Chapitre 13 : La force du deuil
Tw : Certaines scènes à caractère sexuel ou violentes peuvent heurter la sensibilité de certains. Je demande donc à ceux qui sont sensibles à différents type de violence de prendre en considération.
(Scarification, Torture, meurtre, violence, viol)
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Mia Regina
Arès Kyle Vitale.
Je relâche mon emprise sur elle et la regarde s'éloigner, ses pas résonnant dans le couloir. Je n'avais aucune intention de lui faire peur comme ça, mais elle l'avait cherché en m'ignorant comme elle le faisait.
Je sais qu'elle est forte, elle me l'a prouvé lorsqu'elle s'est fait enlever, et sa détermination pourrait être une arme à double tranchant.
Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour elle, même si je ne le montrerai jamais. Dans ce monde impitoyable dans lequel nous l'avons obligée à plonger, la moindre faiblesse, la moindre vulnérabilité peut être fatales.
Je me détourne finalement et me dirige vers le bureau de mon père. J'y passe la moitié de mes journées, mes pensées tourbillonnantes. Le poids des responsabilités pèse lourd sur mes épaules.
Je dois protéger notre organisation, mais je sais aussi que je ne peux pas tout contrôler. Il y a des forces à l'œuvre, des ennemis tapis dans l'ombre, prêts à frapper au moment où nous nous y attendons le moins.
En entrant dans mon bureau, je referme la porte derrière moi et m'installe à mon bureau. Un épais dossier m'attend, rempli de rapports et de notes sur nos activités récentes.
Je commence à les feuilleter, cherchant des indices, des signes de trahison ou de faiblesse au sein de notre groupe. Chaque détail compte, chaque mouvement doit être calculé avec précision.
Une note attire particulièrement mon attention. Elle provient de l'un de mes informateurs les plus fiables, Sergei. Il parle de mouvements suspects dans les quartiers au sud de la ville, de nouveaux joueurs entrant en scène.
Cette nouvelle menace pourrait-elle être liée à ce que je ressens depuis quelque temps ? Une menace grandissante, invisible mais terriblement réelle.
Je soupire, frottant mes tempes pour chasser la fatigue. Le téléphone sur le bureau vibre soudainement, interrompant mes pensées. Je décroche sans hésiter.
"Oui ?" dis-je d'une voix ferme.
"C'est moi, Salvatore," répondit une voix familière à l'autre bout du fil. "Nous devons parler. En personne."
Je reste silencieux un moment, pesant mes options. Salvatore n'est pas quelqu'un qui se déplace pour rien. S'il veut me voir, c'est que la situation doit être grave.
"D'accord," dis-je finalement. "Où et quand ?"
"Demain soir, au vieux hangar. Seuls. Je ne veux pas attirer l'attention." répondit-il précipitamment avant de raccrocher.
Je repose le téléphone et m'enfonce dans mon fauteuil, réfléchissant à cette rencontre imprévue.
Que peut bien avoir découvert Salvatore ?
Et comment cela pourrait-il affecter notre organisation ?
Je sais que je dois être prêt à tout.
La nuit passe lentement, chaque minute semblant s'étirer à l'infini. Mes pensées retournent sans cesse à elle, à sa force, à son courage et à la lueur de défi dans ses yeux. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour elle, même si je sais qu'elle est plus forte qu'elle ne le croit.
Finalement, le matin arrive, et je me prépare pour la journée à venir. La rencontre avec Salvatore me hante, mais je sais que je dois rester concentré. Notre sécurité en dépend.
Sa sécurité en dépend.
Je jette un dernier regard aux dossiers étalés sur mon bureau avant de quitter la pièce. Chaque pièce du puzzle doit être examinée, chaque détail doit être pris en compte.
Je sais que les prochaines heures seront cruciales, non seulement pour moi, mais pour toute notre organisation. Et je suis prêt à faire face à tout ce qui viendra.
Pour elle.
La journée avance rapidement, rythmée par les rencontres et les décisions à prendre. Je n'ai vu personne de la journée à part mes hommes qui gèrent les transactions de nos marchandises.
Chaque moment est une course contre la montre, et je ne peux me permettre de perdre du temps. L'esprit toujours en alerte, je prépare notre rendez-vous de ce soir avec Salvatore, anticipant les informations cruciales qu'il doit partager.
Le crépuscule tombe, je me dirige en quatrième vitesse vers le vieux hangar, un lieu désaffecté qui a longtemps servi de repaire pour nos réunions clandestines.
L'obscurité et la solitude de cet endroit en font un lieu de choix pour des discussions sensibles. Je vérifie les alentours, m'assurant que personne ne m'a suivi, puis j'entre dans le hangar.
Salvatore m'attend dans la pénombre de cet entrepôt. Il se tourne vers moi en entendant mes pas, et je peux discerner la tension dans ses traits. Sans perdre de temps, il entre dans le vif du sujet.
— Arès, j'ai découvert quelque chose qui ne va pas te plaire. Un groupe rival, plus organisé et plus puissant que ce que nous avons affronté jusqu'ici, se prépare à nous attaquer, s'empressa-t-il de dire, sa voix grave résonnant dans le hangar vide.
— Des détails ? demandais-je, cherchant à évaluer la menace.
— Leur chef se fait appeler 'Le Bourreau'. Il est rusé, impitoyable, et semble avoir des ressources considérables à sa disposition, commença-t-il. Ils ont recruté des hommes parmi nos anciens alliés, et sont prêts à frapper fort et vite, termina Salvatore, les sourcils froncés.
Je hoche la tête, absorbant chaque mot qu'il prononce. Le Bourreau. Un nom qui pourrait bien devenir synonyme de danger pour notre organisation. Je savais que nous aurions des ennemis, mais l'ampleur de cette nouvelle menace est préoccupante.
— Mhmm... Nous devons réagir prudemment et intelligemment, dis-je, la détermination renforcée par cette nouvelle. Nous devons identifier leurs faiblesses et frapper les premiers, avant qu'ils ne puissent nous atteindre, finis-je par prononcer d'un ton sec.
— Je vais mobiliser nos informateurs et nos hommes. Nous devons aussi renforcer notre sécurité. Chaque membre de notre organisation doit être prêt à défendre notre territoire, acquiesca Salvatore.
Alors que nous discutons des détails de notre plan d'action, une pensée me traverse l'esprit. Je ne peux m'empêcher de penser à elle, à sa détermination et à son courage.
Si "Le Bourreau" et ses hommes s'approchent, elle devra être prête à faire face à ce nouveau danger. Je sais qu'elle est forte, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter.
— Salvatore, nous devons augmenter la sécurité, dis-je soudainement, le ton de ma voix laissant entrevoir une vulnérabilité qui ne devrait pas exister.
Il me regarde surpris, puis hoche la tête, comprenant où je voulais en venir.
— Je m'en chargerai. Nous veillerons sur elle et sa sécurité, dit-il, sûr de lui.
La réunion se termine, et je quitte le hangar, le poids des nouvelles informations pesant lourdement dans mon esprit. La nuit est fraîche, et chaque pas vers ma voiture me rappelle la gravité de la situation.
Le pseudonyme de l'enfoiré qui essaye de nous atteindre résonne dans mon esprit comme un rappel constant du danger imminent.
En rentrant, je me dirige immédiatement à ma chambre. Je m'arrête un moment devant la baie avant d'ouvrir le balcon pour me diriger vers la rambarde, regardant le paysage en contrebas.
La faible luminosité de la lune scintille, une façade de normalité dans un monde rempli de violence et de trahison.
Je sais que les jours à venir seront cruciaux, et chaque décision pourrait déterminer le tournant de notre histoire.
Mon balcon est relié au sien, et une faible lumière provenant de sa chambre me montre qu'elle ne dort pas.
Cinaphée Héra Tarantino.
Je me tiens près de la fenêtre, regardant l'obscurité de la nuit. Les étoiles sont cachées par des nuages épais, et la lune peine à percer cette couverture. Je ressens une agitation intérieure, une tension qui ne me quitte pas. Je suis pleinement consciente que je baigne à présent dans un monde qui ne m'appartient pas.
Une faible lumière s'échappe de la chambre voisine. Je sais qu'il est là, éveillé comme moi. Je peux apercevoir sa carrure se tenant près de la rambarde, seulement éclairée par la faible lumière provenant de sa chambre ainsi que par celle de la lune qui se faufile à travers les nuages.
Arès... Nos destins sont désormais entrelacés, et chaque décision que nous prendrons pourrait changer le cours de notre histoire commune.
Je ferme les yeux, cherchant à apaiser mon esprit tant bien que mal.
Je sors sur le balcon, laissant la fraîcheur de la nuit m'envelopper. La lumière de sa chambre est toujours là, comme un phare dans l'obscurité. Je me demande s'il ressent la même chose, cette anticipation mêlée de peur et d'espoir. Je sais que nous devons être forts, pour nous-mêmes et pour ceux qui comptent sur nous.
D'un pas déterminé, je me dirige vers le bord du balcon et tourne la tête de son côté, cherchant à apercevoir son visage. Nos regards se croisent, et dans ce moment suspendu dans le temps, je vois dans ses yeux une promesse, qui me réconforte.
— Tu ne devrais pas être là, prononça-t-il d'une voix lasse.
Je m'avance un peu plus, mes mains s'accrochant légèrement à la rambarde du balcon.
— Je ne pouvais pas dormir, répondis-je doucement, les yeux rivés sur l'horizon.
Il soupire. Je remarque la fatigue creuser des ombres sous ses yeux. Cette guerre silencieuse nous use tous les deux, mais il porte un poids bien plus lourd que le miens sur ses épaules.
— Tu devrais aller dormir, annonça-t-il simplement, ne me donnant pas de réponse à ma question.
Je reste immobile, luttant contre l'envie de discuter davantage, de trouver des réponses ou du réconfort. Je sais qu'il a raison, je sais que je devrais aller me reposer.
— Promets-moi que tu te reposeras aussi, dis-je finalement, ma voix plus douce, presque suppliante.
— Qu'est-ce que ça peut te foutre, gamine, répondit-il, un sourire narquois naissant sur son visage.
Ses mots me blessent plus que je ne voudrais l'admettre, mais c'est Arès, il est ce qu'il est. Je serre les dents, refusant de me laisser déstabiliser.
— Parce que tu es celui qui gère toute cette merde, Arès, et tu as plongé mon petit frère dedans. Il est hors de question que ce soit, un zombie qui lui donne des ordres et des démarches à suivre, commençais-je. Putain Arès, ils ont besoin de toi à ton meilleur et pour cela, tu as besoin de repos comme eux ! terminais-je, la colère montant en moi, pointant un doigt vers l'intérieur de la villa.
Son sourire narquois s'efface légèrement, remplacé par une lueur de surprise. Il détourne les yeux, comme s'il était pris au dépourvu par ma sincérité.
Un silence tendu s'installe entre nous. Je peux voir le combat intérieur qu'il mène pour maintenir son image d'invincibilité. Je respire profondément, essayant de calmer la rage qui bouillonne en moi. Il doit comprendre à quel point il est crucial pour nous tous.
Arès Kyle Vitale.
Je regarde Cinaphée. Malgré sa colère, je vois la sincérité dans ses prunelles qui m'hypnotisent à chaque fois qu'elle pose son regard sur moi. Elle a raison.
J'ai plongé son petit frère dans mon monde, elle a le droit d'être en colère, elle a le droit de m'en vouloir. Je ne lui ai pas demandé son avis, mais elle n'a pas empêché que cela arrive non plus.
Je me dois d'être à la hauteur de cette responsabilité. Mais c'est tellement difficile de tout porter seul. Je soupire une nouvelle fois, sentant le poids des responsabilités peser encore plus lourdement sur mes épaules.
Mon regard se détourne vers l'intérieur de la villa. Les personnes à l'intérieur comptent sur moi, ils dépendent de moi.
Mais comment leur donner ce dont ils ont besoin si je suis épuisé ?
— Cinaphée... commençais-je, ma voix plus douce, presque hésitante. Je sais que tu as raison. Mais c'est plus compliqué que tu ne le penses... terminais-je, le regard perdu dans le vide.
Je la vois s'approcher, ses doigts serrant la rambarde du balcon. Sa détermination est palpable, et cela me touche plus que je ne veux l'admettre.
— Tu n'as pas à tout gérer tout seul, dit-elle doucement, presque comme un chuchotement. Ils sont tous ici pour t'aider, pour te soutenir. Mais tu dois les laisser le faire. Ils ont besoin de toi, Arès. Vraiment besoin de toi, entier et fort, termina-t-elle d'un ton assuré et calme.
Ses mots résonnent en moi, et pour la première fois depuis longtemps, je me sens vulnérable. La façade d'invincibilité commence à se fissurer et je n'aime pas ça. Je réalise que je ne peux pas continuer ainsi, que je dois accepter l'aide de ceux qui m'entourent.
— D'accord, concédais-je enfin, ma voix chargée de fatigue. Je vais essayer de trouver le sommeil. Pour eux.
Je vois que mes paroles lui conviennent, une petite victoire pour elle dans cette nuit oppressante. Son sourire sincère m'offre un réconfort inattendu.
— Merci, murmura-t-elle.
Je hoche la tête, nous restons un instant en silence, profitant de cette connexion. Puis je me redresse, prêt à retourner à mes réflexions nocturnes.
— Bonne nuit, Cinaphée, dis-je doucement avant de me tourner pour rentrer dans ma chambre.
— Bonne nuit, chuchota-t-elle en retour.
De retour dans ma chambre, je me laisse tomber sur le lit, sentant la fatigue m'envahir. Les mots de Cinaphée résonnent encore dans mon esprit. Elle a raison. Je dois me reposer, pour être à la hauteur des attentes, pour pouvoir continuer à guider ceux qui comptent sur moi.
Je ferme les yeux, laissant le poids de la journée s'évanouir. Demain sera un autre jour. Mais pour l'instant, je trouve un peu de paix dans l'idée que je ne suis pas seul dans cette lutte.
J'ouvre les yeux le lendemain, la lumière du matin filtre entre les rideaux. Je me lève rapidement de mon lit et me rends dans la salle de bain pour me rafraîchir et m'habiller. En sortant de ma chambre, je croise Cinaphée dans le couloir.
Pas un regard, pas un sourire. Sur son visage, je peux lire seulement de la fatigue et une grande tristesse qu'elle doit éprouver. Sans aucun échange, elle se rend dans sa chambre et s'y enferme.
Dans le salon, j'entends les voix familières de ma mère et de mon père, ainsi que celles de Lev, Ivan, Elio, Noor et Jonavan. Je les rejoins et leur demande fermement de me suivre dans la salle de réunion.
Ils échangent des regards, surpris par ma détermination, mais ils me suivent sans un mot. En entrant dans la salle de réunion, je ferme la porte derrière nous, créant un espace clos où nous pouvons parler librement.
— Notre mission était de protéger Cinaphée comme il nous l'avait demandé, dis-je d'un ton grave. Malheureusement, la situation devient de plus en plus critique, et nous devons être préparés pour ce qui arrive dans le reste de l'organisation.
Ma mère, toujours si sage et posée, prend la parole la première.
— Arès, nous savons que les choses sont difficiles en ce moment. Mais tu sembles particulièrement tendu aujourd'hui. Que se passe-t-il ?
Je prends une profonde inspiration, cherchant les mots justes.
— Salvatore a appris des choses. Un nouveau cartel prend vie au sud de la ville, leur chef se fait appeler 'Le Bourreau'. Il est apparemment rusé et imprévisible, annonçais-je d'une voix grave.
Mon père hoche simplement la tête, ne donnant aucun avis sur la situation.
— Mais Arès, tu te sens capable de gérer les trafics d'armes et de drogue, 'Le Bourreau' et l'histoire avec Cinaphée ? demanda Elio, mon fidèle bras droit, mon meilleur allié, mais aussi mon meilleur ami.
— Le Bourreau et Cinaphée sont nos priorités. Nous continuerons avec le trafic. Lev s'en chargera, il connaît toutes les démarches à suivre, dis-je d'un ton ferme.
Je prends une nouvelle inspiration avant de reprendre la parole.
— Cinaphée a raison. Nous sommes tous épuisés, et cela nous affaiblit. Pour être efficaces, nous devons prendre soin de nous-mêmes. Sinon, nous risquons de tout perdre.
Mon père hoche de nouveau la tête, approuvant silencieusement. Il sait combien tout ce monde, tout cet univers nous épuise tous.
— Tu as raison, Arès, dit-il finalement. Nous devons trouver un équilibre entre nos responsabilités et notre bien-être. Mais concrètement, que proposes-tu ?
Je regarde autour de la table, voyant les visages fatigués, mais déterminés de mes proches.
— Je propose que nous établissions des rotations pour nous assurer que chacun ait du temps de repos.
Lev prend la parole, m'interrompant, son ton pragmatique apportant une note de réalisme à la situation.
— C'est une bonne idée, Arès. Mais comment allons-nous mettre ça en pratique ? Nous avons de nombreuses missions...
Je hoche la tête, reconnaissant la validité de sa préoccupation.
— Nous établirons des plannings précis, répartissant les tâches de manière équitable, une équipe de jour et une équipe de nuit. Ceux qui ne sont pas en mission active pourront se reposer et se préparer pour leur tour. De cette façon, nous serons toujours à notre meilleur niveau.
— Nous devons aussi veiller les uns sur les autres émotionnellement. La fatigue physique est une chose, mais la pression psychologique est tout aussi dangereuse, ajouta Noor doucement, toujours aussi empathique.
J'acquiesce, sentant un soutien croissant dans la salle.
— Oui, c'est crucial. Nous devons être là les uns pour les autres, pas seulement comme des soldats, mais comme une famille, pour toutes les personnes présentes dans cette pièce, incluant Cinaphée. Le reste de nos hommes ne sont que des soldats qui obéissent à vos ordres, assurais-je d'une voix ferme, mais calme.
Nous passons les heures suivantes à élaborer des plannings, à discuter des priorités et à nous assurer que chacun ait un moment pour se ressourcer. La perspective d'un soutien mutuel nous donne une nouvelle énergie.
Tout le monde finit par quitter la pièce. J'interpelle Jonavan avant qu'il ne sorte, lui qui est resté discret tout au long de la réunion. Il faut que je lui parle, il faut qu'il soit dans la confidence. Il referme la porte après que la dernière personne soit partie.
Cinaphée Héra Tarantino.
Enfermée dans ma chambre, la porte fermée sur le monde extérieur, la fatigue pèse sur mes épaules, mais c'est la tristesse qui m'accable le plus. Le deuil est une ombre persistante, une douleur sourde qui ne s'atténue jamais vraiment.
Depuis que Jonavan m'a appris le décès de notre mère, je me réveille avec cette absence qui me hante, une partie de moi manquante, arrachée par le temps.
Devant les autres, je passe mon temps à faire semblant, surtout devant mon petit frère qui a tant subi durant mon absence. Je m'assieds sur le rebord de mon lit, le regard fixé sur la photo posée sur ma table de chevet.
C'est une photo de ma mère et moi lorsque j'avais 6 ans, pris lors d'un moment heureux, bien avant que tout ne bascule. Je serre la photo contre moi, sentant les larmes monter, mais je refuse de pleurer. Pas encore. Pas maintenant. Le silence de la chambre est assourdissant.
Je me sens seule, même entourée de personnes toutes aussi intéressantes et incroyables les unes que les autres. Leur présence est un réconfort, mais elle ne comble pas le vide laissé par ma mère.
Le deuil est une cage invisible, m'emprisonnant dans des souvenirs qui se mêlent à la réalité, rendant les journées plus difficiles à supporter.
Ma mère était la lumière de ma vie, une force indéfectible. Sa voix, douce et rassurante, me manque terriblement. Ses conseils et ses étreintes réconfortantes, tout cela me paraît si lointain maintenant.
Je pense à tout ce qu'elle m'a appris, à sa sagesse, et je me demande comment je vais continuer sans elle, sans doute comme je l'ai fait durant l'année entière sans lui donner une seule nouvelle...
Je me lève et me dirige vers la fenêtre, ouvrant les rideaux pour laisser entrer un peu de lumière. Le soleil se lève à peine, ses premiers rayons éclairant la pièce d'une lueur douce.
Je ferme les yeux un instant, laissant les souvenirs de ma mère m'envahir. Les moments de tendresse, ses rires, ses leçons qu'elle m'a inculquées. Tout me semble si lointain, comme un autre monde, une autre vie...
Je pense à cette dernière journée, à ses derniers mots. Ce jour-là, avant que je ne la quitte, elle m'avait dit de rester forte, de continuer à me battre quoi qu'il en coûte et de ne surtout jamais abandonner.
Ses paroles résonnent encore en moi, comme un écho dans un vide immense. Je dois honorer sa mémoire en suivant ses conseils, en vivant comme elle aurait voulu que je vive. C'est promis maman, dès que toute cette histoire sera terminée, je rentrerai à la maison.
Quand j'ouvre les yeux, je suis triste de constater qu'elle n'est pas là. Le deuil fait partie de moi à présent, mais il ne me définit pas. Il va façonner mes actions, guider mes choix.
Je suis ici pour une raison que je ne connais pas encore, mise à part que des tarés souhaitent me vendre, c'est tout ce dont je suis au courant pour le moment.
Je prends la photo de ma mère et la repose délicatement sur la table de chevet. Je sais que je dois continuer à garder espoir, pour elle, pour moi-même, pour tous ceux qu'on a perdus et pour tous ceux qui comptent sur nous.
Je sors de ma chambre la tête haute. La bâtisse est aussi silencieuse que mon cœur. Le deuil reste avec moi et restera encore un moment, comme une ombre silencieuse mais douloureuse.
Je marche avec la détermination de quelqu'un qui a quelque chose à prouver. À elle, à moi-même, et à tous ceux qui nous regardent.
Je traverse le couloir à grandes enjambées, pour rejoindre le plus rapidement possible le bureau d'Arès ou celui de son père, peu importe lequel.
J'ai besoin de parler à quelqu'un de cette organisation. Chaque pas résonne dans le silence de la maison, un écho de ma résolution intérieure.
En arrivant devant le bureau d'Arès, j'hésite un instant, la main en suspens devant la porte. Suis-je prête pour ce que je compte lui demander ?
Puis, je frappe fermement. La réponse met du temps à arriver, un "oui" grave mais étouffé par l'épaisseur des murs se fait entendre. Je sens un mélange de nervosité et de tristesse se frayer un chemin et parcourir le long de mes veines.
Je pousse la porte et entre. Alexeï, le père d'Arès, se trouve derrière un grand bureau en chêne, des documents en main. Il relève simplement les yeux afin de voir qui vient le déranger pendant son travail.
Une fois qu'il m'a reconnue, il se redresse sur sa chaise, droit comme un chef.
— Je veux en être, prononcais-je, sûre de moi.
Mes yeux ancrés dans les siens, je peux lire de la surprise lors de mon aveu. Je m'avance près de son bureau en reprenant la parole.
— Je ne veux plus être mise de côté, je veux en être. Je veux faire partie de votre organisation. Apprenez-moi à me défendre. Apprenez-moi à être forte, apprenez-moi votre loyauté ! Ne me laissez pas de côté, affirmais-je, les deux mains plaquées contre le bois du bureau.
Je ne suis pas sûre de ce que je fais, je ne suis pas convaincue d'en être capable, mais j'en ai marre d'être la "faible" du groupe qui ne connaît rien et qui n'est mise au courant de rien.
Si je dois être de l'aventure, autant l'être jusqu'au bout. Alexeï reste silencieux un moment, le regard plongé dans le mien. Il semble évaluer mes mots, peser la sincérité de ma demande.
Son expression change, passant de la surprise à quelque chose de plus sérieux, de plus grave.
— Cinaphée, commença-t-il doucement. Tu sais que ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Ce que nous faisons est dangereux, exigeant. Une fois que tu seras impliquée, il n'y aura pas de retour en arrière, finit-il d'une voix grave.
— Je le sais, je suis prête à faire face à cette réalité. Je ne peux plus rester passive. C'est de ma vie dont on parle, de ma protection. Je ne peux pas rester là sans rien faire, à attendre que l'on me protège ou que l'on vienne me sauver alors que je peux apprendre à me sauver et à me protéger toute seule, répondis-je fermement.
Il se lève de son siège, contournant le bureau en s'aidant de sa canne pour se tenir face à moi. Il me scrute, cherchant sans doute des signes d'hésitation ou de peur. Mais je me tiens droite, ne laissant rien paraître, mes yeux fixés dans les siens.
— Très bien. Si tu es vraiment prête, je demanderai aux garçons de te former. Mais sache que ce ne sera pas facile et ce ne sera pas de tout repos. Tu devras faire face à ce qui te fait le plus peur, tu devras relever des défis que tu n'as jamais osé imaginer. Es-tu sûre de toi ? demanda-t-il finalement.
— Oui monsieur, j'en suis sûre, répondis-je, plus que certaine.
Un silence s'installe, lourd de promesses et de responsabilités. Alexeï hoche la tête, acceptant enfin ma demande.
— Je tiendrai mon fils au courant de ton admission dans nos rangs. La formation commence demain matin. Rejoins la cour arrière à l'aube. Nous verrons de quoi tu es capable, termina-t-il fermement.
Je sens une vague d'adrénaline mêlée à du soulagement parcourir mon corps. Enfin, je vais pouvoir agir, apprendre, me défendre. Je quitte le bureau avec une nouvelle détermination naissante, sachant que le chemin sera difficile et long, mais je suis certaine que c'est la bonne décision.
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Le lendemain matin, je me lève avant l'aube, mon cœur battant d'excitation et de nervosité. Je me prépare rapidement et me dirige vers la cour arrière. Arès est déjà là, une expression sévère dessinée sur son visage, accompagné de Lev, Ivan et de son père, Alexeï.
— La première leçon commence maintenant, cracha Arès en me tendant une arme.
Je prends l'arme, sentant son poids dans ma main et la fraîcheur de la poignée. C'est la première fois que je tiens une arme à feu. Une vague de nervosité me traverse, mais je la chasse rapidement. Je suis ici pour apprendre et pour devenir plus forte.
— Ivan t'apprendra à utiliser les armes, Lev t'apprendra à manier les couteaux, et moi je t'apprendrai tout le reste que tu as à savoir. Ce ne sera pas un camp de vacances, lâcha Arès avant de partir avec Lev, me laissant seule avec Ivan et son arme.
— D'accord, Cinaphée. La première chose que tu dois comprendre, c'est que cette arme est un outil. Ton outil. Il peut protéger ou détruire. La façon dont tu l'utilises dépend de toi, commença Ivan.
Il me montre comment tenir correctement l'arme, ses mains guidant les miennes. Ses mouvements sont précis et assurés, je m'efforce de mémoriser chaque détail.
— La sécurité est primordiale. Avant de faire quoi que ce soit, assure-toi toujours que ton arme est en sécurité, dit-il en pointant le levier de sécurité. Et garde toujours le doigt en dehors de la détente jusqu'à ce que tu sois prête à tirer, termina-t-il.
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Bonjour, bonsoir mes lunes.
Et voilà le chapitre 13.
Qu'en pensez vous ?
Pensez vous que le gorille va tenir sa promesse ?
A faire à suivre....
Loove mes lunes.
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