Chapitre 22 : toujours mercredi
Devant moi se dresse Maxime Ford dans toute sa splendeur. Il me fait un sourire que je ne rends pas. Je sers les dents et m'écarte de l'embrasure de la porte pour le laisser entrer.
Aller, courage. Ce n'est qu'un repas...
Il entre donc chez moi en regardant autour de lui. Je grimace. J'ai l'impression qu'il est en train de me voler toute mon intimité...
Je prends une grande bouffée d'air pour me donner du courage avant de guider Maxime jusqu'à ma mère.
— Maman, je te présente Maxime Ford, le mec qui m'a prit en photo et que tu as tant voulu invité à manger. J'espère que vous vous entendrez à merveille...
Ma mère fait un grand sourire au Terminal et lui tend sa main. Celui qui hante mes cauchemars lui rend son sourire en serrant sa main.
— Enchanté madame !
— Je t'en prie, appelle moi Sabine !
— C'est d'accord, Sabine.
Il lui fait un clin d'œil et ma mère se met à glousser. Je hausse les sourcils face à ce spectacle assez malaisant. Je rêve où Ford est en train de draguer ma mère ? Face à Maxime, ma mère a soudainement oublié la présence de mon père dans sa vie, on dirait...
Ils se lâchent enfin la main au bout de ce qui me parait une éternité.
— Enfin, Maxime, ne reste pas debout, assieds-toi !
Ma mère désigne l'une des chaises autour de la table à manger. Maxime obéit avec un petit sourire naissant à la commissure de ses lèvres. Ce sourire qui m'énerve tant...
Je m'assois à ma place, en face de Maxime. Ma mère va chercher le plat de poulet/frites et le dépose au centre de la table. Elle sert au Terminal une cuisse de poulet et quelques frites. Elle me met l'autre cuisse dans mon assiette et elle choisit les deux ailes pour elle.
Nous commençons à manger. Ma mère questionne le Terminal tandis que je reste silencieuse :
— Alors, Maxime, pourquoi avoir choisi ma fille comme modèle pour tes photos ?
Le jeune homme plonge ses yeux vert dans les miens et je manque de m'étouffer avec mes frites. Je vois une lueur de malice briller dans son regard avant qu'il ne réponde à ma mère :
— Je recherchais une personne avec un visage banal pour pouvoir l'embellir aux yeux des autres. Votre fille avait le parfait profil !
Je sers mes doigts autour de ma fourchette. Je suis à deux doigts de lui planter dans les yeux, il rigolera moins...
Ma mère fronce les sourcils. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce genre de réponse. Peut-être qu'elle pensait qu'il me trouvait tellement belle qu'il avait voulu m'immortaliser... C'est alors que Maxime s'esclaffe avec son rire de poule :
— Ahah ! Je rigole !
Ma mère semble rassurée. J'envoie au Terminal un regard noir. Il me répond avec un sourire en coin.
Le repas continu avec ma mère et ses questions, Maxime Ford et ses réponses douteuses et moi et mon silence. Enfin, le repas se termine. Les assiettes sont vides, les estomacs sont pleins. Maxime va pouvoir partir !
— Marion, fait visiter notre maison à notre cher invité !
Mais pourquoi ? Ce n'est pas comme si il allait revenir de toute façon... J'ouvre la bouche pour dire à ma mère le fond de ma pensée mais ce satané Maxime me coupe la parole :
— Ce serait avec joie !
Il s'approche de moi et fait sauter ses sourcils pour me narguer discrètement pour ne pas que ma mère ne s'en aperçoive. Je sers les dents. Super...
— Très bien... Suis-moi...
Il m'obéit en plongeant ses mains dans ses poches et en sifflotant. Vraiment tout pour me mettre hors de moi...
Je lui fais faire le tour de la maison, je lui montre chaque pièces. Il regarde le lieu avec de grands yeux écarquillés, comme si il était un garçon de 4 ans.
Enfin, nous arrivons à ma chambre. Je le fais rentrer en disant :
— Et voici ma chambre. Ne touches à rien.
Il s'avance dans la pièce avec un grand sourire et commence à tout regarder avec insistance, comme si il touchait les objets avec ses yeux.
Je soupire. Comment j'en suis arrivée là déjà ? Je grimace. Je préfère ne plus repenser aux dernières semaines... Il s'est passé tellement de chose en si peu de temps !
Soudain, la voix trainante du Terminal me tire de mes pensées :
— C'est toi qui a fait ce dessin ?
Je lève les yeux vers le grand garçon aux yeux vert. Il tient mon dessin dans ses mains et me regarde, émerveillé. Une colère noire envahit mon cœur.
Je fonce sur lui sans réfléchir en criant :
— Je t'ai dis de ne rien toucher, bordel !
Je cherche à lui arracher le dessin des mains mais il résiste. Je grogne mais abandonne, je ne veux pas qu'il finisse déchirer... Lui, il rigole :
— Eh, calme toi la furie !
Il ne voit pas que je suis énervée à cause de lui ?
— Poses ce dessin.
Il plisse les yeux. Je répète :
— Poses ce dessin, immédiatement.
Voyant mon air grave et sérieux, il m'obéit. Il fronce les sourcils.
— Ça va ?
Je prends une grande inspiration pour essayer de garder mon calme. Rien que de le voir comme ça, debout, les bras ballants, dans ma chambre, ça me mets hors de moi. Je m'approche de lui et pose un doigt méchant sur son torse en crachant :
— Depuis que je t'ai rencontré, ma vie a changé. Avant j'étais cette fille qu'on oubliait deux secondes après l'avoir croisé, et ça m'allait très bien ! Mais tout ça a changé depuis le jour où tu m'es rentré dedans à la cantine... Maintenant, j'ai l'impression que tu es partout avec ton rire de poule, ton sourire en coin et tes yeux verts... Et, en plus, tout le monde me connait à cause de tes photos ! Je n'ai pas demandé ça !
Un silence répond à ma tirade. Maxime a les yeux écarquillés. Il semble troublé et cherche ses mots. Après un certain temps, il me demande :
— Alors quoi ? Tu veux retourner à ta vie d'avant ?
C'est à mon tour de plus avoir de mot. Est-ce que je veux vraiment retourner à ma vie ennuyeuse d'avant ? Il continu :
— Dis moi oui et j'arrêterai tout. J'effacerai tes photos de mon compte, je t'ignorerai dans les couloirs, je ne te répondrai plus...
Il arrête son énumération et je vois sa mâchoire se crisper.
Un mot. Je n'ai qu'à dire un mot et il me laissera tranquille. Pourquoi est-ce que j'hésite ?
— Alors, Marion, tu veux retourner à ta vie d'avant, oui ou non ?
Je sers les dents.
— Oui, je veux retourner à ma vie d'avant, je veux que tu disparaisses de ma vie.
Il s'éloigne de moi instantanément, une étrange lueur dans le regard. Son visage se tord dans une grimace de colère.
— T'es sérieuse ?!
Je hoche doucement la tête, absolument sûre de moi.
— Très bien...
Il s'empare soudainement de mon dessin et le déchire en mille morceaux en fixant d'un air féroce. J'écarquille les yeux et me plaque une main sur la bouche pour étouffer mon cri. Il a osé faire ça ! Ce qui me conforte dans mon choix. Cette réaction est clairement celle d'un gamin en manque d'attention !
Alors, je lui envoie une baffe qui résonne dans ma chambre. Il porte sa main à sa joue droite qui devient déjà rouge, sonné.
— Maintenant, dégages de chez moi.
Il se détourne et fait mine de sortir mais, devant ma porte, il s'arrête et se retourne vers moi, les yeux brillants de vengeance :
— Au fait, c'est moi.
Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il voulait en venir. Il explique, un sourire méchant se dessinant ses lèvres :
— Croquette, c'est moi.
Mon sang se glace et j'ai l'impression que mon cœur s'arrête. Non, ça ne peut pas être possible, pas lui...
Il se détourne et s'en va pour de bon.
Je sens mes genoux se dérober sous moi et je me retrouve au sol sans même que je ne m'en aperçoive. Ma gorge s'est transformée en un désert aride et je sens les larmes me monter aux yeux.
Je savais que ce repas allait mal finir...
Mon inconnu est Maxime Ford, le Terminal qui m'a mené la vie dure depuis plusieurs semaines. Ma vie n'a plus aucun sens...
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