Chapitre 27
Piers était insatiable, pendant plusieurs heures, il posa question sur question, obtenant à chaque fois une réponse plus ou moins détaillé de la part de Scott, Derek ou Stiles.
Le groupe eut cependant la surprise, en fin de journée, de voir débarquer Liam et Isaac, les lieutenants de Scott, accompagnés par le Shérif Stilinski.
— C'est le Canadien ? demanda Liam à Anise, allée les accueillir.
— Oui, il est arrivé ce matin et depuis, il épuise son quota de questions. Qu'est-ce que vous faites ici, Scott avait dit...
— On sait, répondit Isaac. Mais le Shérif croit qu'il se souvient de qui l'a mordu.
Anise regarda Noah qui opina. Il ne passait pas beaucoup de temps avec les loups à la tanière, il préférait faire comme si de rien n'était, de ce fait, il n'avait pas le droit d'aller et venir dans la savonnerie comme il le voulait.
— Anise ! dit soudain Scott. Qu'est-ce qui se passe ?
La jeune femme pivota puis revint vers le groupe, suivie des trois autres.
— Apparemment, le Shérif se souvient du visage de son agresseur, dit-elle.
— Quoi ? Papa, tu disais que...
— Oui, mais cette nuit, j'ai fait un étrange rêve et je me suis réveillé en sursaut avec ce visage à l'esprit. Il ne m'a pas quitté de la journée et j'ai cherché ce mec partout sans le trouver.
— Tu as fait un portrait robot ?
— Pour qui tu me prends, mon fils ? sourit Noah. Tenez.
Il tendit une feuille pliée en quatre et Stiles la montra aux autres.
— On va lancer un avis de recherche sur lui, peut-être que quelqu'un l'aura vu.
— Il est dangereux ? demanda Piers.
— Nous l'ignorons, mais la créature qui a ressuscité Jared et l'a amené ici se trouvait dans son corps, car mon père a été mordu par lui, répondit Stiles.
— Vous voulez dire que cette créature vient du Canada ?
— Elle peut venir de n'importe quel pays de ce monde, on n'en sait rien, répondit Derek. Tout ce que l'on sait, c'est qu'elle doit prendre possession d'un corps pour se déplacer.
Piers opina. Il rendit le papier à Stiles, puis le Shérif s'excusa. Son fils le raccompagna à la porte et un silence s'installa.
— Bon, il commence à se faire tard, dit alors Piers. Je subis le jetlag, j'ai besoin de me reposer. Pouvons-nous continuer demain ?
— Bien entendu.
Scott tendit la main, Piers la serra vigoureusement puis tourna les talons, raccompagné par Derek. Une fois qu'ils furent dehors, Piers s'écroula contre un mur en haletant.
— Tenez, dit alors Derek en lui tendant une bouteille d'eau. Je me demandais quand vous alliez céder...
— Vous l'avez senti ?
— Oui, mais pas Scott, je ne pense pas.
— Comment ça se fait ?
— Je l'ignore, mais je pense que c'est à cause de l'accident que nous avons eu, Anise et moi. Je demeure LE loup, Monsieur, et si j'avais été tué dans l'accident, ça aurait fait vilain. De plus, comme je veux transformer Jarvis contre l'avis de Scott...
Piers haussa les sourcils.
— Si vous le faites, je pourrais y assister ? Ce n'est pas de la curiosité mal placée, hein, je veux juste en savoir le plus possible pour pouvoir gérer mes panthères au mieux.
— Et je le comprends sans problèmes, mais je ne sais pas si vous allez rester aussi longtemps...
— Je peux rester aussi longtemps que nécessaire, je n'ai personne qui m'attend à Oshawa et...
— Et le légiste ?
Piers se figea et Derek esquissa un sourire.
— Je ne suis pas né de la dernière pluie, Monsieur, et je suis très observateur. Vous êtes amants, n'est-ce pas ?
Le Procureur se redressa en secouant la tête.
— Lorsque nous étions jeunes, oui, pendant quelques années, mais la vie nous a ensuite séparés, je suis parti faire mon droit à Londres, il est allé à Montréal pour apprendre à découper les gens... Quand je suis revenu, nous avions été séparés depuis huit ans, il n'y avait plus rien entre nous et maintenant nous sommes amis.
Derek opina.
— Stiles et moi, c'est un peu la même histoire, dit-il, les mains dans les poches de son jean. Nous nous sommes rencontrés alors que Scott et lui n'étaient que des ados curieux. Puis mon oncle a mordu Scott, et moi, j'ai été embarqué dans leurs aventures sans vraiment le vouloir. Quand Scott est devenu l'Alpha, je suis resté quelque temps, j'étais impressionné, je n'avais jamais vu un Bêta devenir un Alpha par la force de sa volonté...
— Vous avez l'air de beaucoup vous aimer, qu'est-ce qui vous a séparés ?
— La vie, Monsieur Piers. Scott et Stiles sont partis faire leur vie et moi j'avais besoin de liberté après avoir découvert que j'avais hérité du gène de ma mère. Je devais faire le point alors je suis parti...
— Vous saviez que vous teniez à lui plus que permis ?
Derek opina.
— Je ne voulais ni le reconnaître, ni l'accepter, avoua-t-il. Pour moi, Stiles Stilinski était toujours un gosse, et ce, malgré les sept années qui s'étaient écoulées... Je suis revenu ici malgré moi, après la mort de Jared, et j'ai ensuite été capturé par l'armée américaine. Ils m'ont emmené dans la zone 51, j'ai été torturé pendant deux mois avant que Scott et Stiles ne débarquent et ne me sauvent la vie. À ce moment-là, j'ai compris... Quand j'ai revu Stiles, j'ai revu toute ma vie avec eux et j'ai commencé à me faire une raison. Il a fallu qu'il soit blessé par son propre père pour que nous nous rendions compte que nous avions perdu sept ans.
Piers serra les lèvres.
— Ce garçon à l'air d'être une crème, cela fait un étrange contraste avec vous, un loup si sombre, si... torturé.
Derek esquissa un sourire amusé. Il renifla soudain et gronda. Piers se redressa, surpris.
— N'approche pas, dit alors le loup. Qui que tu sois, ne fais plus un pas.
Il se mit devant Piers qui se leva et les deux hommes découvrirent alors une jeune femme plantée à quelques mètres d'eux. Derek gronda sourdement en montrant les dents.
— Qu'est-ce qui se passe ici ? demanda alors quelqu'un.
— Ne bougez pas ! ordonna Derek. Elle est là, la chose...
Le Shérif laissa échapper un hoquet. Soudain, ses yeux devinrent jaunes et il dégaina ses griffes. Près de lui, Stiles l'observa avant de rejoindre Piers derrière Derek.
— Les humains, rentrez dans le hangar, ordonna alors Scott. Maintenant !
La louve poussa soudain un rugissement et Derek lui répondit. Quand elle bondit en avant, toutes griffes dehors, la louve manqua Derek et retomba dans les graviers. Elle fit soudain un vol plané et roula sur plusieurs mètres avant que Scott ne soit sur elle, sa main sur sa gorge.
— Qui es-tu ? gronda-t-il. Ton nom !
— Mon nom ne t'importe pas, répondit-elle avec un sourire dément. Je t'ai trouvé !
Elle balança un bras, Scott sentit une brûlure au visage et rugit ensuite en y portant sa main. Il tomba sur un genou puis baissa sa main et nota le sang sur ses doigts. La colère s'empara alors de lui et il rugit au ciel.
Les trois humains qui étaient sur le point d'entrer dans la savonnerie se figèrent, les mains sur oreilles. Ils pivotèrent ensuite et Anise porta ses mains à sa bouche en voyant Scott se jeter sur la louve. Comme il la saisissait par le bras et l'envoyait voler, la jeune femme laissa échapper une expression.
— Il va la tuer ! souffla-t-elle. Il va...
— Elle le mérite, répondit Stiles. Elle a mordu mon père !
— Mais elle est possédée ! répliqua Anise. Ne le laisse pas faire, je t'en supplie ! Elle ne sait pas ce qu'elle fait !
Stiles serra les mâchoires. Soudain, quelqu'un se mit à psalmodier très fort et une odeur d'encens brûlé envahit le parking. Derek éternua violemment puis se retourna, une main sur la bouche pour découvrir le docteur Deaton qui s'avançait en balançant un encensoir d'église, tenant une croix devant.
— Tu ne peux plus bouger, dit-il. L'encens te paralyse, démon ! Maintenant, libère le corps de cette pauvre fille et montre ton vrai visage !
— Ce n'est pas un peu de fumée qui va m'arrêter !
La louve se releva et son dos craqua sourdement. Deaton se remit à psalmodier en latin et la créature gémit soudain en se tenant la tête.
— Arrête ! hurla-t-elle. C'est une torture !
Elle tomba sur un genou en s'enfonçant les griffes dans les cheveux. Quand Deaton fut sur elle, il posa l'encensoir à un mètre et, sans cesser de psalmodier, sortit un sac en toile contenant du sorbier. Il en fit un cercle autour de la créature puis cessa de chanter. Il étouffa ensuite l'encensoir et la louve laissa échapper un profond soupir saccadé.
— À nous deux maintenant ! gronda Scott.
— Non ! s'exclama Anise en lui prenant le bras. Venez que je vous soigne, plutôt...
— Laissez-moi faire mon travail, tous les deux, répondit Deaton. Du vent !
Scott grogna en montrant les dents puis se laissa remorquer plus loin par Anise qui, bien que lui arrivant à l'épaule, avait la poigne solide. Elle le fit asseoir sur un des bacs à fleurs en ciment qui ornaient le parking et lui releva la tête pour observer les quatre plaies en travers de son visage.
— Vous allez avoir de belles cicatrices, constata-t-elle. Quelqu'un peut aller me chercher de quoi désinfecter ? On ne sait jamais...
— J'y vais, répondit Liam.
Il revint quelques instants plus tard avec une trousse rouge et Anise entreprit de nettoyer les plaies avec autant de douceur que possible, mais Scott n'arrêtait pas de grogner et de vouloir tourner la tête. Au bout d'un moment, la jeune femme le bouscula.
— Stop bouger ! siffla-t-elle.
Le jeune Alpha lui grogna après en la regardant droit dans les yeux et Anise haussa un sourcil.
— Ces deux-là vont finir ensemble, entendit-elle alors, à peine audible.
— Je t'en prie, répondit Isaac, amusé.
— Au lieu de faire des messes basses, tous les deux, surveillez Deaton et la chose, marmonna Scott.
— Y a rien à surveiller, chef, Deaton a fini on dirait...
Scott tourna brusquement la tête en échappant aux mains d'Anise qui jura. Elle se recula quand il quitta son siège pour s'approcher du cercle de sorbier où gisait la louve, agenouillée et la tête basse.
— Qu'est-ce que vous lui avez fait, doc ?
— Rien, la chose est partie.
— Quoi ? Où ?
— Pas de panique, elle est ici, répondit Deaton en montrant un bocal.
Il avait une énorme bouteille en verre à l'intérieur de laquelle évoluait une ombre menaçante.
— C'est un démon ? demanda Scott.
— Un vrai de vrai, je ne sais pas qui l'a invoqué, qui l'a libéré de ses entraves pour qu'il fiche le camp, mais je vais le savoir. Je vais l'interroger puis le renvoyer dans les enfers. Il ne fera plus de mal à personne.
— Et la louve ?
— Elle va bien. Son petit aussi.
Un silence consterné tomba sur le groupe et Scott pivota pour voir la louve se relever maladroitement. Anise se précipita sur elle, enjambant le cercle de cendres de sorbier et quand la louve fut sur ses pieds, tout le monde pu découvrir le petit ventre rond sous sa veste.
— J'ai frappé une femme enceinte, souffla alors Scott, pâle.
— Pas une femme, une louve, rappela Derek. Crois-moi, ça ne craint rien. Elle t'aurait démoli, par contre, si Deaton n'était pas arrivé.
Scott marmonna et tourna soudain les talons. Stiles s'approcha avec son père et Anise leur laissa la louve pour emboîter le pas à Scott.
.
— Attendez, Scott... !
— Foutez-moi la paix, Anise !
Anise retint la porte du bureau qui se refermait et se baissa aussitôt quand quelque chose vola dans sa direction avant de se fracasser contre le mur dans un bruit mou. La jeune femme baissa les yeux et remarqua un coussin. Elle soupira.
— Laissez-moi au moins vous soigner... dit-elle ensuite.
— Ça guérira bien tout seul.
— C'était un démon, ses griffes étaient sans doute empoisonnées, je vous en prie...
— Tu ne comprends donc pas ?! s'écria soudain le jeune homme. J'ai battu une femme enceinte ! J'ai failli la tuer !
— C'était une louve ! Elle est deux fois plus solide qu'une humaine, sinon plus avec ce démon en elle ! répliqua Anise sur le même ton. Elle vous aurait massacré si le docteur Deaton n'était pas arrivé à ce moment-là !
Scott, face à son bureau, les mains posées dessus, baissa la tête en grondant, le souffle court et Anise inspira. Elle s'approcha alors et posa une main dans le dos du jeune homme, mais il se retourna vivement, lui saisit le poignet et l'adossa au mur. Anise poussa un cri de surprise, le bras droit levé et la tête tournée, yeux fermés.
Scott l'observa un moment et quand elle daigna rouvrir les yeux, il renifla et la relâcha pour quitter le bureau. Anise haleta et se laissa glisser contre le mur jusqu'à s'accroupir au sol en posant ses mains sur son visage. Les paroles de Liam lui revinrent alors en mémoire et elle ramena ses cheveux sur sa tête, nouant ses mains sur sa nuque.
— Non, c'est impossible, souffla-t-elle. Malia est dans sa tête, c'est elle sa copine pas... moi.
Un frisson parcourut la jeune femme et elle laissa son regard se perdre un moment sur le tissu du canapé devant elle avant de s'ébrouer et de se relever en entendant du bruit dans le hangar. Elle sortit du bureau en se redonnant une contenance et s'approcha de Stiles et Noah qui déposaient l'intruse sur l'un des canapés.
— Tout le monde va bien ? demanda-t-elle.
— Où est Scott ? demanda Liam. Tu as pu soigner ses plaies ?
— Avant ou après qu'il me rugisse dessus ? railla la jeune femme en croisant les bras. Je ne sais pas où il est parti, mais il est furieux d'avoir malmené une femme enceinte.
— Je vais bien, soupira alors la concernée. Je... Qu'est-ce que je fais ici ? J'étais au supermarché et je...
Elle secoua la tête et Stiles lui donna un verre d'eau qu'elle accepta.
— Tu es Lily, c'est ça ? dit alors Anise en s'asseyant en face d'elle.
— Lily Edwards, oui... Oh ma tête, j'ai l'impression que quelqu'un y a foré un trou...
— C'est plus ou moins l'idée, répondit Deaton. Tu as été possédée par une créature démoniaque.
— Possédée ? Mais...
— C'est sans doute la même créature qui a ressuscité Jared et l'a conduit ici, répondit Derek, les bras croisés.
— Je ne comprends plus rien, répondit Lily en se levant. Je dois rentrer chez moi, mon mari m'attend.
— Bien sûr, je te raccompagne, répondit Stiles. Trouvez Scott et raisonnez-le, ajouta-t-il.
— Sans moi, j'ai donné, dit Anise en levant les mains. Tu me déposes chez moi ?
Stiles opina, un peu surpris et les deux femmes quittèrent le hangar à sa suite. Derek regarda alors Liam et Piers.
— C'est toujours comme ça, chez vous ? demanda celui-ci.
— Heureusement non, soupira Liam, les mains dans les poches de son blouson. En temps normal, Anise serait allée chercher Scott avec nous, mais...
— Il se passe un truc entre eux ? demanda Derek.
Liam haussa les épaules.
— Isaac et moi on titille Scott avec Anise depuis des semaines, elle débarque de nulle part et elle passe quasiment tout son temps au hangar... répondit-il. Elle est là en premier le matin et elle part en dernier le soir, en général Scott la dépose chez elle et... Enfin bref, y a un truc, on le sent, mais...
— Je vais aller lui parler, dit alors Derek. Piers, je vous dépose à votre hôtel, Liam, Isaac, allez chercher Scott et ramenez-le ici.
— Oui, Alpha.
Derek tourna alors les talons et Piers lui emboîta le pas.
— Et sinon, quand c'est calme, c'est comment ?
Derek sourit puis ils montèrent en voiture et, alors qu'il faisait demi-tour, il sentit une présence et remarqua les deux yeux rouges qui le fixaient dans les ombres d'un conteneur. Les phares de la voiture éclairèrent alors Scott, debout, immobile, et Derek inspira.
— Ça, c'est l'attitude d'un jeune homme perdu, pas d'un loup-garou en pleine possession de mes moyens, commenta Piers. Les deux garçons ont peut-être raison, finalement.
— Peut-être bien. Je vous ramène.
Piers hocha la tête et mit sa ceinture puis la voiture s'engagea dans la rue. Dans l'ombre du conteneur, Scott l'observa partir avant de tourner la tête vers Liam et Isaac, qui l'avaient repéré et l'attendaient à quelques mètres de là.
— On rentre ? dit Isaac.
— Ouais... On rentre.
Les trois garçons quittèrent la savonnerie à leur tour dans un grand silence et Liam les abandonna au croisement suivant pour rentrer chez ses parents. Scott et Isaac, eux, continuèrent sur quelques pâtés de maisons avant de se glisser dans le jardin de la maison de Melissa McCall, où Christopher Argent s'était installé après leur mariage.
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