Chapitre 90
Chris était silencieux.
— Tu es sûre ? demanda-t-il.
— Je viens d'aller chercher les résultats de ma prise de sang au labo et oui, c'est confirmé. Mais ce n'est pas ça le problème, c'est surtout ce que j'ai entendu de Scott en allant à l'hôpital... Je... Quand je suis arrivée, j'ai vu que Stiles m'avait devancée alors je suis restée cachée dans le couloir comme ils parlaient de Melissa.
Chris plissa un œil.
— Scott demandait simplement pourquoi Melissa est si dure avec moi ces derniers temps, répondit Anise. C'est comme si elle voudrait que je parte et... Bon d'accord, je me suis installée ici un peu dans l'urgence, mais...
— Tu es la bienvenue aussi longtemps que nécessaire, répondit Chris. Et je connais ma femme, elle est dure avec les gens quand elle est fatiguée. Elle n'a pas eu de vacances depuis des mois, elle commence à être très fatiguée et cela se reporte sur son humeur. Tu n'as rien fait du tout et il n'est pas question que tu partes.
Anise sourit doucement, rassurée.
— À présent, dis-moi, qu'est-ce que mon satané beau-fils à encore dit sans réfléchir ?
— Oh, il... En fait, Stiles a suggéré que Melissa pouvait être enceinte, rapport avec son humeur envers moi, et Scott s'est alors exclamé qu'il espérait pas, qu'il avait aucune envie d'avoir encore un chiard sans les pattes et qu'il était content que Tim sache aller aux toilettes tout seul... J'étais dans le couloir et j'ai tout pris en pleine tête...
Chris grimaça en serrant les mâchoires.
— J'irais lui parler demain, dit-il.
— Non, Chris, n'en faites rien, répondit la jeune femme. Je connais Scott, si vous lui dites que je suis enceinte, il va mal le prendre et ça va me retomber dessus. Je... Je vais avorter, je pense. Je n'ai pas à le lui dire, cela ne regarde que moi, et de toute manière, nous n'en avons pas encore parlé sérieusement...
— Ne prend pas une telle décision hâtivement, répondit Chris. Quand Maya est revenue...
— Je me fiche de Maya ! répliqua Anise en se levant soudain. Elle n'existe pas pour moi, c'est clair ? J'aurais préféré qu'il la tue, comme ça, je n'aurais plus cette hantise de la voir débouler sans prévenir en disant qu'elle est enceinte !
Chris grimaça.
— Ne souhaite pas la mort des gens, Anise, toi plus que tout autre, tu sais ce que ça fait d'être attiré par la mort et devoir ensuite gérer ceux qui sont restés.
— Les massacres perpétrés par ma famille ne sont en rien mon problème, Chris. Je n'ai jamais tué personne, mais Maya me terrifie, d'accord ? Elle a failli me tuer simplement parce qu'elle a senti mon odeur sur Scott ! Nous n'étions même pas ensemble à l'époque ! Imaginez un peu si elle revient, découvre que nous sommes ensemble et que je suis enceinte ? Elle va péter un câble...
Chris plissa le nez.
— Tu sais que si tu avortes sans en parler à Scott, l'un des siens finira par fourcher. Liam et Derek ont déjà senti ta grossesse, ils ne sauront pas tenir leur langue, crois-moi, surtout si Scott leur donne l'ordre de parler. Il considèrera ton acte comme une trahison de sa louve et tu pourrais te faire chasser.
Anise se mordit la lèvre.
— Je suis une sorcière de Salem, une louve Alpha par alliance et pourtant, je n'ai même pas le droit de disposer de mon corps comme bon me semble.
— Ce n'est pas ça... soupira Chris. Scott est l'Alpha, Anise, et même toi tu lui dois le respect... Tu es peut-être sa femme, mais tu demeures un membre de sa meute et tu dois montrer l'exemple. Si tu avortes et que ça se sait, les autres vont penser qu'ils peuvent faire des choses dans le dos de Scott sans craindre de représailles et ne pas comprendre ensuite quand Scott s'en prendra à eux...
Anise plissa le nez.
— Parlez-en, dit alors Chris. Ment-lui s'il le faut, demande-lui s'il veut des enfants, si vous pouvez éventuellement planifier cet événement... Tu n'es enceinte que de trois semaines, tu peux encore mentir sans problèmes et si tu dois, dans deux trois semaines, un mois, tomber enceinte, alors cela ne posera pas de problèmes...
— Chris, si j'annonce que je suis enceinte alors que cela fait déjà deux mois, ce bébé naîtra avec deux mois d'avance tout en étant parfaitement formé...
— Et ce ne sera pas une surprise puisque son père sera un loup et sa mère une sorcière. Feuilletes un peu tes grimoires, je suis certain qu'il y a plein d'histoires de liaisons plus ou moins sulfureuses entre les loups et les Salem...
Anise grimaça de dégoût à l'idée que les ennemis de toujours auraient pu s'accoupler pour donner naissance à une nouvelle race hybride de loup-garou doublé d'un magicien surpuissant...
— Si je dois garder ce bébé, il sera bridé jusqu'à sa majorité ! grogna-t-elle. Hors de question d'avoir un hybride de Salem et de loup qui détruit tout dans la maison !
Chris rigola. Il proposa ensuite à la jeune femme de déjeuner et elle accepta.
.
Anise passa le reste de la journée dans son laboratoire, à chercher dans ses livres tout ce qui pourrait l'aider à faire accepter à Scott qu'il allait être père dans quelques mois. Si elle décidait de garder ce fœtus, bien entendu.
Un coup contre la porte en bas de l'escalier attira son attention et elle leva la tête de son livre.
— Oui ?
— C'est Melissa, je peux monter ?
— Bien sûr.
Anise pivota alors dans sa chaise et la mère de Scott apparut au sommet de l'escalier.
— Qu'est-ce qui vous amène dans mon antre ? demanda la jeune femme. C'est la première fois que vous montez...
Melissa regarda autour d'elle, surprise par l'endroit qui était aussi vaste que sa maison et rempli de fatras.
— Mais quel bazar... dit-elle.
— Oui, c'est un peu en désordre, je rangerai à l'occasion, mais vous avez sous les yeux une dizaine de générations d'objets ayant appartenus à ma famille...
Melissa haussa un sourcil.
— Cet endroit se lègue ?
— Oui. C'était le laboratoire de ma grand-mère, répondit Anise. Quant elle a été répudiée de la famille, il m'est revenu puisque ma mère a reçu celui de sa grand-mère. En général, si les parents survivent à la qualification de leur aîné, c'est le laboratoire abandonné le plus récemment dans la famille qui lui est lié.
— Je vois... Donc cet endroit à plusieurs siècles ?
— C'est ça. Combien je l'ignore, deux, trois, peut-être plus, donc vous comprenez que je n'ai pas particulièrement envie de commencer à ranger. Bref, qu'est-ce qui vous amène, sinon ?
Melissa pinça les lèvres.
— Je voulais m'excuser pour avoir été aussi rude des derniers jours, dit-elle.
— Hm, Chris vous a parlé, hein ?
— Oui. Je suis très fatiguée, je n'ai pas eu de vacances depuis des mois et j'enchaîne les garde de douze heures ces derniers temps...
— Pourquoi ? Je sais que votre métier est une vocation, mais vous ne devez pas négliger votre santé ou votre famille pour autant.
— C'est la raison pour laquelle je suis ici. J'ai pris quatre jours de repos, et je voudrais donc m'excuser de t'avoir maltraitée.
Anise releva le menton puis hocha la tête.
— Excuses acceptées. À présent, si vous n'avez plus rien à me dire, j'aimerai pouvoir continuer à travailler.
Le ton était tranchant et Melissa déglutit avant de tourner les talons. Quand elle fut dans le couloir des chambres, elle leva les yeux vers le sommet de l'escalier étroit puis soupira et ferma la porte. Quand elle pivota, Chris était devant elle et elle se laissa enlacer un long moment.
— Elle a accepté tes excuses ?
— Oui, mais ensuite elle m'a chassée...
— Hm, c'était à prévoir. Elle est inquiète pour Scott...
— Je l'ai senti, enfin je crois, mais elle m'a parlé si durement...
— Tu as commencé, chérie, répondit Chris en lui prenant le bras. Viens, j'ai fais du thé.
— Je pendrais plutôt un grand café, avec une lichette de bourbon dedans.
— Voyez-vous cela... C'est en congé depuis une heure et ça commence déjà à boire...
Melissa sourit ; Chris l'embrassa alors et, alors qu'il reculait vers leur chambre, son épouse haussa un sourcil.
— Et Tim ?
— Son émission dure encore une heure, je lui ai préparé son goûter, il a de quoi tenir un siège... ronronna le Chasseur. Je ne t'ai pas vue depuis des semaines...
— Tu exagères...
— Pardon, Madame, mais faire l'étoile, je n'appelle pas ça faire l'amour !
Melissa rigola puis elle repoussa son mari dans leur chambre et ferma la porte.
.
Anise resta dans son laboratoire jusqu'à ce qu'il fasse nuit noire. Quand elle descendit pour préparer le dîner, c'était son tour, elle trouva Isaac affalé dans le canapé devant une série pour enfants avec Tim vautré sur lui.
— Salut, tu es rentré depuis longtemps ?
— Vingt minutes. Ils sont où les parents ?
Anise haussa un sourcil et indiqua l'étage ; Isaac plissa aussitôt le nez en tirant la langue. La jeune femme rigola.
— Poulet tandorrii ce soir, ça vous va ?
— C'est toi qui le fait ?
— Avec un peu d'aide magique, mais oui, répondit Anise en souriant à Tim. Pourquoi ?
— Je n'aime pas ce poulet, mais je sais que toi tu fais bien à manger, alors...
— Je vais préparer le dîner, annonça alors Melissa. Je suis en congés, c'est à moi de m'occuper de cela.
— Vous êtes en congés, justement, répondit Anide.
Mais Melissa insista et Anise abdiqua. La mère de Scott accepta de préparer le poulet tandorrii et, pendant qu'elle se mettait au travail, la jeune sorcière décida d'appeller Scott. Elle remonta donc dans leur chambre et s'assit au bord de la fenêtre ouverte.
— Salut chéri, comment ça va ce soir ? Tu as déjà dîné ? Ah oui, et c'était bon ? Bof hein, ouais je m'en doute. Ici ? Poulet tandorrii, mais ta mère veut à tous prix le préparer alors je vais la laisser faire. Quoi ? Arrête ! Elle fait très bien à manger, ne t'en déplaise !
Anide rigola. Elle avait envie de dire à son compagnon qu'elle était enceinte, mais plus la conversation continua, moins elle en avait envie tant et si bien que quand elle raccrocha quasiment une demi-heure plus tard, ils avaient parlé de tout sauf du plus important...
— A table! entendit-elle alors.
— J'arrive !
Elle regarda son téléphone un moment puis le posa la table de nuit et descendit en humabt l'air épicé qui flottait dans toute la maison.
.
De retour à la Pharmacie le lendemain, Anise était préoccupée et Ivan, son patron, s'en rendit très bien compte.
— Anise, venez me voir deux minutes, vous voulez ?
— Oui, Monsieur, je fini avec le client.
L'homme d'environ cinquante ans hocha la tête et s'éloigna vers le fond de la Pharmacie. Ils étaient au beau milieu d'un supermarché et les clients affluaient aussi longtemps que le supermarché était ouvert ; il y avait peu de temps morts, mais assez tout de même pour partager une tasse de café avec les collègues dans l'arrière boutique.
— Bonne journée, Madame.
— À vous aussi.
Anise la regarda partir puis retourna le panneau devant sa caisse et disparut à l'arrière. Ses deux collègues allaient prendre le relais le temps qu'elle sache ce que lui voulait Ivan.
— Monsieur ? Vous vouliez me voir ?
L'homme leva les yeux vers elle puis quitta son siège et s'appuya d'une fesse sur le coin de son bureau.
— Qu'est-ce qui vous préoccupe, Anise ? demanda-t-il alors. Je sais que vous avez sans doute beaucoup à faire avec l'absence de votre compagnon, mais...
— M'occuper de la meute me prend beaucoup de temps, je le reconnais, mais Derek gère beaucoup de choses, ainsi que Liam et Isaac...
— Dans ce cas, pourquoi semblez-vous triste depuis quelques jours ?
Anise déglutit. Elle se mordit la joue et hésita. Elle décida alors que non, son patron n'était pas tenu de savoir qu'elle était enceinte, pas encore du moins, si jamais elle le gardait, donc elle décida de lui mentir.
— Des soucis familiaux, dit-elle. Vous savez que je suis une sorcière de Salem, n'est-ce pas ?
— Oui, personne n'a pu passer à côté de cet exploit que vous avez fait en sauvant cette famille dans la maison sur la colline. Sans parler d'avoir réussi à canaliser le jeune Liam...
— Je n'y suis pas vraiment pour grand chose, Gustave est vraiment celui qui en est responsable.
— Il n'empêche que depuis que vous sortez avec l'Alpha, le garçon est beaucoup plus calme.
Anise esquissa un sourire.
— Je ne veux pas vous ennuyer avec des problèmes de magiciens, dit-elle alors. Je sais que vous êtes humain et que vous avez un peu peur de tout ça, mais...
Un hoquet de stupeur retentit soudain dans la boutique, lui coupant la parole. Elle fronça les sourcils en regardant Ivan.
— Allez, donne-moi ta caisse, entendirent-ils alors.
Ivan leva les yeux au ciel en se retournant.
— Et allez c'est reparti... soupira-t-il. Ça faisait longtemps...
Il récupéra une batte de baseball, mais Anise lui fit signe de rester derrière.
— Vous allez vous faire...
— Regardez simplement comment vous calmons les gens, dans ma famille, souffla la jeune femme.
Elle retourna alors à l'avant de la pharmacie et observa l'homme armé qui de tenait de l'autre côté de comptoir.
— Bouge pas toi ! File-moi ta caisse tout de suite ! s'exclama-t-il.
— Va derrière, Nat, répondit Anise. Je m'en occupe.
— Mais...
— Bouge pas ! hurla l'homme.
Anise releva le menton, mâchoire serrées, puis pivota vers l'homme.
— Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ? dit-elle. Parce que si vous l'étiez, vous n'auriez même pas songé une seconde à braquer cette Pharmacie.
— Ferme ta gueule ! s'exclama l'autre.
— Il est parfaitement inutile de me crier dessus, vous savez, je...
— FERME TA GUEULE, SALE PUTAIN !
Annie serra les lèvres. Soudain, l'homme pointa son arme sur elle et appuya sur la gâchette. La jeune femme leva la main. La balle s'arrêta en vol.
— Co-comment...? Comment t'as fait ça, pétasse ?! s'exclama l'homme. Comment ?!
— Je vous l'ai dit, ce n'était pas une bonne idée de braquer une Pharmacie... ou travaille une sorcière de Salem !
La jeune femme frappa alors dans ses mains et l'homme poussa un hurlement en basculant en arrière. Il tomba lourdement sur le dos et glissa jusqu'à un rayonnage en carton qui lui dégringola sur la tête.
— La police arrive, dit alors Ivan en apparaissant. Je reconnais volontiers que c'est bien pratique d'avoir une sorcière apprivoisée. Merci.
— Hey ! s'offusqua la jeune femme souriant.
Elle leva les yeux au ciel puis se tourna vers Natalie qui était restée cachée derrière elle tout du long.
— Ça va aller ?
— Tu... Tu es quoi ?
— Oh... souffla Anise. Tu ne savais pas ?
— Je... Je savais que tu étais la copine de l'Alpha, mais pas que... que tu...
Anise pencha la tête et leva une main. Un verre d'alcool apparut, se remplissant magiquement, et Natalie, blême, le prit d'une main tremblante et le vida d'une traite. Deux hommes en uniforme apparurent alors et s'approchèrent d'Ivan.
— C'est vous qui avez fait ça ? demanda l'un d'eux.
— Non, je l'ai pas touché, promis ! C'est ma petite sorcière qui a réglé le problème ! Et sans le toucher !
— Une sorcière ?
— Salut, répondit Anise avec un signe de la main.
— Je la connais, dit alors l'autre policier. C'est Anise Lambert, la nana de McCall. Elle ferait pas de mal à une mouche.
— Tout dépend de la taille de la mouche, officier, répondit la jeune femme. Et si elle est armée ou pas.
Natalie pouffa dans son verre et Ivan esquissa un sourire amusé.
— Allez, les gars, enlevez-moi ce gus de mon rayonnage, ça fait désordre ! dit-il ensuite. Oh, et il avait un flingue... Quelque part... Oh, trouvé !
Les policiers levèrent la tête et avisèrent l'arme suspendue au faux-plafond, à environ trois mètres de là.
— Anise...? dit alors Ivan.
— Hm ? Oh... Oui, bien sûr...
La jeune femme agita les doigts et le pistolet tomba entre les mains de l'officier en dessous.
— Merci. Vous viendrez au bureau du Shérif après le travail pour faire une déposition.
— Entendu, officier.
— Allez, mon zigoto ! Debout ! dit l'autre policier en remettant le braqueur sur ses pieds. On va aller faire un gros dodo en cellule !
Il semblait sonné mais quand son regard croisa celui d'Anise, il se mit aussitôt à trembler et tenta de détaler. L'officier le tenait cependant fermement et se laissa remorquer dans la galerie marchande sous les rires d'Ivan.
— Je vais ranger, dit alors la jeune sorcière. Il a tout cassé...
— Ce n'est que du carton, répondit la patron avec un haussement d'épaule. Mieux vaut ça que l'une des filles qui se prend une balle.
— C'est certain ! couina Natalie.
— Doucement sur l'alcool, dit alors Ivan en lui prenant le verre qui semblait se remplir tout seul. Hm, très bon ! dit-il ensuite après avoir goûté ce qu'il contenait.
— Bourbon anglais de 1680, répondit Anise. Il vient de la cave de mon grand-père, alors ne buvez pas tout !
— Intéressant... Le verre de rempli tout seul... Hmm vraiment t'es bon... Bon allez, arrête. Une dernière...
Ivan secoua alors la tête, avala une gorgée puis reposa le verre sur le comptoir en conduisant Natalie à l'arrière. Anise les regarda partir puis récupéra un balai derrière un rideau proche et entreprit de nettoyer les bazar que ce braqueur à la petite semaine avait mis...
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