«Ils étaient à la fois l'un l'autre,
force et fragilité.»

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《 ALMA HERRERA 》

Dans l'ombre de mon enfance, ma mère répétait sans cesse.

«L'amour est un parfum éphémère au goût amer. 

C'est un poison mortel caché sous ses plus belles apparences. 

Ne tombe pas dans ce piège, Alma, car tu es l'erreur, le poison de cette illusion.»

Mais je ne l'avais pas écoutée. Tête basse, je m'étais laissée plonger dans ce mirage. 

C'était comme un but ultime, une quête à atteindre, sans savoir que l’on pouvait sombrer dans ces abysses.

Mais peut-on vraiment me blâmer ? À peine née, on avait décidé que je ne serais pas aimée. Ma mère en avait conclu ainsi.

L'amour, ce sentiment, cette émotion rêveuse. 

J'avais entendu parler de ces histoires multiples, ces contes enchâssés de magie, chacune plus belle que la précédente. Celle de l'amour des âmes, celle de l'amour parental.

Et moi, aussi, je voulais le percevoir. Comme tout le monde...

Alors, je me suis précipitée vers un amour à sens unique, cherchant celui que je n'avais pas. 

Celui de l'amour maternel, celui d’une mère souvent absente à cause de son travail. Elle me laissait plusieurs jours, parfois des semaines, sans que j'aperçoive son ombre, sans que je perçoive son odeur.

Je n'étais qu'une petite fille naïve, 
croyant qu'en l'aimant assez fort, pour nous deux, je pourrais toucher ce mirage.

Mais j'avais tort.

Et parfois, je pensais à mon père, celui qui ignorait même mon existence. Celui dont je convoitais une affection inexistante.

Puis vain un jour, par pure chance, dans un moment de solitude, j'ai trouvée un amour tout aussi puissant, qui m'a submergée : l'amitié. 

C’était un amour simple, pur, mais d’une force inouïe, sans compromis, sans jugement, celui de soutien, de joie, de rire et de larmes. 

J'avais enfin pu trouvée un semblant de famille.

C’est là que j'ai rencontré Alejandro Sanguinero, Alejo pour moi. 
Il avait deux ans de plus que moi, mais nous partagions tous deux un poids lourd à porter.

Lui aussi portait des fardeaux, des blessures qu'il me cachait. Jamais il n’évoquait sa famille. Il prétendait aller bien, s'armant d'un sourire espiègle, croyant me rassurer.

Alors, j'ai voulu comprendre ses non-dits, les saisir, et le chérir comme un frère, l'accueillant à bras ouverts. Il passait la plupart de son temps chez moi. Mais je crois que c’était lui qui m’a accueillie, m’offrant un refuge que je pensais utopique.

Il guérissait mes blessures. Moi, je soignais les siennes. Il apaisait mes peines, faisait taire mes sanglots, et n'hésitait jamais à me montrer le monde réel. Mais il me protégeait de leurs yeux. Il me cachait, me protégeait. C'était lui en qui je voulais encore croire, celui en qui je croyais qu’en chaque être se trouvait une lumière.

Nous étions devenus indispensables l'un à l'autre, comme une bouée de sauvetage dans une mer en furie. Nous cicatrisions ensemble.

Les années avaient passé, et ce lien n’a cessé de se renforcer avant qu'on ne l’arrache brutalement. Une partie de moi s'était volatilisée, et mon cœur brisée brûlait vengeance. Ils m'avaient pris mon ami, ma voix et l'espoir en l'humain.

Nous nous sommes retrouvés des années plus tard, avec encore plus de cicatrices, de cauchemars, de secrets, et une lueur ternie dans nos regards. 

Et le monde contre nous.

Et cette fois, un simple sourire n’arriverait pas à me raviver.

Alejo avait changé, et moi aussi. 

Des liaisons avec la mafia, des erreurs, des regrets, et un étrange sentiment nous maintenaient liés. 

Mais et si nous revenions à cette fameuse nuit, ce jour où je fêtais mon quinzième printemps, et où notre destin s’est scellé dans le chaos et la douleur ?