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13. Thanksgiving


After you've gone and left me cryin'

After you've gone there's no denyin'

You'll feel blue, you'll feel sad

You'll miss the dearest pal you've ever had

There'll come a time, now don't forget it

There'll come a time when you'll regret it

Someday, when you grow lonely

Your heart will break like mine and you'll want me only

After you've gone, after you've gone away

After you've gone - Bessie Smith (reprise Lena Seikaly)

****


Je crois que Coracle festival restera comme l'apogée de notre relation. Les semaines qui suivirent furent une succession de cours instants de bonheur intense suivis de fortes disputes. Nous nous déchirions de plus en plus souvent, emportées par les tumultes de la passion, mais notre amour l'une pour l'autre grandissait de jour en jour.

****

 "Mes amis nous invite à venir fêter Thanksgiving avec eux ce weekend . Est ce que tu es partante ?"

Je relisais ton message fébrilement, pesant le pour et le contre, ne sachant quoi te répondre. 

Tes amis ? Toujours ceux du café An An, ceux que je n'avais pas rencontrés... et je ne pouvais m'empêcher de sourire, ironique, à ce jour ou pour mon plus grand malheur, ils n'avaient pas pu nous accompagner aux cascades. 

Bien sûr, j'avais la flemme. 

La flemme d'avoir a revêtir mon masque social. La flemme de me retrouver forcée d'échanger des politesses et des banalités avec tous ces gens quand il n'y avait que toi qui m'intéressais vraiment. 

Mais bon, d'un autre coté, je n'avais jamais fêté Thanksgiving et c'était l'occasion.

Et puis, qu'est ce que je ne ferai pas pour le simple plaisir de te voir heureuse et de partager un moment avec toi ? 

C'est donc comme ça qu'un vendredi soir, je me retrouvais à l'arrière de ta moto direction un petit resto typique américain choisi pour l'occasion. Et oui, Thanksgiving ça se fête dignement ou ça ne se fête pas !  

Le Ed's était pour moi tout le cliché du resto américain : ambiance rétro dans le style HD diner,  rock US des années 70-80 en musique de fond, burgers, et milkshakes XXL comme je n'en avais jamais vus... Un vrai petit oasis américain en plein Vietnam pour les expats en mal du pays ! 

Le gérant du Ed's nous adorait. A chaque fois qu'on venait, il nous offrait un verre de vin ou un supplément milkshake selon notre mood. On l'intriguait, je crois.  Il semblait surpris de te voir, toi, l'américaine extravagante de quarante-trois piges avec cette élégante et discrète petite française sur tes pas. 

En débarquant à l'arrière de ta moto ce soir là, dans ma combinaison dos nu bleue marine à fleurs rouges faite sur mesure dans un petit atelier de Hoi An, j'étais envahie d'un sentiment d'ivresse indescriptible. Je ne m'étais jamais sentie aussi belle et désirable. Je ne m'étais jamais sentie aussi sûre de moi. 

Mes cheveux, indomptables dans ce pays malgré tous mes efforts, se répandaient comme autant de boucles blondes folles sur mes épaules. Mais ça te plaisait. Tu me trouvais sexy.  Alors forcément, ça finissait par me plaire aussi. 

De ton coté, tu n'avais rien a m'envier. On n'aurait pas pu faire plus féminine que toi ce soir là ! Oubliés les pantalons amples et autres débardeurs de sport informes ! Tu avais acheté, pour l'occasion, une jolie robe longue orange à bretelles qui flattait ta silhouette mince mais musclée. 

Je t'observais, surprise par la sobriété de ta tenue. Pour une fois que ce n'était pas une robe bariolé aux motifs improbables ! 

J'aurais pu acheter la même !  D'ailleurs je pense que tu l'avais choisie pour me plaire... 

Tu étais belle. 

Décidément, ensembles on avait fière allure ! On était de loin les deux plus belles femmes à rentrer au Ed's ce soir là, et on le savait.

J'aimais te voir habillée pour me plaire. C'était dans des moments comme celui là que je mesurais l'influence que j'avais sur toi. Je te donnais l'envie d'être plus féminine.  A mes cotés, tu repoussais tes limites et tu te sentais belle. 

Et finalement, contre toute attente, tu aimais même sortir bien habillée avec moi ! L'image forte de liberté que l'on dégageait te plaisait autant qu'elle te faisait rire. 

Deux femmes hétérosexuelles - car c'est comme ça que tu nous définissait - avec une forte différence d'âge, féminines, belles, et sûres d'elles !  Rien à voir avec le cliché, malheureusement trop souvent répandu, du couple de lesbiennes masculines et insécures... 

Je crois même maintenant qu'on était autant amoureuse de cette image, qu'on l'était l'une de l'autre. Tu disais toujours en riant : "on est ridiculement belles ensembles ! ". Je ne trouve toujours pas de meilleure expression pour nous décrire.

En tout cas ce soir là, ma confiance en moi était boostée de t'avoir à mes cotés, toi une femme de caractère comme on n'en croise peu dans une vie, belle, indépendante et intelligente. Finalement, tu flattais mon égo comme je flattais le tien. 

Jamais l'emblème de notre relation - le soleil - n'avait pris autant de sens. Bien sûr, de par nos fortes personnalités, nous rayonnions déjà spontanément chacune de notre coté. Mais ensembles, notre éclat était encore plus intense, encore plus éblouissant. Nous semblions nous porter mutuellement,  irradiant de notre bonheur tous ceux qui croisaient notre chemin.

Pour la première fois, j'avais la sensation d'avoir trouvé mon égal. 

****

En pénétrant au Ed's l'ambiance me parut un peu bizarre. Il y avait là tout un rassemblement de gens qui n'avaient rien à voir les uns avec les autres. 

Tes amis étaient déjà installés. Parmi eux, un magicien et sa famille que tu avais récemment rencontrés, Kim la gérante du café An An, Hung toujours fidèle au poste, et quelques autres enfants d'expats. 

Je ne connaissais pas grand monde, mais les invités ne semblaient pas non plus trop se connaître entre eux !  Tous n'avaient finalement qu'une seule chose en commun : fêter Thanksgiving ensembles ce soir-là. 

Un joyeux bordel, en somme !

Dans ce genre de soirée, très clairement, ça passe ou ça casse. Il n'y a pas de demi mesure.

Tous ces gens n'avaient-ils rien de mieux a faire que de passer une soirée en compagnie de parfaits inconnus ? 

Ça m'en disais déjà long sur eux... Mais qu'est ce que je foutais là ? De quoi allions nous bien pouvoir parler pendant tout le diner ? 

Tu me présentas rapidement et avec fierté, coupant court à mes tergiversions. Tous m'accueillirent chaleureusement.

Le magicien, qui semblait être celui qui avait rassemblé tout ce beau petit monde, me proposa gentiment de m'assoir a coté de lui. Je me retrouvais donc à un bout de la table entre toi à ma droite, et lui à ma gauche. 

Le diner commença et des plats à base de dinde, frites et purée se succédèrent dans une ambiance festive. La conversation était animée. Mon voisin de gauche ne se lassait pas de vanter ses talents à qui voulait bien l'entendre, pendant que ma voisine d'en face avait entrepris de me faire la conversation. 

C'était une jeune vietnamienne parlant mal l'anglais, et malgré tous mes efforts, je ne comprenais qu'un mot sur deux de ce qu'elle disait. Il faut dire que le bruit autour n'arrangeait rien... Aussi, la pauvre, je du lui faire répéter plusieurs fois chacune de ses questions pour être sûre de bien comprendre. 

"Et tu viens d'ou ? Ah vraiment de Paris ! Oh mais j'adôoore Paris, j'adôoore la France ! Ah bon tu es venue au Vietnam pour un stage ? ah oui c'est interessant ça !  Et c'est bien que ça te plaise HCMC, oui, oui tu as raison le bun cha c'est très bon...." 

Tout en surface et rien en profondeur. J'étais plongée dans les méandres de ces conversations de salon que je déteste, où dans le fond chacun se fou de la vie de tous mais fait semblant de s'y intéresser par pure politesse...

Ainsi après avoir rapidement fait le tour des questions de base, il paraissait de plus en plus évident que nous n'avions rien a nous dire. Même elle semblait finalement en avoir marre de répéter chaque mot.

Un silence un peu gênant s'installa... 

Je n'avais aucune intention de le rompre, mais voilà que déjà elle revenait à la charge, infatigable. Mais quelle bavarde, celle là ! 

Je décidais donc que le plus simple était de la laisser parler sans l'interrompre. J'acquiesçais donc machinalement à tout ce qu'elle racontait, lâchant un petit "hum hum" de temps en temps , entrainant parfois son regard surpris, mais je ne l'écoutais plus. 

À un moment, tu te retournas vers moi comme pour vérifier que tout allait bien et tu me lanças un grand sourire. Je te le rendis autant que possible, espérant que tu ne remarques pas mon ennui. 

"Pourvu que ça passe vite, pourvu que ça passe vite" me répétais-je... Mais au rythme ou je voyais les plats défiler et les autres se resservir, il devait encore y en avoir pour un bon moment. Nous n'en étions même pas au dessert ! Et pas moyen de partir avant la fin du diner ! j'étais piégée...

Soudain, mon voisin de gauche, se leva comme pour faire une déclaration, et de son air le plus solennel,  proposa à la cantonade de nous faire un de ses meilleurs tours. 

"Des volontaires ?" clama t'il du haut de son mètre cinquante. 

"Oui ! Moi ! " M'empressais-je de répondre, sautant sur l'occasion d'échapper, ne serait-ce que pour quelques minutes, à cette conversation ennuyeuse. 

Le bonhomme prétendait pouvoir deviner par la force de l'esprit et à l'aide d'un simple jeu de cartes le pays le plus farfelu auquel je pourrai penser. 

Je ne croyais pas à la magie évidemment, mais j'avais toujours aimé les illusions bien faites. J'étais donc prête à me laisser surprendre, prête et a me prendre au jeu !

Il me demanda de tirer 3 cartes et fit une première tentative. 

"Hum...non ce n'est pas la Pologne" répondis je dans un sourire embarrassé. 

Mais loin de se laisser démonter, il me demanda de tirer 3 cartes a nouveau. 

"Attentioooon cette fois ci, je l'ai ! ", clama t'il. Et Il avait l'air si sûr de lui que le public retenait son souffle, espérant que cette fois ce serait la bonne. 

"Je suis désolée... c'est toujours pas ça" répondis-je de plus en plus mal à l'aise, ne sachant plus s'il m'inspirait rire ou pitié. 

"Allez jamais deux sans trois, la troisième fois c'est toujours la bonne ! " ironisait-il, le public riant avec lui de bon coeur. Et face à son air détendu, je ne pouvais m'empêcher de penser : cela faisait-il finalement partie du show ? 

Mais évidemment, après avoir fait défiler successivement une dizaine de pays d'Europe sans jamais trouver le mien, le tour commençait à devenir comique, si ce n'est grotesque ! J'avais de plus en plus de mal à le prendre au sérieux et une envie folle de rire mais je me retenais tant bien que mal. 

Et dire qu'il avait passé tout le début du repas à nous vanter ses talents ! Le tour était raté de chez raté !  

Nul doute, ce n'était pas un grand magicien... Le pire, c'est qu'il y croyait probablement vraiment le pauvre ! 

"Et sinon il avait pensé au comique ? Là peut être, il aurait pu percer !" ne pouvais je m'empêcher de penser sarcastique. 

Mais finalement, pas vexé le moins du monde, voilà qu'il se mettait a rire lui aussi de bon coeur. Bon, il était tout de même capable d'autodérision, je devais lui reconnaître ça. 

"Quelqu'un veux encore de la dinde ou du vin ? " coupa t'il entre deux éclats de rire. "C'est ma tournée j'invite tout le monde !"  insista t'il malgré toutes nos protestations. 

Je l'observais faire et contre toute attente, voilà que je n'avais plus du tout envie de rire de lui mais plutôt de rire avec lui. C'était un personnage attachant en fin de compte, avec ses paradoxes, mais bon qui n'en a pas ?  Bon vivant, Il ne se prenait pas au sérieux et aimait sincèrement faire la fête, partager, et surtout il savait mettre les gens à l'aise. Je l'avais observé depuis le début du diner faire en sorte d'avoir toujours un mot gentil pour chacun. Une belle personne, donc. J'admirais ses qualités du coeur.  

Ah mais voilà que déjà il repartait dans sa plaidoirie ! Ce tour il l'avait fait tellement de fois, c'était vraiment inconcevable qu'il ait pu le rater ! c'était bien la première fois et puis il ne l'avais pas vraiment raté c'était seulement.... Mais déjà je n'écoutais plus. Je me surprenais a faire semblant de croire à son histoire de bon coeur pour ne pas le vexer, puisque finalement et contre toute attente, je l'appréciais.

Finalement, le diner fut très sympa et je finissais même par trouver un intérêt à chacune des personnes présentes autour de la table. L'intérêt du cœur et du partage.

Encore une fois je n'aurais pas dû me fier à ma première impression ! Encore une fois tu me forçais à sortir de ma zone de confort, et à m'intéresser à des gens aussi divers et différents de moi. 

Tu était convaincue que chaque personne avait quelque chose a apporter, que chaque personne était digne d'intérêt.

« Je prends ce que chacun peut m'apporter ! » me disais tu simplement.

Une belle utopie ? J'aimais ta façon de penser, et comme j'aurais aimé pensé pareil ! Mais il y avait des gens avec qui je ne pouvais simplement pas. Je ne leur trouvais aucun intérêt. Après tout, c'était ça les affinités non ? 

« C'est parce que tu ne les aborde pas avec un esprit ouvert... Tu ne prends pas le temps de t'intéresser à eux ni de chercher à les connaitre. »

Peut-être. Sûrement.

Bien sûr, ce soir te donnait raison. Mais pour moi qui avait la critique facile, aborder tout un chacun avec un esprit ouvert était un véritable défi ! Ça avait pourtant l'air si simple et naturel pour toi ! 

"AJ, merci sincèrement de m'avoir invitée."

Tu eus l'air surprise  :  « Vraiment, ça te plait ? » 

« Oui, vraiment. J'ai encore beaucoup appris ce soir grâce à toi ! » te répondis je dans un sourire.

Tu t'approchas alors de moi et comme seule réponse m'embrassas, rayonnant de bonheur. Et  dans l'euphorie du moment, d'un coup, tu demandas si tu pouvais être en charge de la musique. Tu voulais faire danser tout le monde !

Le gérant te regardait avec des yeux médusés, personne n'avait jamais dû lui demander ça...

En tout cas il accepta.

Fini le rock des années 70, voilà que tu nous mettais à fond air un peu jazzy que je n'avais jamais entendu. « After you're gone », c'était le titre.

Je ne connaissais pas.

J'allais justement te demander qui était l'artiste puisque la chanson me plaisait, quand tu t'approchas de moi et me murmura à l'oreille que c'était toi qui chantais accompagnée de ton père à la basse.

Je te regardais avec de grands yeux écarquillés. Décidément, tu ne cessais de me surprendre !

Comment n'avais-je pas pu reconnaître ta voix ? Je t'avais pourtant entendu chanter si souvent à la coloc.....

Mais en écoutant bien, voilà que je la reconnaissais maintenant.

Quand les autres apprirent à leur tour que c'était toi qui chantais, je vis à leur regard qu'ils étaient aussi surpris et impressionnés que moi. Ils insistèrent pour que tu la rechantes en live, ce que tu fis avec plaisir et en riant. Pas de fausse modestie, tu étais dans ton élément !

AJ tu m'éblouissais. J'étais tellement fière d'être avec toi !

Tout le monde dansa sur ta chanson et nous avec. Au bout d'un moment tu m'attiras à l'extérieur du resto.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » te demandais je aussitôt.

« Rien... Je voulais t'avoir rien que pour moi juste une minute. » me murmuras-tu et tu pressas tes lèvres contre les miennes. Alors c'était ça le bonheur le vrai ? Sentir chaque parcelle de son corps délicieusement vivante ?

Plus tard, les autres proposèrent d'aller en boite pour finir la soirée en beauté. Evidemment tu étais partante ! Avant je n'aurais pas été sûre qu'aller en boite avec toi était l'idée du siècle, mais bon depuis Coracle festival, ma confiance en nous était boostée. Nous décidâmes donc d'y aller.

Arrivés au Lighthouse, cette boite du centre de HCMC, je te regardais danser, toujours autant fascinée par cette énergie incroyable que tu dégageais. Personne ne dansait comme toi, AJ ! Tous tes mouvements étaient exagérés mais incroyablement en rythme, la musique semblait te traverser toute entière. Je souriais en repensant à tous ces mecs qui m'avaient dit que je dansais bien. Plus je te regardais et plus je réalisais qu'on ne jouait pas dans la même cour. A côté de toi je disparaissais. 

J'avais besoin d'un verre. Je me dirigeais donc vers le bar de la terrasse ou tu vins finalement me rejoindre. Nous sirotions nos verres quand soudain une femme s'approcha de nous. 

Elle titubait, légèrement éméchée et se croyait obligée de nous partager les moindres détails de sa vie comme si on la connaissait depuis des années.

A un moment, elle lâcha, comme ça sans aucun rapport avec ce qu'elle nous racontait juste avant : «  Humm....vous sâavez.... Vous êtes incroyablement SEXY...On vous l'dit souvent, nan ?... Eh ben moi ... humm...j'veux vous faire l'amour à toutes les deux, c'est dit ! »

Immédiatement tu fus prise d'un fou rire et moi j'esquissais un sourire embarrassé. J'étais complètement prise de court ! A Coracle Festival déjà, j'avais senti les gens nous regarder avec curiosité et envie.. Mais là, je ne m'attendais pas, mais alors vraiment pas à ça ! Soudain je fu prise d'un fou rire nerveux aussi, ne sachant trop si j'étais plutôt gênée ou flattée du « compliment ».



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