Cette nuit-là, Madison rentra éméchée.
Elle avait traîné son vélo derrière elle, trop ivre pour le monter et s'en aller en pédalant. Essoufflée, elle avait ensuite abandonné le vélo à deux rues de chez elle, et avait continué à pied, seule. N'ayant plus de vélo sur lequel s'appuyer, elle trébucha, valsa d'un pied sur l'autre avant de parvenir à une posture plus ou moins stable. Elle avança difficilement jusqu'à chez elle, s'appuyant tant bien que mal sur les murs des bâtisses qui l'entouraient. Elle gravit les marches du perron à quatre pattes, insérant difficilement sa clé dans la serrure. Elle poussa finalement la porte, et manqua de tomber. Elle se rattrapa de justesse et ferma la porte d'entrée le plus doucement possible, ne voulant pas réveiller ses parents. Elle déposa ses clés sur le vide-poches et retira ses chaussures. En se redressant, elle fit tomber une petite enveloppe grisâtre de la commode: "Famille Hansen" y était inscrit à l'encre fine et noire. Elle l'ouvrit lentement et en sortit ce qui ressemblait à un carton d'invitation. L'esprit ailleurs, elle parcouru les quelques lignes rapidement. Elle allait reposer l'enveloppe, lorsqu'elle se rendit compte que rien de tout ce qu'elle venait de lire de faisait sens. Elle relu une seconde fois le papier. Un membre de sa famille semblait être décédé aux côtés de son conjoint dans un accident inexplicable. Elle relu les noms de ces deux personnes:
Hazel Curry et Jack Nills

Qui étaient ces personnes? Pourquoi n'en avait-elle jamais entendu parler?
Épuisée, elle abandonna finalement le papier et s'en alla se coucher.
Le lendemain, elle se réveilla tardivement, nauséeuse avec un mal de tête grandissant. Elle s'extirpa difficilement du lit et sortit lentement de sa chambre pour se rendre dans la cuisine. Elle sortit lentement des cachets qu'elle avala ensuite avec un verre d'eau.
Elle s'apprêtait à retourner au lit lorsqu'elle remarqua l'absence de ses parents. Pourtant, le téléphone de sa mère était resté sur le comptoir de la cuisine. Elle traîna des pieds dans le salon, mais n'y trouva personne. Elle chercha ensuite dans la salle de bain et la chambre de son frère, sans y trouver plus de monde. Elle soupira avant de se diriger vers la chambre de ses parents. Des murmures imperceptibles se faisaient entendre à travers la porte close.
Elle ouvrit brusquement la porte et fut saisit par une odeur de renfermé. Dans la pénombre, les murmures cessèrent un moment. Elle distingua une silhouette élancée s'approcher d'elle.
Son père lui sourit tristement, l'accompagnant à l'extérieur de la pièce. Il referma la porte et lui fit signe de le suivre dans la cuisine. Madison grommela avant de partir à sa suite. Dans la cuisine, son père passa une main distraite dans sa chevelure poivre-sel et lui demanda comment s'était passée sa soirée de la veille. Elle hocha les épaules, observant le visage épuisé de son père. Son visage était comme rongé par les rides et le poids des années. Il semblait avoir prit plus d'une dizaine d'années en l'espace d'une nuit. Madison lui demanda d'une voix pâteuse ce qu'il avait. Il sourit tristement, lui promettant qu'il allait bien.
_ Et maman alors? C'est pas normal qu'elle soit encore au lit alors qu'il est presque 15h.
Il haussa les épaules.
_ Tu sais, c'est l'anniversaire de la mort de Tante Hazel, aujourd'hui.
Madison le dévisagea, incrédule
_ Tante Hazel?
Son père hocha la tête.
_ Ça fait 13 ans aujourd'hui qu'elle et son mari sont morts dans un accident. Ta mère n'arrive toujours pas à s'en remettre.
_ Mais maman n'était pas genre fille unique?
Son père fronça les sourcils:
_ De quoi tu parles Maddie? Ta mère n'a jamais été fille unique. C'est vrai qu'on voit son côté de la famille moins souvent, mais ça ne les rend quand même pas inexistants. Le fait qu'ils habitent aux États-Unis ne facilitent pas les choses, c'est tout.
_ Euh... je ne crois pas. Maman est fille unique. Elle n'a pas de frères et sœurs.
_ Ah bon? Et ce n'était pas chez ses frères que tu as passé les vacances l'été dernier, peut-être?
_ Je ne crois pas non, étant donné que je ne suis jamais allée aux États-Unis.
_Bon écoute Madison, si c'est encore une de tes blagues, je n'ai vraiment pas le temps pour ça, s'impatienta son père
_Mais papa, c'est pas une blague...

Son père la foudroya du regard et retourna dans sa chambre. Madison, elle, restait démunie, dans la cuisine. Elle était persuadée de n'avoir jamais eu d'oncles ni de tantes du côté de sa mère. Et elle était sûre de n'être jamais allé aux États-Unis.
Elle retourna dans l'entrée, cherchant l'enveloppe qu'elle avait vu la nuit dernière. Son père avait dû la prendre. Frustrée, elle alla dans le salon et ouvrit les placards où sa famille rangeait les albums photos.
Elle feuilleta rapidement les pages, pour finalement trouver une photo d'elle petite, dans les bras d'une femme brune. Toutes deux souriaient à l'objectif. Sous la photo, était inscrit maladroitement: Tante Hazel et Maddie, août 2001.
Elle resta perplexe. Ces photos avaient été prise l'été où ils avaient acheté leur maison. Madison se souvenait de la joie qu'ils avaient ressentit lorsque Caleb et elle avaient découvert leur nouvelle maison. Ils avaient couru à l'intérieur, balayant d'un regard émerveillé les différentes pièces de l'habitation. Leur père était ensuite venu les trouver, leur tendant deux glaces au chocolat.
Elle se souvenait de cette photographie. Caleb et elle avait demandé à prendre une photo dans leur nouvelle chambre. Leurs visages d'enfants étaient barbouillés de glace tandis qu'ils s'enlaçaient, tout sourire, devant l'objectif.
La photographie originelle semblait à présent avoir été remplacée par un cliché identique dans lequel Caleb ne figurait pas. " Tante Hazel" avait prit sa place.
Elle chercha alors des photos de son frère jumeau mais n'en trouva pas. Surprise, elle sortit un second album photo et continua sa recherche.
Elle trouva finalement un cliché de son frère et elle datant de 2003. Sur la photo, il paraissait beaucoup plus âgé qu'elle, comme un frère aîné, plutôt qu'un jumeau.
La photo était légendée de la même écriture maladroite:
Caleb et Madison décembre 2003 / départ de Caleb aux USA
Après cette date, son frère ne figurait plus dans aucun album photo familial. Il avait comme disparu. Madison arracha les deux pages de photo qui l'intéressait, les fourrant dans son pantalon de jogging. Elle rangea rapidement les albums dans le placard et retourna dans sa chambre. Elle alluma son ordinateur et se connecta sur les réseaux sociaux.
Elle entra dans chacun d'eux les mots clés: Caleb Hansen.
Le profil d'un homme brun d'une trentaine d'années apparaissaient en tête de liste. Sur les clichés figuraient une version plus âgée, plus mature de son frère jumeau, vivant aux États-Unis.
Madison expira lentement, s'assurant que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, qu'une hallucination. Elle se pinça, se claqua dans l'espoir de se réveiller, mais les clichés de Caleb Senior ne disparaissaient pas de son écran. Elle supprima les différents onglets et rentra de nouveau dans la barre de recherche le nom de l'auteur de Midnight Break, Aksel Jude. Après avoir écumé une bonne dizaine de pages internet, elle tomba finalement sur un blog littéraire où figuraient l'adresse et le numéro de téléphone de l'auteur. Ce dernier semblait vivre en Suède. Elle grinça des dents face à l'indicateur téléphonique suédois et le hors-forfait qu'elle ferait si elle appelait ce numéro.
Finalement, elle composa le numéro. Après deux sonneries, un homme décrocha. Il s'exprima d'une voix grave en suédois. Madison ne comprit pas. Elle baragouina en anglais qu'elle ne parlait pas la langue.
L'homme soupira et reprit la conversation en anglais:
_ Comment puis-je vous aider, mademoiselle?
_ Vous êtes Aksel Jude? L'auteur de Midnight Break? Je m'appelle Madison et j'ai 19 ans...
_ Comment as-tu eu ce numéro?
_ Est-ce que vous êtes Aksel Jude?
_ Oui. Qu'est-ce que tu veux gamine?
_ Je disais donc, je m'appelle Madison Hansen et ....
_ Hansen?
_ Oui.
_ Comme Caleb Hansen?
Madison hésita avant de répondre par l'affirmative.
_ Retrouve-moi demain à Stockholm.
_ Demain? Mais...

Elle n'eu pas le temps de terminer sa phrase qu'il avait raccroché. Comment connaissait-il son frère? Et comment était-elle censée se rendre à Stockholm sans éveiller les soupçons de ses parents?

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ce chapitre est plus long que les précédents. l'intrigue se précise. qu'avez-vous pensé du chapitre? les lecteurs de ma fiction Amnesia auront probablement remarqué l'apparition impromptue d'Hazel, personnage principal de cette fiction, dans ce chapitre de Midnight Break. en effet, tous les personnages de mes histoires sont liés par des liens familiaux, amicaux ou autre! quels personnages pensez-vous retrouver par la suite dans MB?
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