33. YUZU CITRUS
YUZU CITRUS
Une douce odeur de soupe embaumait la cuisine du restaurant des Lee, tandis que Minho s'affairait sur le plan de travail en désordre depuis un moment déjà. Le cuisinier était en train d'expliquer scrupuleusement à Jisung toutes les étapes qui rendaient ses bouillons si délicieux, d'un air sérieux mais bienheureux. Le plus jeune l'écoutait à moitié, préférant l'observer, alors que l'autre garçon découpait habilement les quelques légumes verts qu'il prévoyait d'ajouter à son plat.
Ses grands yeux bruns vagabondaient sur l'arête tranchante du nez de profil de Minho et ses yeux de félins concentrés sur ses mains s'affairant à réduire les aliments en pièces. Il était beau comme ça, avec les manches retroussées sur ses avant-bras où couraient quelques fines veines dévalant sa peau baignée de soleil.
Jisung se disait que c'était fou à quel point le noiraud pouvait être séduisant quand il parlait de quelque chose qui le passionnait et il se demandait - avec une légère honte - s'il pensait la même chose de lui quand il lui résumait ses livres préférés ou qu'il lui énonçait tout ce qu'il savait sur la faune marine.
Le noiraud se sentait tellement plus serein, lorsqu'il ne se trouvait pas chez lui. Deux bonnes semaines étaient passées, pourtant, l'eau n'avait pas vraiment coulé sur les ponts. C'était même plutôt le désert ardent entre Jisung et ses parents. Alors le noiraud trouvait toutes sortes de stratégies pour pouvoir se rendre au restaurant, sans que son père ne le sache. Sa mère était un peu plus laxiste sur ce point et il savait qu'elle se montrait moins rude que son mari, mais Jisung prenait soin de lui cacher aussi ses sorties clandestines. Son paternel envoyait dorénavant un de leurs voisins livrer chez les Lee à sa place et heureusement qu'il connaissait ses horaires par cœur pour pouvoir anticiper sa venue et éviter d'être dans les parages. Vraiment, il avait l'impression d'être en filature.
Mais, pour être honnête, passer simplement du temps avec Minho suffisait à effacer la plupart de ses tracas. Même si le motard n'était pas le plus expressif, le plus jeune savait qu'il faisait son possible pour lui apporter tout le soutien dont il avait besoin. Alors cela devenait parfois presque amusant de devoir être discret, Minho exagérait souvent, lui soutirant des baisers dans toutes sortes de cachettes des plus absurdes. Et le noiraud préférait largement voir sa situation délicate dans ce sens-là.
- Jisung, regarde, c'est l'étape la plus importante, dit le plus vieux en brandissant son couteau au-dessus de sa planche.
Le plus petit fit mine de prêter attention à ce que son aîné lui racontait, mais son cerveau se déconnectait tout seul. Il avait toujours eu du mal avec les instructions orales.
- Bon, t'écoutes rien. Tu goûteras quand j'aurai fini, fit Minho en voyant le regard absent de son cadet. Ça ce sera pas trop compliqué pour toi, ça, au moins.
Jisung pouffa devant l'air vexé du plus grand qui lui lança des épluchures dessus pour lui faire part son agacement. Minho reprit ses activités en ronchonnant et une fois les préparations terminées, le plus jeune l'aida à ranger le plan de travail, alors que le bouillon que son aîné avait préparé mijotait. Après avoir demandé au plus petit de surveiller le feu, Minho sortit fumer, le laissant seul dans la cuisine.
C'était drôlement étrange de passer d'une ambiance à l'autre, entre chez lui et le restaurant. Il passait aussi beaucoup de temps avec Jeongin et son grand-père, mais ce n'était pas la même chose. Au restaurant, le noiraud avait l'impression d'être chez lui, tant l'atmosphère semblait domestique. C'était agréable. Jisung avait du mal à assimiler tout ce qu'il était en train de vivre.
Depuis la fenêtre de la cuisine, il regarda son aîné jouer avec le chat errant du coin, une cigarette entre les lèvres. Jisung sourit tout seul tout en remuant distraitement la préparation qui chauffait. Plus le temps passait, plus le grand faisait tomber toutes ses barrières avec lui. Et Jisung vivait uniquement pour ce naturel.
- Je nourris Tony et j'arrive, dit Minho en revenant dans la cuisine, quelques minutes plus tard.
Jisung ne releva pas le surnom douteux que son aîné avait attribué au félin roux, probablement une référence à un de ces films de gangster qui fascinaient tant Minho. Dès le retour de ce dernier, les deux jeunes hommes se retrouvèrent accoudés au plan de travail, un bol de nouilles fumant posé devant Jisung. Le plus grand avait soigné la présentation du plat, agrémentant le bouillon opaque de quelques rondelles d'oignon vert et de graines de sésame. C'était joli.
- C'est la première fois que je fais cette recette, avoua Minho en retirant le tablier qu'il avait gardé jusque-là. Heureusement que t'as pas écouté ce que je te racontais. Si c'est pas bon, eh bah tu sauras jamais pourquoi.
- Est-ce que t'essayes de m'empoisonner ? s'offusqua Jisung. Goûte d'abord, je te fais pas confiance, ajouta-t-il en lui tendant les baguettes de bois que Minho avait déposé à côté du bol.
- Bon allez, le pressa le plus vieux en repoussant les couverts pour donner une petite claque derrière la tête du plus petit à la place.
Jisung pouffa avant de souffler sur la soupe chaude pour en prendre une première gorgée. Il manqua de se brûler et dût se résoudre à attendre un peu avant d'en boire plus, alors que son aîné tapait du pied d'un air impatient pour l'embêter. Minho était vraiment un enfant quand il s'y mettait. Le plus jeune fronça les sourcils en sentant une saveur familière glisser sur sa langue, alors qu'il avait à nouveau trempé ses lèvres dans le bol. Le bouillon avait un léger goût d'agrume qui sublimait son plat. Ça lui rappelait le thé que madame Lee lui avait offert, lors de sa première livraison au restaurant et il soupçonnait que ce parfum était le même que celui de la boisson qu'elle lui avait servi.
- Y'a du yuzu dans le bouillon ? demanda-t-il en reconnaissant le goût si particulier du fruit.
Minho hocha la tête, un petit sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.
- T'aimes bien ? demanda-t-il et son cadet hocha vivement la tête, tout en prenant une bouchée de nouilles.
Le plus grand observa Jisung aspirer les pâtes avec gourmandise, un air satisfait sur le visage. C'était la première fois qu'il préparait un plat pour le noiraud et même s'il était minutieux de nature, il s'était rarement autant appliqué. Jisung l'avait probablement remarqué, mais il ne fit aucune remarque, souriant simplement à chaque fois que son regard croisait celui du noiraud.
- T'es sûr que tu veux pas vivre ici ? On te nourrit bien, le taquina le plus vieux en voyant les joues gonflées de nourriture de son cadet.
Jisung avala sa bouchée. C'est vrai que ce serait idyllique de pouvoir vivre chez lui et sa grand-mère. Il le verrait tous les jours, n'aurait pas affaire à ses parents, mais...
- C'est trop risqué, Minho. On en a déjà parlé, répondit-il avec un sourire triste.
- On a qu'à partir, renchérit le plus vieux.
- Quoi ?
Minho s'adossa au comptoir, les yeux rivés sur lui.
- Toi et moi. Et ma grand-mère. Je sais qu'elle a des amis à Hokkaido, dit-il et Jisung chercha l'ironie dans son regard, mais il n'y trouva même pas une once. Il posa ses baguettes et se redressa pout se concentrer sur son aîné. Y'a une grande université, tu pourras étudier la biologie marine, là-bas. C'est ce que tu voulais, non ?
- Minho, c'est à l'autre bout du pays...
- Jisung, t'as plus rien à perdre. Tu vas faire quoi si tu restes là, hein ?
Le plus grand semblait avoir réfléchi très sérieusement à la chose et Jisung en était surpris. Il reconnaissait bien Minho là-dedans. Vouloir aider les autres dans son coin, sans rien leur dire, avant de balancer une solution à un moment aléatoire. Jisung était complètement pris de court.
- Et comment je paye l'université ? dit le plus petit en se rendant à l'évidence. Avec quel argent tu veux vivre ? On est pas dans un film...
- T'as qu'à travailler avec moi au restaurant, pour ma grand-mère. Elle a touché de l'argent avec la mort de ma mère, on sera payés normalement. Et comme ça-
- Ta mère est morte ? le coupa Jisung avec des yeux ronds. Le concerné hocha la tête. Minho, pourquoi tu me l'as pas dit...
- C'est pas vraiment important. Et puis, t'as déjà plein de merdes en tête, j'allais pas t'en rajouter.
Jisung ne répondit pas, abasourdi par le flegme de son aîné. Il savait bien que Minho ne portait pas vraiment sa mère dans son cœur, mais tout de même...
- Jisung, t'inquiète pas, vraiment, le rassura le plus grand, un air sérieux sur le visage. Rien ne l'atteignait, c'était pas possible.
- On en reparle plus tard, conclut le plus petit en entendant du bruit à l'entrée du restaurant.
Il termina son plat de nouilles en silence et Minho fit la vaisselle, pendant ce temps. Le soleil commençait gentiment à décliner, dehors, et le plus jeune dût se résoudre à allumer les lumières de la cuisine pour voir plus clair. Les voix qu'ils avaient entendu finirent par se taire au bout d'un moment, Jisung soupçonnait que c'était un ami de madame Lee qui passait pour la saluer, puisque le restaurant était fermé ce jour-là.
- J'ai cru pendant un moment que tu me laisserais, avoua Jisung en rejoignant son aîné accoudé au lavabo. Il
profitait du fait qu'ils étaient de nouveau seuls pour lancer un sujet qui l'avait un peu tracassé, dernièrement.
- Ça aurait été facile de ma part, hein, admit le plus vieux en pouffant ironiquement. Je t'ai dit que je partirai pas. Je fais pas beaucoup de promesses, mais j'ai la loyauté d'un Bosozoku.
Le plus jeune haussa un sourcil face à son sérieux. Vraiment, il ne comprendrait jamais l'extrême importance que ces motards donnait à leurs codes d'honneur.
- Donc tu serais prêt à quitter la ville, alors que t'as tout ici ? demanda Jisung alors que l'autre garçon se séchait les mains avec un torchon.
- Ça fait un moment que ma grand-mère réfléchit à trouver un endroit plus grand, pour le restaurant, donc c'est l'occasion, répondit-il avec honnêteté, tout en s'approchant de son cadet pour poser une main dans le creux de ses reins. Il en profita pour fermer le store en plastique de la fenêtre à côté de lui. On n'était jamais trop prudent. Et à part Changbin et deux trois autres potes, j'ai pas plus d'attaches ici. Ils survivront sans moi.
Jisung pinça ses lèvres d'un air contrarié. Il ne pouvait pas laisser son aîné tout lâcher juste pour lui. Enfin, à cause de lui, en grande partie.
- Et puis ce serait trop bête de passer à côté de ça, ajouta Minho en glissant ses paumes sur le postérieur du plus jeune.
Jisung rougit et l'autre garçon en profita pour poser sa bouche sur sa joue, juste sur le grain de beauté qui s'y trouvait. Le contact fut chaste, le plus jeune eut à peine le temps de sentir le moelleux de ses lèvres contre sa peau. Alors, il prit délicatement la mâchoire de Minho entre ses doigts et l'attira à sa propre bouche pour effacer le sourire en coin qui étirait celle de son aîné. Le baiser leur fit tourner la tête presque simultanément, leur discussion précédente avait déjà disparu de leur esprit, au moment où Jisung inclina sa tête sur le côté pour l'approfondir. Il était toujours plus avide des frissons qui faisaient vibrer son cœur à chaque fois que Minho le touchait. Le plus grand le rendait malade.
Bientôt, le goût d'agrume se mêla à l'odeur de la dernière cigarette qu'avait fumé Minho, alors que les mains de celui-ci pressaient la taille étroite de son cadet. Un mélange de parfums particulier, mais qui marchait plutôt bien, au final.
@@@
vs sentez le bonheur repointer le bou de son nez?🥺🥺🥺🥺 j'en avais marre du emotional lol ENOUGH ns on veut des papillons dans le ventre et du lov ou quoi la
sinon y'a des gens qui m'avaient demandé de montrer encore les screens de moi qui réfléchit à mes histoires so here u gooo
(le premier brouillon date hein c pas un spoil mdr le scénario a changé depuis)
(ok girl??)
mais ça mdrr c mieux ça reste un brouillon ouais
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