CHAPITRE 3 : Un vent d'adrénaline
《 TW : LANGUAGE GROSSIER 》
Ne vous infligez pas une lecture susceptible de vous blesser s'il vous plaît.
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«Le doux murmure de la liberté pousse l'âme à l'action.»
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5 ans plus tard
Alma Herrera
États-Unis
11h30
Coup, violence et humiliation rythment mes lugubres journées.
Cela fait cinq longues années maintenant que je suis entrée dans l’antre du diable.
Celui dont tout le monde redoute la colère.
Cinq années où l’on changeait constamment d’endroit, et je ne saurais dire exactement où j’étais.
La scène se répétait chaque fois.
On venait me chercher dans la pièce où je résidais, une pièce semblable à celle où on m’avait jetée la première fois. On m’endormait et, à mon réveil, je me retrouvais dans une autre salle, presque identique à la précédente.
C’était comme s’il fuyait quelque chose, et peut être était-ce le cas...
Mais de quoi avait-il peur ?
Mon très cher bourreau, et plus précisément celui qui était en partie responsable de ma création, était en fait l’un des mafieux les plus redoutables des États-Unis.
Comment le sais-je ?
Eh bien, disons que ses transactions entre armes et drogues, ainsi que ses discussions sur le monde des cartels, ne sont pas vraiment discrètes dans cette demeure.
Les innombrables gardes postés à chaque recoin de la maison n’aident pas non plus à maintenir la discrétion.
Les impacts de balles, les cris de souffrance, les hurlements, les pleurs des pauvres victimes recevant des sévices inhumains résonnent juste à l’étage du dessus, dans la pièce où je vis, la même salle froide et sans vie.
Pas un jour ne passe sans que je revoie le visage d’Alejo. Il est mort sous mes yeux, et par ma faute.
Pendant un an, j’ai crié ma rage, ma peine et ma douleur au monde entier, tout en tentant de m’échapper de cette cellule.
Mais peine perdue, personne n’est venu, et les retombées de mes tentatives de rébellion n’en valaient même pas la peine.
Ils m’ont brisée, physiquement et mentalement.
Quand je dis « ils », je parle bien sûr de mon géniteur et de ses gardes, qui le suivent sans âme et dépourvue de cœur.
Alors, pour subir moins, je me suis soumise à ces stupides règles. C’est ainsi que j’ai plongé dans le royaume du mutisme, et m’y suis noyée.
Cela fait quatre ans qu’aucun mot n’a franchi mes lèvres.
L’espoir en l’être humain m’a quittée.
Aucune émotion ne se déverse de mon visage alors qu'en je suis intérieurement submergée.
De plus, je n'avais droit de sortir de cette pièce que pour me laver et flâner dans ce que j’appelle mon petit havre de paix, niché au cœur du manoir de l’enfer.
C’étaient des pièces envoûtantes et différentes à chaque fois, à cause des changements de demeures, emplie de livres de toutes sortes, qui respirent l’histoire et la connaissance. L’odeur du bois me frôle le nez et les douces caresses des pages m’apaisent.
Au début, j’ai rencontré quelques difficultés, tous les livres étaient en anglais, et je ne connaissais que quelques notions. Mais je me suis déterminée à apprendre, et au fil du temps, j’ai fait des progrès considérables.
Malgré tout, j’étais toujours surveillée par des gardes, qui parfois me dérangeaient avec leur regard trop curieux.
Mais j’ai appris à faire abstraction de tout cela, me réfugiant entre deux étagères, à même le sol, pour me plonger dans la lecture.
Où je me perds dans les délices de la lecture, où le temps s’arrête et où tout devient possible.
Cependant, cette échappatoire ne dure jamais, car je suis toujours rappelée à la réalité. Je reviens toujours dans cette pièce glaçante et terne, où la dureté de la vie me rappelle à l’ordre.
D’après mon père, ma mère est toujours introuvable.
Je suis partagée : d’un côté, je ne veux pas qu’il la retrouve pour qu’elle ne subisse pas de mal. Mais de l’autre côté... je suis triste. Elle n’a pas cherché à me retrouver.
Je voudrais lâcher toutes mes pensées à voix haute, me laisser submerger par mes émotions, mais à quoi bon quand personne ne peut m’écouter ?
À cette pensée, je sens mes yeux se remplir de larmes, mais il est hors de question que je les laisse couler.
Plus jamais.
Les émotions sont une faille qui mène droit au cœur, et quiconque les aperçoit peut décider de jouer avec... au point de vous blesser plus que vous ne l’êtes déjà.
Hier soir, mon géniteur m’avait annoncé que je devrais accueillir un invité ce jour même. Et c’est bien la première fois qu’il me demande une chose pareille.
L’appréhension et la crainte se faufilent dans mes veines alors que je me fixe dans le grand miroir sur pied.
Une femme qui travaille ici m’a aidée à me préparer.
Mes cheveux bruns sont lâchés en cascade dans mon dos nu, cachant parfois quelques stigmates.
Le maquillage n’est plus une option, mais une nécessité pour dissimuler mon teint blafard et mes cernes.
Mes yeux bleus sont devenus d’un gris morne, sans vie.
La longue robe noire contraste avec mon teint, désormais pâle, et les marques bleuâtres, violettes, voire noires qui le parcourent.
Je hais mon corps.
Je hais ce que je suis devenue.
De fines bretelles retiennent ce maudit accoutrement. Le décolleté et la fente jusqu’à ma hanche n’arrangent rien.
Pour couronner le tout, je dois porter des escarpins rouges vernis.
Si le terme « vulgaire » et « ridicule » devait être personnifié à l’état d’une tenue, celle que je porte serait la fameuse gagnante.
Mes pensées me quittent quand mon prénom résonne dans la pièce.
- Alma ?
Je jette un coup d’œil derrière moi et perçois un garde se tenir devant la porte
qui se nomme Adrián d'après ce que j'ai pu savoir.
- Tu es prête ? Demande-t-il doucement.
À chaque fois qu’il s’adresse à moi, son ton de voix est bienveillant et surtout, il me parle dans ma langue natale, d’où je peux deviner, par son accent et son physique, qu’il est lui aussi espagnol. Il vient d’arriver il y a à peine quelques mois, et pourtant il ne se comporte pas comme les autres gardes.
Mais cela est un piège, j’en suis sûre... La gentillesse demande toujours une faveur en retour.
Je hoche la tête, d’un air détaché, pour réponse, me lève alors qu’il prend doucement mon bras pour quitter cette pièce. Avant qu’il ne murmure doucement à mon oreille, pour que je sois la seule à entendre et me laissant dans l'incompréhension.
- Ne t’inquiète pas, ce cauchemar prendra bientôt fin.
***
L'odeur du bœuf dans mon assiette crée un feu d'artifice gustatif dans mon palais, avant même que j'y goûte.
Lorsque je mets un morceau dans ma bouche, je retiens un petit gémissement de plaisir qui éclate et se répand dans mon ventre, comme une explosion de bonheur.
Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas mangé un vrai repas.
Mais malheureusement, mon état d'euphorie redescend aussi vite que ma tête se tourne vers lui : mon foutu géniteur, assis en face de moi.
J'avais oublié la situation dans laquelle j'étais.
Mon père m'a présentée au dirigeant de la mafia mexicaine, Roberto Cortez, et à son fils, Diego.
Nous étions donc assis à table : mon père à côté de Roberto et moi à côté de Diego.
Les mains baladeuses de ce dernier me donnent la nausée, malgré mes tentatives de les repousser.
Je n'avais toujours pas compris pourquoi j'étais ici, pourquoi je devais assister à cette rencontre. C'était bien la première fois que je dînais avec mon père et rencontrais quelqu'un d'autre que le personnel de cette maison.
Et je ne savais toujours pas quelle était la véritable raison pour laquelle il me retenait ici et me traitait de la sorte.
Par vengeance ? À cause de ma mère ? Ou simplement parce que je suis née ?
Je repousse mon assiette, l'appétit coupé par l'attention du garde Dallas, qui se tient dans l'encadrement de la porte et me fixe.
Le même Dallas qui me sert les restes de nourriture chaque jour.
Le même Dallas qui m’a arraché l’unique personne à qui je tenais.
À cette pensée, une envie de meurtre envahit mon corps. Peut-être que si je plantais ma fourchette dans ses satanés yeux arrogants et que le sang coulait de son visage, cela calmerait ma rage...
Je mets cette idée de côté quand je perçois un raclement de gorge venant de mon géniteur.
Je n'avais même pas remarqué qu'ils avaient déjà débarrassé la table.
Qu'est-ce que je suis devenue pour avoir de telles pensées ?
Un monstre.
- Monsieur Stell, désolé d'écourter cette visite, mais nous devons partir. Une urgence m'attend dans mon cartel. Dit Roberto.
- Bien évidemment. Répond mon géniteur.
Les trois hommes se lèvent, et je fais de même.
- Votre cargaison d'armes et de drogues devrait arriver demain matin sans faute.
Je ferai savoir à mes autres alliés que vous êtes désormais des nôtres. Dit Roberto en serrant la main de mon père.
- D'accord. Laissez-moi deux minutes pour parler à ma fille.
- Très bien, on l'attend dans la voiture.
Avec un dernier signe de tête, les deux mafieux mexicains disparaissent, suivis de mon père qui se retourne soudainement vers moi et m'attrape par les deux épaules.
Prise au dépourvue, m'attendant à ce qu'il me frappe, comme à son habitude. Je ferme les yeux.
Mais sa voix me fait les rouvrir instantanément.
- Alma, écoute-moi bien. Sa voix rauque, dépourvue de toute émotion, résonne dans mes oreilles, et la peur m'envahit, mais rien n’apparaît sur mon visage.
-Tu vas partir avec ces deux hommes, et tu leur obéiras. Ce sont des hommes bien plus pitoyables que moi. Dis-toi que tout ce que tu as vécu jusqu'ici n’était qu’un avant-goût de l’enfer.
À ces derniers mots, il émet un ricanement qui me glace le sang.
-Je t’ai gardée en vie jusqu’à maintenant dans l’unique but que tu puisses enfin me servir à quelque chose. Je t’ai vendue contre du pouvoir et de l’argent alors que tu ne vaux même pas un tiers de ce qu’ils m’offrent. Mais bon, il faut saisir chaque opportunité quand elle se présente.
Il hausse simplement les épaules à la fin de son monologue, comme si chaque mot qu'il disait était tout à fait normal.
Au fur et à mesure qu’il débitait ses phrases, la peur m'envahissait considérablement, telle un tsunami.
Si ce qu'il dit est vrai, et que ces hommes sont pires que lui…
Combien d’autres sévices devrai-je subir pour retrouver ma vie d’avant ?
Combien de temps reste-t-il avant que mon masque de verre se brise ? Et que je laisse transparaitre mes émotions au point de faire quelque chose d'irrémédiable ?
Mais d'un autre côté, si je pars avec ces deux hommes, j'aurai enfin accès au monde extérieur, celui que je n'ai pas vu depuis bien trop longtemps.
Et peut-être que je pourrais m’échapper…
***
Le trajet fut long, interminable et angoissant.
À peine avais-je quitté cette prison que, sans avoir eu le temps de percevoir le soleil, je me suis retrouvée poussée dans une Jeep noire, entourée des deux Mexicains et de quelques hommes à eux qui suivaient en voiture derrière nous.
Puis, nous avons pris un jet privé, et je me suis retrouvée dans un siège au fond de l’avion. Personne ne prêtait vraiment attention à moi ; tous étaient occupés par l’intrusion d’une mafia ennemie sur leur territoire, et les coups de fil s’enchaînaient à une vitesse folle d’après ce que j’entendais.
Maintenant arrivée au Mexique, je regarde le magnifique paysage défiler à travers la vitre de la voiture alors que nous roulons depuis des heures. J'avais toujours rêvé de visiter ce pays avec mon ami, mais cela semblait bien lointain désormais.
Je suis assise à l'arrière ; le chauffeur conduit, et le fils est à l’avant, au téléphone. Le père, quant à lui, a pris une autre voiture pour se rendre quelque part. Une autre voiture pleine de gardes nous suit à l'arrière.
De temps en temps, il me pose des questions, mais je me contente de répondre par des hochements de tête.
Nous traversons une ville animée, où des cafés, des épiceries et autres magasins typiques décorent les rues. L’architecture colorée des bâtiments apaise mon regard. Les gens traversent les ruelles, passent par les passages piétons, courent, s'amusent, profitant pleinement du bonheur de la vie.
Un vent de nostalgie me frappe, me rappelant les merveilleux souvenirs de l'époque où j'étais encore heureuse et libre.
- Mi amor ? La voix perverse du Mexicain me tire de mes pensées. J’ai horreur de ce surnom qu’il m’a attribué.
Je tourne la tête vers lui.
- Il est important que tu sois informée de certaines choses... Tu seras ma maîtresse jusqu'à ce que j’aie terminé de jouer avec toi. En prononçant ces mots, il détourne les yeux vers ma poitrine et affiche un sourire malsain, ce qui me fait frissonner de dégoût.
-Et puis, après, tu me serviras à éponger certaines dettes avec ton corps, ma belle. Poursuit-il. T’es bien silencieuse ? Mais bon, une pute qui ne parle pas, c’est à son avantage. Au moins, tu ne pourras pas te plaindre. Après avoir dit cela, il retourne à son téléphone comme si de rien n'était.
Mon cœur bat la chamade, le stress m’envahit alors que la panique me prend. Voilà mon destin ? Être perçue comme un simple objet ?
Alors que ma respiration se fait plus courte, je tente de me calmer en expirant et en soupirant doucement.
Une douleur émerge de ma main, alors que mes ongles transperçent ma paume inconsciemment.
Il faut que je m'échappe.
Quitte à mourir.
Je préfère mourir en ayant tenté de me sauver, plutôt que de mourir soumise.
Alors que la voiture s'arrête à un feu rouge, je fixe, sur ma gauche, une rue bondée de monde, menant à plusieurs ruelles ressemblant à un labyrinthe.
Parfait pour me cacher.
Le feu devient maintenant orange.
Je prends une profonde inspiration, détache silencieusement ma ceinture et pose ma main sur la poignée de la portière.
Prions pour qu'elle ne soit pas verrouillée !
Je laisse échapper l'air de mes poumons, tentant de calmer mon stress.
Un dernier regard furtif vers le
Mexicain, toujours absorbé par son portable.
Puis, soudain, le feu passe au vert.
Je presse la poignée, la porte s’ouvre, et je m’élance dehors en trombe, claquant la porte derrière moi, alors que le chauffeur commence à redémarrer.
- T'es morte, salope !
Ce sont les derniers mots que j'entends avant de me précipiter entre les passants, courant vers la ruelle la plus proche, poursuivie par plusieurs hommes qui se trouvaient dans la voiture derrière nous.
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