3 - Confrontation
L'ambiance au sein de la pièce était on ne peut plus tendue. L'Elite comptait à présent tous ses membres, à l'excepté de Priam et Morgan (évidemment).
- Ça me rassure pas pour la suite, pesta Cian tout en faisant les cent pas à travers l'espace.
- Arrête de paniquer, et tout ira bien, soupira Keeva.
Elle s'était assise sur une des tables de la salle de réunion, balançant ses jambes d'un air pensif. A ses côtés, se tenait Aiko, plus silencieuse que jamais. Une mèche de cheveux sombres coincée entre ses doigts fins, elle donnait l'impression d'avoir vu un fantôme tant son teint était pâle.
- Bordel, je sais pas où tout ça va nous mener, mais je sens que je vais pas aimer, laissa échapper Victor, qui cédait peu à peu à son angoisse.
- Reprenez-vous merde, ordonna alors Eden.
Son intervention eut pour effet de figer tous les autres membres dans leur activité.
- C'est pas bon pour votre moral, reprit-il. Concentrez-vous sur l'essentiel, je vais gérer ça tout seul.
- On est tous concernés par cette histoire ! s'écria soudainement Keeva en se levant.
Elle venait de hausser le ton face à Eden et cette initiative ne sembla guère l'enchanter. Un regard noir lui fit comprendre son agacement et la jeune femme souffla bruyamment puis finit par sortir, suivie de Cian et Aiko. La porte se referma, laissant Eden et Victor seuls, dans un silence pesant.
Le blond s'adossa à la table et se passa une main dans les cheveux.
- Pourquoi ne pas l'avoir arrêtée ? questionna-t-il, de plus en plus fatigué.
- Tu crois qu'elle progressera en continuant à se battre contre un de nous deux ? grimaça son ami, l'air amer.
- Non, conneries tout ça, reprit Eden en secouant la tête. L'époque où nous étions gamins est terminée Vic, ouvre les yeux.
Cette remarque arracha un rire nerveux à ce dernier.
- T'as raison, t'étais vachement plus jovial avant.
Le blond regretta sa remarque aussitôt fu-t-elle prononcée. Le regard d'Eden s'était durci et lorsqu'il prit la parole, il avait un ton nettement plus tranchant.
- Et toi vachement moins con.
Victor lui répondit par un silence, ce qui, pour eux, équivalait à un pardon mutuel. Les deux amis laissèrent échapper un soupir et ce fut finalement le métisse qui reprit, le ton plus calme et posé :
- De toute façon, on ne peut pas arrêter Morgan dans ses idées.
- Oui mais là, elle se met à dos Priam et...
- Tu la connais non ? demanda Eden en tentant de rire.
Victor hocha timidement la tête, pas vraiment convaincu. Il entendit son ami faire demi-tour et s'apprêter à sortir, mais il le retint en l'appelant :
- Quoi ? répondit-il, alors qu'il semblait avoir retrouvé son masque glacial.
- Tu pourras pas toujours la protéger, tu sais ?
***
Une odeur de désinfectant titilla les narines de Morgan lorsque Priam s'avança vers elle avec un tissu imbibé. Instinctivement, la jeune femme effectua un mouvement de recul et s'empara violemment de l'étoffe. Le jeune homme regagna une distance convenable et elle s'autorisa enfin à respirer normalement.
Un soupir franchit ses lèvres alors qu'il prit appui sur la table en composite de l'infirmerie. Morgan osa un coup d'œil en sa direction et aperçut les muscles de ses bras rouler sous sa peau. Ses larges mains étaient posées de part et d'autre du meuble, et elle se rappela aussitôt qu'elles étaient sur sa gorge il y avait une vingtaine de minutes.
La violence de l'affrontement ne lui avait pas échappée, Morgan avait même été étonnée de voir avec quelle facilité il l'avait soulevée de terre. Cet homme avait une force herculéenne, ce qui faisait sa réputation entre autres.
- Il y a un truc qui m'intrigue à propos de toi, commença alors la jeune femme.
Son interlocuteur se figea et lança un vague « oui » pour lui prouver qu'il l'écoutait.
- Pourquoi tant de haine envers moi ? demanda-t-elle en se levant et en s'étirant.
Ses membres lui faisaient mal, surtout sa nuque, toujours crispée suite à leur bagarre.
- Ecoute Collins, soupira Priam en se passant une main sur le visage. C'est pas en continuant à te battre contre cette épave d'Eden que tu progresseras.
- Ne parle pas de lui comme ça, siffla Morgan entre ses dents serrées. Il en sait beaucoup plus que tu ne le croies.
- Quelle ironie ! s'exclama son adversaire.
Il avança de quelques mètres pour venir murmurer, tout près de la jeune femme :
- Tu ne penses pas que s'il savait faire les choses aussi bien que tu ne me le dis, tu m'aurais battu ?
Elle s'immobilisa soudainement, sans pouvoir déterminer si c'était dû à ses paroles ou sa subite proximité. Une chose était sûre cependant : son rythme cardiaque s'accélérait et cela était tout à fait anormal. Priam se tenait à une distance bien trop moindre.
- Arrête de le voir comme un demi-dieu, ce n'est rien de plus qu'un maître dépassé par ses élèves.
La rage monta en elle sans qu'elle puisse l'arrêter.
- Ferme-là, t'as jamais été et tu ne seras jamais digne d'être son élève.
Priam s'avança encore d'un pas, et Morgan jura intérieurement.
- Recule, ordonna-t-elle, les lèvres serrées.
Le soldat lui coula un regard en coin et sourit. La jeune femme sentit son cœur s'accéléra à nouveau mais était-ce seulement possible ? Morgan sentit la main de son coéquipier lui effleurer la joue. A quoi jouait-il ? Ça ne lui ressemblait pas du tout.
- Quel dommage que nous nous détestons à ce point... murmura-t-il en la dévorant du regard.
Malgré sa proximité avec cet homme qu'elle ne pouvait supporter, la jeune femme aurait juré qu'une atmosphère bien particulière avait pris possession de la pièce. Une sorte de tension tendait l'air, comme un fil sur le point de se rompre mais qui résistait malgré tout.
A présent, la main de Priam s'aventurait dangereusement au niveau de son cou. Les marques de leur affrontement étaient encore bien présentes et il se faisait un malin plaisir de les torturer à nouveau, en exerçant de petites pressions dessus.
Un grimace de douleur tordit le visage de Morgan alors qu'un sourire peignit les lèvres de son adversaire.
- Arrête tes conneries, dit-elle, le souffle court.
Pourtant, il ne s'arrêta pas pour autant, et continua même. Sa large main entourait presque son cou en entier. Elle se sentit envahie par une profonde lassitude, comme si la volonté de lutter contre l'emprise de son supérieur l'avait complètement quittée. Priam possédait une force totalement hors de pensée, et se libérer de son emprise semblait tout bonnement infaisable.
Soudain, la porte de l'infirmerie s'ouvrit à la volée sur un Victor affolé.
- Morgan, la réunion va-
Le blond s'arrêta net en voyant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Une lueur de colère passa dans son regard qui se durcit aussitôt à la vue de Priam. Le soldat avait déjà lâché sa prise sur le cou de Morgan, pourtant son action n'avait pas échappée à la vue de Victor. Son supérieur quitta la pièce après lui avoir jeté un regard noir.
Aussitôt la porte fu-t-elle fermée, la jeune femme se passa la main sur son cou rougi. Son ami se précipita vers elle et passa son bras autour de son épaule :
- Ce salaud t'a touchée ?
De guerre lasse, elle ôte doucement la main du jeune homme et lui adressa un faible sourire :
- Tu viens ? La réunion va commencer.
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