Assis contre le mur glacial de la galerie, Scott surveillait ses jeunes loups. Les nouveaux jumeaux jouaient aux échecs, Jared lisait en mangeant des bonbons et Derek discutait avec Jarvis. Il y avait aussi deux femmes, des sœurs d'une quarantaine d'années, qui venaient d'une autre meute, abandonnées après la mort de leur Alpha et qui s'étaient soumises à Scott, et Noah, le père de Stiles, qui semblait plus se faire chier qu'autre chose, lançant des graviers contre les murs...
Baissant les yeux, Scott observa Liam, allongé sur le dos, sa console à la main, la tête posée sur la jambe du jeune Alpha.

— Tout le monde va bien ? demanda alors celui-ci. La lune est bientôt haute, après ça ira mieux.

Tout le monde opina et Scott saisit son téléphone pour envoyer un message à Stiles, en faction dehors avec Anise.

— À la moindre douleur...
— Ah, ça suffit, grogna la jeune femme. Vous êtes tous après moi depuis que je suis sortie de l'hôpital, je ne suis pas en sucre, hein.
— Non, il semblerait que non, cependant si jamais il y a le moindre problème avec toi, Scott me fera une tête au carré.

Anise plissa le nez. Elle se servit du café et soupira ensuite.

— Il était comme ça, avec ses autres copines ?
— Aussi protecteur ? Non. Alison était une Chasseuse, Malia un coyote et Kira un kitsune. Aucune de ses copines n'avait besoin d'une quelconque protection.
— J'apprécie cette affection qu'il me porte, Stiles, mais notre relation à fait un bond de géant en une seule nuit et j'ai peur qu'il ne parvienne pas à gérer. J'ai compris depuis longtemps que je me suis entichée de lui dès l'instant où il a sauté de l'hélicoptère sur le toit du labo... Après ça, j'ai appris à le connaître en travaillant pour lui et à travers Liam et Isaac, mais lui, il ne me connait pas si bien et j'ai l'impression qu'il se sent obligé envers moi pour que je ne haïsse pas Malia.

Stiles grimaça.

— Malia est de l'histoire ancienne depuis longtemps, dit-il alors. Il a espéré pendant des mois qu'elle lui envoie un signe de vie, mais avec le temps, il a fini par l'oublier. Et puis tu as débarqué dans sa vie, tu as sauvé Derek en dépit des ordres de ton supérieur, tu as été virée et tu as dû quitter ta maison... Je n'en aurais pas fait autant pour une fille.
— Mais tu l'as fait pour Derek, tu as tout plaqué quand...
— J'ai tout plaqué quand j'ai appris que mon père avait disparu, nuance, rectifia Stiles. Mais quand j'ai découvert que Derek était là, si près et pourtant si loin de moi, que la simple vue de sa photo sur un avis de recherche avait provoqué en moi les chutes du Niagara, j'ai compris que c'était ici ma vie, et pas à Washington.
— Ma vie aussi est ici, Stiles, répondit Anise avec un sourire. Elle est ici, avec Scott, avec la meute, et je ne changerai ça pour rien au monde.
— Même si Scott ne parvient pas à t'aimer ?
— Même, parce que j'aurais vécu les meilleurs mois de ma vie, j'aurais appris bien plus que pendant toute une vie à disséquer des creatures surnaturelles... J'ai grandi aux côtés de Derek et Scott et des loups de la meute ; tous les humains devraient passer quelques temps dans une meute pour apprendre.

Stiles esquissa un sourire.

— C'est ce que j'ai proposé à mon chef quand je lui ai demandé l'autorisation de créer une branche du DPCS ici, à Beacon Hills ! Tous les agents qui seront mutés sur le site devront passer un mois, pleine lune comprise, dans la meute de Scott afin d'apprendre à se comporter en face d'un loup-garou. Ils passeront également un mois au commissariat pour connaître l'autre côté de la barrière.
— C'est une très bonne initiative et si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à me demander. Je n'ai pas encore trouvé un remède à la colère de Liam, mais ce que je lui donne en ce moment semble faire effet.
— En effet, Scott vient juste de me dire qu'il était calme, qu'il jouait à la console, mais qu'il restait quand même à ses côtés, un peu fébrile.

Anise opina. Elle tourna alors la tête et sourit quand Scott apparut, sortant des tunnels menant aux anciennes mines. Le jeune homme leur fit signe qu'il revenait et disparut derrière des buissons. Il revint un instant plus tard et s'assit près de la jeune femme en récupérant une lingette pour bébé dans la caisse qu'ils emmenaient chaque nuit de pleine lune.

— C'est pas trop long, dehors ? demanda-t-il en servant du café. Il fait froid, non ?
— On a le feu et le café, alors ça va, répondit Stiles. Tu y retournes ?
— Dans un moment, je prend un peu l'air, c'est tellement calme là-dedans que je m'endors.

Anise sourit et posa une main sur son genou. Le téléphone de Stiles sonna au même moment et il s'excusa pour aller répondre à un appel transcontinental.

— Tu as entendu notre discussion ? demanda alors Anise.
— Oui, mais ne t'en fais pas, je tiens à toi, je te l'ai dit, j'ai juste besoin de temps pour accepter que tu te sois faire une place dans ma vie sans que je m'en rendes compte.
— Ouais, en général, il faut frôler une catastrophe pour que les gens prennent conscience des choses...

Scott sourit. Anise lui fit alors face et il pivota vers elle. Quand elle l'embrassa, il lui rendit son baiser et elle recula ensuite en posant son front contre le sien.

— Je n'avais pas vraiment prévu de tomber amoureuse un jour... soupira-t-elle en se redressant.
— Ah non ? Jamais ?
— J'ai trente ans, j'ai passé la moitié de la vie dans des laboratoires à étudier tout et n'importe quoi, et il faut que je sois quasiment au sommet de ma carrière pour que tout dégringole parce que je me suis imprégnée d'un loup-garou... C'est quand même une sacrée ironie, tu ne trouves pas ?
— Eh bien, si, sans doute, mais les imprégnations ne se contrôlent pas et je suis tout aussi effrayé que toi par tout ça. C'est la première fois que j'éprouve une telle chose ; pour Alison, j'étais encore un adolescent plein d'hormones, j'étais amoureux d'elle, elle était la femme de ma vie... Puis elle a été tuée et je me suis entiché de Malia, puis de Kira...
— Tu es resté longtemps avec elle ?
— Un an ? Oui, quelque chose comme ça, après elle est partie pour accomplir son devoir de Kitsune et je n'ai plus eu de nouvelles. Je me suis remis avec Malia puis elle est partie à son tour et il a ensuite fallu sept ans pour que je te rencontre.

Anise sourit. Scott lui prit la main et la porta à ses lèvres avec un sourire. Stiles revint alors et sourit.

— Tu sais, Scott, je suis content que tu aies Anise maintenant. Malia était gentille, mais elle est définitivement trop fougueuse pour toi.
— Ah ça ! répondit Anise. Pour être fougueuse, elle l'est !
— Elle a effectivement tendance à frapper avant de parler, mais avec les années...
— Si tu finis cette phrase, je te quitte, lâcha Anise.
— Mais ?

Stiles explosa de rire dans sa tasse de café et le liquide explosa en l'aspergeant au passage. Il baissa sa tête et s'essuya le menton avec sa manche.

— Vous êtes bien assortis tous les deux, tiens ! dit-il, écroulé de rire. T'aurais dû voir ta tête, Scott, on aurait cru que tu avais vu un fantôme !

Le jeune Alpha sourit, un peu gêné, et Anise l'embrassa alors sur la joue avant de l'enjoindre à regagner les mines pour continuer à veiller sur les siens.

.

S'étirant, Anise grimaça. Elle posa une main sur ses côtes et soupira. Stiles lui posa une question silencieuse et elle secoua la tête.

— La morphine fait encore effet, répondit-elle néanmoins. Madame McCall m'en a administré hier avant qu'on parte.
— Derek ne devrait pas tarder à sortir prendre l'air, si besoin, demande lui qu'il dissipe ta douleur.

La jeune femme opina et passa une main dans ses courtes mèches châtain clair. Elle se frotta ensuite le visage, ramassa sa couverture et se laissa glisser sur le côté dans le but de se reposer un moment, un bras sous la tête. Elle observa alors Stiles et quand il lui sourit, elle lui fit miroir.

— Ça fait quoi d'être l'amant d'un loup alpha ? demanda-t-elle ensuite.
— Je suis l'amant de Derek Hale, pas du loup, répondit le jeune homme. Je sais faire la différence.
— Je le sais aussi, mais je côtoie les loups depuis bien moins de temps que toi et... Enfin, ce sont la même personne, certes, mais ils ont deux personnalités bien distinctes et... Derek ne te fait pas peur quand il devient un Alpha ?
— Je te mentirais en disant que non, répondit Stiles. Cependant je sais qu'il ne me fera jamais de mal sciemment et je lui ai déjà pardonné, par avance, tout ce qu'il pourrait éventuellement dire ou faire en étant sous l'emprise de son loup.
— Je devrais faire pareil avec Scott ?
— Tu pourrais, effectivement, si ça peut te soulager et t'empêcher de le craindre. Scott est impressionnant quand il shifte, il a une prestance qu'il n'avait pas quand on était gamins et je sais qu'il sait qu'il est unique.

Anise hocha la tête.

— Tu sais comment je devrais me comporter devant Sabine ?
— Soit toi-même, ne te dis surtout pas que la femme que tu as en face de toi peut te tuer à tout moment.
— Pourtant, elle le peut...
— Oui, mais elle ne prendra jamais le risque de le faire et de se mettre Scott à dos. Surtout pas avec Derek dans les parages.

Anise opina. Stiles demeura alors silencieux un moment puis s'étendit sur le dos, sur le tronc d'arbre où il était assis, et soupira.

— Ton loup est contrôlable, Anise, pas le mien, dit-il. Derek est comme un dieu pour les loups-garous de tout le pays, il est spécial et il le sait.
— En effet, je le sais, mais je ne vois pas pourquoi je ferais quoi que ce soit qui t'empêcherais de me contrôler quand c'est nécessaire, au contraire, tu as bien plus de pouvoir sur moi que tu ne l'imagines.

Stiles se redressa et Derek s'assit près de lui.

— Explique ? demanda Anise en se tournant sur le flanc. C'est un humain, en quoi il peut te contrôler ?
— Comme tu l'as dit, c'est mon amant, je ne lui ferai jamais de mal, même énervé et hors de moi. Si jamais un jour je pète un câble, Stiles sera la seule personne au monde à pouvoir me calmer parce que je ne pourrais jamais, physiquement, le toucher pour lui faire du mal.
— Et Scott ?

Derek plissa le nez.

— Il tient beaucoup à toi, répondit-il. Mais je ne peut pas garantir qu'il ne te touchera pas si jamais tu te mets devant lui pour tenter de le contrôler.
— S'il me blesse, je ne lui en voudrait pas, de toute manière. Je ne suis pas quelqu'un de rancunier, je vais faire la tête pendant quelques jours, puis c'est fini, c'est le passé et on change de sujet.
— J'ai cru comprendre que tu avais pardonné à Malia ?
— Oui. Elle ne savait pas, elle pensait que j'étais une fouineuse, une chasseuse, elle n'a fait que réagir comme une personne normale.
— Elle savait qui tu étais, ne t'en fais pas, répondit Derek. Elle a senti l'odeur de Scott sur toi bien avant que toi tu saches qu'elle était dans l'entrepôt.
— Tu crois ?
— J'en suis même certain. Malia a passé six ans dans la peau d'un coyote, elle est capable de se transformer totalement, comme moi, c'est très rare, et cela lui donne des capacités supérieures aux autres Bêtas.
— Oui, ça je le sais... Du coup ça fait d'elle un élément plus... Puissant ?
— En quelque sorte. Les garous qui peuvent shifter complètement sont plus puissants par définition, répondit Stiles. Pour le moment, le fichier du DPCS n'a que deux entrées, Malia et Derek, mais je sais qu'il y en a d'autres dans ce monde et un jour, on aura recensé tout le monde, pour leur bien. Et le nôtre.

Anise esquissa un sourire. Elle soupira ensuite et se tourna sur l'autre flanc pour essayer de dormir. Elle ne tarda pas à partir au pays des songes et Stiles se lova entre les bras de Derek pour partager quelques minutes de calme.