Chapitre 25
Derek passa ses mains sur son visage avec un soupir.
— Vous êtes sûr ?
— Oui, vous lui avez sauvé la vie, mais il a fait un vol plané et sa colonne est en miettes. J'ai fait ce que j'ai pu pour l'immobiliser, mais il ne remarchera plus jamais.
— Quelqu'un est venu le voir ?
— Sa sœur est à la cafétéria, elle est arrivée à la minute où elle a su que son petit frère avait eu un accident de moto. Je crois que tout l'étage a entendu le savon qu'elle lui a passé...
Derek esquissa un sourire.
— Vous tenez toujours à faire ce dont vous avez parlé ? demanda alors le médecin. Ce n'est pas risqué ?
— Mon compagnon est formel, cet homme est aussi blanc que neige, il n'a même pas une contravention, alors de là à avoir un contrat pour me tuer...
— Nous ne sommes même pas de cette région, Messieurs, dit alors une femme.
Derek et le médecin regardèrent une jolie femme rousse approcher, un pot de café à la main.
— Pardon, je suis Elisa, la sœur de Jarvis, cet imbécile qui...
Elle se tut et souffla. Le médecin annonça ensuite les laisser et Derek fit asseoir la jeune femme.
— Il ne remarchera plus, n'est-ce pas ?
— J'ai peur que non... Cependant, j'ai quelque chose à vous proposer. À lui proposer, plus exactement.
Elisa ferma les yeux et secoua la tête.
— Une infirmière m'a expliqué... Je... Je savais que cette ville était connue pour ses légendes, mais je ne pensais pas que tout le monde était à fond dedans. Mon frère est paralysé, c'est sa faute et il n'y a rien à y faire.
Derek serra les mâchoires. La sœur ne voulait peut-être rien entendre, mais il pouvait toujours tenter d'en discuter avec le motard. Ils semblaient suffisamment âgés pour avoir chacun leur vie propre, il n'aurait donc aucun compte à lui rendre.
— Si jamais vous changez d'avis, demandez à l'infirmière Melissa Argent de m'appeler de votre part, annonça alors Derek en se levant.
— Il n'y a aucune chance, mais merci quand même.
Le loup la regarda un moment puis tourna les talons et remonta le couloir. Il s'approcha d'un comptoir et Melissa leva les yeux sur lui.
— Elle n'a rien voulu savoir, dit-il. Elle n'y croit pas.
— Vous n'allez pas abandonner aussi facilement, je me trompe ?
— Vous me connaissez, Melissa, non ?
La mère de Scott sourit.
— Je vous tiens au courant dès qu'elle part.
— Merci. Bonne fin de journée.
— À vous aussi, Derek.
Le loup inclina la tête puis quitta l'hôpital et une fois dehors, inspira à pleins poumons. Il reconnut quelques odeurs autour de lui, d'autres loups vivant leur vie, notamment, avant que l'une d'elles, beaucoup plus familière, ne vienne lui chatouiller les narines.
— Salut, mon homme, dit-il en s'approchant d'un stand de café de rue.
Stiles sursauta.
— Bah, qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna-t-il après un baiser. Je te croyais avec Scott.
— J'y étais, puis je suis allé voir Anise, elle est encore un peu secouée, mais ça va aller, Liam est avec elle et je crois qu'il a un faible pour elle.
Stiles sourit. Il prit son pot de café puis les deux garçons s'éloignèrent.
— Et là, je sors de l'hôpital, reprit Derek. Le motard est paralysé, je lui ai sauvé la vie, mais le bas de sa colonne est en miettes et les chirurgiens n'ont rien pu faire.
— Tu lui as parlé, déjà ?
Derek secoua la tête et Stiles lui tendit son café. Il en but une gorgée et soupira.
— Sa sœur est totalement hermétique au surnaturel, elle n'y croit pas du tout. Mais Melissa me tiendra au courant, dès le moment où la frangine s'en va, je parlerai au gars.
— Tu veux vraiment le mordre et te l'attacher ?
— Non, mais il a perdu ses jambes à cause de moi. Si je n'avais pas attrapé le volant pour éviter la moto, il se serait encastré dans la voiture et nous serions morts tous les trois.
— Il a quand même grillé un feu...
— Certes, mais tout de même. Et puis, loup ou pas, il sera quand même jugé pour ça, donc autant qu'il marche de nouveau.
Stiles soupira.
— Jared, puis ce type... Et moi alors ?
— Chéri, je ne suis pas en train de me constituer une meute, tu es ma famille, je n'ai besoin de personne d'autre.
— D'accord, mais... Qu'est-ce que tu faisais avec Anise, d'ailleurs ?
Derek haussa un sourcil et esquissa un sourire.
— Ma parole, mais tu es jaloux ?
— Non...! se défendit aussitôt Stiles, le rouge au joues, en attrapant son café pour masquer sa gêne.
— On ne me la fait pas, Stiles, tu es jaloux d'Anise !
Le loup se mit à rire et Stiles lui donna un coup de poing dans le bras. Derek accusa sans cesser rire. Son téléphone s'en chargea pour lui.
— Vous êtes sur haut-parleur, Melissa, dit-il tout de go.
— Bien, la sœur vient de partir, son frère et elle se sont disputés, c'était violent et un médecin a dû l'éloigner. Elle m'a demandé de prendre soin de son frère à sa place, elle n'a pas l'intention de revenir pour s'occuper d'un abruti incapable. Ce sont ses mots.
— Ah, ouais, quand même... commenta Stiles.
— Bonjour, mon grand, sourit Melissa. Je ne savais pas que tu étais avec Derek.
— Je n'avais pas l'intention d'y être, mais nous sommes devant l'hôpital, alors on arrive.
— Parfait, dans ce cas, je vous attends.
Melissa raccrocha ensuite et Derek soupira.
— Tu veux que je parle à ce mec et que je lui explique tout ? demanda ensuite Stiles. Je suis moins impressionnant que toi et je vous connais tous depuis des années, en plus de ça, je suis un agent du gouvernement, il aura peut-être moins de mal à avaler l'histoire...
— Tu crois ?
— On peut toujours essayer.
Derek demeura silencieux un moment puis opina et ils retournèrent à l'hôpital.
.
— Vous n'êtes pas sérieux.
— Je n'ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie. Je travaille pour une branche du gouvernement qui protège les créatures surnaturelles de ce pays, répondit Stiles. Derek est mon mari et il en fait partie, de ces créatures. C'est un loup-garou.
— Mais enfin, c'est de la folie, ce sont des légendes et...
Derek, adossé contre le mur au fond de la chambre, les bras croisés, le nez baissé, renifla soudain et releva la tête. Le motard alité eut un hoquet et se mit à bredouiller.
— Vos... Vos yeux, ils... Ils...
— Derek a les yeux rouges, car il est un Alpha, un chef de meute. Il n'est pas le chef de la meute de Beacon Hills, c'est un solitaire.
Le motard bégaya puis soupira et s'adossa à ses oreillers. Il leva les mains pour se frotter le visage et se mit soudain à rire.
— Allons bon... soupira Stiles. Qu'est-ce qui vous arrive ?
— C'est incroyable ! répondit l'homme. Je fais le tour des États-Unis à moto et il faut que je me plante dans la seule ville de ce foutu pays de barjots... Dans la seule ville où les gens sont tellement barjots qu'ils croient aux...
— Aux loups-garous ?
Le grondement fit immédiatement taire le motard. Même Stiles frissonna. Il leva les yeux sur son compagnon et eut un mouvement de recul.
— Qu'est-ce que je dois faire de plus pour vous convaincre ? demanda Derek en posant ses mains griffues sur le pied de lit. Cette ville est infestée de loups-garous comme moi, ils sont de plus en plus nombreux chaque semaine, et bientôt, ils seront suffisamment pour protéger efficacement les humains de cette ville contre n'importe quelle menace extérieure.
Le motard déglutit. Derek reprit alors sa forme humaine et soupira en s'asseyant sur une autre chaise de l'autre côté du lit.
— Écoutez-moi, je suis vraiment désolé de ce qui vous arrive, je suis responsable de votre accident. J'étais en voiture avec une amie, je vous ai vu griller le feu rouge avant même qu'elle ne s'en rende compte. J'ai alors attrapé le volant et j'ai fait faire une embardée à la voiture. Vous avez éraflé le côté conducteur ce qui vous a fait perdre l'équilibre. La moto s'est couchée, a glissé sur plusieurs mètres avant de finir sous des buissons. Mon amie m'a demandé d'aller vous aider, ce que j'ai fait. Quand la moto a exposé, j'ai été projeté en l'air et je suis retombé sur le dos. Vous avez été expédié dans les buissons, je me suis alors transformé, je vous ai hissé sur mon dos et je suis sorti des flammes. Je me suis écroulé quelques pas plus loin et vous avez roulé dans les jambes d'un passant...
Derek se tut ensuite et le motard baissa les nez.
— J'ai grillé le feu rouge parce que je pensais avoir le temps de passer... avoua-t-il. Je...
— Vous avez grillé le feu et si je n'avais été avec Anise, elle serait morte et vous aussi ! gronda Derek.
— Chéri... le tempéra aussitôt Stiles.
Derek soupira. Il quitta soudain la chaise, les mains nouées sur la nuque. Stiles reporta son attention le motard.
— Écoutez-moi, Jarvis, je sais que ça fait beaucoup en même temps, mais je vous promets que nous n'avons aucune mauvaise intention envers vous. Mon mari peut vous rendre vos jambes, mais pour cela, vous devez renoncer à votre humanité. Le venin de loup-garou peut réparer votre colonne vertébrale, vous aurez des mois de rééducation à faire, vous souffrirez, mais vous aurez vos jambes.
— Et je serais un monstre comme lui !
Derek grogna en pivotant. Stiles leva une main.
— Sors, lui dit-il. Va te calmer dehors, d'accord ?
Le loup ne répondit pas et quitta la chambre. Melissa apparut au même moment.
— J'ai senti sa colère jusqu'au bureau des infirmières... dit-elle. Qu'est-ce qui se passe ?
— Ces deux hommes veulent me faire croire qu'ils peuvent me rendre mes jambes, dites-leur que je ne fais pas partie de ces bandes de guignols qui se croient magiciens, madame !
Melissa haussa un sourcil.
— Mon fils est l'Alpha de la meute de Beacon Hills, dit-elle alors. Je comprends que vous ayez du mal à l'accepter, mais je vous le promets, ce sont pas des conneries, mon fils et ses loups ne sont pas des guignols, ils...
Melissa se tut et se redressa alors. Elle pivota vers la baie de la chambre ouverte et recula d'un pas. Le motard retint un hoquet de stupeur et quand Stiles se leva pour rejoindre l'infirmière, il sentit une sueur froide l'envelopper.
— Mais qu'est-ce que...?
— Jarvis, je suis Scott McCall, je suis le chef de la meute de cette ville. Je sais que mes amis ont dans l'idée de vous proposer la morsure, mais je ne peux pas les laisser faire.
— Quoi ?! s'exclama Stiles. Scott, tu...
Le jeune homme lança alors son portable à son ami qui le retourna et déchiffra les données sur l'écran en même temps que Melissa.
— Un Chasseur ?! s'exclama la femme. Vous êtes un Chasseur !
Jarvis eut un violent sursaut assorti d'une grimace de douleur.
— Non ! Aïe, merde ! Non, je ne suis pas... Non, je ne...
— Votre nom est inscrit en toutes lettres dans le registre des Chasseurs de monstres des États-Unis ! gronda Scott. Qui vous a envoyé, hein ?
Il se jeta soudain sur lui et Melissa poussa un cri en intervenant.
— Lâche-le ! s'exclama-t-elle. Scott, c'est un ordre, lâche-le !
— C'est un Chasseur, maman !
— Non ! Non, je vous en supplie, je ne suis pas... Je ne...
Jarvis fondit soudain en larmes et Scott se figea. Il recula d'un pas puis le relâcha et Melissa vérifia rapidement que les perfusions n'avaient pas bougé.
— Dehors ! aboya-t-elle. Sors de cette chambre, Scott ! Tu devrais avoir honte de t'en prendre à un homme incapable de se défendre ! Je croyais que tu avais juré sur les cendres d'Allison de ne jamais faire de mal à ceux qui étaient incapable de se protéger eux-mêmes !
Scott blêmit.
— Maman, je ne...
Il tourna alors les talons et disparut. Stiles soupira profondément.
— Bon, qui êtes-vous ? demanda-t-il ensuite à Jarvis, ébranlé.
— Je... Je ne suis pas un Chasseur de monstres, je... Ma famille en est, oui, mais pas moi, je n'ai jamais cru à leurs salades, je suis parti de la famille dès que j'en ai eu l'âge...
— Et votre sœur ? demanda Melissa.
— Elisa est la fille de ceux qui m'ont adopté, elle n'a aucune idée des secrets que cache ma famille... Je vous en conjure, ne me faites pas de mal, je ne suis pas un Chasseur...
Il se mit à pleurnicher et Melissa se tourna vers Stiles avant de le pousser dans le couloir.
— Il est très mal en point, dit l'infirmière. Il ne mentirait pas en étant paralysé sans autre option pour remarcher un jour que la morsure d'un loup-garou...
— Vous croyez ?
Melissa opina.
— Où est Derek ?
— Probablement sur le toit... Je vais le chercher.
— Non, j'y vais. Reste avec Jarvis et explique-lui toute l'histoire. Je pense qu'il va accepter la morsure. Il n'a même pas vingt-cinq ans, il est trop jeune pour être déjà dans un fauteuil roulant, de plus, Derek s'en voudra toute sa vie et il n'a pas besoin de ça, pas après avoir mis fin aux souffrances de son meilleur ami.
Stiles déglutit puis opina et retourna dans la chambre.
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