Chapitre 46
Stiles était étendu sur le matelas, à plat ventre. Réveillé, il regardait pensivement les dessins du parquet et, du bout de l'index gauche, il suivit un dessin du bois. Il sentit alors bouger dans son dos et quand une main brûlante lui caressa le dos, il esquissa un sourire.
— Tu es réveillé depuis longtemps... ?
— Ouais, je n'arrête pas de penser à ces sorcières...
Stiles se tourna sur le dos et regarda son amant, penché au-dessus de lui. Derek se rallongea alors à sa place en soupirant et Stiles s'assit.
— Quand j'ai appelé Scott, hier, quelque chose m'a semblé bizarre... Je pouvais sentir à travers le téléphone qu'il y avait une ambiance étrange entre Anise et lui.
— Quel genre d'ambiance, à ton avis ?
— Lydia saurait bien mieux le définir que moi, mais je crois qu'ils nous taisent quelque chose.
— C'est-à-dire ?
— Je ne sais pas, mais j'espère qu'ils vont vite rentrer pour qu'on puisse trouver un moyen de chasser ces sorcières de Beacon Hills. Les attaques sont de plus en fréquentes ; elles n'hésitent même plus à s'en prendre à des loups au milieu d'humains... !
Derek, un bras sous la tête, plissa le nez. En l'absence de Scott, il était le chef de la meute de Beacon Hills, mais il s'était bien vite rendu compte qu'il n'avait pas le même respect que le jeune Alpha... Les loups lui obéissaient, oui, mais pour combien de temps encore ? Alors, certes, il avait résolu l'attaque de Chris Argent, et celle des bombes au poivre dans la foulée, ils savaient qu'elles provenaient de la même engeance, mais il n'avait pas le droit de demander aux cinquante loups de Scott de se jeter dans la mêlée pour lui... Certains obéiraient, mais pas tous, loin de là.
— Chéri... ?
Stiles tourna la tête.
— Quand tu m'appelles comme ça, c'est que c'est important... dit-il en pivotant.
— Ça pourrait l'être, ouais...
— Mais encore ?
Derek s'assit alors à son tour dans le lit et sembla réfléchir un moment, histoire de rassembler ses mots.
— J'y pense depuis un moment, mais je ne voyais aucune raison d'en parler, dit-il alors.
— De quoi donc ?
— D'Anise.
Stiles fronça les sourcils.
— Qu'est-ce qu'il y a avec elle ?
— Stiles, elle est amoureuse de Scott...
— Oui et alors ? Moi aussi je suis amoureux de toi...
— Mais je ne t'ai pas griffé.
— Non, mais... Anise est imprégnée, on le sait déjà, non ?
— C'est ça qui me tracasse, elle ne l'est pas. Elle est juste amoureuse...
Stiles rentra le menton, étonné.
— Comment ça, elle n'est pas imprégnée ? Elle a une balafre sur le poignet...
— Oui, mais elle n'agit pas comme une louve soumise. Elle est perturbée par ses sentiments, elle a peur de Scott tout en l'idolâtrant, elle met en doute ce qu'elle ressent, elle ne les accepte pas totalement ; si elle était imprégnée, elle serait presque un zombie, folle d'amour pour Scott...
— Tu crois ? Pourtant, il l'a griffée et la plaie a été relativement importante... Le poignet a une peau très fine, le venin de Scott est passé directement dans le sang d'Anise...
— J'ai entendu des histoires quand j'étais en cavale, ces dernières années, reprit Derek. Une race de créatures surnaturelles en particulier est immunisée contre notre venin, on peut les mordre avec autant de force qu'on veut, elles ne se transformeront pas.
— C'est impossible ! s'exclama Stiles en retour. Je n'ai jamais entendu parler de ça... C'est quelle race qui est immunisée ?
— Les sorcières de Salem.
Stiles sentir sa bouche s'ouvrir toute seule.
— Salem... C'est là où Anise est née, non ?
— Oui. Alors je me trompe peut-être et il n'y a pas que des sorcières à Salem, mais dans le doute...
— Alors ça ! Je l'avais pas vu venir... Tu crois qu'Anise est une sorcière de Salem ?
Derek haussa une épaule.
— Elle serait sans doute une très mauvaise sorcière, elle ne sait pas faire trois pas sans trébucher, mais j'y pense depuis qu'elle est partie et je me dis que ce serait peut-être un truc à étudier. Non ?
— Honnêtement, oui, mais comment tu veux étudier des sorcières de Salem qui t'attaquent avant même que tu aies pu ouvrir la bouche ?
Un sourire étira la bouche de Derek.
— On va en capturer une et la soumettre.
Stiles pâlit.
— C'est beaucoup trop dangereux ! s'exclama-t-il. Non, je ne te laisserai pas faire ça. Qui sait ce qu'elles ont comme arsenal ? Si elles ont des balles en aconit, elles seront bien plus puissantes et radicales que Scott et toi réunis...
— Scott est immunisé contre les balles d'aconit, et moi je suis plus solide que n'importe quel autre loup. À deux, on ne saura pas en capturer une ; on aura besoin de tout le monde, mais on doit savoir pourquoi elles s'en prennent à nous spécifiquement. Après tout, il y a des dizaines d'autres meutes dans ce pays et je n'ai pas entendu parler d'attaques de ce genre.
Stiles grimaça et joua avec le drap un moment avant de soupirer.
— Très bien, mais on attend que Scott rentre, avec ou sans Anise.
— Entendu. Mais envoie-lui quand même un message, parce que s'il compte rester encore deux mois là-bas, quand il va rentrer, il n'aura plus de meute...
Un silence s'installa puis Stiles se retourna pour saisir son téléphone, mais Derek sembla être d'un autre avis et le saisit par la taille pour le ramener à lui. Stiles laissa échapper un cri de surprise et se retrouva sous son amant.
— Je n'ai pas dit de le faire tout de suite... susurra-t-il contre ses lèvres.
— Oh... sourit Stiles. Un programme intéressant se profile, on dirait...
Le loup rigola puis l'embrassa vivement.
.
A l'autre bout du pays, au même moment, c'était le milieu de la journée et Anise était dans sa chambre. Assise sur son lit, adossée à Scott, ils attendaient patiemment que le Conseil de Famille que Madame Lambert avait réuni en catastrophe durant la nuit, rende son verdict concernant l'attitude d'Amaria.
— Elle risque quoi, à ton avis ?
— Aucune idée, répondit Anise. C'est comme si je découvrais une autre famille... Je veux dire, je savais qu'on descendait d'une Salem, mais de là à ce qu'on en soit...
— Je comprends...
Il allait pour ajouter quelque chose quand on toqua contre la porte qui s'ouvrit ensuite. Le grand-père d'Anise passa la tête.
— C'est fini ? demanda celle-ci.
— Oui, venez. Tous les deux.
— Moi aussi ? s'étonna Scott comme Anise se levait.
— Les anciens ont rendu leur verdict, vous avez le droit de l'entendre, Monsieur McCall.
Scott opina lentement. Le vieil homme s'éloigna ensuite et Anise se tourna vers son compagnon.
— Je n'arrive pas à savoir ce qu'il pense de tout ça, dit-elle.
— Moi non plus... Il cache très bien ses sentiments.
— Ça doit forcément l'affecter d'une manière ou d'une autre, c'est sa femme quand même...
Scott quitta le lit.
— Bien évidement que ça le touche, mais j'imagine qu'il est résigné, quelque part. Si j'ai bien compris, dans les familles de sorciers, ce n'est pas l'individu en lui-même qui décide et encore moins les forces de l'ordre...
— Non, tout se passe entre les murs de la maison familiale, acquiesça Anise. Bon, allons-y.
Scott hocha la tête et la suivit ensuite dans le manoir jusqu'au sous-sol. Après la buanderie et la cave à vins, ils débouchèrent dans une sorte de salle à manger voûtée, chauffée et d'où un brouhaha provenait.
— C'est quoi, cet endroit ? demanda Scott.
— Une ancienne salle de réception, on ne s'en sert pas, c'est la première fois que j'y descend, répondit sa compagne. Ah, voilà Papa. Alors ?
Monsieur Lambert, les mains sur les hanches, soupira.
— Ils sont décidé de lui brider ses pouvoirs.
— Quoi ? Mais pourquoi ? Elle n'en a pas fait usage ! s'exclama Anise, abasourdie.
— Non, pas ces derniers jours, mais ils ont découvert qu'elle les avait utilisé à des fins personnelles afin d'assouvir une vendetta vieille de dizaines d'années.
— De siècles, plutôt, non ? demanda Scott.
— Non, non, elle a bien dit décennies... Mais entrons, vous pourrez entendre un résumé du verdict.
— Qu'est-ce qu'elle va devenir ? demanda alors Scott.
— Rien. Elle sera une simple grand-mère, elle restera vivre ici avec nous, mais elle n'aura plus accès à son laboratoire. Il t'a été légué, d'ailleurs.
Anise regarda Scott avec surprise et remporta son attention sur son père.
— Mais non ! Je n'ai rien demandé, je...
— Je sais. Et je sais aussi que tu ne vas pas rester à Salem indéfiniment, mais d'ici à ce que tu repartes, ce laboratoire et tout ce qu'il contient sera à toi.
— Je ne peux pas y entrer... répondit Scott.
— Le sortilège de protection a été levé dès que la sentence est tombée, répondit Monsieur Lambert. A toi d'en remettre un, ma fille, ou pas.
Anise soupira et s'adossa contre la table. Elle passa ses mains sur ses joues puis annonça qu'elle avait besoin de prendre l'air. Scott voulut l'accompagner, mais la jeune femme leva la main et quitta la buanderie. Une porte s'ouvrit alors et Scott se retourna. Amaria apparut, suivie de sa fille, et quand le regard de la sorcière et celui du loup s'accrochèrent, celle-ci frémit de colère. Quand elle voulut s'avancer vers lui, sa fille lui saisit le bras.
— Si vous m'attaquez, grand-mère, je ne ferais rien pour vous épargner, prévint alors Scott.
— Tu as tout gâché ! Tu as détruit la vie de ma petite-fille ! Tu n'es qu'un monstre, tu entends ?
Scott haussa un sourcil. Ses yeux rougirent et Amaria poussa un solide juron en cherchant à se libérer de la poigne de sa fille.
— Lâche moi ! s'exclama-t-elle. Tu vas le laisser nous prendre la petite sans rien dire ? Il l'a déjà corrompue !
— Ça suffit, gronda alors un homme.
Amaria se tut aussitôt et sa fille l'entraina quelques pas plus loin pour laisser sortir six personnes de la pièce où le conseil de famille avait pris place.
En les découvrant, Scott fronça les sourcils, gronda et recula d'un pas comme s'il était menacé.
— N'ait pas peur, Alpha, dit l'homme qui avait parlé un peu plus tôt. Les chasses aux monstres sont terminées, en ce qui me concerne, depuis bien longtemps...
— Alors pourquoi avez-vous ce croc en boucle d'oreille ?
L'homme porta une main à son oreille droite.
— Oh, ça ? C'est un souvenir, mon tout premier loup tué. J'étais adolescent, et à l'époque, c'était nous ou les loups. Mais ne t'en fais pas, il y a bien longtemps que je n'ai plus tué un loup-garou...
— Ravi de l'entendre. J'espère que vous allez ordonner à vos sbires d'arrêter d'attaquer mes loups dans ma ville ?
— Le message est déjà parti. J'ignore ce que des Razvich font à Beacon Hills, du reste, car tu as revandiqué la région il y a bien longtemps, mais sache que le temps que tu rentres chez toi, mis à part ta femme, il n'y aura plus de sorcière de Salem en Californie. Pas qui soient belliqueuses, du moins...
— Ravi de l'apprendre.
Scott observa les autres membres du conseil de famille et se demanda alors brièvement comment cela fonctionnait, car ils n'étaient en aucun cas vieux et il avait même plusieurs femmes.
— Bon ! s'exclama soudain l'homme. On va manger ? Cette histoire m'a donné faim ! Vous joignez vous à nous, Monsieur McCall ?
— Ce serait avec plaisir, mais je fois d'abord téléphoner, puis retrouver ma femme.
L'homme hocha la tête et, sans un mot de plus, le groupe tourna les talons et contourna Scott en discutant bidoche pour remonter dans le manoir. Seul le père d'Anise resta avec le jeune homme.
— Dites... Ma fille, elle...
— Non, elle n'est pas enceinte. Il lui fallait juste une diversion suffisante pour que je puisse désarmer Amaria. Je n'ai pas l'intention de la faire mienne sans qu'elle ne le veuille, Monsieur. Quant aux enfants...
— Je suis novice dans les relations entre un Alpha et sa moitié, mais je sais une chose, c'est que vous êtes encore jeunes et que vous avez largement le temps de voir venir, sourit Monsieur Lambert.
— Exactement. Bien, je vous laisse...
— Anise est sûrement près de la mare, derrière la maison, répondit alors le père de celle-ci. Quand elle était petite, elle aimait aller se cacher là-bas, elle passait ensuite des heures à exposer ses problèmes aux poissons...
Scott sourit, remercia l'homme et quitta la salle voûtée à son tour. Il sentit l'odeur de sa compagne plus qu'il ne la vit et traversa le jardin jusqu'à son plus profond recoin, semble-t-il.
— Mon père t'as dit que je serais là, hein ?
— C'est ton père, il te connaît beaucoup mieux que tu le crois. Ça va aller ?
— Ouais. Faut juste que j'encaisse que ma mamie ne soit plus autorisée à être ce qu'elle est, et ça ira.
— Je vais devoir rentrer Beacon Hills, annonça alors Scott en se baissant près d'elle. Je peux vraiment te laisser ?
— Oui, ne t'en fais pas. Je vais finir ma formation avec ma mère puis je rentrerai. Je ne sais pas ce que je ferais, ni même si je serais utile à la meute en tant que sorcière de Salem, mais Beacon Hills est chez moi, désormais.
— Ravi de l'apprendre ; mes parents t'ont déjà adoptée, tu sais ?
Anise pointa le bout de sa langue entre ses dents.
— Ce serait dommage que je devienne ta sœur, tu ne crois pas ? répondit-elle sur un ton espiègle.
— Oh, très drôle !
Ils se mirent à rire puis Scott l'embrassa et s'assit ensuite dans l'herbe humide.
— Tu sais, je suis rassuré que tu ne sois pas imprégnée, au final. Ça m'arrange, comme ça je n'ai pas à réfléchir de savoir si tu m'obeis simplement ou si tu fais ce que tu veux.
— Moi aussi, répondit la jeune femme. Est-ce que Stiles...?
— Non, du tout. Lui, il est tombé raide amoureux de Derek à l'époque où on était encore deux adolescents... Il a jamais assumé, et fait comme si de rien n'était, Derek aussi, il était bien trop fier de lui... Puis il est parti, il a disparu dans la nature quand il est devenu un loup complet...
— Et mon Général qui le capture ensuite... Qu'est-ce qui a fait qu'ils ont reconnu leurs sentiments ?
— Derek a estimé que Stiles était devenu suffisamment adulte pour assumer leur relation, mais il a souffert à cause de ça, et fait souffrir Lydia, sa petite amie de l'époque.
Anise prit un air triste.
— Elle a eu beaucoup de mérite de rester avec lui pendant si longtemps alors qu'elle savait qu'il était amoureux d'un garçon...
— Oui, et j'aurais aimé qu'elle rejoigne la meute, ses dons sont précieux, mais elle a préféré rester à Washington et je la comprends, voir le garçon qu'on aime vivre le parfait amour avec un autre garçon, ça doit pas être simple...
— Tu m'étonnes...
Scott soupira ensuite puis laissa la jeune femme à ses pensées et retourna au manoir pour faire sa valise. Le surlendemain, il partait en bus jusqu'à Portland pour prendre l'avion jusqu'à Fresno. De là, il prendrait un autre bus pour rentrer à Beacon Hills...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro