BITTER HONEY
De grosses gouttes de pluie s'écrasaient bruyamment sur la fenêtre de la chambre de Minho. La tête embrumée par le sommeil, Jisung papillonna doucement des yeux, le son le réveillant. Les deux garçons étaient affalés sur le lit du plus vieux, l'un allongé sur le ventre, la tête plongée dans son coussin et le plus petit sur le dos, le corps à peine recouvert. Minho bougeait beaucoup la nuit et Jisung s'était longuement battu pour garder un peu de couverture pour lui, mais avait vite abandonné en voyant que son aîné était impossible à réveiller.
La pluie avait refroidi l'air et s'est avec un léger mal de gorge que Jisung se réveilla, faute d'avoir dormi sans plaid.

Peinant à se rendormir, il observa un instant le visage paisible de Minho, la joue écrasée sur son oreiller dans une moue ridiculement enfantine, puis se leva péniblement pour se rendre dans la salle de bain. Après une toilette plutôt sommaire, il se dirigea vers la cuisine en espérant peut-être tomber sur madame Lee, mais ne trouva qu'un mot sur le plan de travail indiquant qu'elle était au marché. Il eut une petite pensée pour elle qui devait affronter la pluie battante pour le bon fonctionnement de son restaurant, alors qu'il frissonnait rien qu'au contact du carrelage sous ses pieds nus.

Il farfouilla dans les placards à la recherche de thé et mit de l'eau à chauffer. Il dénicha également un pot de miel, qui aurait le don d'apaiser une peu sa gorge irritée. La maison était calme, pour une fois, Jisung avait l'habitude du brouhaha ambiant du restaurant qui était fermé, ce jour-là. C'était un silence réconfortant, brisé par les crissements du plancher, quand Jisung se dirigea vers le salon, sa tasse fumante dans la main.
Il s'installa sur le canapé, où son sac reposait et en sortit un livre qu'il avait emporté avec lui par habitude. Il aimait avoir toujours quelque chose à lire sur lui, si besoin.

C'était définitivement le genre de moments qu'il préférait: être avachi sur un canapé, une boisson chaude dans les mains, un ouvrage dans l'autre. Avec le temps, Jisung avait commencé à apprécier de plus en plus sa propre compagnie. Cela ne le dérangeait plus vraiment de passer du temps seul, il avait un cerveau bien assez suractif pour qu'il ne s'ennuie pas.
Tout en trempant doucement ses lèvres dans le thé aux agrumes qu'il s'était préparé, il retira le marque page qu'il avait placé dans son livre. C'était une histoire qu'il avait déjà lu une ou deux fois, les pages légèrement cornées de l'objet témoignant de son usure. Pourtant, il n'avait aucun mal à se replonger dans ce récit familier.
Il était un éternel nostalgique.

Jisung manqua de renverser sa tasse brûlante sur ses genoux en entendant du bruit dans son dos et se retourna pour tomber sur Minho, qui venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte du salon. Le plus grand se dirigea vers lui d'un pas paresseux et Jisung se redressa légèrement, tordant le cou pour le regarder.

- Tu fais quoi ?, demanda Minho d'une voix rendue légèrement plus grave de fatigue.
- Je lis un livre que j'ai emprunté à la bibliothèque, expliqua-t-il alors que son aîné s'approchait de lui pour regarder par dessus son épaule.

La tête du noiraud se tenait juste à côté de la sienne et le contact de ses mèches effleurant sa joue suffirent à faire chauffer ses joues.

- Ça parle de quoi ?, continua Minho, sa curiosité le rendant plutôt mignon, aux yeux du plus jeune. Il était bavard, pour quelqu'un qui venait de se réveiller il y a quelques minutes seulement.
- Hum, c'est une sorte de romance. Un homme qui a perdu son amour de jeunesse et qui la retrouve une trentaine d'années plus tard. C'est un peu plus profond qu'une romance, en fait, parce que c'est comme si leur lien substitait depuis leur première rencontre, tu vois ?
- Mhm... fredonna-t-il, son souffle effleurant la nuque du plus jeune.

Minho n'avait pas l'air d'avoir prêté attention à ce que racontait Jisung, mais celui-ci se retint de faire une remarque,  ayant du mal à aligner deux mots sans bégayer. La proximité du noiraud le troublait plus que de raison.
Et ce fut presque instinctivement qu'il tourna légèrement son visage vers le sien, dans le but de capter son regard.

Il y eut comme un moment de flottement, pendant lequel tous deux se perdaient dans les orbes de l'autre. Minho avait une mine fatiguée, des cernes soulignaient ses yeux entrouverts, mais le plus jeune ne sut que trouver la vue absolument délectable, sur le moment.

Jisung n'avait qu'à s'approcher de quelques millimètres pour faire rencontrer leurs lèvres pleines et il ne se posa pas d'autre question lorsqu'il vit le regard de Minho balayer sa bouche. Il posa une première fois ses lèvres sur les siennes, ponctué par son propre soupir tremblant. Puis, un deuxième baiser, plus appuyé et un troisième, encore plus long. Juste assez pour ressentir parfaitement la forme des croissants de chair de Minho contre sa bouche. Après quelques secondes, Jisung s'écarta pour observer le visage du noiraud, le cœur battant à tout rompre.

Son aîné le regardait d'un air curieux, mais Jisung n'y voyait aucune once de rejet. Il rougit en voyant Minho se lécher les lèvres, recueillant la saveur sucrée que le miel avait déposé sur les lèvres du plus jeune.

Et ce dernier sentit son cœur chuter dans sa poitrine quand les doigts de Minho se glissèrent sur sa nuque, avant d'y émettre une légère pression pour rapprocher son visage du sien. Le contact que renouvela le noiraud fut plus appuyé, Jisung avait l'impression que leurs lèvres ne faisait qu'un. En soupirant, il attrapa le t-shirt de son aîné pour le serrer entre ses doigts, tandis que son autre main s'accrochait à son épaule.
C'était le premier baiser qu'ils échangeaient, depuis la fois où ils étaient tous deux alcoolisés et Jisung fut frappé de découvrir à quel point les sensations étaient décuplées étant sobre. Le contact paraissait tellement plus réel, qu'il en eut presque le vertige.

Lorsque Minho glissa sa langue à la bordure des lèvres du plus jeune, celui-ci dut retenir une plainte qui menaçait de s'échapper de sa gorge. Il ouvrit légèrement la bouche pour lui en donner accès et sentit son estomac se nouer douloureusement quand leurs muscles humides se rencontrèrent. Il ne s'était jamais douté d'à quel point un baiser pouvait se révéler être sensuel et il avait l'impression que tout son corps était en éveil. Peut-être était-ce le fourmillement dans son ventre qui lui faisait ressentir cela. Ou la main de Minho qui pressait maintenant sa taille.

Ils s'embrassèrent longuement, ne se séparant que de temps à autres pour reprendre leur respiration. Cela semblait tout à fait naturel et pourtant si idyllique. Jisung sentait sa tête chauffer à chaque fois que sa bouche rencontrait celle de Minho. C'était terrible, il avait l'impression que c'était trop peu et en même temps beaucoup trop à la fois.

Lorsqu'ils se détachèrent pour de bon, Jisung laissa sa tête reposer sur le torse du plus vieux, légèrement essoufflé et le corps engourdi par le bien-être. Il mirent un peu de temps à calmer leur cœur battant la chamade et à faire partir les taches rouges parsemant leurs joues. C'était atroce, intense, Jisung en avait les mains qui tremblaient. La fatigue le rattrapa, lorsque les doigts de Minho voyagèrent sur son dos pour le caresser doucement et il s'endormit presque aussitôt.

Minho observa à son tour le visage apaisé de son ami, sa joue ronde écrasée contre son buste. La position le mettait dans un drôle d'embarras et pourtant ses doigts picotaient d'envie de se fourrer dans les cheveux du plus jeune. Il ne comprenait plus rien, tout paraissait si simple et pourtant si compliqué lorsque Jisung était dans les parages. Son esprit était à la dérive à chaque parole, chaque geste du plus jeune, comme s'il perdait le contrôle en sa présence.
Il déraillait, c'était plus possible.

Minho voulut se lever pour aller allumer le poste de télévision, mais l'âme endormie contre lui le poussa à attraper le livre de Jisung qui traînait sur le canapé à ses côtés.
Il n'aimait pas spécialement lire, enfin, il en avait perdu le goût en grandissant, mais il n'avait pas grand chose pour s'occuper. Petit, il se souvenait raffoler de romans d'espions et d'agents secrets. Il en avait lu des tonnes, lorsqu'il vivait encore à la campagne. Mais la ville rendait la vie moins romantique et dès son retour à Tokyo, il avait préféré traîner dans les rues avec sa bande, plutôt qu'errer à la bibliothèque.
C'était une période qui plongeait dans les méandres de la nostalgie, même s'il souvenait de toutes les bêtises qu'il avait pu faire à ce moment là.

- Je me suis endormi, constata Jisung, au bout d'une petite heure de sommeil, la voix pâteuse et les yeux collants. Il est quelle heure ?

Minho observa le visage bouffi de fatigue de son cadet, l'image du tendre lui tordant le cœur malgré lui.

- Bientôt quinze heures, répondit-il en fronçant les sourcils. Il ne pensait pas avoir divagué si longtemps.
- Hmpf, j'ai mal à la tête, marmonna le plus petit en se frottant les yeux.
- Arrête de parler, alors.

Jisung voulut rétorquer, mais son aîné fut plus rapide et posa sa main sur crâne pour qu'il se pose à nouveau sur son torse. Le noiraud se laissa faire, appréciant les caresses de Minho dans ses cheveux. L'apprenti poissonnier se laissait bercer par la respiration du plus vieux qui s'échouait sur son front. Pas un bruit. Juste le souffle de l'un et l'autre et la pluie tapant sur les carreaux.
Ils étaient bien.

- Minho ? Jisung avait brisé le silence, relevant sa tête pour accrocher le regard du plus vieux.
- Mh ?, fredonna son aîné.
- On... on fait quoi là ? C'est quoi tout ça pour toi ?

Le nommé le toisa du regard, sans trop réagir, confus. Jisung sentit sa poitrine se compresser en voyant son air absent. Il sentait ses joues chauffer sous la fièvre qui commençait certainement à monter en lui et ses yeux brillants toisèrent ceux du plus âgé. La maladie et la fatigue le rendait sensible.

- Toi et moi... Je veux pas que ce soit un jeu. Est-ce que ca compte pour toi ?

Minho fronça les sourcils en voyant le regard anormalement vitreux de son cadet. Qu'est-ce qui lui prenait, d'un coup ?

- Jisung-
- Ça compte pour moi, je veux pas que tu me lâche ! s'enquit le plus petit d'une voix tremblante, comme s'il menaçait d'éclater en sanglot d'une seconde à l'autre.

Le plus âgé sentit la panique dans les gestes de Jisung et il essaya de faire fi de son incompréhension.

- Jisung, calme toi, marmonna Minho en passant le dos de sa main sur le front brûlant de Jisung. Tu te sens pas bien ?
- C'est pas parce que je tombe malade que je peux pas réfléchir, tu peux pas me lâcher comme ça, continua-t-il sans faire attention aux larmes qui dévalaient maintenant ses joues.

Minho le fit taire en l'attirant à lui, déposant cette fois-ci ses lèvres sur le haut de sa tête pour jauger sa température.

- T'as de la fièvre, souffla-t-il alors que le plus jeune sanglotait contre sa poitrine.

Ce soir-là, Jisung pleura longuement, les doigts désespérément accrochés au t-shirt de Minho. Il avait fallu que la fièvre l'attrape pour que les non-dits qui duraient depuis des semaines sortent.
Madame Lee avait souri tendrement quand elle les avait aperçu endormis l'un contre l'autre, en rentrant de ses courses. Sans faire de bruit, elle avait déposé une couverture sur les deux garçons enlacés et avait quitté le salon, le cœur conquis.
Madame Lee n'était pas bête. Elle avait très bien remarqué que Jisung était devenu le talon d'Achille de son petit-fils. Et c'était à son grand plaisir car elle n'avait jamais vu Minho si apaisé.

La vision de son cadet en larmes donna du fil à retordre à Minho. Cela n'arrangeait en rien sa situation, mais il fit son possible pour prendre soin de Jisung. Il s'en voulait de ne pas être assez courageux pour avoir cette discussion avec lui. Mais, c'était trop tôt. Enfin, il pourrait laisser traîner la conversation des semaines encore, ce serait toujours trop tôt.

Minho aurait aimé ne pas avoir la lâcheté de repousser les questions de son cadet. Mais il savait que le moment où il allait devoir se confronter à lui n'était qu'une question de temps.
Et rien que l'idée de s'ouvrir à Jisung lui laissait un goût amer dans la gorge.

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aïe aïe on commence à passer aux choses sérieuses🚑🚑
sinon j'ai l'impression que ce chap fait archi pas sens ??? Genre niveau fluidité et tout on dirait un mega freestyle mais jai trop la flemme de le modifier tbh donc je vous laisse avec ça mdrr