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{11} Souvenirs... {11}

"Enid..."

Elle s'écroula au sol, cette fois, c'était tout son corps qui était parcouru de frissons, mais ce n'était pas de la fatigue uniquement.

- Ouf, ça te remémore bien quelque chose, j'avais peur que tu es réellement perdue toute compassion.

Se moqua Akior, en martelant son spectre contre les dalles en pierre de la prison.

- Taisez-vous...

Suppliait-elle tandis que des centaines de souvenirs lui revenaient à l'esprit.

- Il est difficile de faire son deuil... Quand notre "ami" est mort le jour de notre anniversaire n'est-ce pas Ko... yo... ?

- Taisez-vous... Taisez-vous... Taisez-vous...

Murmura-t-elle en laissant la fatigue, la rage et la tristesse l'emporter dans ce douloureux passé qu'elle aurait voulu oublier à tout prix...

Akior c'était trompé exprès, pour la faire souffrir encore plus.

Elle avait eut deux meilleurs amis, pendant un an.

Un an seulement...



•12 juillet, trois ans auparavant•

Dehors, le soleil brillait de milles feus.

Une jeune fille était accoudée à une fenêtre et regardait de loin les autres enfants jouer dehors.

Elle lâcha un léger soupire d'agacement : ils ne lui avaient même pas proposée de venir avec eux.

Même le nouveau avait été "invité".

"De toute façon, j'aurais refusé, j'ai 13 ans maintenant je suis plus une gamine !"

Pourtant, le regard qu'elle lançait aux autres en disant long sur ses véritables pensées.

Personne ne venait plus la voire, personne ne l'appréciait plus, elle était tellement de mauvais caractère qu'elle faisait fuir tout le monde désormais.

Après tout, c'était de la faute de sa mère, en réalité cette enfant n'avait aucune confiance en elle.

Elle avait l'impression d'être inutile puisque sa mère l'avait abandonné, elle se sentait coupable de n'avoir pas pu être appréciée par sa propre mère.

Alors, pour combler se vide, elle embêtait les autres, elle se moquait d'eux et elle jouait la fille détestable.

Jusque là tout avait marché comme elle le voulait, grâce à ce masque elle se protégeait et elle s'assurait que personne ne l'abandonne plus.

Mais depuis qu'Enid, le nouveau, était arrivé, tout s'était effondré.

Dès son premier jour, il était arrivé devant elle et il lui avait dit :

- Arrête de jouer les petites pestes, ce n'est pas comme ça que les gens feront attention à toi de la bonne manière.

Ça avait cassé toute sa "réputation" et résultat plus personne ne lui parlait.

Au fond, elle savait que ce jour allait arriver, mais le pire était peut-être qu'elle admettait que le jeune garçon avait raison : du jour au lendemain tout le monde l'avait lâché.

En réalité elle ne s'était jamais fait d'amis, elle faisait juste en sorte de n'avoir aucun ennemi.

Enfin désormais elle avait un ennemi, elle avait Enid.

Elle bondit sur ses pieds et se précipita dehors avant de se cacher derrière un petit muret qui longeait le terrain de jeux de l'orphelinat.

"À partir d'aujourd'hui, je vais l'espionner, quoi qu'il fasse, je trouverais ses faiblesses et je renverserais la table !"

Même si son cœur lui disait qu'Enid disait vrai, son cerveau lui, était têtu et il refusait de se laisser marcher sur les pieds.

Elle observa donc le garçon jusqu'au soir.



•1 août•

Cela faisait un peu moins d'un mois que la jeune fille avait commencé son espionnage sur Enid.

Au début, elle prenait des notes, sur ses points faibles et sur toutes les choses où elle pourrait le ridiculiser, mais petit-à-petit sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, elle notait ses plats préférés, les endroits qu'il aimait, ce qu'il adorait faire...

Ils ne s'étaient toujours pas reparlés depuis le jour de l'arrivé du garçon mais la jeune fille avait l'impression de le connaître.

Oui, elle était en train de tomber amoureuse de la personne qui avait détruit son système de protection et brisée en deux son masque de méchante fille.

Et oui, elle était amoureuse de lui alors qu'il la détestait sûrement.



•13 Septembre•

Cela faisait déjà quelques jours que l'école avait reprit à l'orphelinat.

La vie de la jeune fille semblait tranquille mais presque trop tranquille.

Elle mangeait seule, faisait ses devoirs seule et passait les pauses seule.

Elle était vraiment seule.

Elle avait finalement arrêté d'espionner Enid car elle avait faillit se faire remarquer plusieurs fois et qu'elle ne voulait pas prendre le risque qu'il découvre ce qu'elle ressentait.

Mais à cause de cela, sa vie était monotone.

Si elle avait un peu plus observé son environnement, elle aurait peut-être remarqué les quelques regards appuyés que lui lançait le jeune garçon, mais elle ne faisait plus attention à rien.

La jeune fille marchait dans les couloirs en ne pensant qu'à une chose :

Le village du coin, organisait une petite fête et les enfants y étaient conviés comme remerciement pour leurs services rendus au village.

Il fallait évidemment un cavalier et la jeune fille ne savait pas du tout avec qui y aller.

Elle s'était donc fait à l'idée qu'elle irait seule.

D'un pas lent, elle arriva dans le dortoir des filles de plus de 12 ans, et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle s'écroula sur son lit.

Les filles du dortoir parlaient de la fête, demandant à chacune qui y allait avec qui.

Soudain, l'une d'elle s'exclama :

- Et toi Koyo ? Avec qui y vas-tu ?

Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas été convié à une discussion.

Alors la jeune fille s'approcha des autres et s'assit avec elles.

Se fut le premier pas, vers le bonheur.



•14 Septembre•

La jeune fille avait parlé toute la soirée avec les autres filles, elle savait qui y allait avec qui :

Linéore y allait avec Matis.

Fiona y allait avec Oliste.

Loize avec Malar.

Prune -celle qui lui avait posé la question- y allait avec son ami Ulyr.

Pamas avec Joye.

Et pour finir Sonio était accompagnée par Synar.

Pour une raison quelque peu étrange, Enid avait refusé l'invitation de Molie et celle-ci était donc sans cavalier pour le moment.

Enfin bref, la journée avait commencé comme toutes les autres.

Mais aujourd'hui Koyo n'était plus toute seule, Prune lui tenait compagnie.

Bien qu'elle avait été surprise de voire la jeune fille s'installer à sa table, elle n'avait fait aucun commentaire.

Elle savait que Prune risquait de perdre ses amies car si les autres filles avaient accepté que la rouge vienne la veille, c'était seulement car Prune lui avait posé une question.

- Pourquoi tu es venus aujourd'hui ?

Demanda Koyo au moment où elles sortaient de leur dernier cour.

- Pour te tenir compagnie, tu ne veux pas ?

- Ce... Ce n'est pas ce que je voulais dire...

Répondit la jeune fille en baissant la tête.

- Je sais, ne t'inquiètes pas.

Koyo releva la tête, Prune lui souriait de toutes ses dents, ses magnifiques cheveux blonds voletaient autours d'elle.

- Je te propose qu'on soit amie.

Continua la blonde en tendant la main en avant.

Koyo ne répondit rien, mais elle serra la main de Prune.

Ça voulait dire "oui".



•16 septembre•

Aujourd'hui, Pamas et Prune s'étaient disputées et elles n'étaient désormais plus amie.

Koyo était désolée car elle savait que c'était de sa faute.

Mais Prune n'en avait pas reparlé, comme si elle savait que ça allait arriver et que ça ne la dérangeait pas plus que ça.

Elles venaient de sortir de la salle de classe, se dirigeant vers la "cantine" de l'orphelinat quand Prune s'exclama :

- Mais ! Comme tu l'as dis avant-hier, tu n'as pas encore de cavalier !

- Non et donc... ?

- Et bien il faut en trouver un !

Insista la blonde en agitant les mains.

- Je... Je ne pense pas que se soit une bonne idée...

Souffla la rouge quand elles arrivèrent dans la salle-restaurant.

Tous les regards se braquèrent sur elles.

Prune déglutit et se figea, finalement Koyo la sortit de sa torpeur en s'écriant :

- Qu'est-ce que vous regardez ?

Les discussions reprirent et les deux jeunes fille allèrent s'assoir à une table, seules.

- C'est ça que tu vivais chaque jour ?

Demanda timidement Prune, sachant qu'elle faisait avant partie des personnes faisant cela.

Koyo opina de la tête, avant de rajouter en souriant :

- Ne t'inquiète pas, tu t'habitueras.

Ces mots pouvaient sembler anodins, mais ils voulaient en réalité dire que Koyo voulait que Prune reste avec elle.

Prune lui rendit un sourire éclatant avant de relancer une autre discussion.



•19 Septembre•

- Je... Je... Je ne savais pas pour ta mère, vraiment désolé...

S'excusa pour la centième fois au moins Prune.

- Je te dis que ce n'est pas grave ! T'inquiètes pas, tu n'as pas besoin de t'excuser.

- Mais... Est-ce que c'est pour ça que tu as peur de l'abandon ?

Koyo détourna le regard et hocha doucement de la tête.

- Alors je te promets de tout faire pour qu'on ne soit pas séparé !

Prune sauta sur la rouge pour la prendre dans ses bras.

Koyo lui rendit son étreinte, bien qu'hésitante devant autant de gentillesse.

C'était la première fois que quelqu'un la prenait dans ses bras pour autre chose que de la pitié.

Koyo ne le remarqua pas, mais le détail n'échappa pas à Prune.

Derrière le mur le plus proche des deux jeunes filles, la blonde avait aperçut une mèche brune.

Elle sourit discrètement :

"Je crois avoir trouvé ton cavalier Koyo..."



•25 Septembre•

La fête était dans moins d'une semaine, dans 5 jour précisément.

Prune était partit avec Ulyr faire un tour dans le village.

Koyo avait refusé l'invitation de son amie, préférant laisser les deux tourtereaux tous seuls.

Mais du coup, elle était seule, comme il y a une semaine, sauf que cette fois Prune allait revenir il fallait juste l'attendre.

La rouge avait un peu de mal de se dire qu'une seule semaine était passée, elle avait fait tellement de choses avec Prune, qu'elle avait l'impression de connaître la petite blonde depuis déjà longtemps.

La rouge s'allongea dans l'herbe en soupirant, remarquant à quel point elle s'était attachée rapidement à sa nouvelle amie.

- Hum hum... !

La jeune fille sursauta et se redressa.

Son cœur rata un battement :

- Enid ?

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