Chapitre 82
Les craintes de Liam se révélèrent vraies et, quand il confronta ses parents concernant leur décision de vendre la maison dans laquelle il vivait depuis dix ans, une violente dispute secoua la toiture...
— Vous n'avez pas le droit !
— C'est encore notre maison, rétorqua la mère du jeune homme.
— Que vous m'avez léguée !
— Non, nous te laissons y vivre à titre gratuit, c'est totalement différent, répondit Marcus. Tu as vingt-six ans, Liam, il est grand temps que tu aies ton propre chez toi. Avec ça, tu as un travail et un compagnon. N'as-tu donc pas envie de vivre avec lui ?
Liam grimaça.
— Gustave est un vampire, Papa ! Il dort dans un cercueil !
Marcus Geyer plissa le nez.
— Écoute, je vais te proposer la chose suivante. Nous avons besoin de l'argent de cette maison pour acheter un appartement à Boston, dit-il en croisant le regard de sa femme. S'il reste de l'argent, nous pouvons t'acheter un petit appartement, ici, à Beacon Hills, qu'est-ce que tu en penses ?
— Que je serais mieux dans le cercueil de mon mec... bougonna le jeune homme en croisant les bras. Les apparts valent une blinde, ici ! La présence de la meute à fait grimper les prix parce que la sécurité est maximale ! Et c'est pas avec mon boulot de plongeur à mi-temps que je vais arriver à payer un loyer. Non, franchement, vous me mettez dans la merde, vraiment.
— Langage...
Liam se figea et se retourna lentement. Il sentit aussitôt un sentiment de peur provenir de derrière lui et il jeta un bref coup d'œil à ses parents avant de reporter son attention sur Derek.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda le jeune loup, soudain méfiant.
— Gustave m'envoie te récupérer. Tu es parti depuis une heure, la lune se lève, il est temps d'aller aux mines.
Liam serra les mâchoires. Se retournant vers ses parents, il les pointa du doigt.
— Vous n'avez pas intérêt à faire quoi que de soit sans moi ! dit-il entre ses dents. Ce n'est vraiment pas la bonne période pour venir me faire chier !
Derek grogna ; Liam lui jeta un coup d'œil puis les deux loups quittèrent la maison et le couple Geyer souffla longuement.
— Ce loup me semble encore plus impressionnant que McCall ou c'est une impression ?
— C'est Derek Hale, répondit Lillian en plissant le nez. Beth m'a expliqué que c'était un loup-garou différent des autres, il est beaucoup plus puissant et il est capable de se transformer totalement en loup...
Marcus grimaça. Quand Scott McCall avait commencé à recruter des humains pour former sa meute, ils avaient pris peur et avaient décidé de partir de Beacon Hills, comme des milliers de personnes en même temps, prenant la lourde décision d'abandonner ici leur fils unique transformé en loup-garou contre son gré. Ils n'avaient jamais remis les pieds dans la ville depuis, mais ils n'étaient pas revenus depuis vingt-quatre heures qu'ils avaient déjà croisé plus d'une dizaine de personnes aux yeux jaunes...
— Qu'est-ce qu'on fait ? demanda soudain Marcus.
— On va attendre que la lune passe, répondit sa femme. C'est mon fils, Marcus, je ne peux pas lui faire une crasse pareille sans être sûre qu'il aura un endroit où atterrir en sûreté.
— C'est aussi mon fils, même si je ne l'ai pas adopté, répondit l'homme. Il n'empêche que si nous perdons trop de temps à négocier avec lui, l'appartement risque de nous passer sous le nez...
— Alors on en trouvera un autre ; ne t'en fais pas, je n'ai pas l'intention de céder à Liam, nous allons vendre la maison, point. S'il le faut, nous négocierons avec McCall pour qu'il s'installe à la savonnerie le temps de se retourner et...
— Je vais vous faire une autre offre, annonça soudain un homme.
Le couple frissonna sous le ton de la voix et se retourna. Lilian déglutit en découvrant un homme de grande stature, les cheveux noirs noués sur sa nuque, vêtu d'une mode plutôt passée qui aurait pu être confondue avec la mode gothique actuelle.
— Et vous êtes ? demanda Marcus.
— Gustave Von Dermer, mais vous pouvez m'appeler Comte Dracula...
Lilian sembla s'étouffer avec son air et hoqueta.
— C'est vous ! s'exclama-t-elle en le pointant du doigt. C'est vous avez perverti mon enfant !
— Perverti, tout de suite... Notre relation n'a rien à voir avec une telle chose, répondit le vampire en levant les yeux au ciel. Je n'ai fait que lui proposer de l'aider à gérer sa colère en liant à moi comme je l'aurais fait avec n'importe laquelle de mes victimes humaines, à la différence que je n'ai pas l'intention de dévorer votre fils... J'en mourrais. Littéralement.
— Liam n'a pas de problèmes, répondit Marcus. C'est un garçon fragile et c'est tout, nous...
— Liam est un garçon qui n'a aucune confiance en lui, répondit Gustave les sourcils froncés. Depuis qu'il a été transformé contre sa volonté, et même s'il a accepté son sort, il n'aime pas être un loup-garou et essaie de vivre comme un humain malgré tout. Il continue à aller à l'université alors que les autres loups de son âge ont immédiatement tout abandonné... Liam fait de son mieux pour ne pas perdre l'humanité qui lui reste, celle que vous lui avez donnée en tant que parents. Cette maison est tout ce qu'il en reste puisque vous avez étés trop couards tous deux pour rester et l'aider.
Lillian serra les mâchoires.
— Je ne vous permets pas de...
— De quoi ? la coupa le vampire. De dire que vous avez été de mauvais parents ? Je me passerai de votre permission, Madame. Vous avez abandonné votre fils alors qu'il avait seize ans !
Il se tut ensuite et regarda autour de lui.
— Vous savez, des gens comme vous, j'en ai connu des milliers depuis six siècles... Plus jeune, je les tuais sans état d'âme, puis j'ai été damné et condamné à errer sur cette terre pour l'éternité... J'ai alors découvert que ce monde était plein de gens ingrats, de parents défaitistes, couards, bon à riens... Liam a été bien élevé, je ne peux pas le lui retirer ; tellement bien qu'il ne s'opposera pas à la vente de cette maison, quand bien même il vous détestera pour le reste de vos jours pour lui avoir retiré son dernier lien avec son humanité.
Lillian déglutit. Elle chercha la main de son mari, mais il fit un pas en avant.
— Si nous sommes partis, c'est à cause de McCall, dit-il, contrarié. Il n'a pas pensé aux conséquences pour les humains qui vivaient tranquillement dans cette ville avant d'y rameuter tous les monstres de la région !
— Sans doute. Il n'empêche qu'il est actuellement la personne la plus importante de cette région et que vivre dans sa ville vous assure une protection encore plus efficace que si un contingent de police campait dans votre salon !
Marcus serra violemment les mâchoires.
— Partons, dit-il soudain à sa femme. Nous ferons les démarches en ligne.
— Un instant, répondit Gustave. J'étais venu vous faire une offre...
— Inutile, nous avons déjà décidé et...
— Vendez-moi votre maison.
Lillian eut un hoquet.
— Pardon ? Pourquoi ferions-nous une telle chose ?
— D'une, parce que deux cent mille dollars, ce sont des clopinettes pour moi, et de deux parce que l'homme que j'aime n'aura plus d'endroit où vivre et perdra ses derniers repères dans ce monde après l'abandon de ses lâches de parents.
— Vous n'avez pas le droit ! s'exclama Lillian, le visage soudain couvert de larmes. Si nous sommes partis...
— Vous auriez dû rester ! aboya le vampire en retour. Vous êtes ses parents ! Vous aviez le devoir de vous occuper de lui comme Melissa s'est occupée de son fils quand il a été mordu !
Il fit un grand geste du bras et Lilian laissa échapper un hoquet douloureux en s'asseyant au bord du canapé. Marcus baissa les yeux sur elle puis toisa Gustave, furieux.
— Pas étonnant qu'il se soit trouvé de nouveaux parents, acheva celui-ci.
Lilian eut un hoquet.
— Pardon ?! Des parents ? Mais qui...?
— Oui. Oh, ce n'est pas compliqué à deviner...
— McCall ! siffla Marcus.
— Exactement. C'est auprès de l'Alpha et de sa femme que votre fils a trouvé la stabilité affective dont il avait besoin ces dernières années. Vous l'avez abandonné parce que vous aviez peur de lui, de ce qu'il était devenu, alors il s'est tourné vers la première source d'amour qu'il avait dans son entourage, son Alpha.
— Mais... Pourquoi il ne nous a rien dit ?!
— Parce que ce n'est pas moi de quémander l'amour de mes parents.
Le couple tourna la tête et Liam entra dans la pièce. Il rejoignit Gustave qui passa son bras autour de ses épaules.
— Derek t'a laissé partir ?
— Non, je lui ai faussé compagnie ; il va débarquer d'une minute à l'autre, mais je ne pouvais pas laisser les choses comme ça. Pourquoi vous êtes là ?
— Pour mettre un terme à cette mascarade.
Lillian déglutit.
— Mon cœur, est-ce que tu comprends pourquoi nous faisons cela ? demanda-t-elle alors.
— Oui, parce que vous êtes des lâches qui avez décidé de changer de vie, j'avais compris. Le fait que votre fils unique vive dans cette maison seul depuis dix ans ne vous dérange même pas ? Vous avez décidé que je n'étais qu'un meuble qu'on dépose sur le trottoir quand on déménage en espérant qu'un voisin le prendra sous son aile, c'est ça ?
Gustave esquissa un sourire. Il était un peu ce voisin; l'image l'amusa.
— Vous avez besoin d'argent, nous l'avons compris, dit-il alors. Je vous propose de vous acheter la maison au prix du marché, de ce fait, vous aurez votre argent pour cet appartement et nous deux, en contrepartie, nous ne vous verrons plus jamais dans cette ville.
— C'est un chantage.
— Non. Du tout. Cela s'appelle un règlement à l'amiable.
Marcus grimaça. Baissant les yeux sur sa femme, pensive, il croisa ensuite le regard de Liam qui se détourna soudain et s'éloigna.
— Nous n'en avons pas terminé, dit alors Marcus.
Gustave hocha la tête puis sortit dans le jardin et retrouva son compagnon debout devant une petite piscine enterrée, les mains dans le dos.
— Chéri... tenta-t-il. Tu m'en veux pour être intervenu ?
— Non, répondit le jeune homme en se retournant. Pas du tout. Mais je sais qu'ils n'accepteront pas.
— Pour quelle raison ? Je leur offre en cash le prix de leur maison sur le marché, sans regarder l'état ni rien d'autre. J'irais demain à la banque demander un transfert de mon compte en Transylvanie et...
— Gustave, mon amour, je connais mes parents, ils n'accepteront pas...
Le vampire serra les lèvres. Il jeta un coup d'œil vers la maison et souffla par le nez.
— Dans ce cas, qu'ils se débarrassent de cette maison, j'ai largement de quoi t'acheter l'appartement que tu voudras, lâcha-t-il, agacé. Viens, je te ramène aux mines.
Liam se mordit la lèvre.
— Gustave...
— Hm ?
— Je suis d'accord pour que vous achetiez un appartement.
L'homme regarda son compagnon avec étonnement.
— Il y a un mais, dit-il en fronçant les sourcils.
— Rien d'insurmontable.
— Mais encore ?
— Je suis d'accord pour que vous m'achetiez cet appartement, à condition que vous vous installiez avec moi dedans.
Gustave se retourna et haussa les sourcils si haut qu'ils se perdirent dans ses cheveux. Il esquissa ensuite un sourire puis tendit les bras et Liam se laissa enlacer. Il recula rapidement et le vampire l'embrassa solidement. Un raclement se gorge les sépara.
— Désolée de vous déranger... Pourrais-je parler en privé à mon fils, monsieur Von Dermer ?
— Bien sûr. Je vous en prie. Je vais prévenir l'Alpha que son Lieutenant revient bientôt.
— C'est ça.
Gustave disparut alors dans les ombres et Liam regarda sa mère qui se tenait à quelques pas de là. Elle lui dit signe de la suivre et ils s'assirent sur un petit muret.
— Mon cœur, tu sais que nous ne faisons pas cela pour te blesser, n'est-ce pas ?
— Encore heureux ! Vous m'avez assez blessé pour le reste de ma vie, je pense. Sans compter que les choses risquent d'être encore différentes étant donné que je viens de demander à Gustave d'emménager avec moi.
Lillian haussa un sourcil et serra les lèvres.
— Tu l'aimes ?
— Oui. Et quand bien même il soit un vampire, que dis-je, LE vampire, c'est pareil pour moi. Je ne pensais pas qu'un jour je trouverai mon bonheur dans les bras d'un homme, et peut-être qu'il sera le seul, mais je l'aime et je suis terriblement déçu qu'il ait eu à intervenir dans cette affaire. Vous auriez pu au moins me téléphoner avec de débarquer comme ça, comme des cheveux sur la soupe en m'annonçant que je serais SDF dans une semaine.
Lillian ne répondit rien et se tourna brièvement vers la maison avant de revenir sur son fils.
— Je suis vraiment désolée que les choses se passent de cette manière, dit-elle doucement. Nous avons bêtement pensé que peut-être tu ne vivais même plus ici, que tu avais pris tes quartiers avec la meute et...
— Je peux y dormir, oui, il y a un dortoir où nous passons les nuits de garde, mais ce n'est pas une maison, Maman... Gustave vit là-bas pour le moment, mais il n'est pas bien installé, il campe et...
— Cesse de parler de cet homme, tu veux ? Pour peu que je puisse le qualifier ainsi.
Liam regarda son père qui approchait.
— C'est mon homme, Papa... dit-il. Vampire, loup-garou, peu importe, il partage ma vie pour le moment et même si je sais que moi, je ne suis que de passage dans sa vie éternelle, je suis là et tu ne peux pas le mépriser de la sorte, d'autant plus que sans lui, je pourrais déjà vous avoir blessés tous les deux, voire tués...
Marcus grimaça.
— Écoutez, dit alors Liam. Gustave et moi, on a convenu d'une chose à l'instant ; vous voulez cette maison ? Très bien, prenez là, Gustave à décidé de m'acheter un appartement, à la seule condition qu'il vienne s'y installer avec moi. Il a accepté.
— Pourquoi faire tant de cinéma, dans ce cas ? Pourquoi ne pas avoir dit cela dès notre arrivée ?
— Parce que j'ignorais que j'étais prêt à vivre avec l'homme que j'aime, Papa, c'est aussi simple que ça.
Marcus serra les mâchoires en hochant la tête. Il regarda la maison ; composée de quatre chambres de bonne taille et d'un séjour qui comprenait cuisine ouverte, salon et salle à manger, elle était idéale pour une famille de cinq personnes, mais bien trop grande pour une seule, et le jardin pouvait accueillir un ou plusieurs animal qui serait parfaitement heureux de s'épanouir ici...
— Nous avons rendez-vous avec l'agence immobilière demain matin, dit alors l'homme. Je ferais en sorte qu'elle nous montre les appartements disponibles.
— C'est gentil, mais ce n'est pas nécessaire Gustave et moi iront choisir nous-même, répondit Liam. Il a des goûts assez particuliers, il est habitué à vivre dans un certain luxe, on va dire, même s'il a passé les deux siècles derniers dans une boîte en bois perdue dans les sous-sols du musée de New-York...
Le couple en face de Liam se regarda d'un air perdu. Lilian décida de ne pas tenir compte de cette dernière phrase et tendit les bras.
— Je suis désolée, mon cœur ! dit-elle comme le jeune homme se réfugiait contre elle. Je n'ai jamais voulu que les choses se passent comme ça...
— Je sais, Maman, mais finalement tout va bien. Vendez la maison, ce sera bizarre parce que je suis né ici, mais c'est la vôtre, vous en faites ce que vous voulez.
Lilian sourit doucement et l'embrassa sur le front une longue seconde avant de le reprendre dans ses bras. Marcus posa une main dans son dos et, sentant une présence, il tourna la tête et avisa Scott tapis dans les ombres. Sans un mot, il se contenta d'un signe de tête et le loup fit de même, assorti d'un petit coup d'yeux rouges, avant de disparaître...
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