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– Comme si j'allais te raconter quoique ce soit !

– Mais tu pourrais au moins me dire si je dois m'attendre à une quelconque annonce !

– Y a que dans ton crâne malsain qu'une annonce est proche d'arriver

– Mais dis-moi au moins à quoi elle ressemble !

– Mais ce que t'es lourde...

Juste ma mère, c'est une horreur ! Déjà lui faire accepter que je parte vivre en ville n'a pas été simple ! Enfin si, elle n'a émis aucune objection. Mais justement, c'était encore plus inquiétant ! Elle a simplement acquiescé avant de lancer un regard vers mon père qui a soupiré... Non, ce qui a été plus compliqué fut de lui faire comprendre que, non, elle n'avait pas à venir aussi !

Je crois qu'on a mis des semaines avec mon paternel pour que, simplement, elle oublie l'idée... Elle n'a rien enterré, alors là, non, mais on a réussi à trouver un terrain d'entente. Si je m'en sors bien tout seul, elle n'aura aucune raison de s'inquiéter et donc de venir. Donc depuis, je m'assure de manger sainement et de prendre soin de ma santé ! Régulièrement je lui envoie des nouvelles aussi, comme convenu. Dans le cas contraire, elle serait effectivement capable de venir les récolter sur place, voire même de quémander des informations à Eijiro, et cet abruti ne sait simplement pas se taire. C'est d'ailleurs elle qui a suggéré que nous vivions ensemble avec ballon de rugby. Non pas que ça fasse partie de ses conditions, elle a juste dit que ça la rassurerait. C'est tout de même à crever de rire de penser que cet abruti puisse prendre soin de moi alors qu'il n'est pas foutu de comprendre qu'on ne vit pas que de pizza, mais passons. Finalement j'ai trouvé que l'idée n'était pas stupide en soi, et me voilà donc, des années plus tard, à toujours faire un rapport complet sur mon état de santé à ma daronne aigrie pour la tenir à distance !

Je sais parfaitement pourquoi elle réagit de la sorte, il n'y a pas de doute d'ailleurs... Peu après ma naissance, ma mère est très vite retombée enceinte d'une petite fille. Évidemment je ne m'en souviens pas, j'étais réellement trop petit, mais mon père m'en a parlé. Alors qu'elle atteignait le dernier trimestre, elle est tombée malade et sa température est vite grimpée. Malgré tous les soins qu'elle a reçus, le bébé n'a pas survécu et elle a mis au monde son enfant décédé. Depuis elle n'est plus jamais retombée enceinte après cela ! Les médecins estiment que c'est psychologique, que ma mère bloque complètement à ce sujet et que son corps suit. Elle, elle dit que c'est ainsi que la vie en a décidé et que ça lui convient. Cependant elle porte toujours le deuil de Kaori, ma toute petite sœur que je n'ai jamais connue...

Donc, en fils parfait, je lui accorde ce privilège immense, bien que je ne suis pas non plus près de venir lui parler de Izuku. Enfin, pas sans la faire mijoter...

– Déjà qui te dit que c'est « elle »

– Oh oh ! Donc voilà une semi-confession... serait-ce cet acteur avec qui on te dit en pleine histoire d'amour ? Un certain Izumi ?

– Perdu ! On ne se fréquente pas du tout avec l'autre abruti !

- Tch...

Je la vois jeter un coup d'œil vers l'entrée, visiblement vers l'arme du crime, à savoir : mon écharpe pleine de phéromones inconnues. Elle cherche à en savoir plus depuis mon arrivé il y de cela trois jours. Je dois dire que ça me fait bien marrer de la voir s'affairer, à se poser une tonne cinq de questions. Je sais que tout ceci est temporaire, car c'est clair que dès que Eijiro arrivera avec à son cou une écharpe similaire, et portant les mêmes phéromones, nos mères vont tilter... Et là je n'imagine même pas échapper à l'interrogatoire !

Puis l'imbécile roux ne sait simplement pas tenir sa langue face à sa môman.

Face à n'importe qui d'ailleurs !

On va fêter Noël ensemble d'ici deux jours avec la famille de Eijiro. Et autant nous ne sommes que trois, autant eux sont la parfaite image d'une famille de pair Alpha-Oméga ! Ses parents ont fondé une tribu capable de repeupler la moitié du village ! Eijiro est au milieu. Il a deux frères ainés et une sœur ainée, et en dessous de lui, il a trois petites sœurs. Je sais que ça intrigue pas mal Izuku d'ailleurs. Il lui pose pas mal de questions à ce sujet et rit toujours autant à certaines anecdotes, même si c'est la quatrième fois qu'il lui raconte la même.

Je crois que Izu aimerait vivre tout ça. Qu'il aurait aimé avoir des frangins avec qui partager un quotidien ! Moi ça ne m'a jamais traversé l'esprit, j'ai toujours été le centre de l'univers pour mes parents et c'était très bien ! Mais Eijiro n'a jamais souffert d'être plus.

Le nerd serait vraiment un bon père...

– Fils, tu ne nous diras vraiment rien ?

Aussi rapidement que l'image de Izuku avec un enfant m'est venue à l'esprit, aussi vite elle disparait quand je prête attention à mon vieux.

Mon père est l'inverse complet de ma vieille folle de harpie de mère, c'est la douceur réincarnée. Bon évidement, faut pas s'y fier hein ! S'il a une mandale à coller, il n'y va pas de main morte le daron ! Mais c'est toujours lui qui fait qu'on est une famille unie. Il suffit qu'il dise, avec sa petite mine de chiot perdu, qu'il aimerait passer un moment calme rien que tous les trois, pour que ma mère et moi on se tienne tranquille. Juste pour lui faire plaisir ! Et je crois que justement, voir que, malgré les années, ça fonctionne toujours, que nous avons toujours à cœur de lui faire plaisir, le rassure ! Nous restons, même si je suis à présent adulte, une vraie famille !

– Elle t'envoie du coup ? Elle fait semblant de faire la vaisselle pendant que tu m'interroges ? Elle a placé deux micros sur toi ?

– Oh tu exagères ! ... Je n'ai pas de micro ! Ma parole suffira à sa curiosité...

– Tu as refusé d'en porter ?

– Non, elle n'a pas trouvé le chargeur adéquat...

J'explose de rire devant nos bêtises qui n'en sont qu'à moitié ! Après tout, qui pourrait dire qu'elle n'est pas réellement capable de ça ? Moi je le suis, et je tiens bien de quelqu'un !

– Du coup tu ne veux vraiment pas me dire ?

- Tch... Elle sait ce qu'elle fait la vieille... Bordel... Bon, oui papa, j'ai rencontré quelqu'un ! Mais n'allez pas vous faire des idées. Je... Je ne sais pas si c'est sérieux ou pas. Enfin c'est pas censé l'être donc...

– Comment ça ? Tu ne sais pas si tu as des sentiments pour cette personne.

Je fixe mon père un instant, parce que je réalise qu'il a clairement mal compris ce que je cherchais à dire. Mais surtout je réalise moi-même ce que je pense au fond de moi sans franchement m'en rendre compte...

Je sais que cette histoire est bancale en plein de points, mais pas parce que je doute de mes sentiments ! Si ça ne tenait qu'à moi, je suppose que je voudrais essayer et voir ou ça nous mène. Le fait que nos phéromones se mêlent ensemble me plait et j'adore savoir que je comprends de mieux en mieux ce qu'il ne dit pas à voix haute. Je ne suis pas forcément contre le marquage, même si ça n'a jamais été un projet à mes yeux. C'est différent justement parce que c'est lui ! Donc pour cet homme, je veux bien y réfléchir sérieusement, même s'il y a énormément à discuter pour en arriver là.

Mais en même temps, il y a Eijiro ! Et putain, cette enflure est complètement dans le lot ! C'est vrai que je ne peux pas nier que dans cette petite idylle qui se joue mentalement avec Izuku, il y a aussi son ombre de grande asperge !

– En fait je pense que c'est surtout LUI qui a beaucoup de mal à envisager une quelconque histoire sérieuse...

Mon père lève les sourcils au ciel, complètement surpris par ma déclaration. Moi je suis surtout ravi de ne pas avoir à dire ouvertement que si, j'ai un sérieux béguin pour mon danseur...

– Tu es quelqu'un qui vaut la peine fils, ne doute pas qu'il ne pourra pas te résister !

– Si tu le dis ! En tout cas on n'en a pas parlé depuis un moment, mais ça nous convient pour le moment. C'est aussi très bien comme ça !

Il me trifouille les cheveux, comme si j'avais à peine cinq piges et que je comprenais à peine le sens de la vie, mais je ne relève pas. Je ne parle pas non plus de mon meilleur ami ou de son implication, parce qu'ils le découvriront déjà bien assez tôt, et que ça sera tout aussi amusant !

– Tu ne nous diras pas son prénom, j'imagine ?

– Aaaah ça, c'est une question de maman...

– On ne la changera plus, tu sais.

– Il s'appelle Izuku Midoriya. Et non, je ne vais pas lui sortir tout son CV !

– Izuku. C'est un très joli prénom !

– Ouais je sais...

Après cette conversation, ma mère n'est plus revenue sur le sujet ! On a passé des jours tranquilles à jouer aux cartes en parlant de tout et de rien ! Je sais qu'elle se satisfait de savoir ça, peut-être impatiente de voir où cette histoire peut me mener ! Mais en tout cas elle n'en a plus reparlé...

D'après papa, c'était le deal ! Il me cuisinait, mais elle me foutait la paix...

Mais je doute qu'elle tienne parole ce soir ! Eijiro et sa famille viennent, et ça va rendre cette demeure horriblement calme complètement déjantée ! Mais je sais que l'écharpe de mon pote n'est absolument pas passée inaperçue, il me l'a dit...

Sa mère l'aurait aussi cuisiné, mais il aurait miraculeusement gardé sa langue. Enfin non, pour être précis, il m'a prévenu qu'elle avait totalement prévu de me cuisiner moi du coup ! Du coup leurs réactions en s'en rendant compte risque vraiment d'être quelque chose, j'hésite presque à conseiller à mon père de filmer, juste au cas où ! Je n'imagine pas le temps fou qu'on va passer à nous questionner là-dessus, et pour être transparent, je ne sais pas trop ce qu'on en dira.

Et comme de fait, Eijiro est à peine entré dans la maison que ma mère, qui l'accueille, se bloque ! Je regarde la scène de la porte du salon, croisant le regard de mon meilleur ami qui sourit déjà. La harpie fixe bel et bien mon ami d'enfance, puis attrape son écharpe et la fixe.

– Où est-ce que tu as eu ça ? demande-t-elle ?

Il n'en fallait pas plus pour que la deuxième enquêteuse en chef n'entre en scène !

Mary, la mère de Eijiro, est une petite femme très maigre ! C'est assez amusant quand on voit les armoires à glace que sont devenus ses enfants d'ailleurs ! Elle est bien la seule à faire moins d'un mètre soixante-dix ! Pourtant jamais il ne me serait venu à l'idée de me la mettre sur le dos, c'est bien et bien elle la plus effrayante du lot.

– JUSTEMENT ! Il ne veut rien me dire ! On est bien d'accord que ça sent l'Oméga à plein nez ! PIRE ! Cette odeur, c'est bien pour éloigner les autres non ? Mais non, ce grand dadais n'a rien à m'annoncer...

Eijiro n'a jamais eu d'histoire sérieuse... La seule fois où il a eu une petite amie, la fille lui a avoué après quelque temps qu'elle aimait le fait qu'il soit Alpha. Il n'avait pas compris, lui se fichait bien qu'elle soit Beta, et il n'a même jamais trop cherché plus loin. Mais bon, bien évidemment ça ne pouvait pas marcher ! En dehors de ça, je ne l'ai jamais vu fréquenter quelqu'un sérieusement.

– Mais j'ai mieux ! Regarde-moi ça !

Ma mère se retourne pour attraper ma propre écharpe pendue dans le placard à manteau, et la tend à sa vieille amie qui se fige en la voyant, son regard incendiant complètement mon cadeau.

– C'est la même où... ?

– Mais totalement ! C'est quoi cette histoire ? Katsuki ! Tu m'as dit que c'était un cadeau de la personne que tu fréquentes en ce moment !

– C'est vrai... Je ne t'ai pas menti !

Les mères me fixent d'un air meurtrier, m'incitant, en silence, de répondre plus explicitement. L'autre Alpha en profite pour se rapprocher de moi, se retournant vers nos dragonnes.

– Kats' a-t-il dit qu'il fréquentait cette personne "seul" ? Parce que ce n'est pas le cas...

– Pardon ?

On explose de rire, entrant dans le salon où mon père nous regarde aussi, tentant de comprendre la situation bien qu'il ne demande rien.

– Eijiro Kirishima ! J'exige que tu me parles de cette femme !

– C'est un homme... Il s'appelle Izuku ! Katsuki me l'a dit !

– Erreur, je l'ai dit à papa !

– Izuku ?! Oh comme c'est joli... Mais ce n'est pas le tout, comment ils vont faire pour nos petits enfants ? Ça veut dire qu'on sera de la même famille ?!

Celle-là on ne s'y attendait pas, et que ce soit Eijiro ou moi, on s'étouffe de surprise quand bien même on n'avait rien dans la bouche...