne peu.
Malgré tout, apprendre que le père biologique de Lexie commence à faire des siennes me met hors de moi. Pire, le fait qu'il continue à s'en prendre à mon petit ami me fait sortir de mes gonds. Pour autant, je tente de contenir la colère qui monte en moi afin d'éviter d'affoler Eliott pour rien.
— Fais attention à toi, je t'en supplie, l'imploré-je d'une voix sourde.
— J'essaye... Pour l'instant, je m'occupe de Chester.
— Il a touché à un animal? me révolté-je.
— Chester a voulu me défendre. Mais, ce n'est rien de grave, me promet-il.
Je n'y crois pas. Cet homme n'a donc aucune limite... Je suis certaine qu'Eliott s'occupera de lui au mieux. Seulement, j'aurais préféré qu'il n'ait pas à le faire. Et Lexie, dans tout ça? Comment peut-elle grandir correctement? La réponse s'avère simple : en évoluant et en vivant chez son oncle. Sans avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
L'avenir de trois individus repose sur mes épaules frêles.
Comment vais-je faire? Et si j'échouais?
* * *
Je me dépêche de ranger mes affaires, ayant hâte de rentrer chez moi. La journée vient de se terminer. Comme tous les soirs depuis une semaine, je suis la dernière à quitter le bureau. En levant le regard, je me rends compte que l'étage est vide : seule ma pièce est encore éclairée. C'est en regardant l'heure que je prends conscience qu'il est déjà 21h30. Je m'étire longuement en lâchant un soupir de fatigue puis entreprends d'éteindre mes lumières avant de rejoindre le couloir vide.
Entre l'angoisse pour la petite famille restée à Livingston et la pression du dossier d'Eliott, je dors peu. Bâillant à m'en décrocher la mâchoire, je ne regarde pas où je me dirige. Ainsi, je suis surprise en me prenant quelqu'un de plein fouet. Instantanément, je me confonds en excuses avant de comprendre qu'il ne s'agit que d'Adrien. Par réflexe, je me recule de deux pas. La sacoche contenant mon travail pour Lexie pend sur mon épaule. Je la rapproche de mon corps, dans un besoin irrationnel de le protéger. Mon patron m'observe, les sourcils froncés.
— Tu travailles tard en ce moment, remarque-t-il, enfonçant ses mains dans ses poches.
— Hum, oui, murmuré-je simplement.
Il me jauge intensément du regard, me mettant très mal à l'aise. Finalement, il avance de quelques pas. Je me recule d'autant.
— Je dois rentrer chez moi, le prévins-je, en cherchant de l'aide du regard.
Malheureusement, nous nous trouvons être les seuls dans ce bâtiment. Il est tard, tout le monde est rentré passer la soirée dans sa famille.
— En quoi consiste précisément ton jugement? s'informe-t-il, passant outre ma remarque.
Il désigne mon dossier d'un geste du menton. Malgré moi, je resserre mon emprise dessus.
— Je te l'ai déjà dit : une demande de garde.
Il hoche la tête en se balançant sur ses talons. Quant à moi, j'attends le moment opportun pour m'éclipser. Lorsqu'il me propose de sortir de l'immeuble ensemble, je me trouve forcée d'accepter. Ainsi, nous arpentons le corridor dans un silence extrêmement pesant. Je tente d'accélérer le pas sauf qu'il en fait de même. Merde, pourquoi me suit-il? Sentant mon rythme cardiaque devenir plus rapide, je lâche un soupir de soulagement en voyant qu'un gardien surveille l'entrée.
Je crois que je ne me sentirai jamais tranquille en compagnie d'Adrien. Pas après tout ce qu'il m'a fait subir.
Ma voiture est garée quelques rues plus loin alors, après l'avoir salué par pure politesse, je presse le pas, regardant frénétiquement derrière mon épaule. Il s'est immobilisé sur les escaliers extérieurs, me fixant. Lorsque j'atteins enfin mon véhicule, je m'y précipite et verrouille les portières. Je me dépêche d'allumer le contact tout en ralentissant mes respirations. Il ne m'arrivera rien ce soir.
Lorsque je passe devant l'endroit où se trouvait Adrien, il a disparu. Alors, je me presse pour rentrer chez moi, ayant hâte de prendre une douche puis de manger.
Ainsi, lorsque j'atteins mon immeuble, je récupère mon courrier et y jette un œil dans l'ascenseur. Des factures. Super. Seulement, je discerne une enveloppe crème inhabituelle. La prenant entre mes doigts, je souris légèrement en reconnaissant l'écriture. Ainsi, dès que j'entre dans mon appartement, je l'ouvre et en sors une lettre d'Eliott.
Auxanne,
Ne m'en veux pas. En venant chez toi, le week-end dernier, j'ai noté ton adresse pour pouvoir t'envoyer des lettres.
Je n'ai pas grand chose à te dire dans celle-ci. En réalité, je me rends compte à l'instant que t'avoir tout révélé me permet certaines choses. Dont te parler sans avoir peur des conséquences. Je crois que tu ne pourras jamais réellement comprendre l'aide et le soutien que tu m'apportes.
Lorsque tu as rencontré Esteban, j'ai compris. Je n'avais pas peur que tu partes avec lui comme les autres. Plutôt, qu'il te fasse du mal en devinant que tu ne te laisseras pas faire.
J'ai confiance en toi et, tu sais comme c'est dur pour moi.
Par contre, je veux que tu saches une chose capitale. Si tu ne parviens pas à gagner le jugement, je ne serai pas capable de t'en tenir rigueur. Parce que tu auras tout donné, je n'ai aucun doute là-dessus. Alors, par pitié, ne t'en veux pas. Je crois en toi, de toutes mes forces. Jamais, de toute ma vie, je ne me suis autant livré qu'à toi.
Oh et, j'ai montré le film Peter et Elliott à Lexie. Elle l'a adoré et un dragon s'est rajouté à sa collection de sculptures en bois. Elle te le montrera, j'en suis sûr. En le revoyant, j'ai compris ce que tu essayais de m'expliquer, l'autre soir dans la voiture. J'ai encore du mal avec la façon dont tu me perçois mais j'essaye de m'y faire. Je n'ai pas l'habitude.
Je réfléchis beaucoup, en ce moment et, j'aimerais te proposer quelque chose. Nous en parlerons ce week-end, si tu veux bien?
Je t'aime,
Eliott
A la suite de cette lecture, plusieurs questions se forment dans mon esprit :
Jusqu'où Esteban serait-il capable d'aller?
Je parviendrai à obtenir la garde de Lexie, je mets tout en œuvre pour. Bien sûr, tout peut survenir. Sauf que j'y crois, plus qu'aucune de mes anciennes affaires.
Ensuite : à quoi Eliott a-t-il pensé? Que souhaite-t-il me proposer exactement?
Et pour finir : pourquoi je n'ai pas droit à ma statuette d'Eliott? Je lui en toucherai deux mots! Ma biche trône toujours sur ma table de chevet. Un petit dragon pourrait bien lui tenir compagnie.
Je me suis procurée une jolie boîte afin d'y ranger chacune des lettres de mon compagnon. En relisant la première, je me rends compte de la progressive évolution dont il fait preuve. Cette simple constatation me fait grandement sourire. Il ne lui manquait pas grand chose : simplement une personne en plus qui croie en lui de toutes ses forces. Même si j'ai conscience qu'effacer totalement vingt-sept ans de rabaissement est impossible, je persiste à croire que je peux au moins l'aider à avoir une meilleure image de lui-même.
Si je suis parvenue à remonter ma propre estime alors qu'elle a été si souvent traînée dans la boue, il en est capable aussi.
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Comment allez-vous depuis le temps? :)
Que pensez-vous de ce chapitre? Il est principalement tourné sur Auxanne mais, le prochain me plaît bien!
Du retour d'Esteban? Jusqu'où pensez-vous qu'il pourrait aller?
Une question : voulez-vous que je vous partage quelques-unes de mes photos comme l'an dernier? Cette année je suis allée aux Pays-Bas, en Belgique (je suis tombée à Bruxelles le jour de la fête nationale sans le savoir!) et Paris. Je n'ai pas trié mes photos encore mais si cela vous intéresse, c'est faisable ;)
Prochain chapitre pour mardi, au lieu de mercredi?
Bonne soirée,
Fantine
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