Chapitre 66
— Maison, enfin !
— On te laisse, on rentre, dit Stiles depuis la voiture. On ira pas au hangar tout de suite, on va prendre deux trois jours pour se remettre de la route avec Derek.
— Ça marche. J'irais y faire un tour demain, histoire de voir si tout le monde est encore en vie.
Stiles rigola. Il cogna son poing contre celui de son meilleur ami puis le SUV noir s'éloigna et Scott soupira. Il ramassa sa valise et rentra dans la maison familiale ; il était midi et ils étaient partis d'Oshawa trois jours plus tôt et avaient littéralement traversé les États-Unis d'Amérique d'ouest en est...
— Il y a quelqu'un ?
Le silence répondit au jeune homme qui soupira et monta dans sa chambre. Son téléphone sonna comme il déposait sa valise sur son lit.
— Salut, chérie, dit-il en décrochant. T'es arrivée à Fresno ?
— Il y a bien deux jours, oui ! répondit Anise, amusée. Et toi, tu es rentré ?
— À l'instant oui. Et tu ne m'as pas appelé ?
— J'ai été débordée, mais un truc de malade ! Quand je suis arrivée au convent, mes sœurs étaient toutes agitées, et j'ai eu bien du mal à comprendre pourquoi. L'une d'elles m'a alors expliqué qu'un couple de magiciens avait été tué il y a deux semaines, dans le nord de la Californie, et que la femme avait été retrouvée morte à Beacon Hills.
— On sait, ça, répondit Scott, intrigué.
— Oui, mais ce qu'on savait pas, c'était que les magiciens de Californie ont pour tradition, quand l'un des leurs est tué par un vampire, de lui donner ses enfants afin qu'il les élève... Une sorte de punition presque divine.
— Minute, si tu dis que la mère du bébé était magicienne...?
— Non, elle était humaine, c'était son mari le magicien... Mais ça revient au même, Gustave va élever le bébé et...
— Je doute fort, à moins que ce soit lui qui ait tué ce couple, ce dont je doute également, répondit Scott. Écoute, je me pose une heure ou deux et je vais à la savonnerie, je saurais tout de suite de quoi il retourne.
La sonnette de la maison retentit soudain en le faisant sursauter.
— J'ai quelqu'un à la porte, je te rappelle ce soir.
— Entendu. Je t'aime.
— Moi aussi, à ce soir.
Scott glissa le téléphone dans sa poche et descendit comme on sonnait à nouveau. Quand il ouvrit la porte, il découvrit le Shérif qui repartait.
— Shérif ! Je suis là.
— Oh ! Parfait ! répondit l'homme en pivotant. J'ai cru que vous n'étiez pas encore arrivés...
— Il y a même pas cinq minutes. Vous vouliez me parler ?
— Oui, je ne sais pas si tu es au courant, mais j'ai un gars qui s'est présenté au commissariat en disant qu'il est le père du bébé que Gustave a trouvé...
— Ah non, je n'en savais rien... J'ai eu Isaac au téléphone presque tous les jours depuis notre départ et il ne m'en a pas parlé... Vous allez le lui rendre ?
— Pas encore. Avant nous devons nous assurer qu'il dit bien la vérité.
— Oui, c'est normal. Il est où, là ? Le bébé.
— Avec Gustave, au hangar. Il refuse de le confier à ma femme comme c'était prévu, pourquoi je ne sais pas.
— Sans doute que cela a à voir avec une certaine tradition chez les magiciens qui fait que les enfants dont l'un ou les parents magiciens sont tués par un vampire, lui sont conviés pour les élever...
Stilinski demeura silencieux un instant.
— Répète ?
Scott souffla par le nez.
— Allons au hangar, dit-il en tirant la porte après lui. Gustave nous expliquera tout bien mieux.
— De qui tiens-tu tout ça ?
— Anise vient de me téléphoner, elle m'a dit que ses sœurs étaient très agitées quand elle est arrivée et c'était à cause d'un couple de magiciens qui avait été tué par un vampire...
Le Shérif plissa un œil. Ils montèrent ensuite tous les deux dans le pick-up aux couleurs de la police locale avant de prendre la route en direction de la savonnerie.
.
— Je ne peux pas m'en occuper.
— Vous n'aurez pas le choix.
Emric était revenu, deux jours après être parti, mais sa réponse était la même, il refusait de prendre le petit Dany à sa charge.
— Je ne suis pas marié, messieurs, comment ferais-je pour élever un bébé sans épouse ?
— Je l'ai fait, répondit Gustave. Durant les cinq siècles où j'ai foulé cette terre, je n'ai pas toujours été marié... Plus souvent veuf que célibataire, d'ailleurs. De plus, je vous rappelle que je n'ai pas tué ce couple, donc il n'y a aucune raison, sinon mon affection pour ce bébé, pour que je l'élève.
Liam pencha la tête. Parfois, il avait tendance à oublier que son amant était aussi âgé et qu'il avait donc dû expériencer de nombreux moment pénibles d'une vie normale...
— Drac-... Pardon, Monsieur Von Dermer, je suis désolé, mais...
— C'est votre neveu, bordel ! siffla Liam. Assumez !
— Chéri... Doucement, répondit Gustave. Il a raison d'insister, c'est leur tradition depuis plusieurs milliers d'années, mais je ne peux pas m'occuper de ce bébé. D'une, parce que, comme je viens de le dire, je ne suis pas le meurtrier de ses parents, de deux parce que je t'ai dans ma vie...
Liam serra les mâchoires et tourna soudain les talons. Gustave s'excusa aussitôt et le suivit au fond du hangar. Il le saisit par l'épaule pour qu'il lui fasse face, mais le jeune loup se déroba et fit quelques pas supplémentaires.
— Mon amour, essaie de comprendre... tenta alors le vampire. C'est pour toi que je ne peux pas m'occuper de ce bébé, parce que si je rempile, je te mettrais de côté inévitablement...
— Et je ne vous le reproche pas du tout ! Je veux juste que ce lâche assume de faire son job ! répliqua Liam. C'est le boulot d'un oncle que d'élever les enfants de son frère ou sa sœur quand ils disparaissent ! Si... Si j'avais eu un frère et qu'il se soit fait tuer, je prendrais sa progéniture à charge sans même me poser de questions !
— Et c'est tout à ton honneur, mais Emric à raison dans le fait que c'est une tradition... Ce genre de pacte est lié par le sang et la magie, il est très compliqué de les défaire, mieux vaut bien souvent les exécuter...
— Vous vous contredisez... marmonna Liam en croisant les bras.
— Cette histoire est très complexe... Je suis désolé de t'impliquer là-dedans alors que tu n'as accepté d'être lié à moi que pour gérer ta colère...
— C'est outrepassé, ça, désormais, répondit le jeune loup. Vous êtes mon amant, maintenant et...
Une voiture se fit soudain entendre dans la cour et le couple pivota.
— C'est le Shérif, dit Gustave. Hm, l'Alpha est là aussi, ajouta-t-il en reniflant l'air.
— Allez dehors, dit alors Liam à Emric. Et restez-y jusqu'à ce que Scott soit parti.
— Qu'est-ce ?
— Mon père adoptif. Et le chef de la meute de Beacon Hills.
Emric fronça les sourcils puis quitta rapidement le hangar au moment où la porte coulissait. Gustave ramassa Dany qui venait de se réveiller et Liam se jeta dans le canapé en mode loque.
— Eh beh ! Je vois que ça bosse dur, ici ! s'exclama Scott en entrant.
— Doucement Alpha, répondit Gustave. Inutile de crier, vous faites peur au bébé.
Scott releva le menton. Liam quitta alors le canapé et les deux s'enlacèrent pendant plusieurs secondes.
— Content d'être rentré ? demanda le plus jeune.
— Honnêtement, oui. C'est super beau Oshawa à cette époque de l'année, mais mon pays me manquait.
— Anise est avec toi ? demanda alors Liam.
— Non, elle a dû retourner à Fresno quelques jours, pour finir son année et obtenir son diplôme. Après ça, elle revient définitivement ici.
— Super ! Et vous allez rester chez tes parents ?
— Je ne sais pas, on n'en a pas encore discuté. Bon, dites-moi, tous les deux, le Shérif vient de me dire que vous ne vouliez pas rendre ce bébé à son père ? Où est-il d'ailleurs ?
— Là... répondit Gustave en montrant le nourrisson sur son torse.
— Je parlais du père, répondit Scott en levant les yeux au ciel.
— Je sais pas. Il est venu il y a deux jours, sans le Shérif ni l'assistante sociale, mais il n'est pas revenu depuis, répondit Liam.
— Je ne suis pas au courant, répondit Stilinski. Que vous a-t-il dit ou demandé ?
— Un truc vraiment très étrange, répondit Liam. Une histoire de tradition très bizarre, comme quoi...
— Comme quoi, si un magicien se faisait tuer par un vampire, ses enfants devaient lui être confiés pour être élevés par lui, répondit Scott en hochant la tête.
— Comment vous le savez ? demanda Gustave.
— Vous vous êtes bien gardé de m'en parler, grogna le Shérif, les mains sur les hanches.
Gustave montra les dents.
— Vous l'auriez pris comment si je vous avais balancé une telle chose après que Liam et moi ayons découvert le corps de sa mère à moitié vampirisée ?
Scott grimaça.
— On se calme. Les choses se sont passées d'une telle manière, nous n'allons pas revenir dessus. Maintenant, il faut retrouver le père du gamin et lui rendre son fils.
— Il est mort.
Tout le monde pivota et Gustave recula derrière les trois loups qui grondaient. Un jeune homme venait d'entrer dans le hangar par la baie et Liam le reconnut.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il néanmoins.
Emric lui jeta un regard puis sembla comprendre et releva le menton.
— Je m'appelle Emric Hollenford et je suis le frère du magicien qui a été tué, le père de ce bébé. Je le cherche partout depuis trois semaines, lorsque nous avons découvert son père mort assassiné à Crescent Creek. Sa femme, Gil, et leur fils de deux mois avaient disparu. J'ai suivi leur trace magique jusqu'ici.
Stilinski plissa les yeux. Emric hocha la tête.
— Oui, dit-il. Je me suis fait passer pour mon frère en pensant pouvoir récupérer Dany plus facilement, mais je ne m'attendais pas à trouver un vampire ici... J'ai donc revu mes plans, mais il refuse de prendre un enfant de magiciens à sa charge.
Gustave serra les mâchoires. Il déposa le bébé dans un panier et posa ses mains sur ses hanches en soupirant.
— Ce n'est pas que je ne veux pas, jeune homme, dit-il. Je ne peux pas. Par égard pour Liam, je ne peux pas me charger d'un bébé.
Le jeune loup croisa alors le regard de Scott et comprit qu'il n'allait pas échapper à la discussion gênante qui allait suivre...
— Nous ne retrouverons pas les vampires qui les ont tués, dit alors Emric. Vous êtes l'un des vampires les plus connus, les plus respectés, votre nom fait frémir même le plus fier-à-bras des magiciens !
— Et alors ? Monsieur Hollenford, c'est votre neveu, pas le mien. Mon dernier enfant est mort depuis des décennies et je n'aspire pas en ravoir un maintenant.
Emric baissa le nez.
— Si je rentre avec lui, la Haute Prêtresse risque de nous tuer tous les deux. Elle n'était pas d'accord pour que mon frère épouse une humaine, et encore moins qu'ils aient un enfant ; quand Dany est né, ils sont partis de San Francisco et on voyagé à travers la Californie pendant deux mois. Ils se sont arrêtés à Crescent Creek deux jours avant de se faire tuer...
— C'est une histoire tragique, répondit Scott. Mais je ne peux obliger personne à obéir...
— Pourtant, vous êtes le chef, non ?
— Pas de Gustave, non. Si cela avait concerné Liam, j'aurais pu insister, mais pas dans le cas présent. La seule chose que je peux vous proposer, c'est de confier le bébé à la femme du Shérif d'ici à ce que les services sociaux le prennent en charge.
Emric secoua vivement la tête.
— Je préfère d'autant qu'il reste avec le vampire, dit-il. Je n'ai aucune confiance en les services sociaux, ils ne prennent en compte aucun besoin de l'enfant et/ou de sa race...
— C'est compréhensible, répondit Stilinski. Mais...
— Je suis son oncle, Shérif, le coupa Emric. Et je vais revenir le chercher, mais je dois avant régler le problème de l'éducation de ce bébé. La tradition veut que nous soyons élevés par des vampires parce que les temps ont changés et que désormais, c'est à nous magiciens de protéger les créatures anormales comme les loups-garous et les vampires.
— Vous nous avez chassés et massacrés pendants des siècles... grogna Scott.
— Je sais... S'il-vous-plaît, accordez-moi une semaine, le temps de que je rentre à San Francisco et que j'essaie de convaincre ma grand-mère. Elle refusera très certainement, mais...
— Je suis un loup-garou, dit alors Stilinski. Ma femme est humaine, elle est aussi bien placée que Gustave pour élever ce bébé dans le respect des créatures surnaturelles.
Emric sembla hésiter.
— Je dois voir tout cela avec la Haute Prêtresse. Je suis désolé pour le dérangement inutile et j'espère que nous allons régler rapidement le problème.
— Nous aussi...
Le nourrisson se mit alors à geindre dans son panier et Liam s'approcha de lui. Gustave observa son compagnon et esquissa un sourire. Il reporta son attention sur Emric qui inspira.
— Je serais de retour dans une semaine, dit-il. Promis. Toutefois, si je ne suis pas revenu, vous pourrez le faire adopter. Personne ne voudra de lui dans ma famille compte tenu de son ascendance...
Scott grimaça, mais acquiesça néanmoins ; le magicien s'inclina ensuite et disparut dans une ondulation. Le silence se fit aussitôt sur le groupe de quatre loups et quand Dany grinça quelque chose, Gustave s'en approcha. Il posa un bras dans le dos de Liam et lui souffla quelque chose à l'oreille ; le jeune homme rougit puis le repoussa.
— Je vous raccompagne, dit alors Scott en tournant les talons.
Stilinski hocha la tête et ils quittèrent la savonnerie en silence.
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