Chapitre 52
— Une restriction magique ? Non, non !
— C'est la meilleure chose qui puisse lui arriver le temps qu'elle reprenne des esprits, répondit Deaton, le vétérinaire de Beacon Hills et accessoirement le Chaman de service.
— Enfin, doc, vous n'y pensez pas ! Ce sera pire que ne plus être un coyote !
— Je sais, mais c'est ça ou l'exil. C'est de que vous voulez ? Être encore une fois écarté de la meute ?
Peter serra les mâchoires avant de secouer la tête. Aussi difficile que ce soit pour lui de l'admettre, il voulait appartenir à la meute de Scott, il en avait besoin !
— Comment vous allez vous y prendre ?
— Anise s'en chargera. Mes enchantements ne sont pas assez puissants pour retenir la magie d'un coyote-garou ; celle des Salem est littéralement faite pour.
— Elle va être contente, elle n'attend que ça...
— Ne soyez pas comme ça, répondit Deaton. Anise n'est pas rancunière, mais elle aime Scott plus que tout et elle se dressera devant quiconque lui voudra du mal, encore plus maintenant qu'elle a embrassé son héritage ancestral.
Peter soupira. Il quitta ensuite le cabinet vétérinaire et retourna à l'hôpital où Malia avait été admise, trois jours en arrière. La jeune femme avait guéri de toutes ses blessures, mais l'hôpital refusait pour autant de la laisser partir, et ce n'était pas les paroles de Peter qui allaient convaincre Melisa McCall...
— Combien de fois vais-je devoir vous le dire, Peter ? Je n'ai pas le droit de la relâcher pour le moment.
— Mais elle est guérie...
— Scott m'a demandé de la garder, alors je le fais, et non ce n'est pas parce que c'est mon fils, j'obéis simplement à l'Alpha.
Peter serra les mâchoires ; Melissa inspira.
— Scott et la meute nous gardent littéralement en vie, Peter, dit-elle alors. Ils passent toutes leurs nuits dehors, dans les rues, peu importe la météo, à faire régner le calme et, depuis que mon fils est un Alpha, la ville est beaucoup plus tranquille, je vous l'assure. Donc si Scott dit que je dois garder Malia, je la garde et je ne discute pas.
Le loup de détourna soudain et regagna la chambre de sa fille. Attachée au lit par une menotte magiquement renforcée par Deaton, la jeune femme était furieuse et sa colère remplissait la pièce. Quand elle vit son père, elle sembla se détendre un peu.
— Papa, sors moi d'ici, s'il te plaît...
— Je voudrais, mais je n'ai pas le droit, c'est Scott qui décide ici et...
— Tu n'es pas soumis à lui ! Tu es juste un lâche !
— Ne me parle pas sur ce ton... Tu sais très bien que si je brisais ton entrave, là maintenant, je ne sortirai pas vivant de cet hôpital, et encore moins toi!!
Malia grogna. Soudain, elle renifla et fronça les sourcils ; Anise apparut quelques instants plus tard, seule. Elle observa les deux garous puis entra et déposa une sacoche en cuir sur une chaise.
— J'imagine que tu es là pour savourer ta victoire ? siffla Malia.
— Oui et non. On m'a demandé de faire de toi une humaine, Malia. Temporairement.
Malia s'agita aussitôt sur son lit et sa menotte cliqueta curieusement sur la barrière.
— Non ! Hors de question ! Plutôt mourir ! s'exclama-t-elle.
Anise fit la moue.
— Ça peut se faire aussi...
— Mademoiselle Lambert ! répondit Peter. Je vous en prie, c'est de ma fille...
— Dont je parle, je sais, Monsieur Hale, mais après avoir manqué me tuer, j'imagine que j'ai le droit de la démolir un peu.
— La rancune est un plat qui se mange froid...
— Et il l'est, aujourd'hui, répondit Anise. Mais trêve de plaisanteries, j'ai un travail à faire, donc soit vous coopérez et tout se passe bien, soir vous me causez des soucis et vous risquez de perdre votre garou tous les deux.
Peter voulut répondre mais l'entrée de Scott dans la chambre lui fit aussitôt baisser les yeux. Malia garda la tête droite et releva même le menton, défiant le jeune homme de lui faire la moindre réflexion. Il se contenta de croiser les bras.
— Comment tu vas t'y prendre ? demanda-t-il alors pour sa compagne.
— Ma mère m'a aidé à confectionner une potion pour que la partie garou de la personne soit neutralisée. L'effet dure six mois.
— Six mois ?! s'exclama Malia. Non ! Hors de question !
— Alors tu mourras.
— Alpha, pitié... souffla Peter.
— Non, pas de pitié, c'est finir pour vous deux, répondit Scott, les sourcils froncés. Vous avez épuisé vos cartes sortie de prison, maintenant vous m'obéissez et c'est tout ! Quand Malia aura pris la potion, vous partirez pour Oshawa, Derek vous loue son loft et vous ne reviendrez pas à Beacon Hills avant qu'elle ne soit revenue à la raison. Je ne peux pas tolérer qu'un coyote sème la discorde dans ma meute en s'en prenant à ma femme et à mon père !
— Ce ne sont que des humains, Scott ! Des créatures mortelles, frêles et sans intérêt ! répliqua Malia. J'aurais dû les tuer !
La réaction de Scott fut immédiate, il se jeta sur Malia et la saisit à la gorge en la plaquant contre le matelas.
— Scott ! s'exclamèrent Peter et Anise en même temps.
— Je vais t'arracher la gorge ! siffla le jeune homme en réponse. Je ne te connaissais pas aussi stupide, Malia Hale !
— Je ne suis pas stupide, je suis lucide, c'est différent ! répliqua la jeune femme. Tu crois vraiment que cette créature pourra endurer un louveteau qui va lui déchirer les entrailles en sortant ? Non je ne crois pas !
Anise releva le menton et serra les lèvres. Peter lui jeta un coup d'œil, il l'a sentait déstabilisée, mais il ne fit rien pour la soutenir. Il reporta plutôt son attention sur sa fille.
— J'arrête, dit-il soudain.
Tout le monde se figea et Scott le regarda.
— Mais encore ? demanda-t-il en se redressant, lâchant Malia dans la foulée.
— Je ne supporte plus cette ambiance, je... Je voudrais juste avoir une vie normale, me trouver une femme, avoir une famille... Au lieu de ça, je dois composer avec ma fille ingrate, incapable de laisser son ancien petit-ami derrière elle et aller de l'avant. Alors j'arrête, c'est bon, faites ce que vous voulez d'elle, ce n'est plus mon problème.
Il quitta la chambre sans un mot de plus et Malia l'appela, sans succès. Soudain, elle se mit à pleurer et Anise esquissa un sourire goguenard.
— Et voilà les larmes de croco ! dit-elle. Qu'est-ce que tu vas nous sortir comme excuse maintenant ?
Malia serra les mâchoires et Scott souffla par le nez.
— Finissons-en, dit-il en se détournant. Tu as cinq minutes pour avaler cette potion, Malia, si tu ne t'éxécute pas, je ferais en sorte que tu sois jugée par le DPCE et envoyée en détention spéciale pour créatures surnaturelles. Tic tac.
Il s'éloigna ensuite et Anise sortit un flacon de sa sacoche de cuir. Elle l'observa un instant puis retira le bouchon et tendit la fiole à Malia qui demeura immobile, indifférente, les bras croisés et la tête tournée sur le côté. Anise agita la fiole, mais la coyote resta immobile ; la laborantine opina alors et s'approcha de la perfusion qui alimentait Malia.
— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle. Touche pas à ça ! Infirmière !
— Elles ne viendront pas, répondit Scott. Quand je suis avec un garou dans une chambre, c'est moi qui décide.
— Tu n'as pas le droit !
— En tant qu'Alpha, si. Chérie ? C'est quand tu veux.
La brunette hocha la tête et prit une seringue. Elle remplit le réservoir avec le contenu du flacon puis enfonça l'aiguille dans l'ouverture supérieure du sac de solution saline. Aussitôt, le liquide devint jaunâtre puis la couleur disparut et Malia serra les mâchoires. Son poing se crispa alors ; la seconde suivante, son corps se raidissait brutalement et elle se lit à gémir de douleur. Elle se recroquevilla ensuite et se roula en boule.
— Ça brûle ! s'exclama-t-elle, mâchoires serrées. Pitié, arrêtez !
Anise s'éloigna du lit et Scott passa son bras autour de ses épaules.
— Je vais veiller sur elle, dit-il.
— D'accord. Normalement cela devrait se finir rapidement, elle va tomber dans les pommes et se réveiller ensuite sans son coyote.
— Tu as dis que cela durait six mois ?
— Oui. C'est une ancienne recette de l'époque de la persécution des loups-garous, elle servait quand le supposé loup-garou avait une famille à charge et ne pouvait donc pas être tué. Il passait alors le reste de sa vie ainsi, contraint et force de vivre sans sa bête...
Scott plissa le nez.
— Des sorcières de Salem avec de la compassion, c'est nouveau ça...
Anise esquissa un sourire. Elle trouvait aussi l'histoire un peu trop romancée, mais elle n'avait pas réellement envie de connaître la vérité non plus...
— Je vais essayer de parler à Monsieur Hale, dit-elle alors. Il me fait de la peine, il souffre et il ne sait pas comment s'en sortir.
— D'accord, mais sois prudente. Rentre à la maison après, Derek voudrait te parler au sujet d'une expérience que Jared voudrait faire avec son sang de panthère et le venin de loup-garou.
Anise haussa un sourcil; Scott haussa les épaules.
— Je n'ai pas plus d'informations, répondit-il.
— Bon, très bien alors. A ce soir.
Le jeune homme opina puis Anise quitta la chambre de Malia et se mit à la rechercher Peter. Melissa lui indiqua qu'il était sur la terrasse et elle s'y tendit. Elle trouva effectivement le loup accoudé à la rembarre, observant la ville en contrebas.
— Monsieur Hale ?
Peter tourna la tête vers elle.
— Apellez-moi, Peter, comme tout le monde, dit-il en pivotant. Vous êtes Anise, c'est cela ?
— Nous venons de nous voir, dans la chambre de Malia...
— Oh, oui. Bien sûr... Pardonnez-moi, je suis un peu perturbé par tout ça...
— Cela se comprend, Malia est votre unique enfant et pourtant elle est ingrate, méchante...
— Elle ne l'était pas avant, assura Peter. Elle a changé quand je l'ai emmenée en Suisse pour avorter. L'opération a été tellement traumatisante qu'elle est devenue dure et méchante en un rien de temps. Jusqu'à ce que nous revenions ici, là, je ne l'ai pas reconnue...
Peter baissa les yeux.
— Veuillez accepter mes excuses en son nom, pour ce qu'elle vous a fait subir, dit-il. Elle ne savait pas qui vous étiez, mais...
— Oh, elle savait, ne vous en faites pas, répondit Anise en croisant les bras. Rien que de me sentir lui a donné toutes les informations dont elle avait besoin... Vous savez quoi ? Elle a eu de la chance, ce soir-là.
— Pourquoi ?
— Si j'avais été enceinte de Scott et qu'elle m'avait passée à tabac comme ça, il lui aurait brisé la nuque sans même lui laisser une chance de s'expliquer.
Peter baissa le nez.
— J'ose croire qu'une fois que vous serrez à Oshawa, les choses s'amélioreront, reprit la jeune femme. Je sais que vous souffrez de cette situation, vous n'êtes pas un Omega, vous avez besoin d'une meute, d'une famille, mais Malia vous en prive...
— Je me suis isolé tout seul de ma famille en tuant mes sœurs, répondit Peter. J'ai essayé d'arranger les choses en devenant le père que je n'avais été pour Malia, mais j'ai échoué aussi...
— Elle va comprendre. Ma mère m'a assuré que les garous qui subissaient ce châtiment opéraient un demi-tour à cent quatre vingt degrés après la première dose de potion.
— Puissiez vous dire vrai...
Anise serra les lèvres et posa une main sur le bras de Peter. Il posa sa main sur la sienne et baissa la tête.
— Merci, Louve Alpha.
La jeune femme eut un léger mouvement de recul. Elle sentir quelque chose se tordre dans ses entrailles, mais elle n'eut pas le temps de tergiverser, Peter tourna brusquement les talons et retourna dans l'hôpital.
.
Avec un profond soupir, Anise pénétra chez les McCall avec la clef de Scott. Elle la déposa dans le vide-poches à l'entrée et quittait son manteau quand elle aperçu Christopher dans la cuisine. Assis au comptoir, il grignotait quelque chose, pensif.
— On partage ? demanda-t-elle en s'asseyant en face de lui.
— Tu aurais plutôt besoin d'un fond de whisky, ma fille... répondit l'homme.
La jeune femme avisa le verre et la bouteille, hésita une seconde puis secoua la tête.
— C'est fini ? demanda alors l'ancien Chasseur.
— Oui. J'ai injecté la potion à Malia, comme elle refusait de la prendre par voie orale, maintenant, il faut attendre une ou deux heures, le temps que les principes actifs isolent les brins d'ADN responsables de la mutation.
Chris renifla.
— Ma première femme s'est donné la mort après avoir été mordue par Scott, acoua-t-il. Notre famille de Chasseurs avait des racines ancestrales, mais lorsque ma fille est tombée amoureuse de Scott, je n'ai rien pu faire. Toute ma vie s'est effondrée à ce moment là, j'ai pris conscience que ce que je faisais était mal, que tuer des créatures surnaturelles ne ferait pas en sorte qu'il y en ait moins. Au contraire... Pour un loup-garou tué, six se levaient la lune suivante...
Anise plissa le nez. Elle repensa soudain aux paroles de Malia et se mordit la lèvre.
— Je peux vous poser une question qui pourrait vous embarrasser ? demanda-t-elle.
— C'est à dire ?
— Avant que je ne lui injecte la potion, Malia s'en est prise à vous et moi, en disant que nous étions de pauvre et frêles humains... Scott a réagi au quart de tour et la plaquée contre le matelas, et là, Malia à ajouté que je ne supporterai probablement pas d'avoir un bébé avec Scott...
Chris fronça les sourcils.
— Je ne suis pas sûr de comprendre... Pourquoi dirait-elle une chose pareille alors que les enfanrs que tu auras avec Scott seront humains jusqu'à ce qu'il les morde ?
Anise haussa les sourcils.
— Aucune risque qu'un petit louveteau ne me déchire de l'intérieur en venant au monde, donc ?
— Aucun. Ce n'est le cas que lorsque les deux parents sont des garous, et encore, parfois le gène ne se transmet pas... Tu n'as rien à craindre pour ton avenir, Anise, tu pourras avoir autant d'enfants que tu voudras.
La jeune femme soupira de soulagement.
— Merci, dit-elle en posant une main sur celle de l'homme. Vous êtes un père merveilleux, Christopher, même pour ceux qui ne sont pas vos enfanrs.
Chris rigola, lui prit la main et lui embrassa les doigts. Elle contourna soudain le comptoir et ils s'enlacèrent une longue seconde avant que la jeune femme ne monte se rafraîchir et se reposer.
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