Chapitre 87
Anise et les trois officiers de police atteignirent rapidement la maison de luxe sur la colline. Malgré un escalier d'une centaine de marches, ils étaient toujours concentrés et profitèrent d'avoir une liaison radio avec le Shérif pour être sûrs que le ravisseur ne savait pas qu'ils étaient là.
— Il est où ? demanda Anise en se baissant sous une fenêtre.
—Toujours sur le balcon, il a accepté de répondre au téléphone il y a deux minutes.
— Tant mieux, on va pouvoir entrer sans se faire voire. Je vais devoir vous demander de rester ici, tous les deux. Si Scott est blessé, il pourrait vous faire du mal ; Parrish le protégera, même de ses collègues.
— L'Alpha n'est pas son maître pourtant... objecta l'un des officier, surpris.
— Non, mais il reste le Vrai Alpha et toute créature surnaturelle, peu importe sa race, ressentira le besoin de le protéger. C'est comme ça.
— Même vous ?
— Je suis sa femme, c'est encore pire, croyez-moi !
L'officier sourit puis secoua la tête et sortit son pistolet. Il se redressa pour jeter un coup d'œil par la fenêtre et se rassit aussitôt.
— Il n'y a personne dans l'entrée, dit-il. Je pense que la famille est seule.
— Vous avez vu Scott ou Jordan ?
— Non, mais l'odeur de brûlé qui flotte dans les environs nous renseigne sur la direction à prendre... intervint un second policier.
Anise renifla puis hocha la tête et décida qu'ils allaient faire le tour de la maison par le sud. L'un des policier décida de passer devant, juste au cas où et la colonne longea le mur blanc en silence jusqu'au coin. Là ils tournèrent sur la gauche et continuèrent, non sans un arrêt à chaque baie vitrée afin de vérifier sur quoi elle donnait. Ils finirent cependant par arriver au balcon et l'un des policiers remarqua rapidement qu'il ne voyait plus de ravisseur. On le prévint alors par radio qu'il était rentré dans la maison pour aller pisser, apparement.
— Il a que ça à faire... soupira Anise en levant les yeux au ciel. Les hommes...
Les policiers échangèrent un regard puis celui de devant s'approcha d'une baie entrouverte et la repoussa doucement du bout de son pistolet. Il entra à quatre pattes et se glissa derrière un canapé. Anise le suivit en se cachant sous un bureau. Les deux autres policiers restèrent dehors, aux aguets.
— Je vois Parrish, dit soudain le policier en jetant un coup d'œil par-dessus le canapé. Il est sur le sol, maîtrisé.
— Comment c'est possible, il est impossible à maîtriser ! répondit Anise à voix basse, surprise. Et encore moins par un gamin !
— Je l'ignore, probablement du chantage... Je vais m'approcher.
Le policier quitta sa cachette et traversa le salon rapidement. Lorsqu'il sortit sur le balcon-terrasse, il regarda de tous les côtés et se retourna pour faire signe à Anise qu'elle pouvait sortir, mais il n'en eu pas le temps, un coup de feu résonna et l'officier tomba au sol, mort. Anise plaqua ses mains sur sa bouche pour étouffer le hurlement d'horreur qui sortait d'elle ; elle fut obligée de se calmer quand elle vit un homme de haute stature apparaître, basculant un fusil de type carabine contre son épaule. Il avait un casque sur les oreilles comme s'il écoutait de la musique. Il toucha le corps du bout du pied puis se détourna ; Anise comprit à ce moment là que seule la magie pourrait les sortir de cette situation. Posant sa main sous le plateau de la table sous laquelle elle se tenait, elle attendit un instant et le visage de Stilinski apparut.
— Je ne peux pas vous parler longtemps, dit-elle. L'un de vos hommes a été abattu sous mes yeux. Le tireur est un jeune homme, il doit avoir vingt ans, il a un casque de musique sur les oreilles et une carabine de chasse. Il a abattu votre homme sans aucune once d'empathie... Je pense que c'est un jeu pour lui ou alors il n'est pas tout là.
— D'accord, répondit Stilinski. Ne prenez aucun risque.
— Je ne crains rien, mais je ne serais pas contre du renfort... Je...
La jeune femme entendit soudain des pas et se tut. Posant son index sur ses lèvres, elle indiqua au Shérif qu'elle coupait la communication et se retourna. Elle croisa le regard des deux policiers cachés à l'entrée de la maison, puis se baissa et observa l'interstice sous les meubles. Elle vit une paire de baskets fatiguées marcher et se retourner plusieurs fois ; elle comprit que c'était l'assassin et décida d'intervenir. Elle ne craignait vraiment pas grand chose. Elle n'était certe pas pare-balles, mais ses pouvoirs là protegereaient tout aussi bien. Baissant les yeux sur ses mains, elle frotta ses doigts entre eux et ils émirent des étincelles.
Serrant les mâchoires, elle inspira et songea à Scott en posant une main sur son estomac. Elle le sentait faible, pourquoi elle n'en savait rien parce qu'ils n'avaient pas de lien de sang ou magique entre eux, mais elle sentait qu'il souffrait et qu'il ne tiendrait pas longtemps si elle ne faisait rien.
— Je sais qu'il y a quelqu'un ! dit soudain le tireur. Sortez de votre cachette !
Anise serra les mâchoires. Inspirant, elle se glissa hors de sous la table puis se releva, les mains en l'air. L'intrus se tourna vers elle d'un bloc et la jeune femme profita de sa surprise pour frapper dans ses mains avec force. Une onde se choc se propagea alors et le garçon poussa un cri de surprise en rabattant ses bras devant lui. La puissance de l'attaque déplaça le canapé derrière lequel se trouvait Anise, ainsi qu'une table basse en verre qui heurta les genoux du garçon. Il lâcha un solide juron et se redressa ; il réalisa alors avec horreur qu'il avait lâché sa carabine et il regarda Anisa qui esquissa un sourire et claqua des doigts. La seconde suivante, les cordages qui retenaient les rideaux ouverts se jetèrent sur l'intrus pour le ligoter. Il poussa des cris en tombant lourdement sur le ventre et se tortilla ensuite. Les deux policiers entrèrent alors.
— Il est maîtrisé, tout va bien, dit Anise en ramassant le fusil.
— Je dois admettre que la magie, c'est quand même pratique...
Elle le tendit à un policier qui le cassa pour faire sauter les deux chevrotines. Son collègue récupera sur le garçon une sacoche avec des munitions et Anise tourna soudain la tête.
— Scott !
Parrish et le jeune Alpha entraient dans la maison, clopin-clopan, et Scott s'écroula dans un canapé.
— Tu es blessé ! s'exclama la jeune femme.
— Parrish a cautérisé les plaies, ce n'est rien... Qu'est-ce que tu fais là, tu n'aurais pas dû...
La jeune femme le fit taire et souleva le t-shirt de son compagnon, découvrant deux blessures par balle au niveau de l'abdomen. Elles avaient effectivement été cautérisées au feu et Parrish, la manche droite de son uniforme en lambeau, inspira en serrant le poing.
— Je ne suis pas Guérisseuse, dit alors Anise. Il faut aller à l'hôpital...
Des sirènes se firent ensuite entendre et bientôt, tout un bataillon de voitures déboula dans la cour de la maison. Noah apparut, arme à la main, mais se figea en constatant que tout semblait fini.
— Les otages, dit alors un des policiers qui avaient accompagné Anise.
— On y va. Mettez-moi celui-ci au frais ! Et appelez des ambulances !
Il avisa le corps sans vie sur la terrasse et plissa le nez.
— Et la police scientifique aussi...
Il souffla et se détourna ensuite en envoyant des hommes libérer les otages. Quand ils apparurent, le vieil homme reconnut aussitôt Anise et se mit à pleurer en tendant les mains vers elle. Elle se leva et ils s'enlacèrent une longue seconde.
— Merci ! Merci jeune fille ! Tu nous as sauvé la vie !
Il la reprit dans ses bras puis un policier l'incita à s'éloigner pour sortir de la maison comme des ambulances arrivaient. Anise souffla alors par le nez et sentit qu'on lui prenait la main. Elle se retourna et s'assit près de Scott.
— Tu ne souffres pas trop ? demanda-t-elle.
— Ça va. Mais les deux balles ne sont pas ressorties donc je vais passer sur le billard, obligé... Tu ne peux pas...?
— Je pourrais, oui, mais ta mère me ferait des reproches. Je crois qu'elle n'aime pas que je me serve de la magie à tour de bras.
— Ce n'est pas comme si tu avais le choix, répondit Scott.
— Monsieur McCall, on vous emmène ? demanda alors un médecin en s'approchant.
— Ce serait pas refus, j'ai deux balles dans le ventre...
L'homme le regarda comme s'il lui avait poussé des cornes puis leva les yeux au ciel et fit signe à deux infirmiers d'apporter un brancard pour que le jeune homme s'y installe. Anise décida cependant de rester et Parrish accompagna Scott dans l'ambulance. Quand elle quitta la zone, Stilinski s'approcha.
— Pourquoi n'y êtes-vous pas allée ?
— Ces gens ont besoin de moi et de toute manière je suis plus utile ici qu'à attendre là-bas en me rongeant les sangs.
— C'est pas faux... Bon, venez leur parler, ils sont plutôt secoués et...
Derek, Isaac et Liam apparurent entre els ambulances.
— Scott est parti à l'hôpital, les informa aussitôt la jeune femme.
— On a vu, oui, répondit Derek. Tu n'aurais jamais dû venir ici toute seule.
— Pourquoi ? J'étais là seule à pouvoir faire quelque chose sans qu'il ne tue tout le monde.
— Un sniper l'aurait eu depuis une autre maison, répondit Isaac, les sourcils froncés. Tu as délibérément mis en danger la meute, Anise.
La jeune femme haussa un sourcil sans comprendre.
— Je vous ai dit tout à l'heure que...
— Et on en a discuté. On pense que tu n'es pas prête à diriger la meute comme si tu étais la femme de Scott.
— Mais je suis sa femme, je... Bon sang, je ne vais pas devoir vous détailler ce qui se passe dans notre chambre, si ?!
Isaac grimaça aussitôt et se détourna.
— Reste ici ! répliqua la jeune femme. Tu crois que tu peux t'en aller comme ça après m'avoir accusée de vouloir être quelqu'un que je ne suis pas ?!
Isaac se figea. Sans prévenir, il se retourna et saisit Anise à la gorge. Elle poussa un cri de surprise, tout comme Derek. Liam, lui, lui prit le bras et s'y agrippa.
— Lâche-la tout de suite, dit-il entre ses dents.
— Pourquoi ?
— Lâche-la, c'est un ordre, Isaac.
— Sinon quoi ?
Liam grogna. La suite se passa en quelques secondes ; bondissant, il arracha son ami de la gorge d'Anise et ils roulèrent tous les deux entre les jambes des médecins et des policiers qui intervenaient. Tous se mirent à pousser des cris de surprise et à reculer en jurant.
— Arrête-les, ordonna alors Derek.
— Isaac m'a attaquée, Liam ne fait que me défendre.
— Arrête-les ! répliqua le loup. Où c'est moi qui le fait !
Anise croisa les bras et serra les mâchoires. Passant sa langue sur ses lèvres, elle souffla par le nez.
— Liam, arrête, dit-elle alors sans même hausser la voix.
L'effet fut immédiat, le jeune loup, qui allait frapper son ami, se figea, le bras en l'air, poing serré.
— Tu es sûre ? demanda-t-il.
— Oui, il ne m'a pas fait de mal. Arrête. Il répondra de Scott quand il sera sorti de chirurgie.
Liam regarda la jeune femme puis Isaac et s'éloigna en marmonnant. Derek vint l'aider à se relever et Liam rejoignit Anise. Sans un mot, ils partirent tous d'eux.
— C'est quoi ton problème ? dit alors Derek. Scott est ton frère et ça fait d'Anise ta belle sœur ! Pourquoi tu t'en prends à elle, brusquement ?
Isaac déglutit et baissa le nez.
— Je suis désolé, Derek, je... Je ne sais même pas pourquoi... Qu'est-ce qui s'est passé ?
Derek fronça les sourcils.
— Tu t'en es pris à Anise, tu l'as attrapée à la gorge et Liam a été obligé d'intervenir pour la protéger... Il allait te frapper quand Anise l'en a empêché. Qu'est ce qui t'as pris ?
Isaac secoua la tête.
— Je ne sais pas... Je ne suis pas possédé, non, je sais ce que j'ai fait, mais je ne sais pas pourquoi, je... Derek, Scott va m'en vouloir ! Il va me chasser de la meute et...
— Non ! Non ne t'en fais pas, il ne fera jamais ça ! C'est un incident isolé, d'accord ? Probablement dû au stress de la journée. Rentre chez toi et repose toi.
— Tu crois ?
— Nous sommes soumis à beaucoup de stress nous les loups, et c'est vite fait de partir en vrille sans s'en rendre compte. Rentre à la maison et repose-toi, on se voit demain.
Isaac opina lentement et tourna les talons. Deux filles s'approchèrent, intriguées, et quand l'une d'elle demanda s'il fallait le raccompagner, il accepta sans grande joie et tous trois quittèrent la propriété sans un mot de plus.
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