— À quelle heure est son avion ?
— Vingt-deux heures. Il est parti de Fresno à dix-sept heures. Je vais aller le chercher.
— Non, j'irais.
— Papa...

Anise soupira. Dès que ses parents avaient su que le petit ami loup-garou de leur fille allait débarquer chez eux pour une durée indéterminée, ils avaient ronchonné. Anise avait réussi à avoir gain de cause en disant qu'il avait le droit de savoir qui elle était en se renseignant directement à la source.

— Je viens avec toi.
— Papy... Vous vous liguez contre moi ?
— Du tout, mais le loup veut nous prendre notre fille, alors il va d'abord devoir nous endurer.
— Il y a plus d'une heure de route depuis Portland, vous allez me le traumatiser...
— Ne t'en fais pas, ma fille, s'il est aussi bien que tu le dis, alors il sortira indemne de cette épreuve. On n'entre pas dans une famille de Salem comme dans une meute de loups, rétorqua Amaria.
— Et on n'entre pas dans une meutre de loup aussi facilement, croyez-moi, répliqua la jeune femme.

Elle tourna alors les talons en sortant son téléphone de sa poche avant de se souvenir que les téléphones devaient être coupés à bord d'un avion. Elle soupira en consultant néanmoins l'heure, puis elle regagna sa chambre et entreprit de faire du rangement dans sa commode car, même si ses parents et ses grand-parents semblaient décidés à tester Scott, il était hors de question qu'il dorme ailleurs qu'avec elle !

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Le trajet entre Fresno et Portland avait eu raison de la moitié de l'avion, mais Scott, lui était incapable de dormir. Sa condition de loup lui conférait une résistance impressionnante et alors que les hôtesses réveillaient les passagers juste avant l'atterrissage, Scott attendait patiemment de pouvoir enfin retrouver le plancher des vaches.
Enfin, l'aéroport de Portland se présenta. L'avion se posa dans un à-coup puis s'arrêta et débarqua sa centaine de passagers. En entrant dans le terminal, Scott fut immédiatement assailli par des dizaines de nouvelles odeurs et s'il repéra bien quelques créatures surnaturelles, ce fut la magie qu'il éprouva venant du sol qui le perturba le plus.
Récupérant son téléphone, il le remit en mode normal et aussitôt, une douzaine de notifications apparurent, dont deux textos.

— Mon père et mon grand-père sont partis te chercher, ils devraient avoir une pancarte avec ton nom dessus, lut-il quand il ouvrit le message d'Anise.

Scott opina et ferma son téléphone, Anise lui avait envoyé ce message quelques heures plus tôt. Il entreprit donc de parcourir la foule du regard et repéra rapidement les deux hommes qui tenaient un panneau avec "McCall" écrit dessus.

— Scott McCall ? demanda le plus vieux des deux en le regardant.
— Lui-même.
— Vous pouvez nous le prouver ?

Scott regarda autour de lui puis reporta son attention sur les deux hommes et ses yeux rougirent. Le plus jeune des deux hocha alors la tête.

— Venez, nous avons une bonne heure de route pour rentrer à Salem, dit-il. Vous avez une valise ?
— Non, juste mon sac.
— Très bien, alors allons-y.

Scott opina puis suivit les deux hommes hors de l'aéroport et ils montèrent dans une voiture garée sur le parking.

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— Arrête de tourner en rond...
— Je n'en peux plus...
— Bon sang, à te voir, on te croirais amoureuse...

Anise jeta un regard acéré à sa mère qui leva les mains. La jeune femme savait parfaitement que sa mère refuserait de reconnaître sa relation avec Scott tant qu'il ne lui aura pas prouvé qu'il est digne d'entrer dans une famille de Salem, loup ou pas. Elle soupira. Soudain, elle entendit une voiture et se jeta à la fenêtre avant de dévaler les marches de l'escalier et de jaillir hors du manoir familial.

— Scott...

Le prénom n'était qu'un souffle mais le concerné, à peine sorti de la voiture, l'entendit et se tourna vers elle. Quand ses yeux rougirent la jeune femme sentir ses entrailles se liquéfier et elle fondit en larmes en se jetant au coup du jeune Alpha...
Le père et le grand-père de celle-ci les observèrent un moment puis rejoignirent leurs épouses dans la maison pour attendre que le couple se soit retrouvé et les rejoigne.

— Tu m'as tellement manqué !
— À moi aussi, tu m'as manqué...

Scott serra Anise dans ses bras puis la repoussa et l'embrassa presque farouchement. Elle rigola en l'enlacant de nouveau.

— Je suis contente que tu sois venu, j'ai l'impression d'être une étrangère dans ma propre famille, ça me fera du bien de voir un visage ami.
— Ça se passe mal ?

Anise se détacha de son compagnon en secouant la tête.

— Non, du tout, mais ils ne sont pas très heureux de savoir que je suis amoureuse d'un loup-garou... Les sorciers et les loups ne font pas bon ménage en général...
— Pas les Salem, en tous cas, répondit Scott en levant les yeux vers la maison. Sympa la baraque...
— Maison de famille, elle doit avoir trois cents ans, au moins...
— Sérieux ?

Anise opina et lui prit la main.

— Rentrons. Le voyage avec mon père et mon grand-père s'est bien passé ?
— On a discuté, oui, ils savent tout de moi, mais moi, rien d'eux !

Anise rigola.

— Ça ne m'étonne même pas ! Je te dirais tout ce qu'il y a savoir sur ma famille et surtout, ce que cela implique pour la meute. Et pour toi, et notre futur si nous en avons un.

Scott haussa un sourcil sans répondre.

— Pourquoi tu ne m'as dit que tu étais une Salem ? demanda-t-il alors.
— Je croyais que c'était une fable, à vrai dire. Je n'ai jamais cru à toutes ces histoires à dormir debout, jusqu'à ce que sois embauchée sur la Zone 51. Là je n'ai pas eu le choix, j'ai été forcé de reconnaître que des choses bizarres se passaient sur notre bonne vielle planète...
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit, alors ?
— Je l'ai dit, je pensais à une fable, une histoire de famille... Je savais que nous avions une mythique Sorcière de Salem pour aïeule, mais en aucun cas je n'ai pensé un instant que cet héritage se serait transmis à travers les âges...

Scott hocha la tête. Anise poussa alors la porte d'entrée du manoir et conduisit Scott dans le grand salon où les parents et les grands-parents les attendaient...

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— Tu dois être crevé...
— Pour l'instant, ça va, mais attend que je me mange le décalage horaire...

Scott s'écroula sur le lit de sa compagne qui sourit. Elle déposa son sac sur une chaise et il se rassit alors.

— Tes parents sont terrifiés par moi, dit-il en jetant un coup d'œil vers la porte fermée de la chambre.
— Oui. Les loups ont beaucoup aidé les humains à chasser les sorcières, dans le temps. Ils se servaient de leur flair pour les repérer...

Elle vint s'asseoir en face de lui, sur sa chaise de bureau.

— Je ne me considère pas comme une sorcière de Salem, Scott. Je n'ai aucun pouvoir et je ne sais rien préparer hormis des simples destinés à la chimie et la biochimie.
— Ta grand-mère a dit qu'elle t'enseignera tout, répondit Scott. Et une louve alpha doublée d'une sorcière, ce n'est pas banal du tout tu sais ?

Anise pinça la bouche.

— Je ne suis pas non plus la louve alpha, dit-elle doucement. Juste ta copine humaine, pour le moment...

Elle eut un mince sourire contrit et Scott lui prit la main. Ils ne dirent rien et la jeune femme soupira ensuite.

— Tu restes combien de temps ? demanda-t-elle.
— Je ne sais pas encore, mais si tu penses rester plus longtemps que la fin du mois, alors je rentrerai sans doute avant toi.
— Ma grand-mère va essayer de m'enseigner ce qu'elle sait d'ici ton départ, mais je sais que je ne serais jamais une véritable sorcière. Au mieux une magicienne de pacotille qui sait faire des étincelles avec ses doigts...

Scott esquissa un sourire puis Anise le laissa ranger ses affaires et quitta la chambre pour rejoindre ses parents et interroger son père et son grand-père à propos du voyage en voiture depuis Portland.

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Derek traversa la vaste pièce de la savonnerie à grands pas, Liam et Isaac sur les talons. Le loup avait décidé de reprendre les recherches pour les attaques contre d'anciens chasseurs après qu'une louve ait été aspergée de bombe au poivre dans un supermarché, en plein jour.

— Alpha, ça ne veut pas dire que c'est la même chose... Chris a eut droit à une enveloppe piégée, quand même, là c'était juste du poivre...
— Et ceux qui ont fait ça se sont rendu compte que nous pouvions sentir la poudre, répondit Derek. Pas le poivre.
— Pourquoi, c'est très fort et...
— C'est justement parce que c'est fort, répondit Isaac. Quand nous sentons du poivre normal, nous éternuons, comme certains humains, mais associé au liquide qui permet de vaporiser le poivre, notre odorat est en carafe...

Liam serra les mâchoires. Il se détourna soudain et disparut dans une pièce adjacente. Derek soupira.

— Où sont tes parents ?
— Melissa est à l'hôpital jusqu'à demain soir, et Chris s'occupe de Tim à la maison. Il y a Sasha et Carole avec eux.

Derek opina. La porte du hangar s'ouvrit alors et Jared apparut. Sur ses talons, un grand jeune homme entra en refermant la porte.

— Tiens, le voilà, dit-il sèchement. Je peux rentrer, maintenant ?

Derek hocha la tête et Jared s'empressa de faire demi-tour, mais en passant près de Jarvis, il cracha comme un félin et le jeune homme s'écarta d'un pas.

— Mais il a quoi ?
— Rien, c'est une réaction normale, répondit Derek. Jared reste un félin et nous de canidés, nos instincts sont difficiles à accorder... Ça va lui passer. Tu as fait bon voyage ?
— Ouais, je serais bien resté loin d'ici, mais comme l'ordre venait de toi...

Derek releva le menton. Jarvis était un loup de sa minuscule meute, son seul et unique Bêta, pour dire la vérité, si on ne comptait pas Isaac, et il devait répondre à un appel de son Alpha.

— Ce n'est que temporaire, d'accord ? Sans Scott, j'ai besoin d'un loup supplémentaire et Jared refuse de m'aider.
— C'est ton meilleur ami, pourtant...
— C'est un chat... soupira Liam en haussant les épaules.

Jarvis lui jeta un coup d'œil puis opina.

—Très bien, je vais devoir faire quoi ?
— Comme tu est encore un nouveau-né, tu vas rester avec Stiles et vous allez continuer à recenser les Chasseurs de la région. Il y a eu d'autres attaques depuis celle Argent et...
— La bombe ?
— Ouais. Si j'avais pas senti la poudre, il serait mort, répondit Isaac. Mais les attaques récentes sont toutes à la bombe au poivre et il n'est pas compliqué à savoir qu'un loup a son odorat neutralisé par ce condiment...

Jarvis hocha la tête. Il en avait fait l'expérience pas plus tard que la semaine dernière, incapable de sentir le piquant d'un simple plat un peu trop poivré, alors que ses amis donnaient l'impression d'avoir la bouche en feu...

— Et il est où Scott ? demanda-t-il.
— À Salem, avec sa nana.
— Donc, monsieur s'offre des vacances et nous on bosse ? Sympa...
— Anise avait quelque chose de très important à lui dire, mais elle ne le pouvait pas au téléphone... répondit Liam. Ça a un lien avec eux deux, tu crois ? Elle est peut-être enceinte !
— Arrête tes conneries... soupira Isaac. Ils n'ont jamais couché ensemble, encore...
— Je ne fais qu'emetrre des hypothèses...
— Ouais ben, la prochaine fois...

Un grondement sourd leur coupa la chique et Liam recula d'un pas, le nez baissé. Isaac, lui, avait appris à ne plus craindre Derek, il craignait Scott, mais plus l'Alpha qui l'avait chassé de sa meute.

— Au boulot, dit alors celui-ci. Où est Stiles ?
— Là ! s'exclama le jeune homme en question. Il est là ! Pardon d'être en retard, j'ai manqué la réunion ?
— Non, répondit Derek. Tu vas passer la journée avec Jarvis pour finir de recenser les nouvelles familles de Chasseurs, dit-il ensuite en tendant une tablette à son compagnon.
— Et vous ?
— Nous, on va aller faire un tour en ville, pour essayer de coincer le petit rigolo qui s'amuse à agresser les loups à la bombe au poivre...

Stiles plissa le nez. Derek avait été visé, lui aussi, mais avait réussi à esquiver habilement, sans toutefois pouvoir attraper l'auteur de cette mauvaise blague.

— Entendu, répondit-il. Viens Jarvis, on va se poser dans le bureau de Scott, ça sera plus simple qu'ici.

Le jeune loup hocha la tête et Derek fit signe à tout le monde de se disperser. Il soupira ensuite puis, avec un signe de tête pour Isaac et Liam, ils quittèrent la savonnerie à leur tour.