Chapitre 8: Les coups de tonnerre de la révolte (Partie 6)
Devant le palais judiciaire, une foule commençait à se former. Si, au départ, seuls quelques personnes osaient se présenter, un certain engouement poussa ceux qui hésitaient à prendre part à l'action, changeant la place et les rues devant l'édifice en une véritable marée humaine.
– Ils sont quand même plutôt nombreux, là... fit remarquer Athé sous son masque.
– Oui, alors qu'au début, j'ai cru qu'on allait se lancer à l'assaut du palais à dix... soupira Snipe. Je n'aurai pas été très chaud pour le faire...
– Quand je visualise Dark en train d'organiser quelque chose de populaire, c'est pas tellement une révolte mais une barbecue-party que je l'imagine préparer... grommela Al.
– Ou une orgie, au choix... soupira Mélodie. Quoi qu'avec lui, les deux en même temps ne me surprendrais pas...
– Comme quoi, on ne sait jamais avec lui...
Dans les rangs de devant, certaines personnes commençaient à murmurer tout en désignant l'équipage.
– Heu, Mel ? T'as une idée de ce qu'ils disent ?
– Ils doivent se demander pourquoi on est que quatre pour mener la charge.... Je le savais qu'on aurait du venir plus nombreux, ils perdent confiance....
Le délégué du groupe se présenta à eux. En voyant sa tête, il était clair qu'il n'était pas candidat pour ce poste, mais les autres avaient trouvé qu'il était un bon choix, vu que la tache ne leur incomberait pas. Il se tint alors devant eux, l'air gêné comme un élève devant son professeur qui regrette amèrement ne pas avoir appris la veille la poésie qu'il doit à présent réciter devant toute la classe. Ayant un peu pitié de lui, Mélodie décida de prendre la parole la première.
– Que se passe-t-il ? Y a-t-il un problème ?
– Pas... Pas vraiment... bafouilla le porte parole. On... On voudrait juste vérifier quelque chose...
– Quoi donc ?
Le délégué se tourna vers Athé et sembla encore plus pris de panique.
– ...
– Fermez la bouche et prenez quelques inspirations, ça va passer... suggéra Mel qui commençait à en avoir assez de ce genre de scène.
– Vous... vous êtes bien Athéna, n'est-ce pas ?
Sous le choc, le groupe posa son regard sur Athé qui sembla tout de même un peu perturbée par la question.
– Comment savez vous cela ? demanda la déesse.
C'est fini... pensa Mel en fermant les yeux. Maintenant qu'ils savent qu'elle est parmi nous, ils vont laisser tomber. Sans leur soutien, on ne pourra pas réussir, c'est fichu...
Elle fut étonnée de voir que le porte parole était à présent encore moins à l'aise, alors qu'elle s'était attendu à une explosion de colère. Un rapide coup d'œil vers la foule derrière lui montra que c'était pareil pour les autres.
– Ben, en fait... On voulait... heu... on voulait... s'excuser pour...
Le regard de l'équipage se fit encore plus rond qu'il ne l'était avant.
– Vous excuser ? Mais pourquoi donc ?
Découvrant la stupeur d'Athéna, le représentant de la volonté du peuple trembla de plus belle et sembla encore plus déstabilisé qu'elle.
– Ben, pour avoir saccagé vos statues, il y a quinze ans... On ne savait pas, à l'époque, ce n'est que très récemment qu'on a appris pour votre père, et...
– Attendez, vous savez pour mon père ? s'étonna la déesse en attrapant les épaules de l'homme. Comment ? Seuls les autres dieux et quelques prêtres devraient...
– C'est ce qui se dit dans les souterrains depuis hier... Puis, la rumeur a fait le tour de la ville pendant la nuit. Maintenant, on sait que vous n'aviez pas envie de nous abandonner, mais c'est normal de se sentir mal dans ce genre de situation, et...
– Une rumeur ? intervint Mel. Vous vous excusez juste à cause d'une rumeur ?
– Bien sûr, car c'est ce que Dark Raven a dit !
Il y eut quelques secondes de silence.
Non... Même lui n'aurait pas put prévoir les choses aussi loin. Il n'aurait pas put savoir que les gens comprendraient, même moi j'ai du mal à croire en cette possibilité, alors que je l'ai sous les yeux... Pendant des années, ils ont haïs leur déesse, et il ne lui a fallut qu'une rumeur pour...
Une rumeur lancée par le célèbre Dark Raven, le nouveau symbole de la liberté de la ville.
– Et puis, maintenant, vous êtes revenue pour nous aider. En plus, vous avez ramené mademoiselle Hawk et monsieur Raven pour nous épauler. Nous avons honte d'avoir perdu confiance en vous, vraiment...
Mel jeta un regard à son compagnon et réalisa assez vite la situation pour réagir.
– Tiens, au fait Athé, il reste deux-trois trucs à voir avant l'assaut ! s'exclama-t-elle tout haut en passant son bras sur ses épaules et en tournant le dos à la foule.
– Je ne le crois pas... Ils m'ont...
– C'est pas une raison pour pleurer comme une madeleine ! Qu'est ce qu'ils vont penser s'ils voient leur déesse verser des larmes juste avant la bataille qui décidera de leur sort ?
– Je sais, mais...
Mélodie fixa la déesse, et fut surprise de voir combien Athènes et ses habitants comptaient pour elle. Elle avait beau ne pas comprendre beaucoup d'émotions humaines, ça ne voulait pas pour autant dire qu'elle avait un cœur de glace.
Sacré Dark ! pensa Mel. Et je suis sûre qu'il désirait aussi l'aider, elle !
– Séches tes larmes, il est temps qu'on passe à l'action...
Athé s'essuya les yeux et adressa à la mercenaire un regard résolu.
– Oui, et ma détermination n'a jamais été aussi forte !
– Vous savez quoi, dit soudain Snipe, partez devant avec les habitants... Je sens que je vais devoir entrer en scène maintenant...
Mel scruta les hauteurs alentours et débusqua ce que Snipe avait remarqué.
– Tu penses pouvoir t'en sortir seul ?
– Je l'espère, car Dark compte sur nous tous...
Mel regarda Snipe dans les yeux quelques secondes, puis fit face au peuple Athénien.
– Athéniens, pendant trop longtemps, les ennemis de la justice et de la liberté ont dominé ce monde, le corrompant et écrasant les honnêtes gens ! Cependant, c'est aujourd'hui que nous commençons la contre attaque ! C'est aujourd'hui que nous montrons à ces criminels qu'ils ne peuvent pas commettre de crime sans en subir les conséquences ! C'est aujourd'hui que le monde comprend pourquoi Athènes est la ville de la justice !
Cette déclaration fut accueillie par un cri mêlant les voix de milles personnes, un hurlement plein de détermination et d'espoir. Dans cet état proche de l'euphorie, le peuple d'Athènes s'engouffra dans le palais judiciaire à la suite de Mélodie et ses compagnons.
À l'extérieur, Snipe regarda l'armée improvisée s'engouffrer dans le bâtiment, puis se retourna.
– Elle est pas mal, mon capitaine, pas vrai ? Dark lui a certes suggéré quelques idées pour ce discours, c'est ses propres mots qui ont pus les motiver.
– En effet, c'est impressionnant... constata une ombre qui atterrit sur le sol sans émettre le moindre bruit. Mais tout cela est inutile... Ils ne pourront pas l'emporter face à ce qui les attend à l'intérieur.
– Je te suggère de ne pas les sous estimer, tu pourrais t'en mordre les doigts, tout comme ton patron...
En prononçant ces paroles, Snipe sortit une cigarette et l'alluma avec son briquet. Il la mit dans sa bouche, prit une grande inspiration et souffla une épaisse fumée noire.
– Tu as bien changé en quelques années... commenta Thirteen. Tu prends ce combat suffisamment au sérieux pour ne rien laisser à la chance...
Snipe lui lança alors un regard aux reflets d'aciers, où nul doute pouvait y être lu. Sa respiration se fit plus calme et le monde sembla ralentir autour de lui.
– Le passé, c'est le passé...
***
– Des intrus se sont introduits dans le palais judiciaire !
– Envoyez des gardes, il faut les arrêter !
Dans la salle des opérations de la milice, c'était le chaos. L'annonce diffusée par les hauts parleurs de la ville venait de chambouler tous les esprits. Le commandant Tyklais, lui, avait une décision à prendre. Il était au courant depuis longtemps de ce qui se tramait en haut lieu, car lui même était impliqué. Il devait donc à présent choisir entre soutenir la révolte et trahir ses camarades, ou l'écraser par la force. Sachant que son implication dans les manigances de la ville serait révélé tôt ou tard, il ne voulait pas que le peuple Athénien se lance dans une traque des responsables.
– Envoyez trois divisions mater les rebelles ! Le reste des troupes se chargeront d'arrêter ceux qui profitent du désordre pour semer le chaos en ville !
En effet, si la déclaration de Dark Raven avait put pousser les habitants à prendre les armes, pas tous dirigeaient leur rage vers le palais. De nombreux soulèvements partout en ville avaient éclaté, remplissant les rues de violence. Des actes de vandalisme furent commis sans que qui que ce soit purent les en empêcher.
– Impossible ! Nous avons perdu le contact avec nos troupes après l'irruption d'un vaisseau argenté ! Quelque chose brouille nos communications magiques !
– Dans ce cas, utilisez vos communicateurs et les ordinateurs !
– C'est inutile ! On entend qu'un grésillement des communicateurs, quand aux ordinateurs...
Le responsable des communications fixa impuissant son écran qui était noyé d'images de chatons en tous genres.
***
– Voila, ça devrait les tenir occuper un bon moment ! souffla Théo.
– Ouais, ils feraient mieux de ne pas sous estimer les génies ! ricana sa sœur en tapant à toute vitesse sur son clavier.
Sa spécialité était certes la mécanique, mais Lisa demeurait brillante dans bien des sciences, notamment l'informatique.
– Théo, hurla Zac, si tu as fini de mettre en place ton brouillage, viens nous aider à protéger le vaisseau ! C'est bien joli d'attirer l'attention de tous les aéronefs ennemis, on aura l'air fin s'ils arrivent à nous descendre !
– J'arrive, mais tu n'as à t'inquiéter à ce sujet ! Avec Cap aux commandes, on ne court pas le risque d'être touché !
Un cri retentit soudain dans les couloirs de l'Aube.
– Ramenez vous bande de tafioles ! Je vais vous montrer comment on conduit un vaisseau !
Les trois compagnons échangèrent un regard et poussèrent un soupir.
– Enfin, s'il est assez en forme pour gueuler des idioties pareilles, c'est que nos ennemis ne doivent pas être redoutables...
– Au fait, elle est où, Sophie ? Ça fait un moment que je l'ai pas vue !
– Elle est sur le terrain. Il y a déjà des blessés, alors elle est allé les soigner. C'est plus tôt que prévu, mais allez donc l'empêcher d'accomplir son devoir de médecin...
***
– Aaaaaargh !
Un groupe de voyous effondra, prit de convulsions.
– Tenez vous tranquilles, bon sang, j'ai pas fini de le soigner !
Laissant les vandales souffrir d'une soudaine et violente poussée de fièvre d'Ilom, Sophie se concentra sur son patient.
– C'est malin, maintenant j'ai encore plus de patients ! Je ne suis pas prête d'en avoir fini...
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