2 - playlist, motel et gravillons
PDV HARRY :
Mackenzie et moi sympathisons rapidement, et nous discutons donc de tout et de rien durant tout le trajet. Je lui explique que j'habite en Angleterre, que je viens juste de passer un entretien d'embauche à Philadelphie, et que ma famille possède une maison de vacances à Miami, ce qui me permet d'y passer tous mes étés depuis que je suis au collège. Mackenzie commence bien évidemment par me raconter comment elle s'est retrouvée toute seule sur cette aire d'autoroute, et je lui conseille d'appeler la compagnie pour exiger le remboursement de son billet. Cette histoire est quand même plutôt dingue quand on y pense...
Elle me parle ensuite de ses centres d'intérêts ; notamment la lecture et la course à pied, avant de me dire qu'elle vit à New-York avec sa grand-mère et qu'elle obtiendra un diplôme en littérature française dans un an. Elle semble si passionnée par ses études que je ne me lasse pas de l'entendre en parler. Sérieusement, je crois que je pourrais l'écouter raconter n'importe quoi pendant des heures. Elle me parle aussi beaucoup de ses amis, notamment d'une certaine Charlotte, ce qui me fait penser qu'elles sont extrêmement proches.
Mackenzie m'explique ensuite qu'elle a vécu en Europe lorsqu'elle était plus jeune, et c'est à mon tour de parler d'un sujet lequel je suis intarissable : Gemma, ma sœur. Je lui apprends qu'elle est photographe, et que son métier l'amène ainsi à voyager un peu partout. Cela semble beaucoup intéresser Mackenzie puisqu'elle se met alors à me poser de nombreuses questions à propos de ma sœur et ses voyages au bout du monde.
"Et en septembre, elle partira en Afrique du Sud pour vivre avec une tribu indigène pendant un mois." continuais-je avant de piocher dans le paquet de Dragibus qu'elle a posé pour nous deux sur le tableau de bord.
"Et là, elle est en Angleterre ?"
"Oh, ça non, elle est au Japon... ou en Chine, je ne sais plus. Elle photographie la tournée d'un groupe coréen pendant encore un mois." lui expliquais-je en la regardant pendant quelques secondes.
Son coude est calé sur le rebord de la portière et son menton est appuyé dans la paume de sa main, tandis qu'elle me regarde conduire avec attention. Le soleil a commencé à descendre il y a environ une petite heure, mais il fait déjà nuit noire et les phares de ma voiture de location sont la seule lumière qui éclaire son visage. Elle a l'air fatiguée, mais son petit sourire n'a cependant pas quitté ses lèvres depuis qu'elle est montée dans ma voiture. Je ne regrette pas de lui avoir proposé de l'emmener.
"Ça ne t'inquiète pas qu'elle soit aussi loin ?" me demande-t-elle en prenant un autre bonbon.
"Gemma n'est jamais en Angleterre, ou alors pendant très peu de temps, mais elle nous donne souvent des nouvelles alors c'est comme si elle était quand même avec nous." affirmais-je en frottant mes yeux pour essayer de me maintenir bien éveillé.
Je jette un rapide coup d'œil à l'autoradio qui diffuse de façon aléatoire une de mes playlists Spotify, et vois que 21h24 clignote en vert sur l'écran. Six heures se sont donc écoulées depuis que j'ai repris la route après ma pause café à la station-service, mais discuter avec Mackenzie est tellement divertissant que je n'ai pas vu le temps passer. Toutefois, je n'en peux plus d'être assis derrière ce volant, j'ai envie de me lever, d'étendre mes jambes. Savoir que nous sommes bientôt arrivés me soulage.
"Je vois..."
"C'est aussi pour ça que je veux aller travailler aux États-Unis. J'ai 25 ans, il serait peut-être temps que je m'éloigne de chez mes parents." soupirais-je en passant mes doigts dans mes cheveux pour les décoller de mes tempes recouvertes d'une légère couche de sueur.
Je baisse un peu ma vitre, ce qui fait entrer de l'air de la nuit dans l'habitacle et me rafraîchit.
"Tu ne crois pas que changer de continent est un peu excessif ?" rétorque-t-elle en haussant les sourcils.
Je suis sûr qu'elle ne comprend pas ma façon de voir les choses, mais ça ne me dérange pas. D'après ce qu'elle m'a raconté à propos de sa grand-mère, elles semblent avoir une relation très fusionnelle. Cela ne m'étonnerait pas qu'après avoir fini ses études, elle achète une maison à proximité de là où habite sa grand-mère afin de pouvoir lui rendre visite dès qu'elle en a envie.
"Ma mère est une vraie mère poule," expliquais-je en mettant mon clignotant pour m'engouffrer dans une allée, "et puis rien ne m'empêche de retourner en Angleterre après quelques années."
J'arrive devant le motel et me gare sur une place parking la plus proche possible du bâtiment.
"On s'arrête ?"
"Oh, oui, je m'arrête ici pour la nuit." annonçais-je en coupant le moteur. "Je ne te l'ai pas dit ?"
Je détache ma ceinture de sécurité et sors en claquant la portière. Je fais ensuite le tour de la voiture et pour aller ouvrir le coffre et y récupérer mon sac pour la nuit. Cependant, je n'entends pas la portière de Mackenzie s'ouvrir, ni se refermer, et je remarque qu'elle est toujours assise sur le siège passager. Je me penche pour la regarder entre la plage arrière et le toit de la voiture.
"Euh... Mackenzie ?" l'appelais-je et elle se retourne, toujours assise à l'avant. Je doute même qu'elle ait enlevé sa ceinture de sécurité. "Tu comptes dormir dans la voiture ?"
"Oh, je... Non." bafouille-t-elle et, malgré la pénombre, je crois voir ses joues prendre une teinte légèrement plus foncée.
Elle se détache et range rapidement ses affaires dans son sac. Pendant ce temps, j'enfile ma veste en jean, mets mon sac de voyage sur mon épaule et referme le coffre. Une fois que Mackenzie est sortie, je verrouille la voiture et nous marchons jusqu'à l'accueil.
"Je suis désolé, je pensais vraiment t'avoir dit qu'on allait s'arrêter ici." m'excusais-je avant d'humidifier mes lèvres.
"Non, c'est normal. Il y avait trois conducteurs dans le car qui se relayaient pour qu'on ait pas à faire trop de pauses, j'aurais dû me douter que tu ne pouvais pas faire seize heures de routes à toi tout seul, et sans dormir." sourit-elle et je suis content de voir qu'elle ne le prend pas mal.
"Après vous, ma chère." fais-je de façon théâtrale en lui ouvrant la porte pour la laisser passer.
"Merci, monsieur." réplique-t-elle en riant.
Nous entrons dans la hall du bâtiment et Mackenzie s'accoude au comptoir avant de bâiller. Je dépose mon sac de voyage par terre et appuie sur la petite sonnette pour appeler un employé.
"Je ne t'ai même pas demandé si tu avais de l'argent. Je peux payer pour toi, si tu veux ?" proposais-je en sortant mon portefeuille pour vérifier qu'il me reste du liquide.
"Ne t'en fais pas, j'ai de l'argent sur moi. C'est déjà très gentil à toi de m'emmener jusqu'à Miami."
"C'est rien, ça me fait plaisir." la rassurais-je et elle hoche la tête. "La route est passée plus rapidement avec toi."
"Rouler avec toi c'est plus amusant que dans le car." réplique-t-elle, ce qui me fait sourire.
La route est plus amusante avec elle aussi. Peut-être que la prochaine fois je devrais prendre quelqu'un en auto-stop. Un employé arrive enfin, et il dépose un trousseau plein de clefs derrière le comptoir. Le téléphone de Mackenzie se met à sonner et je lui fais signe de décrocher pendant que je m'occupe de réserver nos chambres.
"Vraiment désolée..." chuchote-t-elle en posant son portable contre son oreille avant de s'éloigner pour prendre son appel.
"C'est bon, je suis prêt. Désolé pour l'attente, j'ai dû apporter un oreiller supplémentaire en 108." s'excuse l'homme en face de moi une fois qu'il s'est assis et qu'il a déverrouillé son ordinateur.
"Ce n'est rien." dis-je avant de jeter un coup d'il par dessus mon épaule à Mackenzie qui arpente l'entrée du hall de l'accueil en discutant au téléphone. "Je voudrais deux chambres, s'il vous plaît."
"Deux chambres, d'accord..." Il clique plusieurs fois et fait défiler l'écran à l'aide de sa souris. "Vous avez de la chance, on est plutôt vide en ce moment. Vous avez des demandes spécifiques concernant les chambres ?"
"Heu... Est-ce que vous en avez qui sont voisines ?" demandais-je en haussant les épaules.
Il lève les yeux de son écran et son regard passe de moi à Mackenzie, puis de Mackenzie à moi. Un sourire bizarre s'affiche alors sur son visage et il émet un petit rire, ce qui me fait froncer les sourcils.
"Ah, je vois..." Il rit à nouveau, cette fois plus fort. Je me retourne et remarque que Mackenzie nous regarde. Je lui souris et elle recommence à marcher en ronds. "Je peux dire qu'il ne reste plus qu'une chambre, si vous voulez, ça sera plus simple pour..."
"Pour rien du tout." finissais-je en m'approchant du comptoir, agacé par son attitude et ses sous-entendus concernant Mackenzie. "Je peux avoir nos clefs maintenant ?"
"Désolé, je voulais juste vous aider." réplique-t-il en haussant les sourcils avant de cliquer à nouveau sur sa souris et de taper quelque chose à toute vitesse sur le clavier de son vieil ordinateur. "C'est bon, j'ai deux chambres. Elles sont à quel nom ?"
"Styles."
Il me demande ensuite une pièce d'identité, je signe un registre, et il se lève pour aller chercher nos clefs.
"Chambre 203 et 204. Prenez l'escalier sur la gauche en sortant et vous y serez." m'indique-t-il et je récupère les clefs et mon sac de voyage.
"Merci." lui dis-je, cette fois-ci plus calmement, avant de retourner vers Mackenzie qui a terminé sa conversation téléphonique.
"Hey, Monsieur Styles." m'appelle-t-il et je me retourne. Ai-je oublié quelque chose ? "Les chambres communiquent."
Je lève les yeux au ciel et me dirige vers la porte. Mackenzie me suit à l'extérieur en rangeant son portable dans sa poche.
"Je suis désolée, c'était ma grand-mère. Tu as eu des chambres ?"
"Oui, tu préfères la 203 ou la 204 ?" demandais-je en lisant les numéros sur les porte-clefs.
"La 203 m'a l'air bien."
"Tiens." dis-je en lui tendant sa clef. "Tu n'as pas de valise, mais tu as des vêtements de rechange ?"
Je la guide jusqu'aux escaliers et vérifie les numéros inscrits sur les portes devant lesquelles nous passons.
"Oui, j'ai de quoi tenir un ou deux jours avec ce qu'il y a dans mon sac."
"Si jamais tu as besoin de quelque chose, j'ai d'autres vêtements dans ma valise, j'irais les chercher dans le coffre." offrais-je en ajustant la anse de mon sac de voyage sur mon épaule.
"Merci, Harry."
Je lui souris et nous arrivons enfin devant nos chambres.
"Je dépose mes affaires et on va chercher à manger ?" proposais-je en déverrouillant la porte de ma chambre. "Il y a un restaurant pas loin."
"D'accord." accepte-t-elle et je rentre dans ma chambre.
Je pose mon sac sur la commode qui se trouve près de la porte avant de ressortir. Mackenzie et moi nous rendons ensuite jusqu'au petit restaurant à pied, et une fois que notre commande à emporter est prête, elle insiste tellement pour payer mon repas que je n'arrive pas à refuser. Pour manger, nous allons nous installer derrière le motel et j'enlève mes chaussures pour pouvoir tremper mes pieds dans la piscine. Mackenzie décide de faire la même chose et elle dénoue ses baskets à son tour.
"Je ne crois pas qu'on ait le droit d'être ici." me dit-elle en faisant des plis au bas de son pantalon pour éviter qu'il ne soit mouillé.
"On ne fait rien de mal, ne t'en fais pas." répliquais-je en haussant les épaules avec un petit sourire avant d'ouvrir ma canette. "Bon appétit."
Même si elle ne semble pas approuver l'emplacement que j'ai choisi pour manger, elle trinque avec moi en entrechoquant sa canette avec la mienne.
"Bon appétit à toi aussi." me sourit-elle.
Je bois une gorgée de soda et Mackenzie s'occupe de répartir entre nous ce que nous avons acheté à manger.
"Merci d'avoir payé." répétais-je pour la troisième fois depuis que nous sommes revenus près du motel.
"Tu as conduit pendant six heures cette après-midi, je peux bien payer pour ton repas." rit-elle, et je remarque que cela la gêne puisque ses joues prennent une légère teinte rosée. J'adore son rire. Et j'adore quand elle est gênée et qu'elle rougit. Elle attrape sa salade au poulet et verse un peu de sauce dedans avant de mélanger le tout. "Je t'ai fait confiance en prenant cette salade, donc j'espère qu'elle est bonne."
"Oh, crois-moi, elle est délicieuse." assurais-je en prenant la mienne. "Manges-là avec tes frites de patate douce, c'est encore meilleur comme ça."
Avec sa fourchette en plastique noire, elle pique un peu de salade et une frite avant de mettre le tout dans sa bouche. Elle mâche une ou deux fois et j'attends sa réaction.
"C'est vraiment bon." affirme-t-elle en hochant la tête.
"Tu vois ? C'est pour ça que je viens tout le temps ici."
"Oh, je pensais que c'était pour le motel." plaisante-t-elle avant de tremper une frite de patate douce directement dans la sauce à salade.
"Je sais que c'est pas le grand luxe, mais il y a la climatisation dans toutes les chambres et c'est pas cher." expliquais-je après avoir avalé un morceau de poulet.
Nous continuons de discuter tout en mangeant, et Mackenzie s'amuse à faire des ronds dans l'eau en bougeant ses jambes. Nous restons assis autour de la piscine pendant près de deux heures, même après avoir terminé nos salades. Ce n'est que lorsque Mackenzie se remet à bâiller que je lui propose de retourner dans nos chambres.
C'est donc le sac en papier rempli de nos déchets dans une main, et mes chaussures et mes chaussettes dans l'autre que je fais le tour du motel. Mackenzie utilise son téléphone pour éclairer là où nous marchons étant donné que plus aucune lampe n'est allumée à l'extérieur du bâtiment. Traverser l'allée goudronnée pour revenir jusque devant le motel est un jeu d'enfant, mais lorsque nous devons passer par une allée gravillonnée, mes pieds en souffrent atrocement.
"On aurait dû utiliser les dernières serviettes en papier pour sécher nos pieds et pouvoir remettre nos chaussures." se plaint Mackenzie en grimaçant à chaque nouveau pas qu'elle fait.
Nous marchons lentement, comme si cela pouvait limiter la douleur que les petits cailloux infligent à nos pieds. À dire vrai, nous avançons tellement lentement que ça en est risible. Je me mettrais bien à rire si je n'avais pas autant mal aux pieds.
"C'est bientôt terminé, on est presque aux escaliers." déclarais-je en pinçant mes lèvres pour contenir la douleur.
Quand nous arrivons enfin près des escaliers, Mackenzie s'empresse de grimper sur la première marche et soupire d'aise. Je me place rapidement sur la marche à côté d'elle et ai la même réaction. Soudain, nous nous regardons et j'éclate de rire. Elle me fait signe de me taire pour ne pas déranger les gens qui dorment, mais rapidement, elle se met elle aussi à rire.
Je passe mon bras sur ses épaules et nous avançons jusqu'à notre chambre. La fraîcheur de la passerelle en fer apaise mes pieds douloureux, et je n'ai plus qu'une hâte ; aller les tremper dans l'eau. Nous nous arrêtons devant nos chambres respectives, et je me tourne vers elle pour la regarder. Elle lève la tête vers moi et me sourit tout en regroupant ses longs cheveux bruns sur son épaule gauche. Ses yeux marrons sont pétillants à force d'avoir ri et merde alors elle est tellement jolie.
"Bonne nuit, Harry." me souhaite Mackenzie avec un grand sourire. Oh, ce sourire... Il est presque aussi pétillant que ses yeux.
Je me racle la gorge et regarde ailleurs pour m'empêcher de la fixer.
"Hmm... Oui, dors bien." dis-je en fourrant ma main dans la poche de mon jean pour trouver ma clef.
"À demain."
Je relève ensuite la tête vers elle, ce qui me vaut un dernier sourire de sa part avant qu'elle ne rentre dans sa chambre. Une fois qu'elle a refermé la porte derrière elle, je laisse échapper un soupir alors que je ne m'étais même pas rendu compte que je retenais pas respiration et, à mon tour, j'entre dans ma chambre.
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