Chapitre 21 : mercredi
Ça y est, le jour maudit est venu. Midi serait l'heure de ma mort...
Je suis en français depuis presque deux heures mais ma concentration est mise à rude épreuve. Je ne pense qu'à ce qui se passera ce midi. Mon cœur se rempli de colère envers ma mère. Pourquoi me fait-elle subir ça ?
À côté de moi, Christelle est concentrée sur le prof. C'est comme si elle buvait ses paroles. Ça fait bizarre de voir Christelle comme ça. Je crois que je ne m'y ferais jamais. Sa relation ratée avec Paul l'a vraiment changée...
Je lorgne la feuille de mon amie, remplie de notes. Puis, je jette un coup d'œil à ma propre feuille, vide. Je suis vraiment en train de sombrer avec toutes ces histoires...
Comme si elle avait vu mon regard, Christelle me tapote l'épaule avec un sourire.
— T'inquiète, je te passerais mes notes, je te dois bien ça !
Je lui souris à mon tour.
Elle remarque alors mon malaise et soupire.
— Tu es encore en train de penser au repas de ce midi, je me trompe ?
Je hausse les épaules. Elle soupire à nouveau.
— Meuf, tu te prends vraiment la tête pour rien...
— Mais je te jure, ça va être l'enfer !
Elle lève les yeux au ciel.
— Je pense juste que vous allez manger, discuter, peut-être même apprendre à mieux vous connaître ! Et même peut-être que, bientôt, vous sortirais ensemble !
Je failli m'étouffer avec ma salive.
— Mais t'es folle de dire ce genre de chose ! Je peux te dire que jamais je ne sortirais avec lui, je le déteste de toute mon âme !
— Mais il n'y a qu'un pas entre la haine et l'amour !
En disant cette phrase, elle fait sauter ses sourcils avec un petit sourire pervers. J'allais répliquer mais le prof me coupe :
— Les filles au fond, mon cours n'est pas un salon de thé ! Si vous voulez discuter, sortez dans le couloir et ne revenez pas nous déranger !
Je me tais. Même si j'aurais très bien pu sortir de la classe vu que c'est le prof lui-même qui m'aurais demandé une telle chose.
Le prof continu son cours et Christelle reporte son attention sur lui. Je prends une grande bouffée d'air et décide de commencer à prendre des notes. Au moins, ça me fera oublier ce qu'il se passera ce midi...
Les deux heures de français se finissent. Nous sortons de la salle en silence. Soudain, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Machinalement, je regarde l'écran. Mon cœur rate un battement. Maxime vient de m'envoyer un message.
Peut-être que c'est un message pour annuler le repas de ce midi ? Je prie pour que ce soit ça en ouvrant le fameux message.
Je fini à 13h aujourd'hui, je viendrais après.
Je grimace tandis que Christelle ricane.
— Avoue t'espérait qu'il annule !
Je soupire.
— Évidemment... Je n'arrive vraiment pas à croire qu'il va venir chez moi pour manger comme si c'était mon meilleur ami... Ma mère cherche vraiment ma mort.
Christelle lève les yeux au ciel.
— Bon, pour l'instant, on a toujours deux heures d'histoire à faire ! Allons-y !
Christelle m'agrippe le bras et me tire dans le couloir jusqu'à la salle d'histoire. Elle est vraiment motivé pour un mercredi...
On entre dans la salle et on va s'asseoir à nos places respectives. Le cours d'histoire commence peu de temps après.
***
Midi. Mes mains commencent à trembler. Dans une heure précisément, la mort viendra me chercher avec un grand sourire diabolique.
Je sors de la salle d'histoire, le stress me mettant les larmes aux yeux.
Arrivées au portail de sortie du lycée, Christelle me dit au revoir :
— Aller, à demain Marion ! Courage pour le repas de la mort, tu me raconteras tout demain !
— Sauf si je suis morte d'ici là...
Christelle ricane avant de se détourner et de partir.
Je prends une grande bouffée d'air et rentre chez moi à mon tour. Sur le trajet, j'essaie de penser à tout sauf au repas du midi qui m'attend. Après tout, ce n'est qu'un mauvais moment à passer et, après, tout redeviendra normal !
C'est avec cette pensée positive que j'entre chez moi. Une odeur alléchante sort de la cuisine et mon estomac gargouille.
Ma mère sort justement de la cuisine pour m'accueillir. Quand elle me voit, elle plisse les yeux :
— Où est donc ton ami photographe ?
Qu'elle parle de Maxime Ford en le qualifiant d'ami me fait grimacer.
— Il finit à 13h, il viendra après.
— Oh, d'accord ! Pendant un instant, j'ai cru que tu avais oublié de l'inviter !
Elle rigole toute seule puis, continue :
— J'ai fait du poulet rôti et des frites ! J'espère qu'il appréciera...
Je hausse les épaules :
— Qui n'aime pas le poulet et les frites ?
— Ahah, tu as bien raison ! Bon, j'y retourne !
Aussitôt dit, aussitôt fait, la revoilà reparti en cuisine. Je soupire en retirant ma veste et mes chaussures. Puis, je vais dans ma chambre et m'affale sur mon lit. Je regarde l'heure, il est 12h32, j'ai encore un peu de temps...
J'enfonce donc mes écouteurs dans mes oreilles et lance la musique. Je m'assois sur la chaise de mon bureau et sors le dessin que j'ai en cour. J'ai peut-être le temps de le terminer... Il ne manque plus que la coloration, ma partie préférée ! Ça me changera les idées !
Du bleu, du rouge, du vert, du jaune, du violet... Voilà, j'ai terminé ! Et je suis vachement fière de ce dessin !
Je regarde l'heure. 13h11. J'ai l'impression que mon cœur va s'arrêter. Le temps est passé beaucoup trop vite ! J'enlève mes écouteurs et tends l'oreille.
Ma mère a arrêtée de faire la cuisine et est en train de mettre la table. Je prends une grande inspiration pour calmer les battements frénétique de mon cœur.
C'est alors que j'entends quelqu'un toquer à la porte de chez moi. Ça ne peut être que lui... J'entends ma mère me crier :
— Marion, vas ouvrir à ton ami !
Je sers les dents. Aller, ce n'est qu'un repas. Rien d'horrible ne pourrait se passer...
Je sors de ma chambre, prends mon courage à deux mains et vais ouvrir la porte d'entrée. Devant moi se dresse Maxime Ford dans toute sa splendeur.
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