Chapitre 65
— C'est lui ?
Stilinski hocha la tête. Devant Gustave et lui, le dos voûté, un jeune homme était assis sur une chaise en plastique. Tête basse, il semblait épuisé.
— Que voulez-vous savoir ? demanda alors Stilinski.
— Avant de lui rendre son enfant, je voudrais juste savoir comment il a pu le perdre.
— Il dit que sa femme était bipolaire et qu'elle s'est enfuie avec le bébé pendant un épisode délirant.
Gustave grimaça.
— Je ne suis pas convaincu, dit-il. Il y a quelque chose avec cet homme qui me déplaît.
— C'est à dire ?
— Je suis une créature surnaturelle, je suis suffisamment âgé pour avoir un sixième sens relativement développé.
— Mais encore ? Je ne détecte rien...
Le vampire plissa les yeux. Soudain, il haussa les sourcils et eut un mouvement de recul.
— Tout va bien ? demanda le Shérif.
— Cet homme... Ce n'est pas son apparence originelle ! Il utilise un sortilège ou une quelconque supercherie pour prendre l'apparence d'une autre personne.
— Comment c'est possible ? C'est un changeforme ?
— Non. Je pense que c'est un magicien.
— Comme, Anise ?
— Elle, c'est une sorcière, c'est complètement différent. Les magiciens sont majoritairement des hommes, pour commencer et en général, ils ne sont ni bons ni mauvais, ils font juste ce que leur instinct leur dit au moment M.
— Je vois. Comment le confronter ? Si je lui donne le bébé et que ce n'est pas son père, alors je risque d'avoir des problèmes...
— Je vais me charger de lui. J'ai eu à faire à beaucoup de familles de magiciens depuis que je suis venu au monde, je sais comment les amadouer.
— Vous en êtes certain ?
Gustave opina ; Stilinski grimaça puis laissa le vampire quitter son bureau et aller s'asseoir près du jeune homme. Il retourna ensuite à son bureau en soupirant...
.
— Je voudrais tellement que tu rentres avec moi...
— Je sais. Mais je ne serais utile à la meute qu'une fois devenue une sorcière accomplie et avoir obtenu mon diplôme.
Scott bailla. Anise bascula la tête en arrière et sourit.
— Rentrons, dit-elle alors. Demain tu repars pour Beacon Hills, la journée va être longue.
— Heureusement que Derek et Stiles savent conduire aussi. Nous allons nous relayer.
La jeune femme se retourna alors et, agenouillée devant Scott, elle lui prit les mains.
— C'est la dernière fois que je pars, dit-elle. Promis. Dans un mois, je rentre et tu ne pourras plus te débarrasser de moi !
Scott rigola. Il l'embrassa ensuite vivement et la prit dans ses bras. Elle couina quand il serra sa prise puis elle se réinstalla contre lui et observa le ciel étoilé. Ils étaient sur les rives d'un lac, non loin de la petite maison que Derek et Stiles avaient louée afin de ne pas ennuyer Malia et Peter au loft.
— Cette maison est vraiment très belle... Je passerai bien l'été ici, moi...
Scott sourit.
— Malheureusement, m'éloigner de la meute trop longtemps pourrait la mettre en danger.
— Je sais, et il y a plein de jolis endroit autour de Beacon Hills, ne t'en fais pas, c'est juste qu'ici... Il y a quelque chose de magique.
— Mais encore ? Magique comme dans un conte de fées ou...
— Magique comme les contes de fées, ne t'en fais pas. La maison est tout à fait normale !
Scott rigola. Il se leva ensuite en prenant la main d'Anise pour l'aider à se lever à son tour et ils quittèrent la terrasse pour se rendre dans la chambre qu'ils partageaient afin de faire leurs bagages.
Dans le couloir, ils croisèrent Derek avec une pile de vêtements dans les bras.
— Tout est prêt ? demanda-t-il.
— Oui. Je partirais après vous demain matin, répondit Anise. Mon avion est à onze heures.
— On sera déjà loin, sourit Derek.
Il entra dans une chambre où Stiles était en train de ranger ses affaires dans la grande valise qu'il se partageait avec son compagnon. Celui-ci y déposa sa pile des vêtements propres et soupira.
— J'espère que tout s'est bien passé, dit-il.
— Aucune raison pour ça se passe mal, j'ai confiance en Isaac et Liam, répondit Scott.
— Je pensais surtout à ce vampire...
— Hm, oui, d'ailleurs j'ai fait des recherches sur lui, mais je n'ai trouvé aucune parenté... C'est comme il n'existait aucun Von Dermer sur Terre.
— C'est à dire ? demanda Anise depuis la chambre d'en face.
— C'est à dire que, soit il n'a plus du tout aucune famille, ce qui serait normal vu son âge, soit il a menti et donné un faux nom.
La jeune femme serra les lèvres en demeurant silencieuse. Elle reprit son rangement en haussant les épaules et Scott l'observa un instant avant de croiser le regard de Derek.
— Chérie... Tu as quelque chose à nous dire ?
— À quel sujet ? Je ne suis pas enceinte, si c'est ce qui te préoccupe...
— Enceinte ? Non, enfin...! Non, autre chose... concernant Gustave Von Dermer, par exemple ?
Pliant du linge, Anise se figea, un t-shirt dans les mains.
— Anise ?
La voix Derek fit frémir la jeune femme qui soupira et pivota.
— Okay, d'accord, dit-elle. Je sais qui est Gustave Von Dermer, dit-elle.
— C'est à dire ?
— Vous n'allez jamais me croire...
— Essaie toujours... répondit Derek en croisant les bras.
La jeune femme passa sa langue sur ses lèvres et sembla hésiter ; quand elle croisa le regard de Scott, elle souffla par le nez.
— Gustave Von Dermer est aussi connu sous le nom de Vlad Tepes, dit-elle. Ou encore Dracula...
Derek haussa les sourcils, surpris, et décroisa les bras.
— Tu te moques de nous, là...
— Jamais.
— Et comment tu le sais ? demanda Scott, intrigué.
— Je suis une sorcière de Salem. Nous nous passons nos histoires oralement de génération en génération depuis des siècles. Honnêtement, je ne pensais jamais le rencontrer un jour, hein, mais c'est lui qui est venu à nous et je ne sais pas pourquoi. Il m'a demandé de ne pas dire à mes sœurs qu'il est à Beacon Hills, mais je vais devoir le faire, ne serait-ce que pour connaître la raison de sa présence chez nous.
— Anise, chérie, pourquoi tu ne me l'a pas dit dès que tu l'as découvert ? demanda Scott. Je l'ai laissé avec Liam !
— Et alors ? Tu as senti une quelconque animosité chez lui depuis son arrivée ? Liam et aussi précieux à mes yeux qu'aux tiens, Scott, et si j'avais senti la moindre hostilité venant de Gustave envers qui que ce soit, je ne l'aurais jamais laissé avec eux et je t'en aurais parlé !
— Ne vous disputez pas, dit Stiles. Ça ne fera pas avancer les choses. Nous rentrons demain, nous verrons à ce moment là quoi faire de Gustave. Je n'ai pas ressenti non plus de tensions quelconques avec lui, il avait plutôt l'air perdu quand il est arrivé au commissariat, pour dire vrai. Je ne suis pas doté de super sens comme vous autres, mais je sais lire les gens, c'est mon boulot d'agent fédéral, je vous rappelle...
Anise grimaça. Scott inspira et croisa les bras.
— Très bien. Allez, finissons les valises et allons dîner quelque part.
— Peter vient de m'envoyer un message, dit alors Stiles. Malia est malade, ils ne viendront pas nous dire au revoir demain matin.
— Malade ? demanda Derek.
— Elle a mangé du poisson et ce n'est pas passé, rien de grave, lut Stiles. Bon, tant pis alors, nous partirons comme des voleurs.
Anise esquissa un sourire. Les deux couples se séparèrent ensuite et chacun regagna sa chambre.
Au petit matin, le lendemain, Anise leur souhaita bon voyage sur le parking de la maisonnette. Elle embrassa Scott une longue seconde puis observa la voiture quitter la propriété dans un nuage de poussière. Elle soupira ensuite et rentra dans la maison pour finir de ranger et de nettoyer. Le propriétaire allait arriver d'une minute à l'autre pour faire l'état des lieux de la maison, il fallait donc que tout soit nickel.
.
À Beacon Hills, l'ambiance était un peu moins joyeuse. Gustave avait dévoilé à Liam que l'homme qui réclamait le bébé comme sien usait d'un sortilège pour cacher sa véritable identité, même si l'homme en question avait complètement nié les accusations du vampire.
— On ne peut pas le lui donner comme ça, dit le jeune loup. Si ça se trouve c'est pas son père du tout et...
— Cet homme est un magicien, ça, j'en suis certain, répondit le vampire. Donc s'il est le père, le bébé est un magicien aussi. Sauf qu'on ne le saura pas avant qu'il ait cinq ou six ans.
— Hors de question de le garder aussi longtemps ! J'ai une vie moi...
— Je sais, ne t'en fais pas, mais je refuse de donner ce bébé à un inconnu pour autant !
Liam grimaça. Le bébé dormait sur son torse depuis environ une heure. Lui-même avait fini par s'endormir et Gustave l'avait réveillé en revenant du commissariat.
— Gustave... Venez vous asseoir.
Posant une main sur le dos du bébé, Liam s'assit et déposa ensuite le nourrisson sur le canapé à sa place. Gustave vint s'asseoir sur la table basse devant son compagnon.
— Je suis désolé si je parais inquiet ou stressé, dit-il. Mais j'aime tellement les enfants que je serais prêt à adopter celui-ci simplement pour qu'il ne risque pas de se retrouver dans une famille de tordus...
Liam esquissa un sourire. On toqua alors solidement contre la porte du hangar. Les deux hommes se regardèrent et Liam fit entrer. La porte coulissa et un homme apparut.
— Vous ! siffla aussitôt Gustave en se levant. Où sont le Shérif et l'assistante sociale ?
— Pas ici. Je suis venu de moi-même.
— Si vous voulez ce bébé, il faudra me passer sur le corps d'abord !
L'homme releva le menton.
— Annulation, dit-il.
Si apparence se modifia ensuite et Liam se leva à son tour.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
— Je suis l'oncle de ce bébé, je m'appelle Emric Hollenford et je suis un magicien. Son père, James, et sa mère Gil, ont été attaqués par des vampires errants alors qu'ils faisaient du camping, il y a trois semaines. Mon frère a été tué, mais Gil a été mordue. C'est une toute petite blonde, toute fine...
Gustave haussa les sourcils.
— C'est elle... dit-il en regardant Liam. C'est la femme qui est venue déposer ce bébé devant la savonnerie.
— Elle était donc vivante ?demanda Emric.
— Si on peu appeler ça comme ça... répondit Gustave. Elle était en transition, elle ne s'était pas nourrie une seule fois depuis la morsure. D'où venait-elle ?
— San Francisco ?
Gustave sembla surpris.
— Elle... Elle est venue à pied avec un bébé dans les bras ? demanda Liam.
— Mon frère et sa femme ont été tués il y a deux semaines, répondit Emric. Depuis, je cherche Daniel et, quand j'ai enfin retrouvé la trace de Gil, je découvre qu'elle n'a pas été retrouvée avec un bébé... J'en ai donc conclu que le nourrisson qui était dans cette meute de loup-garous était mon neveu.
Gustave serra les mâchoires.
— C'est un magicien, n'est-ce pas ?
— Nous l'ignorons car Gil était humaine. Il se peut que oui, comme non.
Le vampire hocha la tête et se rassit alors lentement dans le canapé. Liam l'observa.
— Qu'y a-t-il ? demanda-t-il. Gustave ?
— La suite de l'histoire ne va pas te plaire, chéri... répondit le vampire.
— C'est à dire ?
Emric baissa le nez.
— Monsieur Dunbar, dit-il. La tradition veut que, chez les magiciens dont je fais partie, quand l'un de nous est tué par un vampire, peu importe lequel, ses enfants sont ensuite confiés à leur clan pour qu'ils les élèvent. Gil le savait sinon elle n'aurait pas parcourut tout ce chemin depuis Crescent City où mon frère et elle étaient partis en vacances...
— Crescent City ? Mais c'est encore plus loin que... Je ne comprends pas, il y a la meute de Sabine à Los Angeles, d'accord, mais il y a forcément des meures entre le nord de l'état et ici, non ?
— Sans aucun doute, mais notre famille est particulière, répondit Emric. Tous nos bébés ont été élevés par Dracula ou l'une de ses épouses...
La réaction de Liam fut immédiate. Il se tourna vers son compagnon et recula d'un pas.
— Alors... Les cent cinquante enfants...?
— La moitié était des magiciens, oui, répondit le vampire. Écoute, je... Je t'ai entendu, d'accord, et je ne vais farder ce bébé.
— Vous le devez ! répliqua aussitôt Emric. Comment saura-t-il qu'il ne doit pas s'en prendre aux vampires si...
— Vous le lui apprendrez, vous, répondit Gustave. Liam est mon compagnon et il est trop jeune pour devenir père. Je ne demande pas mieux qu'à l'être à nouveau, mais je dois respecter les sentiments de ma moitié. J'espère que vous comprenez...
Emric serra les lèvres.
— Je ne sais pas, répondit-il. Je comprends ce que vous dites, mais c'est sans précédent et... Je ne sais pas quoi dire.
— Je ne suis pas prêt à avoir un bébé à charge, dit alors Liam. Même si Gustave et moi ne vivons pas ensemble, je serais obligé de côtoyer et de composer avec ce bébé s'il le garde.
— Encore une fois, je comprends, mais...
— Adoptez-le, dit le jeune loup. Vous êtes son oncle, alors faites ce que font toutes les familles humains quand il arrive malheur à leurs proches, prenez soin vous-même de ceux qui restent.
— Ce ne serait pas normal, je risque de me faire mal voir par la Haute Prêtresse et...
— Le bébé va aller vivre chez la femme du Shérif, Madame Stilinski, dit alors Liam. Gustave et moi ne pouvons pas le garder ici dans le hangar, ce n'est pas adapté. Prenez votre temps, expliquez à cette Prêtresse que les choses ont changé aujourd'hui et que vous pouvez et voulez prendre soin de votre neveu, brisant la tradition.
Emric grimaça. Il n'avait pas vu les choses ainsi... Il avait été persuadé que Gustave allait s'occuper volontiers du bébé, mais ses liens avec le jeune loup-garou étaient apparement plus forts que des siècles de tradition...
— Je vais réfléchir, dit alors la magicien. Mais je ne vous garantis rien.
— Peu importe le choix que vous ferez, je n'élèverai pas ce bébé, répondit le vampire. J'ai mis trop de temps à apprivoiser Liam, ce n'est pas pour tout perdre maintenant.
Liam haussa un sourcil puis leva les yeux ciel. Emric hocha la tête puis annonça les recontacter plus tard avant de quitter le hangar en silence. Une fois la porte refermée, Liam se tourna vers son compagnon.
— Je passe vraiment avant tout ?
— Oh oui, mon amour. Fut un temps où tu serais passé après, mais désormais, je n'aspire plus qu'à la paix et une vie tranquille avec celui que j'ai choisi.
Liam esquissa un sourire puis alla chercher un baiser. Gustave le lui offrit volontiers avant de le prendre dans ses bras presque farouchement en le faisant glapir de rire...
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