Chapitre 9: Les foudres du jugement (Partie 3)
Osiris continua à s'approcher avec un sourire jubilatoire.
– J'ai toujours détesté ton petit air supérieur, comme si nous ne valions rien face à toi... Tout compte fait, c'est toi qui est méprisable ! Tu as toi même tué ton père, et ça a déclenché l'un des pires cataclysmes de ce dernier siècle: la guerre entre les dieux ! Tout ce sang qui a coulé pendant ces quinze dernières années, c'est de ta faute ! Combien d'innocents sont morts par ta faute ?
– Je... Je n'étais... pas...
– Et tu oses prétendre que ce n'est pas ta faute ? Tu as beau avoir été contrôlée par un autre être, tu aurais dû l'empêcher d'agir ! Si tu t'étais donnée la mort, rien ne serait jamais arrivé ! Tu ne mérites pas de vivre !
– Ce n'est...
Tu ne mérites pas de vivre...
– Le monde se porterait mieux si tu n'avais jamais existé !
– ...
Tu ne mérites pas d'exister...
L'esprit d'Athéna commença à sombrer dans les ténèbres de ses propres regrets, entraînée vers le fonds par ses chaînes. Elle ne parvenait même plus à penser, elle ne pouvait pas se défendre. Tout ce qui lui parvenait du monde extérieur n'était plus que les paroles d'Osiris qui l'enfonçaient toujours plus dans son désespoir.
– C'est mieux ainsi... lui murmura son adversaire. Tu n'as plus de raison de lutter, plus de raison de vivre... Tu ferais mieux de disparaître, seule, comme tu l'as toujours été...
Oui, finit elle par penser alors que l'épée d'Osiris fondait sur elle, seule...
Son esprit commença à s'endormir, fermant les yeux sur tout. Même les mots pleins de reproche d'Osiris ne parvenaient plus à l'atteindre. Elle n'attendait même plus la mort, car ça l'indifférait à présent. Elle n'était plus que...
Alors, maintenant que tu sais ce qui s'est passé, que comptes tu faire ?
La déesse rouvrit soudainement les yeux.
Osiris, quand à lui, ne constata que quelque chose n'allait pas que quand sa lame refusait de bouger. Il vit qu'Athéna la tenait dans sa main à présent ensanglantée, et la gardait parfaitement immobile.
– C'est impossible ! Tu ne peux pas...
– Je...
Les chaînes qui l'entravaient commencèrent à se fissurer, tandis que ses souvenirs de ces derniers jours faisaient le tour de son esprit. Elle se leva difficilement sans lâcher l'épée d'Osiris.
– Je ne... suis... pas seule !
Elle brisa la lame qu'elle tenait sous le regard ébahis de son propriétaire, puis lui décocha un coup de poing qui le propulsa contre un mur à une bonne vingtaine de mètres, causant le bâtiment tout entier de trembler.
Ce que l'œil humain n'aurait jamais eu le temps de voir, c'était le mouvement que la déesse avait exécuté pour jeter en l'air sa lance avec son pied, la rattraper au vol, puis la lancer, afin de clouer Osiris sur le mur qu'il avait percuté exactement au même moment.
Sonné, le dieu posa son regard sur l'arme qui le maintenait dans le cratère qui s'était formé derrière lui au moment de l'impact.
– Comment ? marmonna-t-il tout en crachant du sang. Comment as-tu pu te libérer ?
– Ce n'est pas moi qui a réussis à me libérer, mais les liens que j'ai tissé en décidant de vivre au près des humains. Aucune chaîne ne saura entraver cette force.
– Ces humains ? Tu oses dire que ces saletés d'humains ont réussis à te donner la force de sortir des ténèbres que tu as toi même créé ?
– Non, ils n'en seraient jamais capables. Celui qui m'a tiré de l'obscurité, c'est l'incarnation de toutes les ténèbres de ce monde, un homme qui vit à chaque instant toutes les peines que ce monde a jamais connu, et qui n'oublie pas de sourire pour autant. Une personne comme celle la, elle mérite bien de tous nous juger, peu importe nos crimes...
– Impossible, un tel homme ne peut...
– Certes, un homme ne le peut pas. Cependant, les Rois n'ont rien d'humain, peu importe comment on les regarde.
En entendant ces dernières paroles, la lumière qui éclairait les yeux d'Osiris s'éteignit, laissant sous corps disparaître lentement, dans une brume de lumière qui se dissipa à son tour dans le plus grand silence.
Athéna respecta la scène, puis se retourna et commença à marcher.
– Mais ça ne veut pas dire que je suis pardonnée pour ce que j'ai fait... Peu importe le temps que je devrais y consacrer, je n'aurais de cesse d'agir pour le bien de ce monde et de son avenir, quelles que soient les épreuves que j'aurais à surmonter.
***
– C'est drôle, je crois que j'ai aperçu vos compagnons un peu plus tôt...
– C'est possible, mais nous n'avons pas de temps à perdre ! S'ils veulent nous rattraper, ils devront se dépêcher !
Ailleurs dans le palais, Dark, Storm et Lucie courraient en direction de l'étrange source d'énergie repérée plus tôt. À la grande tristesse du ténébreux, les soldats qu'il pourchassait avaient décidé de prendre un autre chemin, faisant qu'il commençait à s'ennuyer étant donné qu'il ne restait plus personne à terroriser. Il ne s'était cependant pas séparé de son arme improvisée.
– Laissez donc tomber cette colonne, vous avez l'air ridicule !
– Et si on tombe sur d'autres soldats, que voulez vous que j'utilise, un mur ?
– Je voudrai surtout que vous preniez ce qui se passe ici au sérieux... marmonna la Reine.
– Mais je suis très sérieux ! Ça ne m'empêche pas de profiter de la situation pour m'amuser, par contre !
– Mais pourquoi est ce que j'ai accepté de l'aider, moi ? soupira Storm qui commençait à déprimer.
– Comme nous tous: parce que personne ne fait ce qu'il sait faire aussi bien que lui ! expliqua Lucie.
– Mais c'est quoi, au juste, à part se faire des ennemis partout où il va ?
– Personne ne le sait encore, et c'est pour le comprendre que les gens veulent se tenir à ses côtés !
Storm détourna son regard du jeune fantôme pour fixer l'homme qui courrait devant elle.
Elle n'arrivait toujours pas à le supporter, son comportement étant l'incarnation de tout ce qu'elle détestait. Si les règles n'étaient pas celles qu'il s'était lui même imposé, il les ignorait royalement, agissant à sa guise sans jamais hésiter. Et pourtant, alors que la situation venait de devenir impossible, que l'avenir du monde allait se jouer ici et maintenant, il était une toute autre personne sans pour autant avoir changé. Si son tempérament n'était pas fait pour vivre dans un monde d'ordre, il était resplendissant quand le chaos règnait, sachant constamment qui il était peu importe la forme du monde.
Dans un environnement où rien n'était certain, voir quelqu'un comme lui qui ne se laissait jamais influencer redonnait l'espoir, on sentait qu'on pouvait s'accrocher à lui quand tout s'effondrait autour de nous.
En le regardant maintenant, courant droit devant lui sans accorder un regard en arrière, on se rendait compte qu'il ne s'arrêterait jamais. Il avait un but à atteindre, une mission à accomplir, et jamais il ne reculerait face aux difficultés qui se dresseraient devant lui. On sentait qu'il ne vivait que pour l'avenir.
Et pourtant...
C'était comme s'il cachait quelque chose, comme si son but n'était pas simplement d'avancer par tous les moyens.
On aurait presque dis qu'il avait peur de se retourner, parce que ce qui le suivait suscitait chez lui la plus grande des terreurs.
Le jour où il s'arrêterait, les autres pouvaient réellement paniquer, car quel genre de chose effrayerait autant un homme qui n'avait pas de passé ?
Storm fut tirée de ses pensées par un avertissement de leur jeune compagnon.
– Je sens une présence plus loin ! Je ne la connais pas, mais elle est puissante !
– Comment ça se fait ? demanda Storm. À part Osiris, il ne devrait y avoir personne de tel ici, et je l'ai aperçu plus tôt aux côtés de vos compagnons !
– Je l'ignore, mais ce que je sais, c'est qu'il ferait mieux de s'écarter en nous voyant arriver !
– Mais... C'est impossible !
Reconnaissant la surprise dans la voix de Lucie, ils s'arrêtèrent et se tournèrent vers elle.
– Que se passe-t-il ? Tu perçois autre chose ?
– Non, je ne perçois toujours qu'une présence, mais maintenant, elle n'est plus devant nous !
– Quoi ? Où se trouve-t-il, derrière ?
– Non, il est partout ! Son âme englobe le bâtiment entier !
– Mais ça ne se peut pas, personne ne peut...
– Attention ! s'écria Dark.
Les personnes ayant une enveloppe physique parvinrent à éviter les pics qui s'étaient formés dans les murs, le sol et le plafond et fondaient sur eux.
– Que s'est il passé ? demanda Storm, surprise.
– Il semblerait que nous ayons affaire à un ennemi redoutable, alors restez sur vos gardes. Tu perçois quelque chose, Lucie ?
– Oui, et c'est justement ça le problème ! Comme son âme est présente partout à la fois, je ne peux pas le... Ah !
Elle se retourna et ses compagnons firent de même pour voir une partie du sol donner naissance à un petit monticule qui commençait à grandir. Il prit peu à peu une forme humaine.
– Et bien ! Je ne m'attendais pas à ce que vous soyez aussi vifs ! Si seulement mon corps avait encore sa vivacité d'antan, je pourrais en faire de même !
– Lucie, c'est lui que tu avais repéré ?
– Oui, aucun doute la dessus !
– Non... Pas lui... N'importe qui d'autre, mais pas lui...
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