Je stresse. Oui c'est bien ça. J'appréhende énormément le repas de demain. Pourquoi ma mère a absolument voulu l'inviter, lui ? C'est vraiment la pire des choses qu'elle pouvait me faire !

Je suis actuellement en français et ensuite j'aurais trois heures pour manger. Je prie pour ne pas croiser Maxime dans les couloirs...

Je n'écoute même pas le cours. Je regarde par la fenêtre, plongée dans mes sombres pensées. Aujourd'hui, il y a du mistral. Le vent est froid et il souffle très fort. Les arbres sont secoués dans tous les sens. On dirait qu'ils vont craquer. Pourtant, ils restent ancrés dans le sol.

La sonnerie retentit, me tirant de ma contemplation. Je me lève et sors de la classe accompagnée de Christelle.

— J'ai pris des notes du cours ! J'ai vu que toi, tu ne l'as pas fais alors si tu veux je te les prête pour que tu les recopie !

J'ai du mal à croire que c'est Christelle qui est en train de me parler en cet instant. Je la regarde bouche-bée. Elle hausse les épaules.

— Je t'ai dis que j'allais faire un effort, je ne mentais pas !

On se dirige vers la queue de la cantine tout en continuant de discuter.

— Tu as l'air préoccupé Marion...

— La perspective de passer un repas avec Maxime me stresse...

— Maxime ? Ce prénom me dit quelque chose...

— Ben oui, c'est le prénom de ce mec stupide qui n'arrête pas de me souler depuis trois semaines...

Mon amie plisse les yeux. Elle n'a pas l'air convaincue par mon explication. On arrive devant les plateaux. Je le garnis de tout ce que je trouve. Christelle fait de même.

Nous allons nous installer à une table libre. Je vois Christelle regarder autour d'elle d'un air suspicieux. Puis, elle se tourne vers moi avec un sourire :

— Aucun signe de cet abrutis de Paul ! On peut manger tranquille !

Je hoche la tête et m'assois, toujours dans mes pensées. Mon amie soupire et me donne une petite baffe amicale.

— Bon Marion ! Il va falloir que tu te ressaisisse ok ? Ça ne sert à rien de stresser ! Vous allez juste manger ! Et en plus il y aura ta mère !

Je fixe mon amie avec des yeux ronds. C'est bien ça le problème ! Le combo ma mère + Maxime, ça me fait peur.

Soudain, je me raidis en agrippant la main de Christelle. Elle sursaute à mon geste.

— Qu'est-ce qu'il y a, encore ?

— Tu entends ce rire de poule ?

Elle fronce les sourcils et lève les yeux au ciel, exaspérée.

— Non. Il y a tellement de bruit dans cette cantine, je n'entends qu'un brouhaha...

— Mais si, je te jure ! Il n'est pas loin...

Je regarde discrètement autour de moi pour avoir Maxime dans mon visuel. J'écarquille les yeux quand je le vois sur ma gauche avec Élodie et une autre fille. Pourtant, il est en train de me regarder. Quand nos regards se croisent, il détourne les yeux et retourne à sa discussion avec les deux filles.

Je tourne ma tête vers Christelle, rouge pivoine. Celle-ci a un immense sourire jusqu'aux oreilles. Elle doit avoir vue la même scène que moi...

— Si tu veux mon avis, tu as une touche !

Je secoue frénétiquement la tête. Pas question ! Pas avec lui !

— Pas du tout ! Et puis, moi, je ne suis pas intéressée, je préfère de loin mon inconnu !

Elle lève à nouveau les yeux au ciel.

— Oui mais justement, il est inconnu. Il ne peut rien arriver de concret. En plus, il ne te répond même plus et il ne s'est pas montrer devant la classe d'anglais hier.

Christelle a vraiment ce don pour me mettre de mauvaise humeur... Je grimace à ses dires. Mais le pire c'est que tout ce qu'elle a dit est vrai...

On fini de manger. Enfin, j'ai surtout pressé Christelle pour qu'elle finisse de manger. Parce que je ne peux pas rester ici avec Maxime si près qui m'observe comme un psychopathe...

Nous sortons dans la cours et nous nous asseyons sur un banc dans un coin tranquille.

Arrive alors le moment où Maxime sort lui aussi de la cantine avec Élodie toujours collée à lui. Et, comble du malheur, il se dirige droit vers Christelle et moi. Oh non, pitié...

— Marion !

Je me crispe à l'entente de sa voix stridente. Il est maintenant en face de moi et attend que je lève mon regard vers lui. Ce que je fais après avoir pris une grande bouffée d'air.

— Quoi ?

— C'est quoi ton adresse pour demain ?

— Je te le dirais par texto...

— J'ai changer d'avis. Je veux que tu me le dise maintenant.

Je hausse les sourcils. Il se prend pour qui celui-là franchement ? Je soupire. Autant lui donner ce qu'il veut, au moins après je serais tranquille...

— 24 Chemin St Jean.

— Merci, à demain.

Il me fait un clin d'œil et se détourne. Christelle hoche la tête avec un sourire. Elle ouvre la bouche. Je sens que ce qui va en sortir sera une grosse connerie...

— Je te dis qu'il en pince grave pour toi ce gars !

Qu'est-ce que j'avais dis... Elle dit vraiment n'importe quoi...

Bientôt, c'est l'heure de reprendre les cours. On a encore français, puis histoire et enfin anglais. Le rêve... Mais, pour une fois, j'ai envie que le temps passe lentement.

Je ne veux vraiment pas être demain...