Chapitre 6
Les premières cent mètres après la frontière ne changèrent rien, les deux jeunes hommes étaient toujours sur la route forestière qui rejoignait une nationale un peu plus loin et Derek semblait serein. Il trottinait devant Stiles, flairant le sol ici ou là.
— C'est trop calme, dit soudain celui-ci.
Le loup laissa échapper un petit grognement d'approbation et s'arrêta de marcher pour regarder autour de lui. Il renifla l'air, souffla, puis reprit sa route et Stiles le suivit sans chercher à en savoir plus.
Au bout de vingt minutes de marche le long de la route, Derek partit soudain sur la droite et sauta un talus. Stiles le suivit avec agilité et ils reprirent leur chemin à travers les troncs des arbres jusqu'à arriver à une montagne.
— La piste s'arrête ici, dit Derek en redevenant humain.
— Les jumeaux ont franchi la frontière pour la trouver ?
— Non, mais ils se doutaient qu'elle partait en direction des montagnes. On continue ?
— Ouais, allez.
Malgré une tenue peu adaptée à la marche dans les bois - il était vêtu d'un jean et d'un sweatshirt à capuche avec des baskets en toile –, Stiles était plutôt rapide et cela étonna Derek. Il encaissait également très bien la disparition de son père et sa potentielle transformation en loup-garou alors qu'il avait le souvenir d'un père et son fils extrêmement proches.
Décidant de ne pas risquer leur sécurité en discutant comme deux promeneurs, Derek décida qu'ils parleraient de tout ça une fois le Shérif ramené en sécurité à Beacon Hills, de ça et de ce qui se passait entre eux et qu'aucun des deux ne semblait vouloir admettre.
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Alors que la pluie s'était mise de la partie, le duo arriva sur une plate-forme de parapentes après avoir grimpé un sentier tortueux pendant une dizaine de minutes. Plus solide que Stiles, Derek lui avait pris la main pour le remorquer une bonne partie du chemin, et une fois qu'ils furent en haut, il le lâcha et se changea en loup pour fureter, le nez au sol.
Stiles observa les alentours. Son revolver dans la poche ventrale de son sweat, il ressemblait à un jeune homme qui promenait son chien démesuré et en aucun cas à un agent du FBI à la recherche de son père accompagné d'un loup-garou...
— Quelque chose ? demanda-t-il alors.
Derek le regarda et s'ébroua.
— Ça veut dire oui ou non ?
Derek souffla brièvement et Stiles grimaça.
— Bon, faudra que j'apprenne le langage animal, moi... soupira-t-il.
Derek secoua la tête d'un air dépité et se détourna. Soudain, il se figea et se mit à grogner. Ses poils se gonflèrent, le faisant ressembler à une pelote d'épingles noire et Stiles tira son arme et la pointa dans la direction que le loup observait, toutes dents dehors.
Une silhouette un peu hésitante se montra alors au bout de la plate-forme et Stiles sentit son cœur louper un battement.
— Papa... souffla-t-il, l'air lui manquant.
Il baissa son arme un instant et observa l'homme qui se tenait à dix mètres d'eux. Vêtu de son uniforme de Shérif de Beacon Hills, sale, dépenaillé, il était méconnaissable. Stiles sentit les larmes dévaler son visage ; il fléchit les genoux et vacilla.
— Papa... non...
Lui jetant un regard, Derek redevint humain puis se tourna vers Stilinski.
— Hé, Shérif, vous vous souvenez de moi ?
— Derek Hale, bien sûr... grogna Noah. Tu as causé tellement de problèmes dans ma ville que je pourrais difficilement t'oublier...
Le ton était mauvais et Stiles, sous le choc, ne parvenait pas à détacher son regard du front plissé et des dents qui dépassaient de la bouche de son père.
— Papa... haleta-t-il en se redressant.
Il trébucha et s'approcha.
— Mais qu'est-ce qu'ils ont fait...
Il était effondré.
— Qu'est-ce que qu'ils m'ont fait ? Mais je ne me suis jamais senti aussi bien de toute ma vie, répondit Stilinski avec un sourire. Tu aurais dû me le dire il y a des années, mon fils, ce que ça faisait d'être transformé ! Maintenant, c'est à ton tour !
Il s'esclaffa et Stiles recula d'un pas. Les yeux bleus de Noah se parèrent alors d'un halo jaune et Derek montra les dents. D'un geste du bras, il repoussa Stiles derrière lui, ses yeux rougirent et ses griffes claquèrent.
— Ôte-toi de mon chemin, gronda alors Noah.
— Vous pensez sérieusement qu'un Bêta peut mordre ? répondit Derek. Si vous mordez votre fils, vous allez le tuer.
— J'en doute, tu vois ? Je sais des choses maintenant...
— Papa... Tu t'entends ? souffla Stiles, effaré. Pense à Beth, pense aux filles...
Stilinski cligna des yeux et observa son fils un instant puis secoua la tête.
— Continue, souffla Derek entre ses dents.
— Qu'est-ce que maman dirait si elle te voyait comme ça ? reprit Stiles. Si elle t'entendait parler comme ça ! Ça ne te ressemble pas, papa... Que tu sois un loup-garou, je m'en fiche, je suis habitué, mais tu n'es pas un assassin !
Stilinski serra les mâchoires.
— Je vais te transformer, dit-il en secouant la tête. Tu aurais dû me le dire plus tôt que c'était aussi génial d'être un de ces monstres !
— Nous ne sommes pas des monstres ! s'exclama Derek.
Noah se tourna vers lui d'un mouvement et dégaina ses griffes. Stiles inspira alors puis fouilla sa poche et sortit le chargeur rempli de balles d'aconit. Les larmes dévalaient son visage pâle, il tenait debout par miracle et ses mains tremblaient tellement qu'il dû s'y reprendre à deux fois pour échanger ses chargeurs.
Le bruit attira l'oreille de son père qui se retourna.
— Des balles d'argent, je suppose ? siffla-t-il. Est-ce que tu auras seulement assez de cran pour tuer ton propre père ?
— Tu n'es pas mon père, répondit Stiles en levant le bras. Mon père est mort, toi tu es un monstre et tout ce que tu mérites, c'est une balle dans la tête !
Il posa son index sur la gâchette et Stilinski se redressa, surpris.
— Eh bien, mon fils... Le FBI t'a bien entraîné...
— Ce n'est pas le FBI ça, répliqua Stiles, effondré. C'est mon père qui me l'a enseigné ! Ne jamais se laisser duper par quelque chose qui n'existe plus !
Noah inspira et montra les dents.
— J'en ai assez ! décida-t-il soudain. Qu'on en finisse !
Il se jeta alors en avant et Stiles tira, mais la balle partit en l'air quand son père le heurta de l'épaule. Stiles s'envola et retomba lourdement sur le sol de cailloux. Un rugissement monta soudain et Noah se retourna.
— Stiles ! hurla Derek.
Il se jeta à son tour en avant, saisit le Shérif par les épaules en lui enfonçant ses griffes dans la peau et l'envoya valser au loin. Le nouveau-né loup-garou décolla et heurta un tronc d'arbre qui arrêta net son vol plané dans un bruit sourd. Derek rejoignit alors Stiles qui se redressait sur les bras, le visage esquinté.
— Ne le tue pas... dit-il en crachant du sang.
— Non, ne t'en fais pas... Tu as quelque chose de cassé ?
— Ma dignité ?
Derek esquissa un sourire puis tourna la tête. Stilinski s'était relevé. Comme toutes les créatures surnaturelles récemment transformées, il avait une résistance accrue et allait être très difficile à abattre. Mais Derek était plus fort que lui et ils le savaient tous les deux.
Son corps n'étant que douleur, Stiles ne put qu'assister à une nouvelle rencontre entre son père et Derek. Il détourna la tête quand ce dernier décocha un coup de griffes qui déchira la veste d'uniforme sans atteindre la peau ; il serra les dents quand Derek prit un coup de griffe en plein visage.
Quelque chose dans son ventre poussa alors Stiles à se relever. Voir Derek à moitié mort dans ce laboratoire l'avait anéanti, il avait éprouvé un sentiment qu'il n'avait jamais imaginé ressentir une fois dans sa vie, et voilà que cela se reproduisait alors que son propre père se battait avec lui.
— Papa ! s'exclama-t-il alors. Arrête, je t'en supplie ! Derek !
Mais les deux loups ne l'entendaient plus. S'asseyant laborieusement, Stiles fouilla sa poche et échangea à nouveau son chargeur. Il tira alors en l'air et les deux loups se figèrent instantanément. Il serra ensuite les mâchoires et porta le pistolet contre sa tempe.
— Arrêtez... dit-il. Papa, je t'en supplie, ce n'est pas toi... Tu n'es pas ce monstre devant moi, je sais que tu es encore là, quelque part, pense à maman, pense à Beth, à Emmy, à Marian... Pense à moi.
— Stiles, qu'est-ce que... tenta Derek en tendant une main. Ne fais pas l'idiot, je t'en prie...
— Je suis plus que lucide, au contraire...
Le visage du jeune homme était couvert de larmes, son nez ruisselait, ce n'était pas un beau spectacle, mais cela remua quelque chose dans les entrailles de Derek qui se tourna vers Stilinski. La lueur qu'il vit cependant dans le regard jaune lui fit comprendre que le monstre qu'il avait devant lui n'avait plus rien à faire de la chair de sa chair, et pendant une seconde, Derek eut la vision de Peter tentant de le tuer.
Soudain, Stilinski rugit et se jeta en avant, toutes griffes dehors. Stiles tendit le pistolet et fit feu. La balle frappa le Shérif dans le bras et il trébucha, mais se reprit et se jeta sur Stiles. Le pistolet vola quand il le saisit à la gorge en lui plantant ses griffes dans la peau, il le releva sans aucun problème et bientôt, les pieds de Stiles ne touchèrent plus le sol.
— Si tu savais depuis le temps que j'ai envie de faire ça, dit le Shérif, un sourire mauvais plaqué sur le visage.
— Arrête, papa, je t'en supplie... pleurnicha Stiles.
Il gémit de douleur quand les griffes s'enfoncèrent un peu plus, puis il tourna les yeux, sentant déjà l'air lui manquer, et son regard croisa celui de Derek.
— Rugis... articula-t-il. Rugis...
Derek haussa les sourcils et regarda Stilinski avant de secouer la tête. S'il rugissait après un Bêta, certes il allait stopper net ce qu'il faisait, mais ce Bêta allait également s'attacher à lui tout comme Isaac l'avait fait avec Scott.
— Derek... couina Stiles.
Le brun le regarda et serra les mâchoires. Il inspira alors, shifta, mais au lieu de rugir, il s'élança tête baissée et heurta le Shérif dans les côtes. L'effet fut immédiat, Noah relâcha Stiles qui tomba lourdement sur le dos en sentant quelque chose se briser en lui, puis le Shérif tomba sur le flanc et sa tête heurta le sol dans un bruit sourd. Il resta sur le carreau, assommé.
— Stiles ! s'exclama alors Derek en se jetant sur lui.
— Pourquoi tu n'as pas... haleta le plus jeune.
Il se mit aussitôt à pleurnicher et Derek se redressa au-dessus de lui et lui attrapa les mains. Les veines de ses bras gonflèrent et noircirent et le loup rugit alors au ciel. Tous les oiseaux des environs s'envolèrent et, au loin, un rugissement lui répondit.
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